Qui a eu 16 ans dans les années 90 comprendra !
Tous les thèmes de l'adolescence sont présents : crises intergénerationnelles, désir de repousser ses limites, importance de l'amitié et du clan dans lequel on se construit contre le monde des adultes, découverte du corps, le sien, celui de l'autre, les trahisons, la peur, la rage... Tout le monde peut s'y projeter même si Catherine, l'héroïne va souvent bien plus loin que l'ado lambda que nous fûmes.
J'ai aimé l'ambiance " sex, drug and rock n'Roll", les références cinématographiques, artistiques, musicales, la sensibilité à fleur de peau des personnages, la violence, la rébellion.
On peut être déstabilisé par la langue, cet argot hermétique des jeunes du Saguenay. Cela m'a rappelé la difficulté à lire "Orange mécanique" de Burgess. Si on s'attache aux mots, on ne comprend rien, mais si on se laisse porter par le fond, l'histoire devient limpide, complice, universelle.
Portrait réaliste d'une génération perdue, atmosphère à la Dolan, ce roman peut laisser sur sa faim car il s'apparente davantage à une tranche de vie sans début ni fin, sans intrigue et sans morale.
Il peut aussi choquer par sa violence crue et la multiplicité des conduites à risques mais il s'inscrit dans une période grunge, gothique où souffrance et plaisir sont les expressions d'une vie intense et non de pulsions de mort.
Je recommande ++ à un public averti, nostalgique, à ceux qui ont lu
Christiane F., qui ont usé les cassette de Nevermind, qui mataient Trainspotting en boucle et qui rêvaient (et rêvent encore, j'espère!) de changer le monde.