C'est par pur hasard que je suis tombé sur ce roman il y a quelques temps, en parcourant les étagères de la bibliothèque de mon quartier. La tranche a su attirer mon regard puis la couverture m'a séduit. Enfin, le résumé au dos du livre a achevé de me donner envie de l'emprunter. En effet, tout cela est bien alléchant : la rencontre entre le Paris de la « Belle Époque » et un monde imaginaire fait de magie, de dragons et de chats-ailés parlants.
Je ne connaissais pas particulièrement l'auteur,
Pierre Pevel, si ce n'est que j'avais vaguement en tête qu'il s'agissait d'un écrivain français s'étant fait une place dans le genre de la fantasy. Après avoir refermé le livre, je dois avouer que je suis un peu déçu. Si ce n'est pas un mauvais livre, je ne le recommanderais pas pour autant, ou alors comme une petite lecture divertissante, sans prise de tête, à intercaler entre deux romans denses et intenses.
Choisir comme décor le Paris du début du XXe siècle est à double-tranchant : d'un côté, cela permet aux lecteurs et lectrices de visualiser immédiatement l'architecture, les vêtements portés par les personnages et l'ambiance qui peut régner dans les rues en jouant sur un imaginaire collectif ; d'un autre, le risque est de s'enfermer dans les clichés et les stéréotypes, une version simpliste et idéalisée de ce qu'a pu être cette époque. Je trouve que l'auteur n'a malheureusement pas su aller au-delà de l'effet « carte postale » et rendre l'univers véritablement vivant et crédible. C'est peut-être dû au style narratif qui, s'il est efficace et rythmé, ne laisse pas beaucoup de place aux descriptions et aux détails. Par ailleurs, l'auteur adopte un ton très léger. Ce n'est pas un mauvais choix en soi mais, en ce qui me concerne, cela n'a pas aidé à donner de l'étoffe au récit, de la consistance aux personnages. Par exemple, lorsque l'auteur s'adresse directement au lecteur, cela me sort du récit. Et les traits d'esprit du narrateur à ces occasions ne suffisent pas à justifier ces incartades.
La description des personnages qui nous sont présentés est trop mécanique et répétitive. Les hommes se ressemblent tous, ils sont généralement minces, à part quelques notables marqués par un embonpoint, et les femmes sont quasiment toutes fines et belles. Et quand la Baronne enfile une combinaison pour réaliser un cambriolage, le narrateur n'oublie pas de préciser que celle-ci est moulante et met en évidence les formes de la dame… Utile ? Pas sûr.
Je passe sur les (très nombreux) dialogues qui souffrent de banalités et de platitudes. Les « Bonjour » et les « Comment-allez-vous-ça-va-merci-et-votre-femme? » alourdissent terriblement la lecture. Je passe également sur les méchants qui sont méchants mais qui meurent facilement, donc bon, ça va.
Pour ne pas être trop négatif, il faut reconnaître que le roman a des qualités et quelques bonnes idées. J'ai par exemple été très amusé par le concept des chats parlants qui assimilent le contenu d'un livre ou d'un journal en piquant un roupillon dessus. J'ai également apprécié certains personnages, comme la Baronne et ses deux acolytes, Auguste et Lucien. Mais j'aurais du mal à trouver d'autres points positifs.
En conclusion (et en toute subjectivité) : un roman divertissant mais pas inoubliable, un manque d'audace et de puissance littéraire, un concept intéressant mais mal exploité. Je ne le recommande pas particulièrement, sauf si vous avez vraiment envie de lire une petite aventure légère et que vous en avez le temps.
À noter que ce roman est le premier tome du « Cycle d'Ambremer », rebaptisé « Le Paris des Merveilles » lors de sa réédition en 2015 par les éditions Bragelonne. Ayant été peu convaincu par ce premier tome, je ne pense pas lire les deux autres…
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