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Citations sur Croix du sud (16)

Qu'on les laissât en paix, les cendres de Foucauld et de Laperrine! Elles étaient fatiguées de servir aux crises des reporters, des écrivains en mal de Sahara, aux foires des expositions! Âmes sahariennes, leur voeu allait au silence.
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Le lieutenant Brécourt allait rejoindre son désert. A chacun son pays, son église et ses compagnons de fidélité. Le pays de Brécourt, le pays de la Croix du Sud, commençait au delà des cimetières d'El Mihan, à la montagne cernée par un ciel dur, sur lequel, succédant aux étoiles évanouies, le soleil rouge des jours cruels allait bondir. Là cesseraient les bruits des la présence humain, le chant des coqs, le grincement des puits, même le froissement de palmes dans le vent, pour laisser régner le silence des pierres.
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Peut-être lui aurait-il confié que le mot patrie - autre mot impossible à prononcer ailleurs - aurait dû avoir un autre son que celui du danger, le service de la patrie signifier, même pour un soldat, autre chose que l’acceptation du sacrifice. Et que le mérite de l'officier ne se mesurait pas au combat, mais au dévouement des journées, à l'accomplissement des tâches ordinaires.
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Le jeune officier se baissa, afin de rattraper les papiers. Mais le commandant l'arrêta de la main. Un Brécourt n'était pas fait pour se plier. Et, à pareil moment, entre eux, les états et les circulaires pouvaient bien filer au vent du diable.
- Laissez-les.
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Lui aussi, Brécourt, allait donc partir, comme Attalah. Saharien français ou indigène, le mal était au fond le même : la déchéance du nomade. La rumeur de la vie impie venait à peine de céder à la pureté de la nuit. Les quinquets à l'acétylène étaient morts aux terrasses du quartier réservé, avec les rires des filles, et les disques des phonographes. Une Ouargla perdait plus que les cœurs, elle abîmait un monde. En emmenant son fils, Attalah, dans l'esprit de Brécourt, allait plus loin qu'il ne pouvait le concevoir. Il retrouvait la voie, et montrait le chemin aux derniers fidèles.
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Qu'on ne se trompe pas sur un Brécourt. S'il est apparu comme un insensé, un homme qui ne voyait pas, et si sa vocation, dans l'autre temps, a fait sourire, c'est que nul ne l'avait compris, sauf celle qui lui est resté vouée.
En vérité, Brécourt, Saharien, a aimé le Sahara comme sa vie. Il n'avait pas besoin qu'on lui ouvrît les yeux. Une lucidité amère l'éclairait, bien avant l'avertissement des hommes. Il n'a ignoré du Sud, ni réalités, ni misères. Mais il avait choisi, décidé de vivre sous sa Croix.
Il a préféré à tout autre pays cette terre de solitude, où il devait, à travers les déceptions, trouver le tête-à-tête avec lui-même, la liberté et la grandeur pour lesquelles il était fait.
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Plus qu'aucune autre œuvre coloniale peut-être, celles des Sahariens sans nom, centurions obscurs, celle d'un Brécourt dans son Bordj prêtait à pareil retour sur le sens du drapeau, et du service du soldat.
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Le pays de Brécourt, le pays de la Croix du Sud, commençait au-delà des cimetières d'El Mihan, à la montagne cernée par un ciel dur, sur lequel, succédant aux étoiles évanouies, le soleil rouge des jours cruels allait bondir. Là cesseraient les bruits de la présence humaine, le chant des coqs, le grincement des puits, même le froissement de palmes dans le vent, pour laisser régner le silence des pierres. Son église attendait, celle qu'avaient élue avant lui, pour des raisons demeurées leur secret, les héros de son culte, la plus vaste, la plus large et nue qui s'ouvre à la prière de l'homme. Ses compagnons enfin s'assemblaient pour le suivre, fidèles naturels, grands nomades sauvés.
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Que ceux qui auront cru que le destin d'un Brécourt allait, au dernier jour, s'accomplir, sachent que ce temps de sa solitude fut au contraire l'achèvement, la perfection de sa vie. Ils doivent le savoir, afin qu'une vocation saharienne soit, encore aujourd'hui, justifiée. Un Brécourt était né pour l'exaltation du désert. Le désert accueille toujours l'âme consumée par le désir, lui accorde son épreuve. Il n'y faut ni la grâce d'une circonstance héroïque, ni même celle de l'oraison.
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Mais Brécourt pensait à présent que la valeur militaire ne se mesure pas à la grâce du combat. Les âmes des anciens qui l'avaient appelé et mené jusque-là, il ne demandait plus à relever leurs traces, à les accompagner dans la gloire du feu. C'était sans doute pourquoi, et sans s'en rendre compte encore, il avait pu lutter contre les argumentaires du désespoir, résister, continuer à croire. Dès son premier séjour au désert, il avait en effet entrevu la vérité de la vie saharienne dans l'effort, la responsabilité d'un chef seul. L'exil avait mûri dans le même sens ses pensées, tandis que le regret, un amour déjà confirmé, le rappelaient aux lieux de ses premières solitudes. Il lui restait encore, lorsqu'il était reparti de Djanet, et arrivé au Bordj, à s'assurer par une épreuve quotidienne de la possession de sa nouvelle vérité, et à connaître la grandeur du soldat sans armes.
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