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EAN : 9782251339078
151 pages
Les Belles Lettres (11/03/1991)
3.25/5   4 notes
Résumé :
Soixante-cinq tableaux – réels ou fictifs ?- sont ici décrits par Philostrate, rhéteur du second siècle de notre ère et auteur de la très célèbre Vie d'Apollonios de Tyane. Dans ce texte fondateur, Philostrate institue un dialogue entre le critique et le spectateur, forçant ce dernier à participer à la scène, le plus souvent d'inspiration mythologique, que montre l’œuvre peinte : ce procédé qu’utilise Diderot dans ses fameux Salons, vise, avec succès, à susciter l’é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La peinture sur toile était un art majeur dans l'Antiquité, mais aucune oeuvre ne nous est parvenue. Comme cette « Galerie » se présente comme la description à un enfant d'une soixantaine de tableaux d'une galerie de Naples, j'étais curieux de voir comment elle pouvait faire entrevoir ce qu'avait été cet art. Malheureusement, la visite fut assez décevante.

Tout d'abord, il ne s'agit pas d'une description de tableaux réels, et il n'est même pas sûr que les tableaux décrits soient représentatifs de la production picturale réelle. Il s'agit donc d'un exercice littéraire, d'une série d'ekphrasis, cherchant à décrire très précisément une oeuvre, de façon à ce que le lecteur ait presque l'impression de la voir. Cela est traité assez différemment dans les deux livres.

Le premier livre propose d'abord une introduction assez intéressante : c'est un éloge de l'imitation, présentée comme un moyen d'accéder à une meilleure connaissance de l'original. C'est donc une réponse aux critiques de Platon sur la mimèsis. Ensuite, l'auteur montre un art consommé de l'ekphrasis, mais son style, pour autant que la traduction permette d'en juger, est assez lourd, et ses descriptions deviennent vite répétitives : beaucoup de tableaux sont liés à Dionysos et déploient chaque fois le même cortège de thyrses, pampres et bacchantes, etc., plus souvent encore ils représentent plus d'Amours que ne pourrait en supporter même un peintre rococo. J'ai aussi été lassé par le regard énamouré du cicérone sur les héros mythologiques représentés, s'attardant beaucoup sur la dimension érotique de leur corps et de leur chevelure. Il y a cependant un tableau très intéressant, celui de Narcisse, qui est donc la représentation d'un adolescent fasciné par sa propre représentation, et qui montre le charme de cet art mimétique mais aussi son caractère trouble qui estompe la différence entre l'original et son image.

Le second livre présente un style plus fluide, et est bien plus varié. Il traite de figures assez méconnues de l'histoire ou de la mythologie. Cependant, on a moins l'impression que nous sont décrits de véritables tableaux : on croit plutôt lire de courtes scènes érudites.

Ainsi, on a d'abord un guide bien trop bavard sur des oeuvres bien trop kitsch ; ensuite, la visite est plus agréable, mais il n'y a plus de tableaux !

J'ai bien plus aimé La Descriptions de statues de Callistrate, un auteur du IIIe-IVe siècle dont on ne sait rien, et qui a décrit treize statues et un tableau. Je n'ai pas trouvé d'édition moderne en français, et l'ai lu en traduction anglaise sur internet.
Callistrate présente des ekphrasis assez virtuoses, malgré quelques répétitions, s'attachant moins à des descriptions précises qu'à développer des paradoxes que fait naître la contemplation des chefs-d'oeuvre qu'il décrit (et notamment des oeuvres de Praxitèle) : comment des matières aussi dures que le bronze et le marbre peuvent-elles suggérer, une fois travaillées, la mollesse des chairs ? Comment des sculptures immobiles donnent-elles l'impression du mouvement. Quand l'observateur voit-il dans la statue le sujet (un athlète, Narcisse, etc.) plutôt que l'objet lui -même ?
Il est dommage que cet auteur soit si peu connu car j'ai trouvé sa lecture très stimulante.

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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
NARCISSE. Cette source reproduit les traits de Narcisse, comme la peinture reproduit la source, Narcisse lui-même et son image. Le jeune homme, de retour de la chasse, se tient debout près de la source, soupirant pour lui-même, épris de sa propre beauté, illuminant l'eau, comme tu vois, de sa grâce éclatante. [...] Des fleurs, nées près de l'eau, en honneur du jeune homme, ne font que d'entr'ouvrir leurs blanches corolles ; fidèle à la vérité, la peinture nous montre la goutte de rosée suspendue aux pétales : une abeille se pose sur la fleur ; je ne saurais dire si elle est trompée par la peinture, ou si ce n'est pas nous qui nous trompons en croyant qu'elle existe réellement. Mais soit, il y a erreur de notre part. Quant à toi, ô jeune homme, ce n'est pas une peinture qui cause ton illusion ; ce ne sont pas des couleurs, ni une cire trompeuse qui te tiennent enchaîné ; tu ne vois pas que l'eau te reproduit tel que tu te contemples ; tu ne t'aperçois pas de l'artifice de cette source, et cependant il te suffirait pour cela de te pencher, de passer d'une expression à une autre, d'agiter la main, de changer d'altitude ; mais, comme si tu venais de rencontrer un compagnon, tu restes immobile, attendant ce qui va suivre. Crois-tu donc que la source va entrer en conversation avec toi ? Mais Narcisse ne nous écoute point : l'eau a captivé ses yeux et ses oreilles.
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