AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,84

sur 40 notes
5
3 avis
4
6 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Une promesse séduisante, Pascal Picq, paléoanthropologue — spécialiste de l'évolution de la lignée humaine — propose de remonter très loin dans le passé, d'étudier aussi la branche des hominidés qui regroupe les orangs-outans, les chimpanzés, les gorilles et les hommes pour mieux comprendre l'origine de la domination masculine. Hélas, la conclusion est qu'on ne sait pas vraiment d'où elle vient, que pourtant, il y avait d'autres possibles. D'autres possibles, certes, mais à l'exception des bonobos, les hominidés mâles ont tendance à maltraiter leurs femelles.
Malheureusement, à l'exception de deux ou trois choses, telles que le biais cognitif des premiers chercheurs au XIXe siècle, ou les différences entre l'homme et les autres hominidés actuels, ce livre n'apporte pas grand-chose. Il est surtout la constatation qu'en fait, on ne sait pas, on ne comprend pas.
De plus, il faut garder un dictionnaire à portée de main, quand, comme moi, on n'est pas spécialiste.
Commenter  J’apprécie          381
Dans "Et l'évolution créa la femme", Pascal Picq recherche l'origine d'une coercition sexuelle dont sont victimes les femmes depuis des millénaires. Remontant à la préhistoire et comparant différentes espèces, il décrypte une évolution peu flatteuse pour la nôtre.
Et l'évolution créa la femme est un livre qui devrait faire réagir. Son auteur, le paléoanthropologue Pascal Picq, s'attend à ce qu'on lui reproche "de donner des hommes une image dégradée ou dégradante", tout en assurant que là n'est pas sa volonté, l'humanité présentant "une grande diversité d'organisations sociales et de comportement individuels". Il tient à préciser que "tous les hommes ne sont pas violents envers les femmes, quel que soit leur système social", mais assume que son ouvrage "ne dresse pas un noble portrait" de notre espèce, "en tout cas depuis quelques millénaires", et ce en raison de la position dominante de ses mâles. Un constat qu'il pose en remontant jusqu'à la préhistoire pour mieux comprendre une évolution qui se traduit aujourd'hui encore par la mort d'une femme tuée par un proche à peu près toutes les six minutes dans le monde.

MASCULINITÉ ET VIOLENCE
Pour mieux appréhender les racines d'un machisme qui semble inhérent aux civilisations humaines, le chercheur innove avec une approche phylogénétique qui s'attache à reconstituer notre histoire évolutive et celles de différentes espèces. Par cette étude multidisciplinaire utilisant, entre autres, l'éthologie, la génétique et l'anthropologie, il en arrive à la conclusion que "les causes principales du malheur des femmes sont d'ordre culturel". le suggèrent notamment les différences de comportement de nos plus proches cousins dans la chaine de l'évolution, les chimpanzés et les bonobos, avec lesquels nous partageons un dernier ancêtre commun. Chez ces grands singes, la place de la femelle s'avère néanmoins très différente, prouvant qu'il n'y a pas de fatalité à la coercition sexuelle, attitude conduisant à la domination et à une violence que l'on retrouve chez les chimpanzés, mais pas côté bonobo. Ces derniers démontrent ainsi qu'un autre type de relation est possible avec un "régime de codomination" dans lequel les conflits se régulent à l'aide d'une sexualité aussi débridée qu'apaisée.

"En nous montrant d'où l'on vient, le paléoanthropologue donne un aperçu de l'ampleur du chemin à parcourir"
On ne sait si notre ancêtre commun se comportait comme un bonobo ou un chimpanzé, mais l'homme manifeste toutes les formes de coercition sexuelle de ce dernier, d'une manière "plus oppressive, agressive et violente". On ne trouve même chez aucune autre espèce que la nôtre l'existence du féminicide. L'accaparement des femmes, objet de convoitise et de pouvoir, a également atteint chez l'homme un niveau inégalé. Il pourrait d'ailleurs être à l'origine de la victoire d'Homo sapiens sur Néandertal, comme le laissent penser des données paléogénétiques telle que la détérioration du chromosome Y chez les Néandertaliens qui pourrait signifier que leurs femmes les aient progressivement quittés, de gré ou de force pendant des milliers d'années, jusqu'à causer leur extinction. Dès le mésolithique, âge d'or des chasseurs-cueilleurs, les femmes ont en tout cas été réduites à des moyens de reproduction et de production, du moins en Europe et au Proche-Orient, qualifié d'"arc de la domination masculine".

Outre les bonobos, quelques sociétés historiques, notamment en Asie, montrent toutefois que cette domination n'est pas une obligation. Et bien que l'institutionnalisation de la coercition depuis la fin de la préhistoire l'incite à affirmer que "les civilisations ne sont pas les amies des femmes", Pascal Picq voit s'ouvrir d'autres perspectives évolutionnistes. On peut penser que notre société est déjà bien engagée sur une voie menant à la fin de la domination masculine, mais en nous montrant d'où l'on vient, le paléoanthropologue donne un aperçu de l'ampleur du chemin à parcourir.

Lien : https://www.marianne.net/soc..
Commenter  J’apprécie          100
C'est un essai de plus de 400 pages qui, en s'appuyant d'un côté sur ce l'on sait des sociétés chez les singes et sur l'histoire de l'humanité, tente de comprendre pourquoi et comment la race humaine est devenue la plus coercitive envers les femelles.

Je ne suis pas une virulente féministe, je ne pense même pas être une féministe tout court, je constate juste que certaines choses ne me sont pas forcément accessibles en tant que femme : le poste que j'occupe a failli me passer sous le nez parce que je suis une femme, il arrive que mon avis ne soit pas pris en compte parce que je suis une femme, j'ai l'impression qu'au travail, être compétente ne suffit pas quand on est un femme...
C'est au moment où, désabusée, je constate toutes ces choses, que j'entends parler de la sortie de ce livre qui traite de la question de manière scientifique, avec un recul qui mène à une certaine objectivité, et ça a fait tilt.

Tenter de comprendre le pourquoi et le comment. C'était passionnant, vraiment. A ne pas lire quand on est fatigué parce que pour le coup, pour un ouvrage de vulgarisation (l'est-ce vraiment finalement ?), c'est très très dense et cela reste très compliqué. Gardez bien le dictionnaire à côté de vous, parce que même avec le lexique final on n'a pas toutes les réponses. Mais ça vaut le coup de s'accrocher.

Il reste tout un monde à découvrir pour pouvoir arriver à un élément de réponse, parce qu'au final il y a plus de questions que de réponses, mais tout est à construire en matière de recherches. Et puis l'évolution de l'Homme n'est peut-être pas encore terminée, à nous d'apporter un nouveau souffle pour amorcer une évolution positive, bien que les dernières nouvelles sur le sujet ne soient pas du tout réjouissantes.
Commenter  J’apprécie          90
Tout en reconnaissant que le patriarcat est une "obsession humaine", Pascal Picq conclut son ouvrage en disant qu'il laisse plus de questions que de réponses. Pourtant, les données analysées convergent vers cette réalité, qui suit la tendance générale chez les mammifères : Si les singes perçoivent déjà bien l'incertitude de paternité, l'espèce humaine, elle, en a une pleine conscience naturelle et culturelle, et sans doute est-ce cela qui a provoqué ce patriarcat obsessionnel si répandu.
Alors, dans la vie de nos sociétés actuelles, tout ce qui peut ôter de l'importance à la paternité incertaine, tout en augmentant la certitude de paternité, comme par exemple le couple amoureux et à fécondité maîtrisée, contribue à démolir le socle de la domination masculine.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (223) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
856 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}