Une légende placée sous le dessin humoristique d'une scène où résonnent cris et hurlements dit : "Y a t-il un médecin dans la salle ? Mais voyons, il est évanoui comme tout le monde !"
Il ne restait, déjà plus dans les années 80, rue Chaptal, que le plafond gothique du Théâtre du Grand-Guignol. Durant une soixante d'années, il fut pourtant le temple de l'horreur et devint célèbre dans le monde entier pour ses spectacles insoutenables.
Deux hommes, sous la direction du directeur
Max Maurey, dernier rejeton d'une riche famille de forains, vont aider à imposer la marque de ce genre théâtral en train de s'inventer.
Tout d'abord
André de Lorde qui, s'il n'est pas le seul auteur à être joué, sera le principal pourvoyeur de ces pièces abominables aux titres évocateurs tels que "Un crime dans une maison de fous", "le laboratoire des hallucinations", "Jack l'éventreur", "l'obsession" et "
le système du docteur goudron et du professeur plume" adaptée d'une nouvelle d'
Edgar Poe.
Le troisième homme est Ratineau, le régisseur qui, souvent sans grand moyen, dans un petit atelier contigüe à la scène invente de fausses guillotines plus vraies que nature, peint des décors hallucinants et concocte des potions atroces. Son talent est redoutable. le soir, les femmes du mondes s'évanouissent et les cocottes se serrent dans les bras de leurs amants.
Les deux grandes stars du Grand-Guignols, Mlle Paula Maxa, la femme la plus assassinée du monde et Georges Paulais, furent, respectivement, les victimes et tortionnaires favoris du public de ce théâtre étrange et horrifique.
L'ouvrage d'
Agnès Pierron nous projette dans cet univers. Elle nous offre, pour la première fois, des documents inédits et insolites, des affiches, des photographies, des gravures, des dessins et des témoignages qui témoignent d'une grande connaissance du sujet. Elle a, aussi, réuni dans un autre ouvrage, "
Le Grand-Guignol, le théâtre des peurs de la belle époque", les textes originaux de plusieurs de ces pièces où le frisson et le dégoût sont de mises.
Ces deux livres sont des témoignages formidables et magnifiques de cette scène qui était devenue un passage obligé du tout-Paris et une étape espérée des étrangers et des provinciaux dans la capitale.