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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'auteur se remémore son adolescence au sein d'une famille de modestes agriculteurs de Charente, dans les années soixante-dix, alors que le monde rural en pleine mutation voit peu à peu disparaître les petites exploitations et mourir les villages.


Pia est la dernière-née d'une famille de cinq enfants, surnommés les Panzanis parce que les grands-parents sont venus d'Italie. La ferme et ses vaches laitières suffisent à peine pour joindre les deux bouts, au prix d'un travail incessant auquel participe activement la fratrie. L'enfance de Pia est pauvre et travailleuse, mais heureuse, au sein d'une tribu turbulente et unie, au contact de la nature et des animaux, dans un village qui connaît l'entraide.


Pia grandit, part en pensionnat à l'heure du collège puis du lycée, se retrouve confrontée à une société éloignée des préoccupations des « ploucs » en pleine crise. Déchirée entre sa fidélité à ses racines et l'appel du large, la jeune fille voit avec impuissance se déliter l'univers de son enfance : son frère et ses soeurs partent chacun leur tour vers leurs destins, les plus âgés et les plus fragiles des êtres chers disparaissent, personne ne reprendra la ferme familiale.


Le récit aux mille détails authentiques observe sans juger et avec humour les petits et grands évènements du quotidien, dans une ode à un monde en voie de disparition, pleine de tendresse et de nostalgie : c'est avec une infinie tristesse que s'impose sans recours l'incompatibilité entre l'énergie et les rêves de la jeune génération d'un côté, la déliquescence d'un univers condamné de l'autre.


Récit personnel et intime, servi par une langue souvent surprenante par ses trouvailles, Des orties et des hommes est un roman sensible et touchant, où l'émotion contenue rivalise avec l'humour, pour évoquer le passage du temps et l'éphémèrité de la vie.


Prolongement avec la petite histoire des orties, dans la rubrique le coin des curieux, en bas de ma chronique sur ce livre sur mon blog :
https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2019/06/pigani-paola-des-orties-et-des-hommes.html

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Les auteurs que je vais rencontrer à la Comédie du Livre (salon du livre de Montpellier, pour les non-initiés ;) ) sont d'habitude les joueurs que j'ai déjà lu et apprécié et avec qui j'ai envie de parler de cette première lecture avant qu'ils me parlent de la prochaine. Avec Paola Pigani, ce fut totalement différent. J'ai eu la chance de la rencontrer plus longuement, puisqu'elle est d'abord venue animer, dans le cadre de sa résidence à Montpellier, un atelier d'écriture auprès du public que j'accompagne professionnellement. C'est forcément un temps privilégié, où on découvre en premier lieu la personne elle-même. Les exercices furent intéressant et la volonté d'enrichissement mutuel par l'échange évidente.

Je ne pouvais ensuite que venir la rencontrer sur son stand du salon pour m'intéresser plus directement à son versant auteure, raison d'être tout de même de sa présence à Montpellier. Entrée en littérature par le biais de la poésie puis de la nouvelle, Paola Pigani s'est essayé au roman à partir de 2013. Celui-ci est son deuxième, qu'elle m'a conseillé comme une entrée en matière dans son oeuvre. Et le côté indéniablement autobiographique du livre est en effet un plus pour s'immerger dans son univers.

Car Pia, la jeune héroïne du livre c'est bien Paola. le village de Cellefrouin est le village natal de l'auteure, la narration à la première personne, on ne cherche pas à nous masquer la vérité. C'est bien son histoire, celle de sa famille exploitante agricole cherchant à survivre de son travail, à acquérir des terrains, à faire construire une maison pour ne plus dépendre du propriétaire qui les fait travailler, tout cela dans un monde en pleine évolution, où on observe ces enfants sollicités dans le travail qui découvrent la musique, les émois amoureux et qui observent les changements en comprenant que cela impactera fortement leur avenir.

Le style est très recherché, il y a beaucoup de trouvailles stylistiques, de métaphores, de recherches pour évoquer l'influence des saisons, des bêtes sur les humains. Cela est parfois troublant car il y a une sorte de décalage entre un récit par une enfant devenant adolescente et un style clairement adulte, mais on finit par s'habituer et comprendre que ce sont à la fois des souvenirs d'enfance et une recréation d'un monde par une adulte nourri de toutes ses nouvelles connaissances. On sent poindre chez la jeune fille le rêve de l'auteure, distillé sans être affiché clairement, au milieu des doutes sur le futur qui ne s'annonce pas tranquille. La galerie des personnages qu'il soit familiaux ou non est très riche également. Ils réapparaissent de façon très ordonnée, rythmant agréablement le récit, marquant des points d'étape car la narratrice se voit évoluer en constatant en miroir les changement chez eux, qu'il s'agisse de ses soeurs, de ses amies d'enfance, des vieilles dames du village qui perdent en autonomie.Mention également pour les orties, qui figurent presque elles-aussi un personnage principal, du titre où elles prennent la place des souris de Steinbeck aux différentes apparitions où elles sont le plus souvent réhabilitées, par leur utilité et par ce qu'elles symbolisent d'un monde qui ne se laisse pas facilement saisir.

Paola Pigani sait donc à merveille peindre le temps qui passe, le temps ravageur pour cette agriculture traditionnelle et ce petit village isolé, tellement mal armé pour résister à la marche de l'époque. le Monde évoque pour en parler "un chant d'adieu au monde paysan", malgré la tristesse qui sourt de ces lignes j'ai assisté avec plaisir au récital.
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L'an dernier, la lyonnaise Paola Pigani a sorti en grand format, chez son fidèle éditeur Liana Levi, "Des orties et des hommes ", son troisième roman, qui est sans doute le plus personnel, le plus abouti et le plus reconnu médiatiquement.

Un roman quasi autobiographique, qui relate l'histoire d'une famille d'italiens exilés, des petits paysans en grande difficulté, dans la Charente dans les années 70, où les enfants tentent d'aider leurs parents pour survivre au milieu de la nature.

Dans ce beau roman, sensible et pudique, Paola Pigani a senti le besoin de revenir sur le terreau de son enfance, la Charente, avec un regard à hauteur d'enfant sur un milieu social particulier, celui de la France rurale et catholique des années 70.

Ce portrait d'un monde paysan vivant en autarcie, monde aujourd'hui totalement disparu, est décrit sans concession, mais avec une tendresse et une empathie évidente.

Ce monde paysan fraglisé par de grosses exploitations sans vergogne est le point névralgique d'une France alors en pleine mutation que Pia, la petite fille du roman de Pigani ne perçoit évidemment pas sous cet angle.

"Des orties et des hommes", qui nous immerge dans l'intimité d'une famille italienne à l'organisation très patriarcale, est un récit d'une puissance évocatrice indéniable.

On y perçoit pleinement la force de l'invisible et du vivant, ainsi qu'une ode au courage des hommes (et des femmes) avides de labeur, de besogne.La nature, omniprésente et souveraine, y est très présente, grâce à l'écriture très sensorielle de son auteur.

Elle contrebalance avec le sentiment d'enfermement et d'emmurement que va connaitre Pia, en partant pour un 'internat bien plus hostile que cette terre âpre mais finalement si accueillante.

Un hommage aussi poétique que réaliste à un monde révolu...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'enfance de Pia ( autobiographique ) est un hommage tendre et poétique à sa vie dans un petit village de Charente, et surtout au monde paysan des années 1970.
Pia a 10 ans, elle fait partie d'une famille d'italiens venus en France pour travailler et offrir aux 5 enfants la possibilité d'avoir une vie meilleure que la leur !
La vie est dure à le ferme : papa chante en italien mais élève des vaches laitières, il a aussi une casse pour y ranger tout ce qu'il trouve dans ses virées aux ordures, tout ce dont les riches se débarrassent, maman s'occupe du beurre et des poules. Les enfants : Adamo, Dora, Valma, Mila et Pia les aident dans les travaux des champs, de la maison..
Mais Pia ( la narratrice ) aime courir à perdre haleine à l'ombre des arbres, écouter la rivière, cueillir les herbes des fossés, aller chez la Nonna et le Nonno pour s'occuper des chèvres, ramasser les orties ! Elle tient un cahier d'essai, va souvent visiter ses voisins, Joël le bossu, les " mémés " du village et Armande à qui elle rend des services..C'est une jeune fille heureuse dans une famille soudée de " macaroni " comme on les appelle, elle a des copines, des amies mais, dès la décennie 1970 : elle va constater avec lucidité que la condition paysanne se détériore car la PAC avec ses quotas laitiers, ses contraintes d'hygiène, de rentabilité à laquelle s'ajoute en 1976 une grande sécheresse va conduire les fermiers à quitter leurs terres !
Elle aussi va partir en internat au lycée, côtoyer les filles de familles riches qui la considèrent comme une " plouk ", obéir à la discipline ferme des soeurs grises et sentir à chaque retour chez elle que son petit " monde " évolue trop vite et perd de son authenticité !
Un roman sensuel avec toutes la musicalité des bruits de la ferme et des champs, avec toutes les couleurs de son enfance heureuse, insouciante et chaleureuse !
Une grande nostalgie de la part de Paola Pigani pour ses années de travail mais surtout de convivialité, de communion avec la nature, avec les humbles comme elle dans une période ou la ruralité n'avait pas encore été abimée par les touristes, les normes écologiques !
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Même si cela n'est pas étiqueté comme un roman autobiographique, il n'est pas difficile d'imaginer que l'enfance de Paola Pagani soit très proche de celle de la petite Pia. J'ai tout de suite aimé cette fillette issue d'une famille d'immigrés Italiens venus s'échouer dans un hameau de Charente. La vie à la ferme rythmée par le pain sur la planche à partager par tous , encouragée par le refrain paternel comme souvenir des origines " sono un povero negro",musique que j'ai réécouté avec plaisir ! Aucune niaiserie dans ce regard d'enfant sur sa famille, son entourage, la vie en milieu agricole. Son amour pour la nature, les animaux n'a rien de romantique,il est ancré dans la rude réalité du monde paysan et de ses luttes. En grandissant, Pia prend conscience de la paupérisation de son milieu, de la bataille du pot de terre contre le pot de fer,ou autrement dit des petits paysans contre la FNSEA et la SA FER. Elle assiste à la mort des petites exploitations mais aussi plus cruellement des paysans qui pour beaucoup se suicident , incapables de venir à bout de l'endettement au crédit agricole...Mais pour Pia c'est aussi les petits bonheurs quotidiens, les tartines de beurre, la cuisine familiale, les premiers émois amoureux, les copinages, les premiers jeans ,la musique des années 70, bref,la vraie vie! C'est également la prise de conscience du contexte socio politique, l'énergie des luttes justes qu'on partage, le Larzac que l'on soutient par solidarité. Pia constate aussi le poid du déterminisme social qui ferme le champ des possibles. Et lorsque le monde s'éloigne de trop des idéaux, il reste la poésie. Rimbaud et Eluard pour accélérer à la beauté,la sensibilité et croire encore qu'on n'est pas seule au monde! L'écriture de Paola Pagani est un bonheur, elle joue avec les mots, jongle avec les expressions populaires, décrit la nature avec une telle force qu'on l'a ressent, et peut aussi nous faire rêver par une poésie délicate. Très belle rencontre.
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J'ai retrouvé dans ce récit l'enfance de mes tantes et mon oncle.
Enfant d'immigrés italiens, membre d'une fratrie nombreuse, la narratrice nous fait découvrir à travers le récit de son adolescence, la vie des paysans des Charentes au milieu des années 1970. le même constat, à cette époque le quotidien des enfants n'était pas le jeu ni les loisirs, mais le travail du quotidien pour aider la famille. Temps partagé entre l'école et les corvées à la ferme, la narratrice nous raconte ses petits bonheurs les copains, l'écriture, la poésie... Un récit rythmé qui sent bon les souvenirs et la vie d'une autre époque.
Un chouette récit à lire.
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Pia, double de l'auteure, nous relate dans ce roman poétique et sensuel, le monde rural de la Charente où s'est installée une famille d'origine italienne.
Le travail dur, la sécheresse intolérable d'un été des années 70 qui fait pleurer une mère de faille agricultrice, mais aussi les orties cueillies sans se faire piquer et progressivement le passage à une agriculture industrielle, sont au coeur de ce récit.
En parallèle, c'est aussi le passage à  l'adolescence et si, parfois , le rythme semble lent et sans véritable intensité narrative, à la fin, on se retrouve un peu démuni et on aimerait savoir ce que sont devenus les différents protagonistes.
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On les appelait les ritals, les macaronis ou les Panzani, car ils venaient d'Italie pour trouver en France de quoi travailler pour manger et élever leurs enfants. Travailleurs, discrets, ils faisaient tout leur possible pour se ne pas se faire remarquer sans oublier pour autant leurs racines et leur mode de vie.
Nous sommes dans les années 70, en Charentes. Nous suivons Pia, issue d'une famille italienne d'agriculteurs, travailleurs acharnés, faisant leur maximum pour donner la meilleure éducation à leurs 5 enfants. C'est sous le regard observateur de Pia que Paola Pigani nous raconte le quotidien difficile de cette famille, et plus largement le destin des agriculteurs/éleveurs de cette époque alors que le monde paysan est en pleine mutation technologique, politique, et climatique. Une sècheresse sévère oblige chacun à se remettre en question, et bouleverse le quotidien de ces travailleurs de la terre de plus en plus vulnérables.
Pia est une fine observatrice de ce monde en pleine transformation ; elle aide beaucoup à la ferme, et comprend vite que son salut viendra d'ailleurs : l'école où elle s'applique, et où elle comprend qu'elle n'est pas tout à fait du même monde que ses camarades.
Il y a beaucoup de nostalgie dans ce roman largement inspiré de sa propre enfance ; nostalgie d'un temps révolu, nostalgie d'un monde paysan qui disparait, la nostalgie des grands espaces et d'une certaine liberté.
Il y a quelque chose d'infiniment touchant dans ce roman où la difficulté de l'exil et la dureté de la vie sont enrobées de poésie, de subtilité, et d'humour.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Des orties et des hommes de Paola Pigani.
Entre poésie et nostalgie, laissez-vous emporter et inspirer au fil des pages 🍃

Après N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures et Venus d'ailleurs, Paola Pigani signe une nouvelle fois un roman sensible et poétique qui nous transporte dans le temps et dans l'espace aux côtés de Pia fille de paysans issue de l'immigration italienne.

On découvre la beauté de la campagne, les défis auxquelles fait face le monde agricole. On accompagne l'évolution de Pia. On assiste à la vie de cet espace qui semble hors du temps. On subit les intempéries et les difficultés du monde rural.

On se laisse porter de phrase en phrase dans cette ode à la nature, au monde paysan et à la mélancolie de l'enfance.
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Écriture très poétique, l'auteure nous fait ressentir sa jeunesse en symbiose avec la nature, mais aussi comprendre de l'intérieur la vie difficile des petits paysans de Charente. C'est l'époque où le Crédit agricole et les trusts du phytosanitaire et de l'agro-alimentaire transforment à marche forcée l'agriculture et enfoncent les petits paysans. On aperçoit le combat des paysans-travailleurs et de Bernard Lambert.
La jeune héroïne est décrite finement : attachée à la campagne et à la vie de ses parents, et en même temps attirée par autre chose, la poésie surtout.
Il ne se passe pas grand chose, mais la famille connaît son lot de tragédies, les difficultés sont constantes, le travail aussi, y compris pour les enfants. L'auteure parvient malgré tout à nous attacher à cette famille paysanne.
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