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Beaucoup de poésie et de sensibilité pour ce beau roman qui évoque l'internement des gens du voyage dans des camps pendant la 2e guerre mondiale.
En se basant sur les souvenirs d'une vieille tsigane, l'auteure raconte l'adolescence d'Alba, jeune fille de 14 ans enfermée avec sa famille dans un camp de Charente : six longues années à souffrir de la faim, du froid et de la vermine, six longues années privée de mouvement, de plein air, de feux de bois et de nuits à la belle étoile, à s'interroger sur les raisons de cet internement… Une belle réflexion sur la liberté porté par un texte extrêmement poétique. Merci Babélio et Liana Lévi !
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Six ans dans un camp d'internement…

Le récit du livre se déroule au camp des Alliers près d'Angoulême où à partir d'octobre 1940, trois cents cinquante Tziganes furent internés lorsque l'État français met en place la loi interdisant la circulation des nomades en temps de guerre. C'est sur la route qui la conduit au camp que commence pour nous l'histoire d'Alba. Elle a alors quatorze ans et c'est dans une seule pièce qu'elle devra vivre avec sa famille d'abord puis avec des « inconnus » qui arriveront lors d'une rafle suivante. Elle va y passer six longues années marquées par le froid, la faim, la crasse, la boue, la maladie, la mort, le désespoir mais aussi jalonnées d'espoirs et de rires, de naissances et d'apprentissages amoureux ; des liens parfois silencieux se tissent aussi avec Michel, un des gardiens du camp, et Mila, une infirmière qui vient soigner les occupants du camp, tous deux résistants. C'est dans cet univers qu'elle va grandir et devenir une femme...

Le proverbe qui sert de titre à ce livre signifie qu'on n'entre pas impunément chez les Tziganes, ni dans leur présent, ni dans leur mémoire. A la fin du roman, Alba, devenue grand-mère, dit d'ailleurs à un journaliste venu l'interroger « qu'il perd[...] son temps », ce à quoi la narratrice ajoute « La vérité, c'est qu'on ouvre pas sa mémoire comme on ouvre un coeur de boeuf ! Alba se fout bien du devoir de mémoire, elle aimerait vieillir en paix, oublier. »

Pour écrire ce premier roman dont elle explique la genèse dans le préambule, l'auteure s'est inspirée de la vie d'une femme manouche, Alexienne, la belle-mère de son frère. Il est ainsi tissé avec la mémoire de celles et ceux qui, au contraire d'Alba, ont bien voulu partager leurs souvenirs ; c'est avec délicatesse et respect que l'auteur nous fait pénétrer dans leur univers.

Le style fin et poétique, la langue précise et imagée sont au service d'une histoire, à la fois sensible et juste racontée sans mièvrerie ni apitoiement, qui emmène le lecteur sur les traces d'Alba.


Sur le même sujet, un témoignage...
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A travers la voix d'Alba, adolescente au moment du récit, on suit le quotidien des 350 Tsiganes qui furent internés pendant 6 ans dans le camp des Alliers (Charente Maritime) au titre de la collaboration du gouvernement français avec les nazis.
C'est un combat de tous les jours auquel on assiste de cette communauté pour garder sa dignité et ne pas se laisser enfermer dans ce quotidien aliénant.
La force de ce récit basé sur un témoignage réel réside dans la force de personnes qui luttent et restent libres dans leur tête grâce à leur travail, grâce à leur culture.
Le plus bouleversant à mon sens, c'est qu'ils restèrent dans ce camp pendant un an après la libération de la France, avant que l'on ne se souvienne d'eux, et qu'ils furent libérés, alors qu'ils avaient tout perdu, chevaux, roulottes, sans le moindre dédommagement.
Une leçon de l'histoire et un texte formidablement beau et émouvant.
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Il m'a fallu un moment, que le récit se déroule peu à peu, pour parvenir à accompagner Alba lors de cette lecture.

Dans une préface, l'auteur explique que son roman s'inspire d'un témoignage, précieux, qu'elle souhaite préserver et respecter, comme le raconte le titre de ce livre. Peut-être est-ce ce que j'ai ressenti, l'impression qu'elle avançait à petits pas, feutrés, et que je restais sur le seuil, à distance de cette histoire des nomades français de Charente durant la Seconde Guerre Mondiale, spectatrice de la « tristesse de leur voyage immobile » sans les rencontrer vraiment.

Bien que rythmé par de courts chapitres, le récit m'a paru lent, les personnages lointains dans cette première moitié du roman. Pourtant, cette narration s'adapte bien à ce que vit la famille d'Alba qui découvre la différence entre » camps et campements « , l'isolement, l'enfermement, une déliquescence par la perte de leurs traditions, de leur raison de vivre – » Quelle est cette guerre hors les murs ? [...] Quatre hivers ont fini par s'enchevêtrer dans le même temps fou de la guerre et de la paix. Une mémoire pâteuse où les évènements qui touchent la France s'immiscent à peine à l'intérieur du camp. Sur quel territoire vivent-ils depuis l'automne 1940 ? Les saisons se suivent, semblables. Les chemins, les forêts, les roulottes calcinées sont derrière eux. Ils ne voyagent plus qu'en aveugles dans une nostalgie douloureuse. » -; une narration qui dévoile un sens certain de la description, de l'image et de la formule évocatrices, mais il me manquait un souffle, une présence, un monde. Leur monde, leur culture. Qui apparaissait à peine. » La peine de n'être plus que l'ombre d'un peuple « , le grand absent, le disparu. Comme l'écrit l'auteur dans cette préface » J'écris sur des silences, sur un lieu qui n'existe plus. » En séquence, c'est le camp au quotidien, le racisme et les préjugés alentours. Je m'impatientais, le roman d'apprentissage – Alba découvrant sa féminité, les réalités de la maternité lors d'une grossesse de sa mère, la mère dont le portrait se détache en magnifiques lignes – me semblait prendre le dessus dans le récit. Puis, Alba devient femme. Elle prend corps, de l'assurance et le récit la suit, prend de l'ampleur, s'affirme, se libère. La fierté retrouvée. Par sa voix, l'auteur a trouvé la sienne, en hommage, en mémoire.
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Je ne sais pas si vous connaissez le décret du 6 Avril 1940 qui édictait la norme suivante: "en période de guerre, la circulation des nomades, des individus errant généralement sans domicile fixe, ni patrie, ni profession effective, constitue pour la défense nationale et la sauvegarde du secret, un danger qui doit être écarté. »

Suite à cette disposition, environ 350 Tsiganes de Charente et de Charente-Maritime furent internés en octobre 1940 au camp des Alliers sous l'autorité du préfet et de la Kommandantur d'Angoulême alors en zone occupée. Les familles ont vécu là six années dans des conditions déplorables.

Paola Pigani a recueilli les souvenirs d'une grand-mère Manouche qui a passé toute son adolescence dans ce camp d'internement, elle nous livre un beau récit poignant, véritable roman d'initiation ou Alba qui a 14 ans à son arrivée au camp le quittera six année plus tard jeune mère de famille. Entre temps elle aura tout vécu, le froid, la faim, l'humiliation ,le deuil mais aussi la solidarité, l'amitié et l'amour.

D'une écriture sensible et poétique, l'auteur sait donner vie et chair à toute cette communauté et longtemps après les personnages nous poursuivent. Voici une fort belle oeuvre littéraire mais aussi un vrai récit humaniste qui donne la parole à ceux qui ne l'ont pas. Une très belle découverte de cette rentrée et une nouvelle plume, celle de Paola Pigani, qui écrivait jusqu'alors des nouvelles et des poèmes, à suivre désormais avec la plus grande attention!!.
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Ce livre est le premier roman de Paola Pigani, qui écrivait jusqu'alors des nouvelles et des poèmes. Sa plume s'en ressent fortement, et c'est tout d'abord ce style fin, poétique et émouvant qui marque à la lecture, dès les premiers mots. Ce texte est avant tout un petit bijou de littérature dans lequel, à chaque page, on a envie de recopier des phrases pour en conserver la beauté. Chaque chapitre, comme le dit l'éditeur, est comme un tableau, un instant pris sur le quotidien, une émotion capturée sur le vif. En cela on retrouve la force des novellistes qui proposent en quelques lignes un décor, des personnages, une émotion qui débordent du cadre des mots.

L'auteur s'inspire de la vie d'une femme manouche, Alexienne, la belle-mère de son frère, pour créer le personnage d'Alba, jeune adolescente lors de la Seconde Guerre Mondiale. On découvre à travers ce récit fictif, mais néanmoins fortement inspiré de la réalité, le quotidien des familles tsiganes qui ont du, pendant la guerre, être regroupées dans des camps fermés, sous la surveillance des soldats français. Même si ce ne sont pas des camps de concentration ou d'extermination, ce peuple a été durement touché par ces années d'enfermement. La privation de liberté parfaitement invivable pour ces hommes du "mouvement" permanent, la maladie, la mort, les humiliations, rien ne leur a été épargné.

En lisant ce récit, j'ai souvent pensé au superbe film de Tony Gatlif "Liberté", que je vous conseille fortement de visionner. On ne peut qu'être frappé par la force de ces femmes et de ces hommes, leur courage et leur ténacité; et à la fois par la manière dont ces épreuves leur ont comme brisé les ailes. Quitter les roulottes, perdre les chevaux, ne plus vivre les soirées au coin du feu, être coupé de la nature... tout cela participe à la souffrance des manouches.

Mais au-delà de cet épisode historique, ce roman-témoin nous donne à voir d'un peu plus près "l'âme" de ce peuple à la fois si proche et si méconnu de la communauté française dont il fait pourtant partie. J'ai adoré en apprendre plus sur la manière de penser, de vivre, d'aimer, des manouches. le titre de ce livre est un proverbe tsigane qui prend tout son sens au fur et à mesure de la lecture. Paola Pigani parvient à merveille cette approche douce mais directe et profonde des personnages, les rendant attachants, vrais et bouleversants d'humanité.

Une fois encore, je ne peut que souligner la superbe plume de l'auteur, et je vous incite fortement à plonger dans ce roman historique poignant et marquant.
Lien : http://louvrage.canalblog.co..
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Ce livre est le premier roman de Paola Pigani, qui écrivait jusqu'alors des nouvelles et des poèmes. Sa plume s'en ressent fortement, et c'est tout d'abord ce style fin, poétique et émouvant qui marque à la lecture, dès les premiers mots. Ce texte est avant tout un petit bijou de littérature dans lequel, à chaque page, on a envie de recopier des phrases pour en conserver la beauté. Chaque chapitre, comme le dit l'éditeur, est comme un tableau, un instant pris sur le quotidien, une émotion capturée sur le vif. En cela on retrouve la force des novellistes qui proposent en quelques lignes un décor, des personnages, une émotion qui débordent du cadre des mots.

L'auteur s'inspire de la vie d'une femme manouche, Alexienne, la belle-mère de son frère, pour créer le personnage d'Alba, jeune adolescente lors de la Seconde Guerre Mondiale. On découvre à travers ce récit fictif, mais néanmoins fortement inspiré de la réalité, le quotidien des familles tsiganes qui ont du, pendant la guerre, être regroupées dans des camps fermés, sous la surveillance des soldats français. Même si ce ne sont pas des camps de concentration ou d'extermination, ce peuple a été durement touché par ces années d'enfermement. La privation de liberté parfaitement invivable pour ces hommes du "mouvement" permanent, la maladie, la mort, les humiliations, rien ne leur a été épargné.

En lisant ce récit, j'ai souvent pensé au superbe film de Tony Gatlif "Liberté", que je vous conseille fortement de visionner. On ne peut qu'être frappé par la force de ces femmes et de ces hommes, leur courage et leur ténacité; et à la fois par la manière dont ces épreuves leur ont comme brisé les ailes. Quitter les roulottes, perdre les chevaux, ne plus vivre les soirées au coin du feu, être coupé de la nature... tout cela participe à la souffrance des manouches.

Mais au-delà de cet épisode historique, ce roman-témoin nous donne à voir d'un peu plus près "l'âme" de ce peuple à la fois si proche et si méconnu de la communauté française dont il fait pourtant partie. J'ai adoré en apprendre plus sur la manière de penser, de vivre, d'aimer, des manouches. le titre de ce livre est un proverbe tsigane qui prend tout son sens au fur et à mesure de la lecture. Paola Pigani parvient à merveille cette approche douce mais directe et profonde des personnages, les rendant attachants, vrais et bouleversants d'humanité.

Une fois encore, je ne peut que souligner la superbe plume de l'auteur, et je vous incite fortement à plonger dans ce roman historique poignant et marquant.
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