AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,1

sur 147 notes
5
26 avis
4
18 avis
3
6 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La poésie du titre de ce livre mérite à elle seule 5 étoiles. Il s'agit d'un proverbe tzigane que Paola Pigani a mis très justement en application pour son premier roman. Fille d'une famille d'immigrés italiens, elle a côtoyé dans sa jeunesse en Charente, une communauté manouche et c'est l'histoire vraie de la grand-mère, qu'elle fait renaitre sous les traits d'Alba, son héroïne, qui l'a inspirée.

Fait assez méconnu de l'Histoire, de nombreux "nomades" ont été parqués dans des camps d'internement pendant l'occupation allemande. Dans celui des Alliers, près d’Angoulême, Alba et les membres de sa famille vont y être enfermés de 1939 à 1946, donc entre les 14 et les 20 ans de la jeune fille.
L'auteure nous raconte dans ce roman leur quotidien, principalement celui des femmes et des enfants, les hommes étant autorisés à sortir par obligation de travailler. Les autorités savent que le lien de la famille étant très puissant chez les gitans, ils rentreront chaque soir au bercail retrouver les leurs. Pour ceux qui ont pour maison le monde entier, la privation de liberté est encore plus terrible, ajouté à cela la privation de leurs seuls biens, leur roulotte et l'autre partie d'eux-mêmes que sont leurs chevaux. Au milieu de la misère décrite avec pudeur, la talent de l'auteure transperce à travers la poésie qu'elle distille çà et là, telles les roses que Louis, le père d'Alba, veut faire pousser sur le fumier. Mais surtout c'est l'espoir qui sommeille dans le cœur de certains comme la braise qui charmille dans le feu en apparence éteint. Malgré l'enfermement, la vie continue avec son lot de deuils, ses naissances, ses premiers émois.

Paola Pigani n'accuse personne, ne cherche pas de responsables, elle évoque plus ceux qui aident les prisonniers, ceux qui font le bien, que ceux qui obéissent aveuglément aux ordres. Quand arrivera l'Armistice, il faudra encore un an avant que le camp des Alliers soit libéré. Ceux qui auront survécu reprendront leur vie de errance à zéro, sans aucune reconnaissance de l'Histoire pour le préjudice subi. La Mémoire des gens du voyage ne figurera sur aucun monument. Devant les prémices de la sédentarisation des siens et les débuts de l'alphabétisation des jeunes, celle qui a inspiré Alba n'a plus qu'un souhait, vieillir en paix et oublier, toute la sagesse d'un peuple appelé à vivre et mourir dans la discrétion.

Tout simplement magnifique, plein d'émotions et de retenue, le contenu de ce roman à l'écriture sobre, mérite donc, comme son titre, la note maximale de 20/20.
Commenter  J’apprécie          390
Très beau livre, on y apprend beaucoup sur la culture des gens du voyage, leur triste sort pendant l'occupation, une vérité souvent occultée en France. Cette enfant qui devient femme est fascinante
Commenter  J’apprécie          276
On ne sort pas de ce livre avec des chaussures...mais le coeur gros et beaucoup d'émotions. C'est un roman bien sûr mais si cela ne pouvait être qu'une fiction! Encore une fois la bêtise de l'homme est sans mesure: comment peut-on faire subir de telles humiliations à d'autres humains? le récit est beau, pudique, sans étalage de souffrances mais tout en retenue, et très poétique. On entre là dans la communauté des gens du voyage , mais pas tout à fait, ils auront leurs secrets qu'ils ne partagent pas avec nous, les gadjés.
Commenter  J’apprécie          224
Sur la couverture la roue immense d'une verdine. La verdine c'est la roulotte des tsiganes.
Des roulottes et des gens il y en a une longue file qui se dirige vers un camp, celui des Alliers, tout près d'Angoulême à la demande de la Kommandantur. Un endroit pour les protéger soi-disant. Ces hommes et ces femmes qui ont l'habitude de vivre dehors. Libres !
« Les grilles du camp s'ouvrent dans un grincement lugubre. Pour qui n'a pas l'habitude de fermer, de verrouiller, ce bruit aigu provoque presque une douleur. »
C'est l'histoire d'Alba, 14 ans, et de sa famille qui est racontée dans ce livre. Six ans d'enfermement, sans hygiène, sans beaucoup de nourriture, dans une promiscuité terrible.
Le camp des Alliers a vraiment existé. L'auteur se basant sur des souvenirs racontés, relate la vie dans ce camp. Pour ces manouches n'aimant pas les maisons c'est un enfermement terrible.
Ce livre est un témoignage très fort, porté par des personnages hauts en couleur. On les imagine tant ils sont bien décrits. On entre dans leur vie, leur tradition et leur humanité.
La guerre, à la porte du camp, est peu évoquée finalement. Mais qu'elles sont longues ces six années…Il y a bien quelques personnages généreux dans ce livre mais même les bénévoles de la Croix-Rouge sont prompts à juger (p106) les mots sont si terribles que je ne les mets pas ici, mais je pense qu'ils doivent être encore prononcés de nos jours.
C'est un livre intéressant par ce qu'il nous fait découvrir, un pan de l'histoire assez vite oublié par tous, j'y ai trouvé malgré tout quelques longueurs. Je ne sais pas s'il y a de la poésie dans cette écriture, j'y ai trouvé plutôt une description un peu clinique des événements, illuminés par de beaux moments et la fierté et le courage des Manouches.
Peu d'espoir dans ces lignes mais il n'y avait pas de raison d'en avoir. Libérés en 1946 seulement ils se retrouvent dehors sans rien. Plus de védrine, plus de chevaux pour repartir sur les routes de Charente …ou un peu plus loin sans aucune aide.
Un livre nécessaire pour nous faire réfléchir sur une histoire méconnue que j'ai découvert grâce à masse critique. L'auteur a fait un beau travail de mémoire.


Commenter  J’apprécie          170
On entre dans ce roman par le poème Gagner d'Eugène Guillevic… Ce choix est loin d'être anodin à mon sens. En effet, ce roman est le premier de Paola Pigani qui se consacrait jusqu'alors à l'écriture de poésies et de nouvelles. le thème du poème reflète, par ailleurs, très bien l'ambiance de cette histoire. Et enfin, ils nous introduit dans l'écriture délicate, subtile et poétique de l'auteure. Au cours de ma lecture, j'ai été partagé entre l'horreur des faits racontés et la beauté des phrases que j'ai eu envie de graver en moi, des phrases qui sonnent si justes que ça m'a touchée, remuée.
Ce roman aborde le thème des déportations et d'internements des populations nomades (Manouches, tsiganes, forains, gens du voyage…) dans des camps pendant la Seconde guerre mondiale et sous l'Occupation. Je lis régulièrement des romans sur cette période mais c'est la première fois que j'en lisais un sur ce thème-là. Sous une forme de témoignage, Paola Pigani raconte l'histoire d'Alba et de sa famille. Un beau jour, ils sont arrêtés et emmener au camp des "Alliers", près d'Angoulême. On va alors connaître leur quotidien, leur nouveau cadre de vie, les nouvelles "lois" qui s'appliquent à eux, comment ils vont arriver à vivre et à survivre jusqu'en 1946… car ce camp fût le dernier à être libéré.
Alba – inspirée d'une histoire vraie – est une jeune fille que j'ai énormément appréciée. Elle est très attachante et très forte. Elle va mûrir très vite dans ce camp. Et à travers son regard de jeune femme, le lecteur va vivre plusieurs émotions, du désespoir à l'espoir, en passant par tout un éventail de sentiments forts, touchants, poignants, vrais.
Un petit mot pour finir sur la couverture et son titre. La photo de couverture est une excellente métaphore de la vie des tsiganes dans ce camp… un clin d'oeil à ces nomades qui vivaient dans des roulottes et qu'on a enfermé et condamné à se sédentariser. Quant au titre, il s'agit d'un proverbe tsigane qui est une nouvelle fois choisie à bon escient pour introduire ce récit.

Un roman historique comme je n'en avais jamais lu jusqu'à présent : poétique, fort, poignant, émouvant! A découvrir pour l'écriture mais aussi pour cette partie de l'Histoire peu évoquée dans la littérature (à ma connaissance) mais qui éclaire la façon de vivre actuelle des ces peuples nomades.
Lien : http://aziquilit.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          140
Pour moi ce livre est merveilleusement écrit pourtant cela aurait pu être très sombre étant donné le thème abordé.

Mais comme il est dit :
"On n'entre pas impunément dans la mémoire des tsiganes ... Mais c'est d'un pas léger que Paola Pigani y pénètre pour faire entendre leur parole et leur fierté".

Le maître mot de ce livre est Liberté, et celle-ci est présente à chaque instant, son souffle y est incontestablement autour du feu, des roulottes, des chevaux, des enfants, des hommes qui font de la musique, des femmes qui dansent et même conservée précieusement dans les mémoires pour résister à l'enfermement.

C'est plein de pudeur, de tristesse, d'attente, de résignation parfois, mais surtout de courage, d'espoir et de ce je ne sais quoi qui vous insuffle un air de liberté extraordinaire.
Commenter  J’apprécie          130
Quand il m'arrive de manquer de références de livres à lire (je plaisante bien sûr !!!), je fréquente les cafés littéraires...

C'est comme ça que j'ai récupéré celui de Paola PIGANI : "N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures".

Je dois bien l'avouer, j'ai totalement fait confiance aux lectrices qui ne tarissaient pas d'éloge pour ce livre, en ignorant même jusqu'au sujet.

Et là, surprise ! Quand ce n'est pas moi qui cherche les romans historiques, ils viennent à moi !

Nous sommes dans la région d'Angoulême en novembre 1940. L'ordre est donné par la Feldkommandantur aux sans domicile fixe de rejoindre le camp des Alliés. Alba a 14 ans à l'époque. Sa famille, comme de nombreuses autres, va devoir s'y installer. La sédentarisation devient la règle, les roulottes doivent être mises au rebut et les chevaux vendus. Même le feu est interdit. Pour combien de temps ?

C'est un magnifique roman sur les Tziganes, leurs modes de vie, leurs rites, leurs traditions, leur relation fusionnelle avec Dame Nature, source de richesses. Il retrace cette soif de liberté que seul le mouvement peut assouvir. Il met en valeur la place des femmes parfaitement incarnée par le personnage d'Alba, et plus encore par Rita, cette vieille femme qui fait obéir l'ensemble du clan, hommes, enfants, tous s'y soumettent. Ce roman m'a fait penser à "Grâce et dénuement" d'Alice FERNEY dans cette approche ô combien respectueuse des Tziganes et de leur condition.

C'est aussi un roman qui a le mérite de relater, une nouvelle fois, une page de l'Histoire négligée par les programmes scolaires. Ce roman est écrit sur la base des témoignages d'Alexienne Winsterstein qui a inspiré le personnage d'Alba. 350 Tziganes furent internés au camp des Alliés entre 1940 et 1946. Il s'agit du dernier camp d'internement libéré sur la trentaine qui a existé en France occupée. Au total, ils ont accueilli 6500 hommes, femmes et enfants.

Il traduit le désarroi de ces familles contraintes de se regrouper et de renoncer à leur existence passée :

"Durant la toute dernière partie du voyage, ils avancent hébétés comme si on leur avait intimé l'ordre de marcher sur l'eau. de fait, c'est une horde de noyés qui franchit le portail du camp des Alliés ce jour de novembre 1940." P. 37

Il s'attache à décrire leurs conditions de vie. Nous sommes en temps de guerre. La misère, la faim, le froid... guident leurs moindres faits et gestes.

J'ai été bouleversée par cette scène des fêtes de Noël. Une parenthèse avec des femmes belles, lavées, des enfants gâtés avec des sucettes de caramel réalisées dans des cuillères à café, et puis ce spectacle d'ombres chinoises donné par Louis, le père d'Alba. Un très beau moment de fraternité.

Ce roman met le doigt sur le choc des cultures qu'exacerbe ce type de structures. Comme souvent, il y a les dominés et les dominants. Pour les premiers, il s'agit d'imposer à ce peuple une manière d'être, de vivre...

"Le camp d'internement se veut être un camp d'éducation où tout le monde doit oublier son mode de vie antérieur, apprendre les joies de la sédentarisation, le plaisir de vivre dans les ersatz de maisons qui se putréfient sur des sols froids et humides, traversés de toutes sortes de rongeurs et d'insectes nocifs, le plaisir d'être coupés de la bienfaisance des arbres, du vent et de la lune." P. 61-62

Pour les dominés, il y a la force irrépressible des origines, des valeurs, des codes, des références, et les déchirements qu'occasionnent l'abandon de ce qui donnait un sens à leur vie, à l'image de leurs animaux...

"Leurs chevaux sont leurs ailes, leur puissance, leur signe extérieur de richesse." P. 55

Je fais partie de celles et ceux qui pensent que les livres peuvent nous permettre d'évoluer dans notre relation à l'Autre. Dans le contexte actuel d'afflux de migrants en Europe et plus près de nous, en France, le roman de Paola PIGANI donne indéniablement un éclairage tout particulier sur les écueils de certaines modalités d'intégration. Essayons de ne pas les renouveler !
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
Commenter  J’apprécie          130
un bel hommage au peuple tsigane, sa liberté enchaînée dans les camps pendant la 2e guerre mondiale, avec une écriture tout en délicatesse et en poésie. Hymne à la différence et à la tolérance de l'autre.Témoignage nécessaire pour apporter un éclairage historique et romancé sur des événements historiques et un peuple souvent méconnus.
Commenter  J’apprécie          130
N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures Paola Pigani

C'est un roman sur un sujet grave l'internement des Manouches au camps des Alliers en Charente, pendant la seconde guerre mondiale.
L'auteure raconte de façon romancée l'histoire d'une Manouche qu'elle a connu et qui a été interné dans ce camp.
La jeune Alba entre dans ce camp encore enfant, 14 ans, et n'en ressortira que 6 ans plus tard. Elle verra dépérir et mourir des êtres chers mais elle y trouvera aussi l'amour.
C'est un beau roman sur une page sombre et méconnue de notre histoire, je savais que les Tsiganes avaient été déporté en Allemagne, mais je ne savais pas qu'ils avaient été interné aussi en France.
Dans ce roman on passe du sourire aux larmes. La souffrance de ces pauvres gens est palpable, même si ils ne sont pas victimes de sévices, comme ont pu l’être les déportés dans les camps de concentration. Ils sont mal nourri, logés dans des conditions déplorables et les autorités françaises leur ont tout pris du peu qu'ils possédaient, chevaux, mules et surtout roulottes. Et beaucoup mourront de ces mauvaises conditions de vie.
Pourtant il y a de l'espoir, Alba continue à avancer pour son petit frère dont elle prend soin et ensuite pour son premier enfant et son amour.
Plus d'un an après la Libération ils seront relâchés et renvoyés sur les routes totalement démunis.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, et j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire. C'est rempli d'humanité, d'espoir et on apprend beaucoup sur ces gens pour qui la liberté de voyager, de bouger même si parfois ils ne vont pas très loin est la chose la plus précieuse qui puise exister.

c'est vraiment un texte à lire.

Challenge abc 2014/2015
Commenter  J’apprécie          130
J'ai lu ce roman, inspiré d'une histoire vraie, il y a quelques temps mais j'en garde un vif souvenir.
J'ai l'habitude de lire des ouvrages sur la seconde guerre mondiale, mais j'ignorais que les gens du voyage avaient eu aussi été parqués dans des camps à part des autres, et qu'ils avaient interdiction de voyager pendant la guerre.
Ce roman est très touchant, j'ai été captivé par l'histoire et j'ai beaucoup aimé le personnage d'Alba.
C'est vraiment un très bon livre, à qui je mets avec plaisir 5 étoiles, et qui ne s'oublie pas de sitôt.
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (301) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3193 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}