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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Parce qu'Emmanuel Macron conteste l'étiquette de « président des riches » qu'on lui attribue, les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot se proposent de démontrer, à partir des faits, la réalité de son projet politique profondément inégalitaire : multiplication des mesures en faveur des plus riches, payées par les classes populaires. Chronique d'une guerre de classe.
(...)
Cette enquête démontre « par des moyens sociologiques, en croisant le contenu de sa politique sociale et économique avec sa trajectoire sociobiographique et le maillage oligarchique de son pouvoir » qu'Emmanuel Macron est bel et bien le président des ultra-riches. Si chaque mesure politique prise depuis son élection pourrait, plus ou moins, être défendue isolement et avec une mauvaise fois certaine, celle-ci ne résiste pas à l'étude de l'ensemble qui trahit une claire volonté d'enrichir les très riches aux dépends des plus pauvres et ne laisse aucun doute sur la réalité de cette guerre de classes. La mise en lumière des faits et gestes, leur interconnexion est cruelle. le vernis soudain s'effrite. Ne reste plus qu'à puiser dans cette mine d'arguments irréfutables et chiffrés pour empêcher les traditionnels éléments de langage de le reconstituer.

Article complet sur le blog.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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[Lecture encouragée par l'excellente critique de l'ami Franz, que je salue et remercie]

Dans cet essai court, très factuel, extrêmement lisible, et rédigé sur le vif de l'actualité du début des manifestations des « gilets jaunes », le couple de sociologues de la haute bourgeoisie française montre qu'Emmanuel Macron est le Président des ultra-riches : « des » devant s'entendre ici non seulement comme « représentant des... », « élu par le concours des... » ou « défendant uniquement les l'intérêt des... » mais comme « incarnant organiquement la classe des ultra-riches ».
En effet, grâce à trois décennies d'études sociologiques sur cette classe qui, rappelons-le, exerce une violence symbolique aussi inégalée que l'est l'étendue de ses pouvoirs, dans le but de la conquête de privilèges toujours nouveaux et sans cesse accrus au détriment de la majorité de la population, les Pinçon ont pu décliner un grand nombre d'aspects qui, par-delà la personnalité de l'homme, indiquent qu'il est, de cette classe sociale, l'émanation, voire l'instrument et la créature.
Parmi ces aspects, l'on a noté successivement :
- son langage, caractérisé par le mépris des autres (ch 1 : « Le méprisant de la République »),
- ses actions législatives concrètes en faveur des plus nantis, qui dépassent largement la suppression bien connue de l'ISF (ch. 2 : « Un "pognon de dingue" pour les riches »),
- les circonstances de son élection (ch. 3 : « Un président fort mal élu »),
- l'historique de son évolution personnelle, formation et carrière (ch. 4 : Un candidat hors système ? »),
- sa « base socio-spatiale » par alliance (ch. 5 : le Touquet : bienvenue à Macron-Plage),
- sa connivence avec les patrons des médias, incomparablement supérieure à celle de ses prédécesseurs (ch. 6 : « Une créature médiatique »),
- son nouvel entourage politique : une Assemblée moins représentative que jamais, un gouvernement de millionnaires (ch. 7 : « La caste au pouvoir : le personnel politique de l'oligarchie »),
- sa réalisation de la symbolique monarchique (ch. 8 : « Sous les ors de la République, les appartements du roi »),
- son action politique à l'encontre des défavorisés, dont la ponction des retraités n'est que l'exemple le plus connu (ch. 9 : « Prendre aux pauvres pour donner aux riches »),
- son incitation à la fraude fiscale par le maintien et le renforcement d'une exception remarquable au fameux principe de la séparation des pouvoirs (ch. 10 : « Et pendant ce temps-là, les fraudeurs fiscaux peuvent dormir tranquilles »),
- ses méfaits écologiques (ch. 11 : « Sous les belles paroles du "champion de la Terre", une imposture écologique »).

Le matérialisme historique marxien prend depuis la révolution néolibérale une tournure beaucoup moins théorique, plus concrète, paradoxalement plus identifiable à des personnes que jamais. Si son avant-dernier avatar, me semble-t-il, a été le surgissement des fascismes (y compris le soviétisme), à savoir l'invention de systèmes par lesquels une bureaucratie hypertrophiée de parti unique, nationaliste et militariste a « géré », c-à-d. dévié ou canalisé la lutte des classes – une lutte à somme nulle – le néolibéralisme a ceci de véritablement révolutionnaire : d'avoir compris que, une fois le communisme liquidé, l'antagoniste de classe de la finance mondialisée, c'est l'État lui-même, non une forme de gouvernement ni des politiques spécifiques. Pour peu que celui-ci soit démocratique, l'ennemi est la démocratie même, sans état d'âme. Ainsi, pour la première fois en France, mais non dans d'autres pays qui, depuis bientôt trente ans, donnent des exemples délétères, un jeune homme a été très tôt choisi et préparé à accéder à la magistrature suprême de la République en faisant l'impasse non seulement d'une carrière politique et d'une structure de parti, mais de toute expérience préalable de mandat électif. La cooptation dans des postes-clés par des instances non élues donc fort opaques, la puissance d'un très rapide et efficace montage financier et médiatique, associé à une loi électorale plutôt atypique dans le monde mais commune dans son incitation à l'abstentionnisme, ont rendu caduque le modèle du suffrage et de la fidélisation de la « base », et sont en passe de faire de même de bien d'autres traditions étatiques et démocratiques. Dès lors, l'on s'autorise à penser à une lutte frontale contre la gouvernance étatique tout entière, en particulier par la suppression inédite d'une portion congrue de la fonction publique, qui a pour mission, avant même l'éventuel maintien de l'état-providence, de mettre en oeuvre toute politique publique, même réactionnaire, même irréversible, même suicidaire. Avec un État ainsi réduit à l'impuissance, privé déjà de sa politique monétaire, de beaucoup de ses actifs (par les privatisations), de sa prérogative de médiateur et de régulateur entre les classes sociales en conflit, de sa capacité de planification et d'investissement public (la dette publique étant déjà privatisée), il est évident que la puissance de l'argent aura évacué tout autre forme de rival organisé. Reste la rue, qui, historiquement, ne brilla jamais guère pour son organisation... Emblématiquement, dans ce livre qui assiste à leur baptême, les auteurs n'annotent des manifestations des « gilets jaunes » qu'une collection de slogans, plus ou moins heureux : je doute qu'après 19 semaines d'action l'on puisse en retirer bien davantage – sauf du côté opposé naturellement, du côté répressif qui s'est considérablement organisé et aguerri.
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Le couple de sociologues infatigable et déterminé livre une fois encore une enquête-étude minutieuse, exhaustive, et édifiante. Je n'imaginais pas les riches à ce point nantis et leur président les choyer autant. Autant d'opulence relève de l'indécence; tant d'entre-soi intéressé écoeure. J'apprécie beaucoup les touches d'humour parsemées ici et là par le duo, indécrottable pisteur d'inégalités sociales. Les deux trublions n'hésitent pas à qualifier la domination des riches de "pillages de nos vies." La lecture de cet ouvrage est indispensable à six mois des présidentielles, pour les Français et les étrangers sympathisants de la première heure d'un candidat prometteur de rupture, de changement, qui allait balayer la politique politicienne. Nous sommes loin du compte. Mais le compte est bon pour les capitaines d'entreprises, les patrons de presse, les géants de la finance, les grands bourgeois et les hautes lignées de la France.
Quatre ans après son élection, Macron se soucie peu de s'appuyer sur un parti, LREM, laminé lors d'élections successives. Ses électeurs votent pour un président omnipotent. Pas sûr que ça marche deux fois.
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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Livre édifiant et extrêmement bien documenté sur l'élection et les manoeuvres de Macron. Je suis obligée de régulièrement arrêter ma lecture tellement cela me révolte. le travail des Pinçon-Charlot est essentiel et professionnel; il faut absolument en parler autour de nous.
A lire et faire lire absolument, pour ouvrir les yeux sur ceux qui nous gouvernent!
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Ce livre est à mettre entre toutes les mains ! Et notamment entre les mains de ceux qui ne comprennent pas pourquoi des gens sont dans la rue chaque samedi ! Avec Macron, tout va très vite et tout est allé très vite une fois son arrivée au pouvoir : même pas le temps de protester contre une mesure injuste décidée qu'une deuxième était prise et ainsi de suite... Ce livre représente ainsi une synthèse nécessaire des mesures prises par Macron depuis son arrivée à la présidence. Très factuel, il s'appuie sur de nombreux articles de presse, égrène des données chiffrées pour montrer à quel point ces mesures prises ont été favorables aux plus riches. Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon étant sociologues, le livre met en perpective les décisions politiques entérinées, avec l'entourage du président, son milieu social soit sa « trajectoire sociobiographique », ce qui explique comment Macron a pu arriver au pouvoir et montre que la politique menée est véritablement oligarchique.
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J'aime beaucoup le travail de Monique et Michel Pinçon-Charlot, j'ai lu beaucoup de leurs bouquins. Je les apprécie quand je les vois en interview ou en conférence ; je suis particulièrement sensible à la bienveillance et la chaleur que dégage Monique Pinçon-Charlot. Je m'étais souvent dis que c'était surtout sa plume que je lisais, or j'ai lu (ou vu?) récemment une interview ou ils revenaient sur leur carrière, leurs recherches et leur façon exceptionnelle de toujours travailler en couple, et j'y ai lu que Michel avait apprécié ce travail parce qu'ils se complétaient : Monique étant à l'aise dans les interactions sociales (plus que lui) mais qu'elle écrivait comme un pied :)
Ce livre, paru initialement en 2019, vient d'être réédité en poche il analyse les "petites phrases" de Macron qui démontrent son mépris pour les classes populaires et sa politique en cohérence avec ce mépris : violentes attaques contre les conquis sociaux (plutôt favorables aux pauvres mais aussi aux classes moyennes) et plateau d'argent pour les plus aisés et surtout pour les ultra-riches.
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Nouvelle enquête décapante et au cordeau du couple phare de la sociologie des riches et célèbres.
Cet opus passe au crible tous les totems de l'actuel président de la République (un candidat hors système, un président bien élu…) pour mieux les déconstruire. La suite de l'étude s'attache à dénicher les appartements d'un roi sous les ors de la république, décortiquer les mécanismes économiques qui retournent comme un gant l'archétype de Robin des bois. Bref, les auteurs mettent au jour toutes les impostures ressassées à longueurs de reportages sur papier glacé. de parti pris, mais toujours clairement affichés, tous les propos sont solidement documentés et argumentés. Un livre indispensable qui donne bien du grain à moudre.
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