Vous croyez tout ce qu'on dit dans les livres ? Vous avez tort. Ce sont des choses sans vie, emprisonnées sur ces pages depuis trop longtemps pour être encore vraies. La parole écrite est morte. Le souffle l'a abandonné. p83
C'est avec un peu d'effroi qu'il retrouve soudain, flamboyante et terrible, pathétique et sénile, la femme de la cahute sur l'Ile, vestale dansiage, sorcière des contes, hirsute et imprévisible, amenée d'un feu bénéfique ou destructeur, absurde incarnation de la folie prétentieuse des hommes, femme éternelle qui donne la vie et sème la mort.
Le monde que j'ai contribué à entretenir est d'une cruauté dont nous sommes tous deux les fruits sanglants et abîmés. Je rêve pour toi d'une société où être un homme n'est pas nécessairement un enfer.
A présent son rejeton miraculeusement sauvé des eaux se dresse sur le chemin de la justice et du droit, un être pourvu de couilles et de la bonne dose d'orgueil, d'outrecuidance, d'égotisme, de violence qui ne manque jamais d'accompagner ces appendices stupides.
Le Nouveau Monde appartient, par la grâce de la Terre sacrée, aux femmes. Il leur revient d'y faire régner leur volonté, d'établir une société qui les élève et relègue l'homme, par nature inférieur, au rang d'individu de second ordre. La femme, méprisée, enchaînée pendant des millénaires, doit prendre sa revanche et gagner la souveraineté universelle qui lui revient. C'est là son devoir sacré.
Vers la fin de son règne, elle rêvait d'une société plus égalitaire où hommes et femmes vivraient en harmonie. Une utopie.