Il faut toujours penser au souvenir qu'on laissera, Alba, c'est une préoccupation de faibles. La puissance, la grandeur n'ont que faire de la morale.
La nécessité de la guerre est ancrée en nous aussi solidement que l’orgueil, que le désir, la curiosité, que la fascination pour le pouvoir, pour la beauté ou le mal absolu.
Ça ne sert à rien de se plaindre et de ressasser. Il faut vivre avec ce que nous avons perdu, ou plutôt sans.
Vous croyez tout ce qu'on dit dans les livres ? Vous avez tort. Ce sont des choses sans vie, emprisonnées sur ces pages depuis trop longtemps pour être encore vraies. La parole écrite est morte. Le souffle l'a abondonnée.
Nous sommes sans doute allés trop loin, moi la première. Mais trouver de l'équilibre lorsqu'il faut reconstruire sur les cendres d'une civilisation qui a oeuvré à son propre épanouissement ?
Les femmes sont-elles plus aptes à exercer le pouvoir ? Ont-elles véritablement, comme veulent nous le faire croire les mythes de la Renaissance, plus de jugement, d'empathie, davantage le sens de la justice et de l'équité ? Sont-elles, sinon exemptes, du moins plus affranchies que les hommes du désir de puissance, de l'orgueil, de ce que dans le Très Vieux Monde on nommait l'hubris ? Je l'ai longtemps cru, j'ai défendu cette conception avec passion, avec une conviction fanatique, à la mesure de l'effarante inanité de cette croyance. Je sais aujourd'hui qu'elle est infondée et dangereuse. Je sais qu'une femme peut se révéler abjecte, retorse, envieuse, fourbe, d'une patience diabolique, destructrice et narcissique ; c'est une créature nuisible et prédatrice.
Je le sais parce que cette créature, c'est moi.
Mais le froid rend les êtres durs et sans pitié, il gèle les coeurs et anéantit les faibles.
Ce sont des reines toutes neuves, au regard de l’Histoire, encore prisonnières de leur sidération.
Ils refaisaient l’erreur qui consiste à croire que l’homme est assez sage pour croître et prospérer sans saigner la terre. C’est un conte stupide qui a mené l’humanité à sa destruction et la terre à l’agonie.
La nécessité de la guerre est ancrée en nous aussi solidement que l’orgueil, que le désir, la curiosité, que la fascination pour le pouvoir, pour la beauté ou le mal absolu.