L'identité d'un individu est forgée par le moindre moment de sa vie. Renier un seul de ces instants équivaut à nier qui on est, à répudier un morceau de soi-même.
(p. 396)
Et puis j’ai vécu. J’ai accepté que mon cœur infâme continue de battre, que mon cerveau malade continue de penser. J’ai vécu, dans le fracas et la violence, jusqu’à l’ivresse, jusqu’à la démence que procure le pouvoir sur ceux et celles qui le vénèrent.
Vous croyez tout ce qu’on dit dans les livres ? Vous avez tort. Ce sont des choses sans vie, emprisonnées sur ces pages depuis trop longtemps pour être encore vraies. La parole écrite est morte. Le souffle l’a abandonnée.
L'humanité n'aura-t-elle jamais fini de justifier toutes les avanies et les bienfaits qui la frappent en invoquant un dessein supérieur, une volonté transcendante ? Ne cesserons-nous jamais de chercher un sens à la vie ? La vie n'a d'autre sens qu'elle-même, elle est le principe originel, ultime, et notre rôle dans cette dynamique éternelle n'a pas plus ou moins d'importance ou de signification que celui de la fourmi ou du roseau. C'est ce que l'Homme nouveau est censé avoir appris depuis la Chute. Mais cette conception demande du cran, une bonne dose d'humilité et de courage qui finit toujours par nous faire défaut.
Ceux qui prétendent que les femmes n’ont pas la passion de la guerre et répugnent à verser le sang de leurs propres mains se trompent. C’est une idée aussi ancienne que l’Ancien Monde, aussi inepte que les hommes qui l’ont défendue. Aussi dangereuse que ceux et celles qui ont espéré rebâtir une société plus juste et moins cruelle en confiant le pouvoir aux femmes. La nécessité de la guerre est ancrée en nous aussi solidement que l’orgueil, que le désir, la curiosité que la fascination pour le pouvoir, pour la beauté ou le mal absolu.
La peur est un moteur nécessaire au bon fonctionnement de la plupart des êtres humains ; elle seule leur permet de rester fiables, cohérents, de réfléchir plus utilement.
De toute éternité, sommeille en chacune d'entre nous un démon, le monstre de l'amour. Cette perversion prend possession de nous à la seconde où le nourrisson vagissant sort de ses entrailles et atterrit sur notre poitrine, tout contre notre peau. Ce premier contact a un caractère foudroyant, il nous submerge, nous métamorphose, nous arrache des émotions inconnues, violentes, originelles, qui nous relient, tels d'infinis cordons ombilicaux, à toutes les femmes que la Terre a jamais portées, toutes les femmes qui, depuis l'aube des temps humains, ont donné la vie. C'est une beauté et une malédiction.
Plus une communauté est répressive, plus ses règles de vie et ses coutumes sont liberticides, et plus ses membres agissent sans réfléchir en prenant des risques énormes. C'est là qu'est peut-être la vraie liberté.
Qu’est-ce, au fond, que l’amour, sinon un miroir qui nous renvoie notre image transfigurée ?
La peur est un moteur nécessaire au fonctionnement de la plupart des êtres humains; elle seule leur permet de rester fiables, cohérents, de réfléchir plus utilement.