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4,15

sur 545 notes
Gros coup de ❤️

Ce livre c'est l'histoire émouvante d'une rencontre entre Evelyne Pisier, auteure d'un manuscrit non achevé et son éditrice Caroline Laurent.
Alors qu'elles travaillent ensemble sur le projet de transformer en roman le témoignage d'Evelyne, cette dernière décède brutalement en ce début d'année 2017.
Juste avant de mourir, elle fait promettre à Caroline de terminer son livre.
La promesse est tenue et le résultat est une pure merveille !
Alors à tous ceux qui suivent mes lectures, aujourd'hui je ne vous ferais pas une chronique dans laquelle je détaillerais le contenu du livre.
Non, aujourd'hui j'ai envie de m'adresser directement à Caroline Laurent, éditrice aux éditions les escales pour lui dire merci.
Merci Caroline d'avoir porté la parole d'Evelyne Pisier à travers vos mots et votre style.
Toute l'amitié sincère, le respect et l'admiration que vous portiez à Evelyne transpirent à travers vos tournures.
Vous avez merveilleusement mis en lumière le destin romanesque de Mona et Lucie, votre travail de documentation du point de vue historique est fabuleux et je suis restée accrochée à vos pages des heures entières, au détriment de mes heures de sommeil.

Deux générations de femmes qui se télescopent, à 47 années d'intervalles, ça aurait pu être brutal.
Ici au contraire, ça fait des étincelles d'amour, des éclats d'amitié et des feux d'artifice de liberté.

Les belles rencontres sont elles toujours l'oeuvre du hasard ?
Apres cette lecture, j'ai envie de croire que non.
"son texte,depuis le début, est un miroir qu'elle me tend "

La construction que vous avez choisie est tout simplement magnifique car j'avais beau me délecter des chapitres sur la vie de Mona et Lucie, je n'avais qu'une hâte, celle de vous retrouver vous, Caroline, pour vous écouter me parler d'Evelyne et des liens que vous unissiez. C'est très touchant.

J'espère vivement que ce texte que vous venez d'écrire est un pied à l'étrier et que d'autres suivront.

Amis lecteurs, lâchez tout et lisez ce livre !
C'est mon plus gros coup de coeur de cette rentrée littéraire 2017.
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Quelle vie riche et passionnante que celle d'Evelyne Pisier ! Dans cette autobiographie achevée par son éditrice et amie, Caroline Laurent, elle raconte son enfance en Indochine puis à Nouméa auprès d'un père haut-fonctionnaire, pétainiste et maurassien et d'une mère, Mona, soumise à son époux et ses idéaux. Celle-ci découvrira « le Deuxième sexe » de Simone de Beauvoir qui provoquera son émancipation et son désir d'indépendance . de retour en France, la mère et la fille, s'engagent dans les combats féministes comme le droit à l'avortement et les luttes révolutionnaires pour Evelyne qui la mèneront à Cuba, aux côtés de Fidel Castro. En parallèle, elle poursuit ses études et deviendra une des premières femmes agrégées de droit public et de science politique.
Un très beau récit captivant, intelligent et si romanesque sur deux personnes modernes et engagées ! Un grand plaisir de lecture !
Grand Prix des Lycéennes ELLE
Prix Marguerite Duras
Prix Première Plume
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[...] Et soudain la liberté fut une très belle « lecture », une histoire à la fois émouvante et intéressante, superbement interprétée par Gaëlle Billaut Danno qui a su rendre le récit très vivant et agréable à écouter. Je recommande.
Lien : http://mapetitemediatheque.f..
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Lu avec un plaisir immense. J'ai adoré balayer toute cette période 1930 / 1970 avec Lucie/Evelyne et son incroyable vie. C'est une lecture à la fois distrayante et instructive. Un seul regret : ne pas avoir vu apparaître Marie France Pisier, peut être est elle Pierre dans le récit ?
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《C'est fou. Quand on te répète en permanence qu'il y a des races et que ce sont elles qui fondent les rapports humains... Quand la religion est partout, qu'on t'élève dans l'antisémitisme, la haine des protestants, des homos, des métèques... Comment as-tu fait ? Et ta mère ? Ta mère ! Elle a grandi avec ces idées-là, elle les a partagées avec son mari... Et puis la rupture. C'est inouï. Comment avez-vous fait pour vous affranchir de tout ça ?" Evelyne me ressert un verre de vin en souriant : "C'est tout l'objet du livre, non ?》 .

Quel beau livre sur la liberté, sur le rôle de la femme à une certaine époque. Sur le courage et l'amour. Un roman inspiré de faits réels. Une de mes meilleures lectures 2017 sans aucun doute. L'histoire d'Evelyne et sa mère m'a énormément touché, je n'ai pas pu m'arrêter de lire pour en savoir de plus en plus.

Si vous ne l'avez pas lu, n'hésitez pas à l'ajouter à votre liste de souhaits. .
.
. 《Mona Desforêt a pour elle la grâce et la jeunesse des fées. En Indochine, elle attire tous les regards. Mais entre les camps japonais, les infamies, la montée du Viet Minh, le pays brûle. Avec sa fille Lucie et son haut-fonctionnaire de mari, un maurrassien marqué par son engagement pétainiste, elle fuit en Nouvelle-Calédonie.
À Nouméa, les journées sont rythmées par la monotonie, le racisme ordinaire et les baignades dans le lagon. Lucie grandit ; Mona bovaryse. Jusqu'au jour où elle lit le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir. C'est la naissance d'une conscience, le début de la liberté.
De retour en France, divorcée et indépendante, Mona entraîne sa fille dans ses combats féministes : droit à l'avortement et à la libération sexuelle, égalité entre les hommes et les femmes. À cela s'ajoute la lutte pour la libération nationale des peuples. Dès lors, Lucie n'a qu'un rêve : partir à Cuba. Elle ne sait pas encore qu'elle y fera la rencontre d'un certain Fidel Castro...》
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Pour Ki aime les sagas familiales mi-biographiques insérées dans un suivi historique, facile à lire.
Pour Koi : Pour notamment comprendre cette histoire de la France hors les murs, en Indochine par exemple.
Pour Kan : Un temps tranquille
Caroline Laurent, agrégée de lettres modernes, romance la vie d'Évelyne Pisier et de sa mère à partir d'ébauches de roman et de notes d'Évelyne. Elle complète le livre avec sa propre correspondance de mails issue de sa rencontre d'amitié déterminante avec Évelyne et enfin elle comble les « blancs » par du mortier fiction. Voilà pourquoi le genre du roman est choisi et que les prénoms sont changés.
« de biographie, Évelyne avait choisi la fiction, paradis de l'imaginaire, qui est trahison, peut-être, liberté, assurément. ».
Le ton est donné et dès le début on connait déjà la triste fin avec le suicide d'Évelyne à 66 ans.
Démarrage du récit quand le Vietnam s'appelait Indochine et que la colonisation était une normalité, avec son lot de racisme décomplexé, de rabaissement constant de celui qui est pourquoi chez lui. Rabaissement également de la femme, la mère d'Évelyne, femme riche et soumise, en acceptation totale des idées de son mari, André, imbuvable et intransigeant.
Coup de théâtre avec le soulèvement Viet-Minh et premier ressort terriblement romanesque : Évelyne et sa mère sont internées dans un camp de concentration (la faim, le viol, les coups) et leurs vies vont radicalement changer de rail. C'est le début de l'affranchissement, la graine de liberté est plantée.
Puis c'est le retour en catastrophe en France, et le nouveau départ en Nouvelle-Calédonie, les amours, les enfants, les révélations révolutionnaires, les révélations sur toutes les inégalités de races, de sexes, de classes sociales, de déterminismes.
Ces révélations vont conduire Évelyne vers une certaine forme de liberté, mais qui sera très vite muselée :
Sa relation avec Fidel Castro en est l'exemple le plus révélateur. Évelyne devient follement amoureuse du «Commandante en Jefe » alors qu'il ressemble tellement à son propre père, André : Machiste, homophobe, guidé par une idée fixe, qui ne s'embarrasse pas d'état d'âme, qui contraint, qui décide et qui n'admet pas de décisions féminines. Toute éprise de liberté qu'elle, Évelyne suit le pré-dictateur en herbe Castro même si elle voit les incohérences l'éblouir dangereusement. Évelyne reste une « éternelle mineure » même dans cette relation.
Sa vie d'après avec le Dr Kouchner, les enfants, la famille semble bien fade malgré l'agrégation, malgré sa réussite professionnelle.

Le roman se lit très facilement, l'écriture est limpide et souple comme un ruban de soie qui se déroulerait sur soixante ans de vie.

Cependant la partie personnelle de Caroline Laurent, qui s'intercale entre les différents chapitres ne présentent que peu d'intérêt. de plus le style est quelquefois quasi-enfantin, un peu trop naïf et ponctué de poncifs lourdauds qui désarticulent le roman. C'est comme si Caroline Laurent ne savait pas trop comment combler les espaces vides et avait un peu bâclé la tâche. Par ailleurs le suicide annoncé au début du livre n'est pas du tout expliqué et là aussi on a l'impression que l'on passe vite sur une partie décisive parce qu'en manque d'informations.
C'est donc un roman d'un grand intérêt biographique et historique notamment pour les chapitres en Indochine et à Cuba, mais maladroitement servi par une écriture encore jeune
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Fascinée ! Tel est mon sentiment une fois la dernière page tournée de ce roman à quatre mains « Et soudain, la liberté », signé Évelyne Pisier et Caroline Laurent que j'ai découvert dans le cadre des 68 premières fois. Quelle maîtrise et quelle construction littéraire ! Un coup de coeur absolu !

Deux vies valent-elles mieux qu'une ? Certains en sont persuadés, d'autres pas peut-on en déduire de la dédicace de ce magnifique roman. Il semblerait qu'Évelyne Pisier l'ait expérimenté et ce partage est un vrai délice ! Reflet de la société française durant 70 ans, « Et soudain, la liberté » est un roman à plusieurs niveaux de lecture : celui d'un amour filial très fort et celui d'une amitié non moins exceptionnelle avec, en fil rouge, les coulisses d'une création littéraire très originale doublée d'une réflexion passionnante sur le rôle d'un éditeur.

« Pisier », un nom familier, celui de la célèbre actrice Marie-France. Il ne s'agit pourtant pas d'elle ici, quasi absente de ce livre, mais de sa soeur ainée dont le nom m'était familier depuis mes études juridiques pour être cette grande intellectuelle, spécialiste de l'histoire des idées politiques et épouse de mon professeur de droit constitutionnel. Évelyne a en effet connu un destin absolument extraordinaire et a vécu une relation passionnée avec sa mère dont elle a voulu témoigner. Par chance, pour nous lecteurs, son manuscrit s'est retrouvé entre les mains de Caroline Laurent, jeune éditrice. Il est des rencontres improbables, surprenantes, inattendues… celle entre Évelyne et Caroline en fait sans aucun doute partie : un rendez-vous, puisqu'il n'existe pas de hasard (Paul Éluard). Une rencontre littéraire pour commencer, entre un manuscrit et un éditeur, puis humaine, entre deux femmes liées par un coup de foudre amical alors que près de 50 ans d'écart ne les y prédisposaient pas nécessairement. Une relation basée sur la confiance, tellement forte qu'elle a permis à l'éditrice de terminer l'écriture même de ce livre formidable après le décès brutal de l'auteur en février dernier : une fois l'accord de publication passé, les deux femmes ont travaillé d'arrache-pied ensemble, dans une sorte d'urgence. Des échanges qui leur ont offert l'opportunité de se connaître au point que Caroline Laurent s'est sentie investie de la mission de transmettre l'histoire d'Évelyne après sa disparition, une promesse qu'elle lui avait faite.

Ainsi, ce roman relate l'histoire incroyable de « Mona », mère de « Lucie » (Évelyne) et la manière dont elle parvint à s'émanciper, entraînant sa fille dans son sillage. Cette dernière est née à Hanoï où son père était gouverneur des colonies. Un personnage peu reluisant, maurassien, colonialiste, antisémite, pour lequel les races et les sexes étaient inégaux. On découvre au fil de pages surprenantes de quelle manière Mona est parvenue à survivre à l'enfermement dans un camp de concentration japonais, protégeant sa petite du mieux qu'elle pouvait, puis comment, à la suite de la découverte de l'écriture de Simone de Beauvoir, elle s'est libérée de tous ses carcans, décidant d'apprendre à conduire, prenant un amant et divorçant, décision peu commune à l'époque. La littérature peut décidément tout… Elle avait renoncé à exercer la profession de médecin pour s'occuper de sa fille, un sacrifice dont Lucie/Évelyne s'est toujours sentie redevable et qui l'a certainement conduite à exceller dans de nombreux projets, en particulier celui d'être l'une des premières femmes agrégées de droit public, engagée dans tous les combats en faveur de la liberté. Une soif de découvertes qui l'a conduite, étudiante, à Cuba où, sans qu'elle en comprenne nécessairement les raisons, elle fut choisie par Fidel Castro et entretint avec lui une relation passionnelle durant quatre ans ! Convaincue par sa mère que cette liaison était vouée à l'échec, elle y renonça et épousa par la suite Bernard Kouchner avec lequel elle eut trois enfants puis, en secondes noces, elle s'unit à Olivier Duhamel et adopta avec lui deux enfants. Une vie riche, dont ces quelques lignes nécessairement réductrices ne donnent qu'un bref aperçu mais si bien approchée dans ce roman aux multiples facettes !

« Et soudain, la liberté » dépasse ainsi largement le portraits de femmes pour embrasser une dimension historique et politique qui m'a transportée. Des pages captivantes sur la décolonisation, une vision de Fidel Castro tout simplement incroyable au travers d'une correspondance surprenante, le militantisme communiste, mai 68, l'acquisition du droit à la contraception et au recours à l'IVG, le droit des personnes homosexuelles… On trouve aussi dans ce livre une réflexion très intéressante sur la vie qui passe et l'acceptation de vieillir, expliquant probablement en partie le geste ultime de Mona. La liberté, omniprésente dans ce livre, a également guidé la conduite de Caroline Laurent : celle d'achever l'écriture d'un livre écrit par une autre, celle de se saisir de sa vie, de la romancer pour mieux l'approcher, au risque d'être incomprise de ses proches… « Non pas chercher l'exactitude biographique mais la vérité romanesque d'un destin ». Et si cette liberté lui avait en réalité été accordée par Évelyne elle-même ? Tout le laisse penser ici.

Ainsi que l'explique fort justement Caroline Laurent, il existe deux types d'éditeurs en fonction de leur degré d'implication : les contemplatifs et les garagistes, ceux qui n'interviennent pas et ceux qui prennent plaisir à « plonger leurs mains dans le ventre des moteurs ». Indubitablement Caroline fait partie des seconds ! Les éditeurs sont rarement les coauteurs de leurs auteurs. « Et alors ? » aurait soufflé Évelyne à Caroline ?
Associant le lecteur à son cheminement, elle décortique ainsi précisément la manière dont elle a procédé, les coulisses du processus littéraire qui l'a animée. Partageant ses doutes, elle alterne alors très habilement les chapitres où il est question de Lucie/Évelyne et de sa mère, avec ceux où elle évoque sa propre relation avec Évelyne, et encore avec ceux où sa plume la révèle davantage personnellement.

Passer de l'autre côté du miroir, un chemin délicat que Caroline Laurent a su emprunter avec un talent fou. Une prise de risque importante mais assumée et maîtrisée au bénéfice d'un livre formidable qui nous permet de connaître un peu plus cette femme extraordinaire que fût Évelyne Pisier.
« Et soudain, la liberté » a été récompensé par le Prix Marguerite Duras 2017, par le prix Première Plume 2017. Il a également été distingué par le Grand Prix des Blogueurs Littéraires 2017 en arrivant sur la deuxième place du podium. Gageons que ce n'est pas fini !

Lien : https://www.facebook.com/jul..
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ET,SOUDAIN LA LIBERTE est un livre particulier car il s'agit d'une biographie totalement romancée écrite à quatre mains par l'auteur et son éditrice .C'est un ouvrage singulier car Evelyne PISIER n'a malheureusement pas finalisé sa conception et sa rédaction emportée par la maladie. Malgré la tristesse et l'absence qui entourent la sortie de ce beau livre, il faut surtout en retenir la formidable amitié qui a surgit dés la première rencontre professionnelle entre Evelyne PISIER et sa jeune éditrice Caroline LAURENT. Les deux femmes ont connu un coup de foudre amical immédiat qui a conduit Caroline LAURENT à poursuivre l'oeuvre de son amie par delà la mort.



Mona DEFOREST vit en INDOCHINE .Elle est mariée à un haut fonctionnaire et maman d'une petite fille Lucie. Lumineuse et jeune, elle forme avec son séduisant époux un couple magnifique qui fait sensation dans les soirées coloniales. Pierre, ambitieux ne cache pas ses accointances pétainistes. Mais la guerre gronde, le pays est à feu et à sang, Mona et sa fille sont faîtes prisonnières et subissent d'insupportables souffrances et de terribles sévices. Libérées ,la famille fuit l'INDOCHINE et s'installe à NOUMEA.

Négligée par son mari, se sentant seule, Mona batifole, se lie d'amitié avec une bibliothécaire qui devient sa meilleure amie et s'éveille au féminisme en lisant avec avidité LE DEUXIEME SEXE de Simone de BEAUVOIR. Ne supportant plus les frasques de son époux et éprise de liberté, Mona décide de s'affranchir de son carcan bourgeois, demande le divorce et rentre en métropole avec ses enfants. Sensible à la cause des femmes, elle milite avec ferveur au planning familial, entraîne sa fille dans ses combats pour la libération sexuelle et le droit à l'avortement. Mère et fille sont côte à côte dans tous les cortèges de manifestations féministes. Sensibilisée très tôt au militantisme et intéressée par la politique, Lucie adhère aux idées communistes et voyage à CUBA ,rencontre Fidel CASTRO et succombe à son charisme et son charme…



J'ai, ces dernières semaines, peu de temps pour la lecture alors j'avoue que ce roman je l'ai savouré. Je n'ai pas boudé mon plaisir tellement il m'a plu, ému et surtout rappelé que les femmes doivent toujours se battre pour s'émanciper et revendiquer leurs droits. Sujet très actuel !

Le personnage de Mona, qui est, en fait, la version romancée de la mère d'Evelyne PISIER est une femme remarquable à tous points de vue. Elle a décidé de briser les chaînes qui la liaient à son mari et son milieu à une époque où la femme n'existait qu'à travers son mariage, elle a exécuté un virage à 180 degrés pour vivre la vie qu'elle avait décidée pour elle et ses enfants.Et notamment sa fille avec qui elle entretient une relation fusionnelle. J'ai aimé cette complicité dans l'engagement et les idées qu'elles partagent. Evelyne PISIER avait de qui tenir pour devenir la femme remarquable qu'elle est devenue,je ne la connaissais pas et je l'ai découverte à travers ce livre.

Le DEUXIEME SEXE de Simone de BEAUVOIR a été une révélation pour Mona en son temps, ma très chère Simone fait partie de mon Panthéon personnel.C'est dire si ce roman avait tout pour me plaire.

Evelyne PISIER a insufflé suffisamment d'envie à Caroline LAURENT au-delà de sa mort pour que celle-ci se sente investie d'une mission, légitime à reprendre le flambeau et capable de finaliser son livre au souffle romanesque indéniable. Les quelques pages écrites de sa main qu'elle intercale dans l'histoire de Mona trouvent une résonnance particulière dans notre époque et dans la vie de cette toute jeune femme qui fait référence à son histoire personnelle et à celle de sa propre mère.

Caroline LAURENT a fait un admirable cadeau d'adieu à son amie et nous livre un roman absolument passionnant et finalement très intime.



MYMY

Lien : http://cousineslectures.cana..
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magnifique écriture, créatrice, pure, simple et belle. Ce livre est très beau.
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Un récit écrit à quatre mains. Caroline Laurent, jeune éditrice, était ravie de pouvoir travailler avec Evelyne Pisier. Cette dernière avait accepté de raconter l'histoire de sa mère, et à travers elle, la sienne. Des vies multiples sur plusieurs continents et sur plusieurs décennies. Caroline et Evelyne avaient choisi d'en faire un roman, en changeant les prénoms.

Les jeunes femmes échangeaient et Caroline aurait aimé qu'Evelyne finisse ce roman mais la vie en a destiné autrement. Elle s'en est allée un jeudi de février. Elle souhaitait que Caroline finisse son histoire. Alors la jeune femme a tenu parole et nous offre aujourd'hui ce drôle de livre : la première partie, écrite par Evelyne, avec des interludes où Caroline se confie : leurs échanges, leur manière de travailler, et puis la seconde où Caroline doit continuer l'histoire en se basant sur les notes, les cahiers d'Evelyne. Si précieux. Un travail intense, un témoignage d'amour envers une personne solaire qui a illuminé la vie de Caroline.

Evelyne Pisier est née dans une famille de la haute-bourgeoisie. Son père avait fait une carrière remarquable et il dirigeait les colonies françaises. Homme sûr de lui, autoritaire, il avait une vision très passéiste de la France : une France coloniale, antisémite et collabo. Il admirait Pétain. Nommé en Indochine, il voyait les minorités comme des êtres inférieurs. Lorsqu'elle naît, la guerre fait rage en Europe, et dorénavant en Asie. le Japon envahit l'Indochine et toute la famille est arrêtée. La mère et sa mère sont envoyées dans un camp, les hommes sont emprisonnés ailleurs. Quatre longues années avant la libération. Sa mère, Mona, sera violée mais n'en parlera jamais. Mona était très jeune lorsqu'elle est tombée amoureuse d'André. Elle avait tout juste dix-huit ans lorsqu'elle donna naissance à sa fille, Lucie, en 1941.

Elle avait entamé des études de médecine mais abandonne tout pour le suivre jusqu'en Indochine. La vie y est belle, des domestiques, des nounous et des soirées où André affiche sa magnifique jeune femme. Pourtant Mona ressent comme un vide. Elle sait qu'elle est devenue un simple faire-valoir, mais ses sentiments sont toujours là, forts. Une véritable passion malgré le comportement et les propos violents d'André. Lucie est très proche de sa nounou et très vite s'oppose à cet homme autoritaire et raciste. Mais Lucie est une enfant. Et l'Indochine finit par tomber, ils trouvent refuge en France chez les parents de Mona. Puis André est nommé en Nouvelle-Calédonie, Lucie a un petit frère et Mona tombe amoureuse. Cette liaison va pousser Mona à s'émanciper de son époux, en obtenant le permis de conduire (André y était opposé, une femme de son rang devait se faire conduire) et en lui annonçant son infidélité. le couple vacille, se sépare. Mona embarque ses enfants et rentre en France, chez ses parents. Mais la jeune femme est toujours sous l'influence d'André et ils se remarient. Jusqu'à ce qu'ils concluent tous deux à l'échec de leur mariage.

Les années soixante seront celles de l'émancipation pour les deux femmes, Mona et sa fille après leur retour à Nice. Les deux s'engagent dans les mouvements pour le droit des femmes (la contraception, l'avortement) puis vient Mai 1968 et Lucie s'envole pour Cuba où Fidel Castro vient de faire la révolution.
Le livre est passionnant car il retrace toute l'histoire française, celle des Colonies, de la rupture entre l'ancienne France pétainiste, coloniale, antisémite et patriarcale, et la nouvelle, moderne et féminine. La vie de ses femmes, de véritables héroïnes qui vont découvrir la véritable indépendance et son prix. Mona qui passe d'une vie luxueuse avec des domestiques à un travail de secrétaire et un petit appartement à Paris, mais qui ne regrette rien. Elles étaient passionnées et j'ai beaucoup aimé les suivre.

Le visage d'Evelyne qui orne la couverture montre bien la détermination de cette jeune femme, qui connaîtra une histoire d'amour avec le révolutionnaire cubain avant d'épouser en premières noces un certain Bernard Kouchner. Un mariage qui aurait choqué son père, toujours antisémite. le récit est touchant car Evelyne n'évoque que très peu le suicide de ses parents, à quelques années d'écart.

Les passages où Caroline intervient, pour confier son travail, dorénavant seule sont très intéressants. Un très joli moment de lecture, même si je dois avouer que les passage sur sa liaison avec Fidel m'ont laissé de marbre. J'ai quand même noté l'étrange ressemblance entre cette histoire d'amour (Lucie a tout juste vingt ans, lui quarante) et celle de sa propre mère Mona.

Et je ne peux écrire cette chronique sans évoquer une pensée qui m'a quelque peu gâchée ma lecture. Je n'ai en effet, à partir de la naissance du petit frère, Pierre, cessé de penser à l'absente. Car, dans ce récit, je n'ai cessé de penser à la troisième femme, un fantôme qui a hanté tout le reste de ma lecture.
Cette grande absente, c'est la soeur d'Evelyne Pisier, Marie-France. Les jeunes générations ignorent probablement qui elle était. C'était une actrice, une excellent comédienne au regard pénétrant et aux pommettes hautes comme celle de sa soeur. Marie-France est décédée brutalement en 2011 à l'âge de 66 ans. Héroïne des films de Truffaut, elle est née en 1944, en Indochine comme Evelyne à l'époque où sa mère et Evelyne étaient encore emprisonnées. Leur frère, Gilles naît en 1950 à leur arrivée à Nouméa. Quand ils se séparent, "Mona" a douze ans. Leurs parents se sont suicidés en 1986 et en 1988.

Pourtant dans le récit, Mona n'a eu qu'une fille, Lucie (Evelyne), et puis un fils. Jamais il n'est fait mention d'une deuxième enfant. Mon esprit très imaginatif a cherché toute sorte de réponse à ce choix narratif. Evelyne Pisier n'avait pas souhaité écrire son autobiographie, elle voulait romancer le récit. Mais mon esprit un peu tordu me faisait penser invariablement à Marie-France lorsqu'elle décrit l'amour inconditionnel entre la mère et la fille, la "seule, l'unique". Quand elle parle du regard intense de son père, ou de son frère et qu'on sait que Marie-France était connue pour ses yeux magnifiques.

Mais rassurez-vous, j'ai enfin eu ma réponse - page 437. J'aurais sans doute préféré lire ce passage avant ma lecture, j'ai parfaitement compris le choix d'Evelyne de ne pas faire apparaitre sa soeur. C'est extrêmement touchant.

Je vais m'empresser de prêter ce livre à ma mère, plus jeune qu'Evelyne, elle va néanmoins sans doute revivre avec elle toutes ces années cruciales qui auront mené à l'émancipation des peuples autochtones, et à celle des femmes. Et soudain, la liberté ...
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