Citations sur Lire ! (73)
Il ne faut prendre le livre qu'on va lire ni avec des pincettes, ni avec des gants. Il faut le saisir à pleines et chaleureuses mains, comme du bon pain ou une belle étoffe. Le respecter, c'est entrer en lui avec curiosité, attention, intelligence, sensibilité. lui faire cadeau de son temps. N'avoir d'autres égards envers lui que ceux du commerce de l'esprit.
Je suis le petit poucet qui pose des livres sur sa route pour (re) trouver son chemin.
Ouvrir un dictionnaire, c'est se jeter dans le foisonnement de la vie, dans l'exubérance du monde. C'est prendre le risque de se dire inculte. C'est aussi se donner la fierté de la découverte ou l'orgueil de l'attestation. C'est encore à chaque fois s'approprier des petits morceaux de l'héritage universel. (p. 63)---- [ Bernard Pivot]
Les gens qui lisent sont moins cons que les autres, c'est une affaire entendue. Cela ne signifie pas que les lecteurs de littérature ne comptent pas d'imbéciles et qu'il n'y a pas de brillantes personnalités chez les non-lecteurs. Mais, en gros, ça s'entend, ça se voit, ça se renifle, les personnes qui lisent sont plus ouvertes, plus captivantes, mieux armées dans la vie que les personnes qui dédaignent les livres.
C'est logique, après tout. Le lecteur développe son intelligence au contact des raisonnements, au frottement des idées, au heurt des chimères ou des apories. Il devient l'intime de héros de fiction dont il a suivi les aventures avec curiosité, souvent avec passion. Il range dans sa mémoire des morceaux d'histoire de France ou d'ailleurs, des vies de personnages illustres, des récits de découvertes, d'exploits, de faits divers, d'existences obscures ou infortunées, de peuples en majesté ou en servitude, de civilisations défuntes. Bref, il collectionne des éclats de ce qui constitue la culture générale dont le livre, même s'il a aujourd'hui des concurrents, reste le principal pourvoyeur.
Il y a des livres qui décoiffent, qui dérangent, dont on sort troublé et même chamboulé. Ce sont peut-être les meilleurs puisqu'ils nous atteignent au plus profond et qu'ils modifient nos façons de voir et de ressentir. Ils nous poussent à des examens de conscience. Ils nous encouragent à prendre des résolutions, à tenter des expériences. Ce sont des perturbateurs existentiels.
La lecture fait partie de ce strict nécessaire que l’on emporte dans ses bagages durant le voyage de la vie. Et de la nécessité de lire naît le plaisir de lire.
Beaucoup trop d'hommes politiques, de chefs d'entreprise, de hauts fonctionnaires, de manageurs, de responsables de tout poil ne lisent que des livres utiles à l'exercice de leur profession. La littérature ? Perte de temps. Les romans ? C'est pour les femmes. Pauvres types ! (Pas sûr qu'au même niveau de responsabilités les femmes lisent plus et mieux.) Eux qui vivent dans un monde clos de privilégiés et en connaissent les protocoles, ignorent tout de l'évolution des comportements dans les différentes strates de la population dont ils ont directement ou indirectement la charge. Romans et récits leur apprendraient bien des choses. Sur le clair-obscur des mentalités. Sur les raisons des volte-face et des fidélités. Sur les fiertés minuscules et les détresses inavouables. Sur le grand bazar du commerce des corps et des âmes. Et donc, par comparaison, par confrontation, sur eux-mêmes.
Lectures d'enfance - Bernard Pivot
Un jour, je me suis aperçu que, tout compte fait, cela avait été une chance de lire un dictionnaire avant de lire des romans. Car le goût des mots, bien installé dans ma tête et sur ma langue, ne m'a jamais quitté. J'ai continué d'aimer farfouiller dans les dicos, ces cavernes d'Ali-Baba. Au plaisir de lire des livres s'est ajouté celui de découvrir des mots inconnus, bizarres ou employés de façon nouvelle. Les expressions, créations de la verve populaire, n'ont cessé de m'émerveiller. (p. 36)
Lire, c'est partir, s'égarer, faire des rencontres, s'arrêter pour réfléchir ou rêver, repartir en jubilant, écouter battre son coeur, se désaltérer, voler des cerises ou des pommes,avoir peur, avoir envie, s'émerveiller, se plaindre, s'interroger , se souvenir, et ainsi poursuivre, voyageur infatigable, jusqu'au bout du llivre.
Ouvrir les dictionnaires
Bernard Pivot
Ouvrir un dictionnaire, c'est se jeter dans le foisonnement de la vie, dans l'exubérance du monde. C'est prendre le risque de se dire inculte. (...) C'est encore à chaque fois s'approprier des petits morceaux de l'héritage universel. (...)
J'ai pris très tôt l'habitude de tendre la main vers les dictionnaires comme on tend la main vers les boutons électriques, parfois vers les bouées de sauvetage. (p. 63)