Ce roman avait bien mal débuté pour moi. Quoi de plus rédhibitoire qu'un long match de baseball, discipline à laquelle je ne comprends rien et qui m'ennuie profondément ?
Au lendemain de l'entrée en guerre des États-Unis un match est organisé à Williamsburg, quartier de Brooklyn, entre une école de juifs russes traditionnels hassidiques et une école de juifs "délivrés de la mentalité de ghetto".
Si les actions sportives m'ont laissée de marbre je fus de suite captée par la description des acteurs, l'ambiance, le milieu et l'écriture très fluide de
Chaïm Potok.
Ce match fut le point de départ d'une amitié entre 2 adolescents juifs dont les pères étaient rabbins.
Le père de Danny, appartenant à la communauté hassidique est rigide, silencieux, fermé au monde séculier. le père du narrateur, Reuben, intellectuel sioniste est plus ouvert et plus "moderne".
L'élu c'est Danny, héritier d'une famille de tzaddicks, religieux orthodoxes et son aspiration aux disciplines modernes.
Le même dilemme traverse les 2 garçons, brillants et assidus aux études talmudiques, lors de la découverte des disciplines profanes, mathématique, mais surtout psychologie et
psychanalyse avec la découverte de
Freud.
Au delà de ce qui oppose les 2 garçons, éducations opposées, appétences pour des disciplines différentes, ils aspirent à une autre vision du monde et malgré des interdits familiaux ils restent soudés et amis.
De la révélation des 6 millions de juifs exterminés à la fin de la guerre à la création de l'état d'Israël , controversée également violemment par les hassidiques, le livre s'inscrit dans une passionnante page d'histoire.
Chaïm Potok, que l'on peut retrouver dans les personnages du roman, nous donne une leçon de tolérance. le père de Reuben, sorte d'autorité morale, ne dira t-il pas dans les dernières pages "on ne devrait combattre les idées qu'avec les idées, et non par une passion aveugle"?
Un roman dans un milieu très éloigné du mien qui évite l'écueil de l'ésotérisme, et du roman pour initié. Une très belle découverte dans la PAL de pompimpom.