Feu

Dur ! Dur ! Au début le style choque. Des phrases qui n'en sont pas, pas finies. La rencontre entre Laure et Clément. Une passion.
C'est Laure qui "flashe" sur lui, qui le détaille dès la première page. Clément se laisse faire.
Tout les oppose : elle, mariée, 2 enfants, professeur d'université, pas ou peu d'argent. Lui, banquier, célibataire, un chien qu'il appelle Papa, riche mais situation menacée par le AA.
Alternance de chapitres entre Laure et Clément. Usage du "tu" pour elle qui s'adresse à elle, excepté lorsqu'elle fait parler sa mère ou sa grand-mère qui sont sa conscience. Lui, s'adresse à Papa le chien. On découvrira son importance plus tard.
Des rencontres basées sur le sexe, qu'elle voudrait plus intimes. La passion et la tension montent pour le lecteur aussi. On se laisse happer par ce style qui ajoute quelques degrés. le lecteur est en apnée jusqu'à la dernière ligne.

Première sélection Goncourt 2021

Je suis tellement contente de cette sélection ! Avec Feu, j'ai découvert la plume de Maria Pourchet et quelle découverte !

Ça dépote sérieusement ! C'est vif, tranchant, caustique.

Laure, 40 ans, mère de deux enfants, s'ennuie dans son couple et sa routine. Clément, 10 ans de plus, s'ennuie aussi, entre son job à La Défense et son chien Papa. Aussi, quand ces deux-là se croisent au détour d'un rendez-vous professionnel, l'odeur du soufre se fait sentir, laissant présager du feu qui couve …

Dans ce roman, il est évidemment question de feu. Feu du désir qui consume, feu de la passion qui réveille les sens, feu de la colère qui échauffe les esprits…

Tantôt chaleureux, tantôt destructeur, ce feu crépite tout au long de ce roman et consume peu à peu la vie de nos protagonistes.

J'ai énormément aimé ce roman et l'écriture y est pour beaucoup. Vous le savez maintenant, j'aime être bousculée. J'attendais une histoire d'amour passionnelle, lumineuse. Il n'en est rien. J'aimerai tellement vous en dire plus, mais le risque de spoil est trop important. Alors lisez-le et laissez-vous surprendre à votre tour !

J'ai été déroutée par le style et même parfois contrainte à relire des passages pour suivre l'histoire. C'est pour cette raison que je ne mets que 3,5/5. Cependant une fois cette difficulté surmontée j'ai apprécié la profondeur du texte, l'évolution des personnages. La fin est agréablement surprenante.

Laure, 40 ans et Clément, 50 ans se rencontrent dans le cadre du travail. Deux âmes désabusées se percutent et c'est l'étincelle qui mettra le feu à leurs vies.
Maria Pourchet nous livre son récit comme en urgence. le rythme est soutenu, saccadé entre les deux protagonistes avec un changement de style quand on change de personnage. Clément est décrit à la troisième personne du singulier mais les parties qui concernent Laure sont à la deuxième personne du singulier, très original.
J'ai aimé les introspections de chaque personnage et l'intrigue elle-même, bien ancrée dans notre époque, et réellement le sentiment que s'ils ne s'étaient pas rencontrés peut être rien n'aurait fini comme ça...A moins que le personnage de Clément déclenche plus le chaos dans la vie de Laure que l'inverse ?

Les cent premières pages sont extraordinaires! Ce n'est pas l'histoire elle-même (l'éternelle histoire de Madame Bovary) qui m'a plu mais le style, très singulier, de Maria Pourchet. Elle a une phrase différente, un vrai rythme. "Feu" est le premier livre de Maria Pourchet que je lis. J'aimerais découvrir d'autres livres de cette écrivaine.

Maria Pourchet raconte un adultère somme
toute assez banal, mais surtout l'amour, le désir, la passion entre Laure et Clément, que rien ne destinait à
se rencontrer.
Je dois dire que j'ai beaucoup apprécié cette lecture même si j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages,
trop peu creusés à mon goût.
La forme et l'écriture m'ont tout de suite interpelée. Deux monologues se superposent, Laure se parlant à
elle-même sous la forme d'un « tu » et Clément parlant à son chien. La plume est incisive, rapide, on lit
sans souffler, sans marquer de ponctuation, à tel point qu'il est parfois difficile de suivre les pensées des
personnages. le cynisme a la part belle dans ce récit où Maria Pourchet adopte un point de vue assez
glaçant et sans concession sur le monde et les relations. Elle décrit avec pragmatisme avec la destruction
d'un couple, la société de consommation, le poids de la famille, la rage de la jeunesse.

Feu de Maria Pourchet est un livre fascinant par son style et sa brutalité.
C'est le récit d'une passion autodestructrice entre deux êtres autodestructeurs.
Le feu les consument, l'un et l'autre comme il consume leur relation.
Ce sont 2 personnes qui se manquent alors qu'on devine entre les lignes, des personnes plus profondes et plus sensibles qu'elles ne le montrent.
Nous sommes piégés dans leur tête. On voudrait en sortir pour les empêcher de s'écraser dans le mur vers lequel ils foncent. Leur conscience est impitoyable. Chez l'une, cette conscience est un juge terrible qui l'enfonce toujours plus. Chez l'autre, c'est un monologue caustique à la seule personne envers laquelle il est vraiment capable de sentiment : son chien.
C'est aussi un récit qui dépeint une époque, qui se moque de la déliquescence de notre société.
Son écriture est aiguisée, acérée.
J'ai été happée par son style.

Laure, la quarantaine, prof à l'universitén est une mère de famille sans histoire. Clément, la cinquantaine, banquier désabusé, a un chien qu'il appelle Papa et qui représente son univers. Laure croise Clément et c'est le coup de foudre. Une histoire, qu'on vit dans la tête de l'un ou l'autre des personnages. D'un côté Laure vit son amour comme une passion adultère, risquée, ce qui rend la chose probablement plus excitante. Elle est complètement sous le charme et envoûtée par sa passion naissante pour Clément. de l'autre côté, Clément, tout en retenue, tout en limite, tout en contrôle, qui se maîtrise, qui est économe de ses mots, qui est économe de son temps. Qui blesse sans le vouloir, qui ne sait pas, qui n'a pas appris le langage de l'amour et qui, faute de savoir, se trompe souvent sur les codes et les mots.
J'ai bien aimé le caractère entier des personnages, Laure tout à sa passion, clément tout à son chien, et puis la déclinaison de cette passion : passion qui se fane et qui devient dévorante. Feu. On y est.
La plume de Maria Pourchet est incisive. Décapante. Elle décrit le feu de l'action avec hauteur. Vraiment j'ai trouvé cette histoire crédible, bien écrite, les personnages nuancés. Une belle histoire même si çà se termine pas forcément comme le le voudrait, bien sûr, quelle passion se termine bien ?
Mon personnage préféré restera la lucidité de l'adolescente Vera : féministe, rebelle, et en marge. mais tellement touchante.