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Hillbilly tome 3 sur 4
EAN : 9782413001614
112 pages
Delcourt (26/06/2019)
4.33/5   9 notes
Résumé :
Rondel, un peu vagabond, beaucoup magicien et totalement aveugle est détenteur du Hachoir du Diable. Il va unir des villageois afin qu'ils combattent les monstres qui cherchent à les anéantir ! Aventures, dangers, personnages bizarres et un dessin sublime, voici le cocktail que propose Eric Powell dans une série que l'on pourrait définir ainsi : « Conan Le Barbare au pays des Frères Grimm ».
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Hillbilly, tome 2 (épisodes 5 à 8) qu'il vaut mieux avoir lu avant car il est fait référence à des événements s'y déroulant. Il contient les épisodes 9 à 12, initialement parus en 2018, écrits, dessinés, encrés et mis en couleurs par Eric Powell, le créateur de The Goon. Par opposition aux 2 premier tomes, ces 4 épisodes forment une histoire complète, pas 4 histoires indépendantes auto-conclusives.

Dans les montagnes appalachiennes, James Stoneturner a été enlevé par une assemblée de sorcières qui voulaient des renseignements sur Rondel. Il s'en est sorti en découvrant un pouvoir en lui. Il est ensuite rentré à son village pour y récupérer l'étrange pierre avec des arabesques luminescentes. Puis il s'est mis en route. Marchant dans la forêt, Rondel, toujours armé de son tranchoir, arrive devant les cadavres de 3 sorcières. Il interroge la marmotte qui se trouve sur les lieux qui lui indique qu'elles avaient capturé un individu dont elles ont fait de la soupe. Rondel met sa parole en doute et poursuite son chemin. Il est observé à son insu par un petit démon appelé Taylipo. Ce dernier va trouver 2 monstres : Hensel et Grendel. Il exige qu'ils capturent Rondel pour le compte de la grande sorcière. À contre coeur, ces derniers acceptent et réussissent à neutraliser Rondel et à le séparer de son tranchoir.

James Stoneturner écoute la pierre qui semble communiquer avec lui d'une manière ou d'une autre, et qui l'amène au pied d'un arbre seul au milieu d'une vallée, d'une essence étrange. L'arbre s'adresse à lui, même s'il ne dispose pas du sens de la vue. Il lui confirme que c'est la pierre qui l'a conduit à lui. Il lui indique qu'il va raconter et révéler la véritable nature de son auditeur. Il parle d'un passé lointain où cette région était tourmentée par des créatures maléfiques. le chef d'une tribu avait décidé d'aller chercher de l'aide de l'autre côté de l'océan, auprès d'une puissante tribu. Plusieurs membres de ladite tribu avait fait le voyage de retour sur le dos d'une tortue en pierre, faite de rochers agrégés par la puissante shaman. L'arbre continue à raconter son histoire à James Stoneturner et lui ouvre l'esprit à la manière de se servir de son pouvoir. Après quoi, Stoneturner rejoint Rondel. Ils sont ensuite rejoints par d'autres alliés. Ils font tout pour prévenir les villages alentours de l'attaque imminente d'une alliance sans précédent entre sorcières, mais ils ne sont pas écoutés. le conflit est inéluctable.

Le lecteur revient avec grand plaisir pour ce troisième tome des aventures de l'aveugle au tranchoir surnaturel. Eric Powell n'a pas son pareil pour mêler des créatures de contes régionaux, avec un individu à la forte carrure exterminant les monstres, les démons et les sorcières. Comme dans les tomes précédents, le créateur est totalement libre de raconter son histoire comme bon lui semble, sans interférence éditoriale. Par exemple, il consacre la moitié du premier épisode à James Stoneturner. Une mère se met à raconter à son fils un conte mettant en scène Iron Kid dans le troisième épisode. le quatrième épisode est raconté par un grand-père à ses petits-enfants, car il était présent lors de la bataille entre Rondel et la congrégation de sorcières. La première moitié de cet épisode 12 est donc sous forme de bande dessinée, avec des cellules de texte en lieu et place des phylactères. Dans le même ordre d'idées, Powell peut jouer avec la forme de ses dessins et la mise en couleurs. Comme dans les tomes précédents, il se restreint à une palette très réduite : des teintes vertes et des teintes grises déclinées en quelques nuances seulement. Contre toute attente, cela n'a pas pour effet de noyer les dessins dans une ambiance uniforme. L'artiste joue avec les espaces blancs et les couleurs pour apporter plus de relief à chaque forme, pour rendre compte de l'ambiance lumineuse et des ombres portées. Il joue également avec le rendu des dessins, passant de cases aux traits encrés, soigneusement lissés pour les contours, avec des aplats de noir, et une mise en couleurs sophistiquée allant jusqu'à représenter une partie des arrière-plans en couleur directe, à des dessins laissés à l'état de crayonnés avec des traits de contour irréguliers, et des hachures pour les ombres portées pour raconter la légende sur Iron Kid.

Le lecteur retrouve avec plaisir les personnages croqués par Eric Powell. Rondel a toujours cette stature massive, ce long manteau avec une sorte de courte cape en fourrure, qui accentue encore son aspect monolithique. Ses cheveux longs, sa longue barbe et son chapeau cabossé ajoutent un air sinistre à sa personne, transmettant cette impression de fatalité dont il ne peut pas se défaire. Il aura même l'occasion de pleurer avant la fin de l'histoire, des larmes noires. Par contraste, James Stoneturner donne l'impression d'être presque joyeux. En tout cas, il passe par une phase de sa vie où il en découvre sur sa nature, avec un ressenti positif à utiliser ces capacités merveilleuses, même quand il s'agit de les mettre à profit dans un combat. Visuellement, Esther s'avère très déconcertante, à la fois pour sa tenue vestimentaire exclusivement choisie pour sa praticité, et pour son visage. Powell ne représente ses yeux que par deux points noirs, sans iris, sans pupille, et par ses expressions faciales évoquant plus celles d'un enfant que celles d'un adulte. Pourtant cet amalgame étrange fonctionne parfaitement, à la fois pour montrer l'état d'esprit de cette femme, son caractère entier et déterminé, et son refus de se laisser gagner par quelque forme de désespoir. Parmi les personnages secondaires, l'artiste s'amuse à croquer un trio de villageois obtus imbus de leur intelligence (à l'évidence très limitée) et de leurs certitudes, irrésistibles dans leur bêtise et la confrontation inéluctable avec la réalité qui s'annonce brutale. À part quelques figurants villageois, le lecteur peut observer la mère magnifique qui raconte une histoire d'Iron Kid à son fils, et le grand-père chenu qui raconte la bataille à ses petits-enfants.

Bien sûr, le lecteur attend également avec impatience les monstres en tout genre. Hansel et Grendel respirent la bêtise par leur gueule cassée et leur expression crétine, mais aussi par leurs bras et jambes trop longs dont ils ne savent pas quoi faire. Eric Powell représente des sorcières pustuleuses à souhait, et réussit quand même à leur donner une présence extraordinaire, les élevant au-dessus de la caricature. La sorcière à 4 bras arrive en arborant une assurance tellement crasse que s'en est un plaisir sans honte aucune de la voir se faire massacrer en deux temps, trois mouvements par Rondel. Il est impossible de ne pas sourire devant le dernier cyclope qui avance sur Rondel, tout aussi sûr de sa force que pouvait l'être la sorcière de ses sorts. Les dessins arrivent à combiner la douceur d'une peluche et l'appréhension face à quelqu'un de pas commode pour Lucille (la grande ourse) et la lionne des montagnes d'Alma Rose. Eric Powell réussit à insuffler de la vie à tous ces personnages, ainsi qu'un caractère propre à chaque fois différent.

Le lecteur découvre donc l'intrigue au gré de la fantaisie narrative de l'auteur, passant d'une séquence sur la découverte des pouvoirs magiques de James Stoneturner à une discussion entre une marmotte et Rondel, sans oublier une histoire sur des temps mythologiques, et un autre sur les hauts faits d'Iron Kid. S'il a l'esprit chagrin, il peut estimer que Powell articule ses séquences uniquement en fonction des besoins de l'intrigue et surtout de la séquence suivante. Sinon, il peut aussi y voir une trame composée de plusieurs fils narratifs concomitants, sans que le scénariste ne se repose sur le dispositif qui consiste à introduire un désordre chronologique pour augmenter artificiellement le suspense et donner l'impression au lecteur d'une structure plus complexe juste pour le plaisir de pouvoir le faire, sans justification quant à l'intrigue.

Il est donc recommandé d'avoir lu les 2 tomes précédents pour suivre l'intrigue de celui-ci, car Eric Powell évoque l'histoire personnelle de Rondel, son amitié passée avec Esther, et la mésaventure de James Stoneturner avec les 3 sorcières, ainsi que d'autres points de continuité. Il ouvre l'horizon de la série, avec un retour à une époque mythologique, celle de la shaman, mais aussi celle d'Iron Kid. le lecteur sourit en voyant Stoneturner s'adresser à un arbre dépositaire de la mémoire de l'Histoire, évoquant d'une certaine manière le Parlement des Arbres créé par Alan Moore dans la série Swamp Thing. Il apprécie l'approche adulte et pragmatique de Stoneturner quand il manipule la foule pour qu'elle croit aux dires de Rondel, le faisant passer pour un être mythique. le lecteur se retrouve rapidement emporté par la saveur de la narration visuelle, et par l'enjeu de l'affrontement. Il prend progressivement conscience que l'auteur utilise quelques conventions du récit d'horreur et de monstres pour faire émerger les valeurs morales de son héros et donner une dimension morale aux affrontements physiques.

A priori, le lecteur revient surtout pour retrouver la familiarité de la narration visuelle d'Eric Powell et son maniement des créatures monstrueuses. Il ne lui faut que quelques pages pour se rendre compte de la qualité extraordinaire des dessins, exhalant des nuances de saveurs remarquables et délicieuses. Il apprécie la consistance de l'intrigue et son ambition discrète, installant sa propre mythologie en douceur, allant crescendo vers une bataille mémorable, sans jamais perdre l'empathie générée par les personnages, leur destin dramatique, leur capacité à assumer cette tragédie.
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Rondel is back ! le hillbilly, le vagabond sans yeux au hachoir "gros comme une roue de charrette" est de retour !!
Si le tome précédent m'avait laissé une impression très mitigée, en revanche celui-ci m'a complètement embarquée ! Avec une ambiance à la Tolkien, la communauté du hachoir se rassemble pour faire face aux sorcières bien décidées à mettre leurs querelles de côté pour mieux s'unir et dézinguer les humains, et surtout mettre Rondel hors d'état de nuire. Mais c'est sans compter James Stoneturner, Lucille l'ours, Alma Rose et Esther - qui finissent quand même par être rejoints par d'autres pecnos des Appalaches.

Eric Powell réussit à merveille à mélanger les genres (épiques, fantastiques, fantasy, contes revisités, etc) et les niveau de narration sans embrouiller ou perdre le lecteur. Les touches d'humour sont toujours aussi appréciables, et les découpages et le travail de coloration apportent davantage de dynamisme et d'effets dramatiques au récit.

Super lecture d'évasion !
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Et c'est ici que tout se lie. Les aventures fantastiques et formidablement écrites des deux tomes précédents nous amènent vers un arc plus long, couvrant tout ce troisième tome.

Tout les indices font corps, et les éclats d'horreur grotesques (au sens noble) illustrés juste comme il faut laissent place à la renaissance d'une épopée, à la réalisation d'une légende prophétique.

On y retrouve tout ce qui fait le charme de Powell. Les dessins cartoon qui paraissent parfois empruntés à une audacieuse campagne de com', un bonhomme malabar qui bénéficierait d'un background simple mais fort, percutant, déformé. Tout les personnages ont leur identité, les dialogues bien que parfois volontairement exagérés, sonnent juste jusque dans les reflets caricaturaux qui donne une belle couleur au face à face entre un ignare à mèche blond plus influent que les autres et une jeune femme à tresse venant prévenir de l'apocalypse à venir. La magie du cartoon encore une fois.

Donc oui, l'humour, l'histoire glauque de magie et de viles créatures dans la lignée d'un Corben, des personnages bien écrits et de la caricature. Pas de quoi remuer un lecteur assidu de Powell.

Sauf qu'ici, le format d'un récit courant sur 4 chapitres permet de développer l'épique. le légendaire, l'évocation, l'union des forces de tous les péquenots contre les péquenots encore plus moches qui cherchent à les bouffer. Chaque page est une bouffée non plus seulement de Fantastique, mais aussi de fantasy héroïque.

On peut facilement reprocher la conclusion abrupte et peu subtile de quelques trames narratives de second plan qui, parfois, m'ont fait un peu buter la lecture par un coté ficelle de marionnettiste de 5 centimètres de diamètre. Mais malgré tout, ça fonctionne.

Je vous encourage donc à lire non pas seulement Hillbilly 3, mais aussi les autres travaux d'Eric Powell, notamment The Goon qui est réédité sous format intégrales.

Bon bain de boue à tous !
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critiques presse (1)
ActuaBD
02 octobre 2019
Un scénario magnifiquement ficelé pour que deux légendes se rencontrent enfin, enluminé par un trait minutieux et expressif où la laideur des uns explose dans un graphisme superbe et où le silence relève de la plus belle candeur.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
C'est le fardeau des gens décents de soutenir les ignares les plus obstinés de notre espèce.
Commenter  J’apprécie          80
[...] même le sage peut être victime de la roublardise démoniaque.
Commenter  J’apprécie          70

Lire un extrait
Videos de Eric Powell (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eric Powell
Découvrez la bio en bande dessinée d'Ed Gein, l'un des plus terrifiants tueurs en série américains par Harold Schechter et Eric Powell.
Résumé : Ce récit révèle la véritable histoire d'un malade mental sous l'emprise d'une mère bigote et abusive. Cette biographie factuelle d'Ed Gein se focalise sur son enfance et sa vie de famille malheureuses, et sur la façon dont elles ont façonné sa psyché. Il explore aussi le choc collectif qui entoura l'affaire et la prise de conscience que les tueurs peuvent être des citoyens ordinaires.
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