suites des ténèbres
De tout paysage garder intense la transe du passage
Aimé Césaire
Extrait 10
Christ trahi
par les sortilèges des pluies
mâchuré
sous la rouille des clous
au bas de la croix
un fouillis d’orties
fomente la débâcle du bois
les herbes rabâchent
des rêves nerveux
forgent un silence sacrificiel
//Alain Le Beuze (1958 - )
suites des ténèbres
De tout paysage garder intense la transe du passage
Aimé Césaire
Extrait 3
Au delà des fougères les rives se décousent dans
l’alternance de l’eau
sur les galets
des brins d’herbe ignorent leur imposture
et là une barque
qu’incendie le silence torrentiel des racines
se dresse dans la tourbe de ses planches
rébellion d’herbes
dans le délabrement de son ombre
//Alain Le Beuze (1958 - )
suites des ténèbres
De tout paysage garder intense la transe du passage
Aimé Césaire
Extrait 7
Au fond du jardin, derrière les hautes herbes qui
raccommodent l’illusoire, la cabane de planches
repeinte de lumière grince dans son ombre apeurée.
Son toit de tôle presque aveugle sous les flatteries
du lierre où carillonnent les scènes d’oiseaux résiste
encore. Les abeilles affairées y tressent une parole de miel.
La porte ne ferme plus sur les féroces odeurs de chiotte qui
roucoulaient là jadis. Les intempéries de la rouille l’ont poussé
dans un sommeil d’orties.
La lumière paresse là parmi ces outils encore tout crottés de
leurs souvenirs de terre.
//Alain Le Beuze (1958 - )
suites des ténèbres
De tout paysage garder intense la transe du passage
Aimé Césaire
Extrait 4
Ici
l’eau décrie la générosité des terres
où des herbes endémiques s’aménagent
une nuit désaccordée
le sable répond à l’inflation des parois
sans démêler l’insomnie des nuances
sans interrompre la biographie des ténèbres
Là-bas
sur le talus
un drap défend
son cri de neige
//Alain Le Beuze (1958 - )
suites des ténèbres
De tout paysage garder intense la transe du passage
Aimé Césaire
Extrait 5
Au lavoir
les phrases fulminent
sous le battoir des mots
les mains exigent sûrement
la confession des draps
Sur les haies
le linge
otage du vent
écosse ses énigmes
la lumière use
ses hardes d’ombre
Le blanc fleurit soudain
dans l’odeur des primevères
//Alain Le Beuze (1958 - )
La boite originelle, le corps d'où nous sommes issu(e)s, « naturellement » considérée comme l'affaire des femmes, est en fait une boite noire enfouie dans les eaux maternelles : son fonctionnement interne reste opaque et toujours opérationnel. Attacher exclusivement les femmes à la procréation, c'est ne pas en dévoiler la contrepartie qui est d'en décharger les hommes, librement tournés vers toutes formes dominatrices de sublimation, sociétales, politiques, créatrices, spirituelles. N'est-ce pas surtout en cacher le ressort profond, inconscient, d'une inégalité symbolique millénaire entre les sexes face à l'angoisse viscérale de notre condition charnelle commune, notre humaine condition, telle qu'elle nous est mondialement et brutalement rappelée aujourd'hui par la pandémie ? « Nous », notre tradition patriarcale, « moi », mon histoire personnelle, « lui », mon compagnon malade d'Alzheimer.
Voir le livre : https://cutt.ly/tKLdSLC
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Agrégée de Lettres modernes, Annie Richard a eu une vie professionnelle d'enseignante-chercheuse, notamment un parcours d'amitié et de compagnonnage avec l'artiste surréaliste Gisèle Prassinos à partir d'une spécialisation universitaire, avec des publications, conférences, expositions à Paris et Washington. Engagée dans la reconnaissance de la juste place culturelle des femmes, elle écrit des livres, entre essai et autobiographie, d'exploration du féminin. Elle est présidente d'honneur et fondatrice de l'association Femmes Monde.
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