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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Encore un tome qui alterne géopolitique, aventure, exotisme, cynisme, mort et amitié. Et sans doute bien davantage de concepts "Prattiens". On y retrouve aussi plusieurs personnages incontournables de la mythologie de Corto Maltese. Raspoutine, Venexiana Stevenson... mais aussi des personnages historiques réels, comme Enver Pasha.

L'action se déroule en 1921 et emmène le lecteur de Rhodes à l'Anatolie, aux confins des territoires kurdes, en bordure de l'URSS. Pratt aborde plusieurs questions cruciales comme celle d'une nation kurde, d'un état islamique, d'un pantouranisme... Donc, plus largement Pratt aborde les nationalismes. Sujet fort souvent traité par l'auteur, mais rarement avec une telle intensité et un tel goût de la dérision et du cynisme. Il faut dire que la présence de Raspoutine y est pour beaucoup. Il a même tendance à voler la vedette à Corto.

Le tout est emballé dans 145 planches découpées le plus souvent en 10-12 cases (où malheureusement les dialogues phagocytent pas mal l'espace) qui apportent énormément de contenu et de matière à réflexion. le tout est émaillé de moments de gaudriole, de danses échevelées et de drogue, car que serait un épisode de Corto Maltese sans ces épisodes oniriques où plus rien ne semble plus avoir le moindre sens? Et n'est-on pas à deux encablures du territoire des Hashashiyyin, la secte islamique ismaélienne des Nizârites qui prospéra entre les XI et XIII siècles? D'ailleurs, la maison dorée du titre désigne à la fois une prison physique et celle mentale que se construisent les victimes d'assuétudes.
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Dans cet opus, Corto part à la recherche en 1921-22 du fabuleux trésor de Cyrus II le Perse. Ses tribulations le mèneront de Rhodes à la frontière entre l'indo-afghane. Et il va être le témoin d'un épisode de l'histoire oublié de nos jours : le panturquisme d'Enver Pacha qui a tenté à l'instar de Tamerlan de regrouper les populations turques de toute l'Asie et qui fut l'un des responsables majeurs du génocide arménien. On rencontrera ainsi une faction des Jeunes Turcs en rupture de ban en lutte à la fois contre Mustapha Kemal qui allait devenir Atatürk et contre les concessions territoriales imposées par le traité de Sèvres, des troupes italiennes d'occupation à Rhodes, des troupes françaises d'occupation dans cette portion de la Turquie nommée Cilicie, des troupes turques livrées à elles-mêmes mais surtout au brigandage, une confrérie soufie des derviches tourneurs, des Yezidis adorant le cercle symbolisé par la roue du paon, des corps francs kurdes sous les ordres turques, des troupes arméniennes incorporées dans l'Armée rouge voulant se venger des turcs. Et j'allais oublier même une troupe franco-anglaise de théâtre aux armées réduite à un John Bull donnant la réplique à Marianne. Que de monde et de péripéties qui ont dû nécessiter un long travail de documentation.
Mais si on sort de ce contexte historique complexe, on retrouve un Corto à qui on prédit les pires dangers (rien de nouveau pour lui) et qui voit les propos s'accomplir malgré tout. Surtout il craint de rencontrer son sosie, sorte de double maléfique dans la peau d'un général turc. Corto finalement moins aventureux, presque passif et faisant montre de valeurs morales, un peu trop à mon avis, à l'image du héros plus traditionnel en protégeant les femmes et les orphelines et fidèle en amitié et à la parole donnée.
Au final, c'est toujours un plaisir de relire Corto. Mais ce ne sera pas mon préféré. Bien envie d'aller à Rhodes voir les statues à l'entrée du port (ben oui, cela fait bien longtemps que le colosse a déguerpi …)
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La route est longue jusqu'à Samarkande, pas moins de 190 pages pour cet opus qui nous mène en pleine guerre des Balkans. Tout commence à Rhodes, Corto découvre un manuscrit ainsi qu'une carte au trésor. Mais le destin va le confronter à un double. Quiproquos, espionnage, trahisons et sociétés secrètes sont le moteur de cet album. D'îlot grec jusqu'à la Cilicie, de van à Alamut, le chemin croise celui des derviches tourneurs, des hashishins et évoque le massacre des arméniens.
On rencontre dans ce tome (qui n'est pas mon préféré), beaucoup de violence, le sang coule à plusieurs reprises. Mais Corto reste sur la piste de son ami "Raspoutine" entré pour un temps au service d'enfer BEY.
On y retrouve aussi quelques femmes qui occupent une place importante dans la vie du célèbre marin.
En conclusion, je parlerais de "la maison dorée de Samarkande" comme un épisode tumultueux et sanglant, moins poétique que les aventures habituelles de Corto mais lié à un passage historique difficile.
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TUMBA RARA TATA , TUMBA RARA TATA, TUMBA RARA TATA
Un des meilleurs albums de Pratt aussi bien scénaristiquement que graphiquement sinon le meilleur et en noir et blanc s'il vous plait.
le scénario épique qui hésite faussement et avec bonheur entre onirisme, état d'inconscience traumatique ou rêve hallucinatoire Hachichin, légende, divination prophétique et réalité, est aussi riche que le graphisme en costume d'époque des civilisations rencontrées, margoulette et dégaine des personnages.
Pour l'histoire Pratt nous emmène au début du XX siècle en Asie centrale aux alentours de Samarkand lieux de passage d'Alexandre et d'un mythique trésor. Région foisonnante de peuples aussi divers les uns que les autres, en fait un panier de crabes géopolitiquement assez gratiné en proie perpétuellement au chaos. Kurdes, perses, arméniens s'y affrontent avec les puissances régionales, russes soviétiques, chinoises, turques et les présences déclinantes des Anglais, Français et italiens : ils sont tous là à vouloir une part du gâteau. Chaque peuple a ses petits potentats et ses aventuriers persuadés d'être les légitimes dirigeants de demain notamment chez les turcs, et des personnages historiques Mustafa Kemal Atatürk et Enver Pacha,
A cela dans une histoire qui s'emballe s'ajoute les conflits entre religions et leurs courants minoritaires ismaéliens chiites notamment, sectes ésotériques des Yézidis, adorateurs des démons, la secte islamique ismaélienne Hashashiyyin du «vieux de la montagne».
Parmi toute cette effervescence humaine des personnages qui ne sont que des aventuriers cupides mais pas toujours, essayent sans états d'âmes de survivre ou d'arriver au trésor de Samarkand
Corto Maltese le maltais et son irascible ami Raspoutine le russe, l'effigie française Marianne artiste lyrique accompagnée de l'effigie anglaise John Bull, Venexiana Stevenson sud-américaine, Enver Pacha et Chevket les turcs, Cassandre et Narcisse les grecs aux visages anguleux, le Beherubi tous des personnages forts plus vrais que de nature avec un vrai «cachet» et parfois une aura.
Un Raspoutine appelé caïd Raspa (mais il n'apprécie pas trop la familiarité désinvolte des turcs) fort en gueule omniprésent qui pique la vedette à Corto le personnage est plus «plein de quelque chose» sa folie sans doute mais il est entier et conforme à lui, bien plus que Corto qui lui a une fausse naïveté qui inspire bien souvent l'indulgence
Une fabuleuse page graphique (42) consacrée aux derviches tourneurs de l'école d'Adana qui dansent sur un rythme qui envahi toute la page TUMBA RARA TATA, TUMBA RARA TATA , TUMBA RARA TATA des danseurs dans leurs jupes sur des pantalons bouffants et leurs toques cylindrique, les yeux extatiques et fatigués, la langue tirée. Une danse soufie emmenant les danseur et lecteurs (presque) à un état de transe et d'extase mystique.
Des costumes et uniformes de toutes les ethnies croisées trop nombreuses à citer, pour les couvre-chefs les burnous, le fez, les chapkas sibérienne, les sikkes en laine feutrée, les képis français les lucernas italiens: un régal pour les yeux et pourtant Pratt n'utilise que le blanc et le noir
En petite anecdote une Marianne amoureuse et un Raspoutine en célibataire endurci et réticent nous font l'effet l'effet de ressembler à la Castafiore et Haddock. Ils n'ont pas conclu mais bon c'est un couple de tonnerre.
TUMBA RARA TATA , TUMBA RARA TATA, TUMBA RARA TATA
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