Deathstroke, tome 4 : Defiance (Rebirth)

Ce tome fait suite à Deathstroke Vol. 3: Twilight (Rebirth) (épisodes 12 à 18) et à Titans: The Lazarus Contract (épisodes 19 & 20, Titans 11, Teen Titans 8, Teen Titans Annuel 1) qu'il faut avoir lus avant. Il faut voir commencé par le premier épisode de la série, pour pouvoir savoir qui est qui et quelles sont les relations qui les unit et leur historique. Il comprend les épisodes 21 à 25, ainsi qu'une histoire courte tirée de DC Universe Holiday Special 1, tous écrits par Christopher Priest. Diogene Neves a dessiné les épisodes 21 à 24, encré par Jason Paz (avec l'aide de Sean Parsons pour l'épisode 22, et Trevor Scott pour l'épisode 24) avec une mise en couleurs réalisée par Jeromy Cox. L'épisode 25 a été dessiné par Carlo Pagulayan, avec un encrage réalisé par Norm Rapmund, Jason Paz et Trevor Scott, avec une mise en couleurs réalisée par Jeromy Cox. Les 8 pages de l'histoire courte sont dessinées par Tom Grummett, encrées par Scott Hanna, avec à nouveau une mise en couleurs de Jeromy Cox. Les couvertures principales ont été réalisées par Ryan Sook, les couvertures alternatives par Shane Davis.

Dans le quartier de Chinatown à New York, Willow, une jeune femme aux cheveux roses en petite tenue cuir, est en train de se faire peloter par un client. Elle jette un coup d'oeil de travers, assassine son micheton, et s'attaque à l'Épicier. Elle neutralise rapidement ses 3 hommes de main, puis assassine froidement l'Épicier. Dans un bureau, Adeline Kane-Wilson est en train d'obtenir l'autorisation de l'amiral Dexter Honore d'aller de l'avant avec le projet d'équipe Defiance. Puis elle rend visite à Slade Wilson, avec William Wintergreen, pour bien lui rappeler que l'équipe Defiance est la sienne. Dans le quartier général de Defiance, Wally West explique à Tanya Spears pour quelle raison il a accepté de se joindre à l'équipe, alors que Deathstroke lui a volé ses pouvoirs. Dans une autre pièce, Rose Wilson et Joseph Wilson discutent ensemble, Rose comprenant que son frère est toujours déterminé à savoir qui a assassiné sa fiancée Étienne. Pendant ce temps-là, Deathstroke s'est rendu aux Îles Chetlan dans l'océan Atlantique Nord, pour réaliser un dernier assassinat, même s'il n'ira pas réclamer l'argent du contrat.

De retour au quartier général de Defiance, Slade Wilson regarde le reportage télévisuel sur le crime qu'il vient de commettre. le président (Amir Ogdengenes) de cet état a décidé de prendre le personnel de l'ambassade des États-Unis en otage, certain que le meurtre a été commis par les services secrets américains. Alors que Wintergreen et Adeline échangent sur la première mission de l'équipe, Slade Wilson indique à Cyborg (au poste de surveillance de la JLA) que son équipe va s'occuper de cette prise d'otages. L'équipe se compose de Jericho (Joseph Wilson), Power Girl (Tanya Spears), Rose (Rose Wilson), Kid Flash (Wally West). Deathstroke prend la tête de l'équipe et ils débarquent sur l'île abritant le siège du gouvernement. Dans le même temps, Tara Markov vient proposer ses services à Adeline Wilson et William Wintergreen, pour intégrer l'équipe. Sur l'île, les membres de l'équipe Defiance se heurtent à une troupe de supersoldats appelés les Radiant Men, pendant que Deathstroke les plante là et se rend directement à la demeure du responsable de cette situation.

Pour pouvoir comprendre ce qui est passé par la tête de Slade Wilson, il faut avoir lu Titans: The Lazarus Contract avant. Christopher Priest continue sa narration assez personnelle, avec des scènes courtes dont la première page comprend toujours une case noire, avec le titre écrit en blanc dedans. Comme dans le tome précédent, le lecteur apprécie une narration plus resserrée, avec des intrigues secondaires moins nombreuses. le lecteur suit donc les interventions de l'équipe Defiance, les interventions d'Adeline Kane-Wilson pour essayer de conserver une forme de maîtrise sur l'équipe, le meurtre de l'Épicier qui provoque l'arrivée de son héritier Kiâu Jiao-Long (également de l'ethnie Hmong), le contrat qui a été passé sur la tête de Deathstroke par La Socitété, et bien sûr l'évolution de Slade Wilson qui conserve toujours 3 coups d'avance sur tout le monde, soit quand même 5 fils narratifs entremêlés. Pour autant, le lecteur ne se sent pas perdu car chaque fil narratif est clair et facile à suivre. Bien évidemment, il y a des interconnexions entre ces différents fils et des références aux épisode passés, mais sans aller jusqu'à des détails trop insignifiants. En étant d'un niveau plus accessible, cette lecture redevient plus agréable car le lecteur n'éprouve plus la sensation d'être parfois perdu, de ne pas savoir comment raccrocher tel scène au reste de la structure narrative. Il reste bien évidemment des questions, à commencer par savoir qui est cette mystérieuse Willow qui assassine un responsable d'une organisation criminelle Hmong. Néanmoins ce meurtre a une incidence directe sur les événements de l'histoire, et le lecteur se souvient bien quel personnage a des liens avec l'ethnie Hmong.

Christopher Priest facilite également la lecture en montrant dans un même épisode en quoi Slade Wilson peut avoir 3 coups d'avance sur les autres, à commencer par l'assassinat du chauffeur remplaçant du président Amir Ogdengenes. le lecteur prend donc un grand plaisir à voir comment cet individu réputé plus intelligent que les autres provoque des situations qui lui seront bénéficiaires non pas immédiatement mais à court ou moyen terme. Il regarde comment les autres individus essayent de s'adapter autour de lui. Joseph reste toujours sous le choc de l'assassinat de sa fiancée, mais ça n'exclut pas qu'il puisse draguer à nouveau. Wally West reste totalement désemparé, tout en ayant soif d'apprendre. Rose essaye de se rapprocher de son frère, tout en exposant son mari Hosun à la présence de Slade. Tanya suit le mouvement dans ce tome, et n'a pas beaucoup de place pour exister. le lecteur sait qu'il peut compter sur Tara Markov pour se conduire de manière immorale, ce dont il a la confirmation en découvrant ses activités en dehors de l'équipe. le scénariste maintient également le suspense avec le contrat passé sur la tête de Deathstroke par la Société (des supercriminels).

Ce tome bénéficie d'un dessinateur principal pour 4 épisodes consécutifs, qui a fort à faire comme d'habitude. Il doit commencer par gérer les nombreux personnages, tâche dont il s'acquitte avec aisance, tous étant aisément reconnaissable, même ceux qui n'apparaissent que le temps d'une poignée de cases comme Claire, la personne qui prend soin de Willow. Il dessine dans un registre réaliste et descriptif, avec un bon niveau de détail pour des comics de superhéros. Il respecte les particularités de chacun des costumes, y compris ceux des 8 membres de la société Black Manta, Deadline, Hector Hammond, Killer Frost (Caitlin Snow), Raptor, Reverse-Flash (Eobard Thawne), Ultra-Humanite et Vandal Savage. L'artiste se montre tout aussi compétent à mettre en scène les phases d'action : l'assassinat de l'Épicier à l'arme blanche, l'affrontement entre l'équipe Defiance et les Radiant Men, l'entraînement au cours duquel Deathstroke se retrouve passé au fil de l'épée, le choix cornélien de Kid Flash devant choisir entre arrêter des balles pour sauver des passants ou empêcher le tireur de recommencer.

En comparant avec le dernier épisode dessiné par Carlo Pagulayan, le lecteur observe que les contours de Neves sont moins peaufinés, mais qu'il s'investit plus dans les décors et dans le découpage adapté à chaque séquence. Par ailleurs Neves a tendance à insister un peu sur l'expression des visages des jeunes gens, pour un effet plus empathique que comique. Avec l'épisode 23, Priest se livre à un jeu cruel vis-à-vis de Wally West où il livre les observations intimes du jeune homme aux autres membres de l'équipe et en sa présence. le résultat est humiliant pour Wally West, surtout pour sa gentille honnêteté qui est raillée par les autres, avec des dessins qui le prennent en pitié, dans lesquels on voit bien que l'artiste souffre avec lui. Les 8 pages dessinées par Tom Grummett concilie les meilleurs aspects de ces 2 dessinateurs pour des pages très agréables à la vue, et bien encrées. La narration visuelle de ces 5 épisodes est donc de bonne qualité donnant aussi bien vie aux personnages qu'aux scènes d'action, ou aux moments reposant plus sur la personnalité des protagonistes et leurs émotions.

Tout en menant de front ses 5 fils narratifs avec brio et lisibilité, Christopher Priest continue de dresser un portrait psychologique complexe de Slade Wilson. du fait de ce qui est arrivé à Jericho et Wally, Slade a été amené à remettre en question son mode de vie et ses valeurs, à s'interroger sur les conséquences malfaisantes (evil) de ses actes. C'est la raison pour laquelle il a accepté de prendre en charge ses jeunes adultes et adolescents plutôt que de les manipuler pour son profit personnel, et qu'il a reconsidéré le type de mission qu'il accepte de réaliser. Comme il était en droit de l'attendre d'un auteur de la trempe de Christopher Priest, le lecteur peut voir que des années de vie d'assassin ne s'effacent pas d'un coup de baguette magique et que Slade Wilson éprouve toutes les difficultés du monde à couper le cordon avec ses anciens partenaires, et à envisager les autres personnes, autrement que comme des pions sur un échiquier. Avec ce point de vue en tête, le lecteur constate que cette série présente des qualités littéraires, avec une vision d'auteur.