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Corinne Jaquet (Autre)
EAN : 9782832110140
296 pages
Slatkine (27/10/2020)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Le 1er mai 1958, Charles Zumbach, 62 ans, est assassiné à Plan-les-Ouates, dans la campagne genevoise. Quelque temps plus tard, l'enquête s'oriente vers un homme jusque là au-dessus de tout soupçon et que certains verraient bien s'installer dans un fauteuil de conseiller fédéral : Pierre Jaccoud, avocat de prestige, ancien bâtonnier, politicien, député, membre de nombreux conseils d'administration, un homme cultivé, un fin musicien. L'arrestation provoque un tremble... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La Suisse se distingue des autres pays d'Europe par sa neutralité et son secret bancaire, mais elle s'en rapproche lorsqu'une affaire criminelle hors du commun défraye la chronique et justifie la venue à Genève de plusieurs médias européens, dont Paris Match, Détective, l'ORTF en la personne du chroniqueur judiciaire Frédéric Pottecher, et d'un ténor du barreau de Paris, Maître Floriot.
L'histoire commence comme n'importe quelle affaire judiciaire.
Le 1er mai 1958, dans la petite commune de Plan-Les-Ouates, proche de Genève, un paisible représentant en machines agricoles, Charles Zumbach-62 ans - est assassiné froidement et sauvagement de plusieurs coups de revolver, sa femme Marie, qui court alerter les voisins reçoit aussi des coups de feu, mais elle est seulement blessée. Son témoignage sera déterminant, ainsi que celui du voisin.
L'assassin s'est enfui en vélo...
Lorsque l'enquête démarre, les inspecteurs de police, suivent la procédure habituelle en interrogeant les proches de la victime.
Son fils André Zumbach, 27 ans, vivant encore avec ses parents, régisseur musical à Radio-Genève, fait état de coup de fil anonymes, le jour du meurtre, pour s'enquérir de ses horaires de travail, comme pour s'assurer qu'il ne sera pas présent dans la maison de Plan-Les-Ouates.
Est-ce Charles ou André que le meurtrier visait, s'interrogent aussitôt les enquêteurs ?
En poursuivant l'interrogatoire du fils, celui-ci les informe de sa liaison avec une de ses collègues, Linda Baud qui est la maîtresse du bâtonnier de Genève Pierre Jaccoud.
"Ces quelques mots ne font pas beaucoup de bruit dans la nuit de Pan-Les-Ouates. Mais c'est un coup de tonnerre dans la république." écrit Corinne Jacquet l'auteure de "L'Énigme Jaccoud"
Corinne Jacquet est chroniqueuse judiciaire, après avoir renoncé à écrire sur l'affaire Jaccoud en 1988, alors qu'elle travaillait pour le journal La Suisse, elle décide en 2020 de reprendre l'ensemble des minutes du procès, l'ensemble des pièces à conviction et des archives des investigations pour exposer dans le détail et avec la plus grande précision le déroulé de cette enquête hors normes.
Hors normes, parce que la qualité de l'accusé, il a fait et défait des carrières dans le domaine judiciaire et politique à Genève, après guerre, fait que la plupart de ceux qui vont mener l'enquête puis le juger sont des pairs, voire des amis, voire des ennemis politiques.
Cela explique la prudence excessive prise par les responsables de l'enquête et sa médiatisation à outrance, les partisans et les adversaires de Jaccoud justifiant par une argumentation symétrique, ce qu'ils considèrent comme une prudence excessive ou une volonté d'instruire le procès uniquement à charge.
Le rôle de la presse, notamment la presse française est également finement analysé par l'auteur. Les photos du journal Détective où Jaccoud s'étale en pleine page de couverture, et le nom et la photo des jurés en illustration des articles sont des pratiques difficiles à admettre aujourd'hui, mais courantes à l'époque.
Le procès n'épargne rien ni personne. La personnalité de Linda Baud, la maîtresse de deux hommes à la fois est disséquée et jetée en pâture.
Charles Zumbach qui louait des hangars à des petits truands genevois est quasiment présenté comme un parrain de la Maffia.
Le travail de Corinne Jacquet est admirable. Il pose la question des relations de la justice avec les prévenus et de la différence de traitement selon leur position sociale.
Elle ne donne pas de solution, car il n'y en a pas, mais se contente de démonter les mécanismes.
Après avoir lu L'inconnu de la Poste de Florence Aubenas, on ne peut s'empêcher de faire un parallèle entre la façon dont la justice aujourd'hui traite un marginal comme Thomassin, et la façon dont elle a traité Jaccoud à l'époque.
Cela tendrait à démontrer que rien n'a véritablement changé depuis que Jean de la Fontaine écrivait dans les animaux malades de la peste, en 1678, "Selon que vous serez puissant ou misérable Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir."
Merci à Babelio et aux éditions Slatkine pour cette découverte dans le cadre de la dernière Masse Critique.
Lien : https://camalonga.wordpress...
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Comme je suis suisse, je choisis souvent des livres qui me rappellent "mon pays natal". Avec celui-ci, j'ai découvert une affaire que je ne connaissais pas et qui s'est passé avant ma naissance !
Au départ, une histoire assez banale d'adultère qui finit mal, mais ce n'est ni le mari, ni l'épouse, ni la maîtresse qui meurt. A l'arrivée, un meurtre dont on ne connaît pas vraiment le coupable et une affaire qui secoue Genève peu avant 1960 et qui connaît même un retentissement international.
Corinne Jaquet nous relate cette affaire en s'appuyant sur l'ensemble de la procédure. Elle reste donc assez factuelle, mais n'hésite pas à faire part de ses questions ou de ses impressions. Elle nous livre aussi une belle description de Genève dans les années 1950 où la bourgeoisie radicale joue encore un rôle très important.
Quand on referme ce livre, la question de la culpabilité de Pierre Jaccoud demeure. Et on se dit surtout que c'était vraiment une affaire d'un autre temps, où les policiers portent des bicornes, où la police scientifique est encore à ses balbutiements et où une enquête criminelle manque vraiment de rigueur l
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Cette affaire Jaccoud a défrayé la chronique des années 1958 . Corinne Jacquet nous tient en haleine tout au long de son livre nous rendant témoin de cette histoire d'assassinat , de jalousie et de domination .
Pauvre Linda Baud , la jeune maitresse jetée en pâture à la presse friande de ces histoires d'adultère dans cette société calviniste et coincée .
Lorsqu'un personnage aussi connu que Pierre Jaccoud est mis en cause à Genève dans un assassinat toute la ville est en émoi et personne ne veut y croire et pourtant les preuves s'accumulent .
C'est vraiment l'histoire d'une chute d'un personnage fort peu sympathique et que beaucoup d'indices en font un coupable .Il est condamné ,mais cette peine de 7 ans ne convient pas si c'est vraiment lui l'auteur de l'assassinat, son statut social a sans aucun doute diminué sa peine .
Il fait tellement de recours après sa sortie de prison qu'il en est devenu presque risible pour tout abandonné finalement.
La société genevoise n'a pas voulu croire à la culpabilité de Pierre Jaccoud car cela remettait son propre statut en cause,son honorabilité.
Corinne Jacquet fait une analyse au scalpel de se procès dont elle a pu lire tous les procès verbaux. Un livre passionnant

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Depuis le début de l'affaire, deux camps se sont formés dans l'opinion publique genevoise. Il y a ceux pour qui un geste meurtrier de la part d'un homme comme Jaccoud est quelque chose d'impensable. C'est le cas de tous les témoins que l'on dit « de moralité »et qui sont venus dire à la barre qu'ils ne pouvaient pas un instant envisager Jaccoud commettre un crime aussi sauvage.Et puis il y a ceux que ce geste bouleversant l'ordre établi rassurait. Qui pensaient que les puissants ne sont pas à l'abri d'une faiblesse humaine tout en se pensant intouchables et protégés par le système. Ceux-là ont assisté mois après mois avec un certain délice à la descente en enfer de l'ancien «  monarque » du parti radical, qui a partiellement emporté ses amis politiques dans la débâcle. Amis qui, pour la plupart, l'ont laissé tomber. Etait-ce la honte qui rejaillissait sur la Genève moralisatrice ou la vexation d'avoir tressé des couronnes pour un homme qui ne les méritait pas ?
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Depuis deux ans, j'ai lu absolument TOUT ce que j'ai pu trouver sur l'affaire. J'ai voulu écrire sans parti pris. Je n'y suis pas totalement parvenue et j'en suis consciente. Pierre Jaccoud ne m'a pas convaincue.
Je regretterai longtemps la fois où; jeune journaliste à "La Suisse" et préparant une série d'été sur les grands procès de l'histoire genevoise (...), j'ai été en communication téléphonique avec l'ancien bâtonnier à qui je n'ai pas eu l'audace de demander un rendez-vous.
Nous étions à l'été 1988. Mes feuilletons figuraient chaque matin en bonne place dans l'édition et on en parlait de plus en plus.
En empoignant le combiné du téléphone, je ne me doutais de rien. De sa vois profonde, il s'annonça sobrement ; je ne sais pas ce que j'ai répondu. Après un court silence, il a articulé lentement : "Nous sommes bien d'accord : vous n'avez pas l'intention de parler de mon affaire ? " Était-ce une menace ? J'ai balbutié que non, certainement pas. Il m'a souhaité une bonne journée et il a raccroché. La direction du journal a estimé avec moi qu'il valait mieux éviter les soucis et j'ai remis le dossier prévu sous la pile.
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Vue de Paris, Genève est une ville de province, et la notion du compromis helvétique amuse. C'est presque un déplacement exotique pour les journalistes (...) James de Coquet (...) relève la petitesse de notre République : "Cette singularité tient au fait que Genève, ville d'un prestige considérable et qui a d'authentiques lettres de noblesse, est, en fait, une ville de 185000 habitants où vit une société aussi compartimentée que la société hindoue, et divisée en castes qui sont imperméables l'une à l'autre. Genève d'où partent des motions qui font le tour du monde a, pour son compte, des préoccupations qui sont à l'échelle d'une ville de province. Ce qui donnait à ce procès un air particulier."
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"Les femmes ont tenu dans ce procès une place éminente", écrivait Jean-Noël Cuénod dans son ouvrage de 1999. Pourtant, les femmes, à la fin des années cinquante, sont encore considérées à Genève comme des citoyennes de second rang.
On les dit fragiles, on prétend leur épargner les soucis de la marche du monde, oubliant que ce monde, elles l'ont porté bout de bras il n'y a pas si longtemps quand le pays comptait sur elles en l'absence des hommes mobilisés.
Elles n'ont pas encore le droit d'ouvrir un compte en banque, tout juste de prendre un bail à leur nom, avec la caution d'un homme de leur entourage.
Certaines doivent même renoncer à leur fonction lorsqu'elles se marient. Yvette, en épousant André, a dl abandonner son emploi, ainsi que le prévoyait une clause dans son contrat de travail à la poste.
Elles ne sont pas nombreuses à décrocher des diplômes de hautes études ou à travailler à l'extérieur, et ce n'est pas forcément bien vu, sauf si c'est pour être assistante de leur mari, par exemple. Les indépendantes sont regardées d'un œil mauvais, on les appelle alors des "femmes de mauvaise vie." La sexualité hors mariage est encore tabou.
Dans le rôle qu'on leur attribue, elles ont quelques défis à relever, comme, en France, le célèbre prix de la Fée du Logis.
Moulinex ne les a pas encore libérées...
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Plus haute était la position, plus rude est la chute.
Jaccoud est seul.
Il l'est d'autant plus que la Suisse n'a jamais eu un goût prononcé pour ce qui brille. Peut-être même n'aimons-nous pas trop l'arrogance et le mépris. Ou les têtes qui dépassent... et Pierre Jaccoud était de ceux-là. Ça n'en fait pas un coupable, m as mais cela ne l'a pas aidé. On l'a accusé autant qu'on l'avait craint.
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Videos de Corinne Jaquet (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Corinne Jaquet
Avec Corinne Jaquet pour son livre Meurtres à Genève aux éditions Slatkine . Au Salon du livre de Genève à Palexpo avec le Club du Livre https://club-livre.ch
Dans les années 1980 et 1990, Corinne Jaquet tenait la chronique judiciaire du plus grand quotidien genevois et c'est cette fréquentation des prétoires qui lui donna le goût de retrouver ces anciens faits divers. Considérée depuis comme une pionnière du roman policier en Suisse francophone, elle n'a jamais cessé de se passionner pour le fait criminel. La fiction qui est aujourd'hui au coeur de son travail n'est encore pas parvenue à dépasser la réalité.
REMERCIEMENTS
SALON DU LIVRE DE GENEVE @salondulivregeneve http://www.salondulivre.ch Laurence Brenner, Maud Couturier CLUB DU LIVRE @clublivreswiss https://www.club-livre.ch Manuela Nathan @Manuela.nathan , Aurelie Garcia @aurelieautheatre , Williams Mouriere, Yves Jaques, Michael Bouvard @Michael_Bouvard Interview de l'Auteur : Manuela Nathan Prod/Post-prod Interview de l'Auteur : Williams Mouriere, WM Productions
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