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Martin Morazzo (Illustrateur)
EAN : 9781631408663
104 pages
IDW Publishing (25/04/2017)
5/5   1 notes
Résumé :
"Art is anything you can get away with… destroy it all." Welcome to where art history, madness, and expression meet in a Pollock-splatter of thrilling crime adventure! When a mysterious change in the composition of a famous painting begins poisoning the minds of its spectators, Margot Breslin--director of the Bureau of Artistic Integrity--must pull famed "art detective" Arthur Brut out of a mental institution and back into the insanity that sent him there in the fir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il comprend les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2016/2017, écrits par W. Maxwell Prince, dessinés et encrés par Martin Morazzo, avec une mise en couleurs réalisée par Matheus Lopes.

Un guide conduit un groupe de touristes dans les salles du musée du Louvre à Paris. Il leur recommande de lâcher un peu leurs portables et leurs caméras pour apprécier les chefs d'oeuvre qui les entourent. Ils arrivent à la salle de la Joconde, et le guide commence son exposé, alors que plusieurs touristes constatent à quel point le tableau est de petite taille (77 centimètres). le guide s'agace parce qu'il entend des remarques mettant en cause le tableau, en particulier qu'il s'agit d'un faux. Il se retourne, regarde le sourire de Mona Lisa, et voit que son oeil gauche est fermé pour un clin d'oeil. Affolé, il court pour trouver un représentant du musée et lui dire qu'il faut prévenir le Bureau de l'Intégrité Artistique, un service international spécialisé. Peu de temps après, Margot Breslin, la directrice dudit Bureau, se rend dans un hôpital psychiatrique pour aller trouver Arthur Brut, le seul individu capable d'avoir une idée de comment commencer cette enquête.

Margot Breslin se tient face à un individu exalté, n'arrivant pas contenir ses émotions, mais totalement impliqué dans ce qu'elle lui relate des manifestations d'un groupuscule s'en prenant aux oeuvres d'art par une méthode indiscernable. Dans le même temps, une mère de famille conduit son fils Dylan Thompson, dans une institution spécialisée dans les thérapies à base d'arts créatifs et de jeux, appelée Centre Kinsville. Dylan souffre de troubles du langage, mais dessine très bien. Dans la salle de la Joconde, Arthur Brut examine le tableau et se moque de la pédanterie du guide, pendant que Margot Breslin passe en revue les faits et les preuves matérielles, avec un autre agent. Un groupe armé surgit et commence à ouvrir le feu.

Il y a comme ça des histoires qui semblent destinées à rester dans l'anonymat : un récit dont la quatrième de couverture ne dit pas grand-chose, une couverture qui semble illisible ou en tout cas surchargée et des auteurs pas très connus. Tout au plus, le lecteur se souvient des prestations sympathiques de Martin Morazzo sur 2 récits complets écrits par Joe Harris : Great Pacific,Snowfall. Néanmoins le lecteur aventureux peut éprouver de la curiosité pour un récit complet qui s'inscrit dans le domaine de l'art pictural. Dans un premier temps, le scénariste se raccroche au tableau le plus connu : le portrait de Mona Lisa peint par Léonard de Vinci (1452-1519) au début du seizième siècle. Mais au cours du récit, le scénariste intègre d'autres tableaux de maître comme Campbell's Soup Cans (Chicken with Rice, Bean with Bacon) réalisé en 1962 par Andy Warhol (1928-1987), le cri (1893/1917) d'Edvard Munch (1863-1944), La trahison des images (Ceci n'est pas une pipe, 1929) René Magritte (1898-1967), Un dimanche après-midi à l'île de la Grande Jatte (1884-1886) de Georges Seurat (1859-1891), Nighthawks (1942) d'Edward Hopper (1882-1967), Guernica (1937) de Pablo Picasso (1881-1973).

Effectivement W. Maxwell Prince écrit un récit dont l'intrigue découle de cette proximité avec l'art. le fait déclencheur apparaît au Louvre. Par la suite il y a un suicide collectif dans une classe d'art, et une visite dans un établissement de thérapie par l'art pictural. le scénariste égrène quelques oeuvres d'art célèbres, en prenant le temps à chaque fois d'utiliser leur apparence, mais sans rentrer dans les techniques picturales ou dans les courants d'art, leur théorie ou leur caractère innovant pour leur époque. Même si certains personnages peuvent pénétrer dans les tableaux et interagir avec un personnage (l'homme en train de crier dans le tableau de Munch par exemple), l'auteur utilise d'autres éléments culturels artistiques, comme la technique de Jckson Pollock (1912-1956), ou la vie privée d'Henri Matisse. le récit ne se limite donc pas à une enfilade d'une poignée de tableaux, dans lesquels pénètrent les personnages. de son côté, Martin Morazzo intègre à l'aide de l'outil informatique des tableaux de maître, à commencer par la Joconde bien sûr, mais aussi un ciel évoquant celui de la nuit étoilée de Vincent van Gogh, le Cri d'Edvard Munch et des tableaux de Matisse, Dali, Picasso, Kandinsky. Il ne s'agit pas juste d'une collection des oeuvres les plus évidentes et consensuelles.

D'entrée de jeu, le lecteur apprécie la consistance des dessins. Pour commencer la Cour Napoléon ressemble bien à la réalité avec les 3 pyramides de Ieoh Ming Pei. Ensuite la salle de la Joconde est bien authentique, à la fois pour l'architecture, pour son volume et pour la scénographie. Morazzo représente les arrière-plans avec une forte régularité, se démarquant ainsi des pratiques habituelles dans les comics ordinaires. le lecteur a l'occasion de se projeter dans les couloirs de l'établissement où est traité Arthur Brut, dans la salle de bain de Margot Breslin pour une séquence onirique puissante, puis dans sa cuisine, dans un bar pour rencontrer un professeur d'arts plastiques, ou encore dans le Centre de Kinsville. Il est visible que l'artiste prend plaisir à explorer l'arrière-plan de la Joconde quand 3 personnages y sont projetés, avec ces arches qui semblent incongrues, ou encore la promenade sur laquelle se tient l'homme en train d'hurler. Les passages par le pointillisme et par Guernica sont plus rapides, mais tout aussi inspirés.

Martin Morazzo s'investit tout autant dans les personnages, ceux avec un rôle de premier plan : Margot Breslin, une femme menue, un peu lasse, un peu dépassée, Arthur Brut, un jeune homme habité par des visions, ou Dylan Thompson, enfant ballotté par les demandes des adultes, sans pouvoir préjuger des conséquences de ses actes. En observant le groupe d'une quarantaine de personnes qui regardent la Joconde, le lecteur constate qu'ils ont tous des visages différents, des vêtements différents. Il en va ainsi de tous les personnages secondaires, depuis Inny l'amie de Margot Breslin, à Bill Wunderlich, le professeur d'arts plastiques angoissé. La mise en scène est tout aussi travaillée, pensée pour chaque séquence. Au fil du récit, le lecteur laisse son regard errer sur la vue d'ensemble extérieure du Centre Kinsville. Il reste subjugué par l'effet des couleurs se déversant du pommeau de douche de Margot. Il éprouve de la peine pour Dylan Thompson lorsque Peter Oldenburg lui explique les activités auxquelles il doit participer dans le Centre. Il sourit en voyant les personnages traverser le tableau de Georges Seurat. Il constate la violence de l'avancée de Margot Breslin, pistolet au poing et abattant les hommes de main de Peter Oldenburg. À part la première couverture, il sourit encore en voyant la manière dont Morazzo détourne des tableaux connus. Il découvre en fin de volume, les couvertures alternatives réalisées par Frazer Irving (numéro 1), Stéphanie Hans (numéro 2), Nimit Malavia (numéro 3) et Brendan McCarthy (numéro 4).

L'intrigue repose donc sur un mystère et une enquête : des individus subvertissent des oeuvres d'art causant des paniques pouvant aller jusqu'au suicide et il faut les identifier et les neutraliser. La narration est très linéaire et très facile à suivre, sans aucune velléité intellectuelle ou magistrale. Elle tire sa richesse des éléments qui y sont intégrés, sans que les auteurs ne se croient obligés de pontifier. le lecteur prend plaisir à ce divertissement premier degré, inventif et original. W. Maxwell Prince ne souhaite pas expliciter le principe qui permet à Arthur Brut de passer dans les tableaux, ni celui qui permet aux criminels de modifier les tableaux. Il ne se lance pas non plus dans un exposé sur les liens entre l'art et la réalité, ou sur les effets produits par les oeuvres d'art. Il s'en tient à un niveau immédiat, où le lecteur voit la détresse des personnes subissant la vue des oeuvres altérées. le lecteur est donc libre d'apprécier ce récit au premier degré et de s'en tenir là avec un divertissement original, servi par des dessins descriptifs et des mises en scène efficaces et joueuses. S'il le souhaite, il peut s'amuser à formuler lui-même les métaphores que constituent ces situations littérales. En fonction de son état d'esprit, de sa culture et de sa formation, il peut voir dans ces situations l'expression directe de réflexions philosophiques sur l'art.

Pour peu qu'il se soit laissé tenter par cet ouvrage, le lecteur ne regrette en rien le temps passé. Il a plongé dans une enquête inattendue et amusante, haute en couleurs, faisant bon usage des références à des tableaux de maître, réalisés par de auteurs disposant d'une culture à la hauteur de leurs ambitions.
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