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C'est l'oeuvre la plus longue de la Recherche du temps perdu, située en plein milieu ; une fois que vous l'avez refermée, vous pouvez prendre un moment pour vous féliciter avant de passer à la suite : vous avez passé le sommet de la montagne. le reste, c'est de la descente.

Ouvrage principalement axé sur le thème de l'homosexualité, ou plutôt de « l'inversion », pour reprendre l'euphémisme consacré, ce tome IV accorde une place privilégiée au personnage de M. de Charlus, déjà savoureux dans le Côté de Guermantes. Si le narrateur pouvait jusque-là vaguement abuser son lecteur sous couvert de fausse naïveté sur les penchants véritables du digne aristocrate, force lui est de constater de la façon la plus frontale la personnalité cachée d'une partie inquantifiable de la population, que la littérature rattache comme par une continuité héréditaire aux fameuses cités détruites par Dieu évoquées dans la Bible qui donnent son titre à l'oeuvre. Et pour cause, le narrateur semble se découvrir comme cerné par les invertis, hommes ou femmes, qui se signalent d'ailleurs en général par leur férocité mondaine vis-à-vis de leurs semblables. Si l'homosexualité masculine est traitée sous un jour volontairement grotesque, comme un milieu de faveurs et de chantages, l'homosexualité féminine bénéficie d'un regard beaucoup plus subtil, beaucoup plus intrigué, beaucoup plus inquiet face à la facilité de leurs pratiquantes à se fondre dans la masse, à commencer par Albertine, avec laquelle le narrateur commence à développer un lien vraiment particulier.

Si la première partie du livre porte plutôt à sourire des frasques exagérément viriles de M. de Charlus, dont plus grand-monde ne semble dupe, qui s'ingénie à trouver les procédés les plus tarabiscotés pour ramener à lui son jeune éphèbe sans avoir l'air d'y tenir, la seconde partie est plus portée sur les nouveaux riches, avant de s'assombrir avec les suspicions qui commencent à hanter la psychologie du narrateur. C'est l'entrée dans le fameux salon des Verdurin où l'ombre de Swann et Odette plane en permanence sur les rituels des habitués cocasses. Ce sont les grands voyages en automobile entre les bras d'Albertine, figure adorée pour ce qu'elle incarne et méprisée pour ce qu'elle est, avec laquelle le narrateur fait l'expérience du soupçon, obsédé par l'idée qu'il ne parvient pas à la saisir et donc à la posséder pleinement. le narrateur occupe une position intenable entre la rupture et le mariage qu'il va bien falloir quitter, choix au sein duquel le bonheur ou le salut de la jeune fille n'ont paradoxalement aucun poids, ni même la perspective de la vie commune, mais qui est entièrement guidé par les exigences de l'équilibre émotionnel immédiat du narrateur.

Je retiens, en plus de la plus longue phrase de la Recherche (de la littérature française ?) qui décrit avec beaucoup de sensibilité et de mélancolie l'existence de l'inverti, la prise de conscience véritable de la mort de la grand-mère au début du second séjour à Balbec, qui constitue un rare moment de douleur authentique dénuée de considération égoïste, tout en caractérisant puissamment le lien qui unit le geste anodin et le souvenir enfoui.
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SODOME ET GOMORRHE de MARCEL PROUST
C'est la deuxième partie d' À la Recherche du Temps Perdu, un moment clé du récit, le narrateur va observer de ses yeux le Baron Charlus et avoir la surprise de constater que c'est un « inverti ». On peut dire qu'à partir de cette découverte son analyse des hommes et des femmes va se transformer et des éléments qui avaient pu le surprendre, comme avec son ami Saint Loup, vont trouver une explication. Certains regards d'Albertine envers la gent féminine vont désormais le faire douter des tendances profondes de celle qu'il entend prendre pour femme. L'affaire Dreyfus traverse violemment la noblesse et la bourgeoisie, le Duc de GUERMANTES retourne sa veste et devient dreyfusard. Retour à Balbec, réminiscence douloureuse de la mort de sa grand-mère, il désire de nouveau Albertine tout en lui laissant croire plus tard qu'il a une passion pour son amie Andrée! Sur la plage des lesbiennes s'affichent ouvertement et le narrateur s'interroge sur les relations qu'a pu avoir Charlus avec le Duc.
Sodome et Gomorrhe est clairement un tournant dans la narration et c'est une partie tout à fait passionnante avec en prime la phrase la plus longue écrite par Proust.
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J'avance dans ma lecture d'À la recherche du temps perdu. Je viens de finir de lire le quatrième tome. J'apprécie toujours autant d'être plongée dans cette atmosphère si particulière.
Dans ce tome, plein de rebondissements.
L'histoire d'amour du narrateur avec Albertine connaît encore plein de rebondissements. Entre désir profond et ennui certain, entre jalousie et vengeance, entre tendresse et amour, il ne sait plus que faire, les revirements de situations sont fréquents.
Le narrateur est toujours aussi torturé qu'angoissé. Son imagination fait des merveilles, augmentant encore ses suspicions.
Le personnage central de ce roman est M. de Charlus, sa vie, ses moeurs et son homosexualité. Un personnage à la fin sympathique et antipathique, haut en couleur et ayant une certaine personnalité bien marquée.
Voyage à Balbec, Deauville, Doncières et sur toute la côte et les terres normandes. Un bol d'air et de mer, du sable, les dunes et des repas mondains un peu ennuyeux parfois. Ils sont trop riches et guindés pour moi, mais ils sont le lieux et la principale activité de cette société bourgeoise qui s'épie, se copie, entre surenchère et richesse, qui se dénigre et se moque.
Entre quiproquo, non-dit et fausses vérités, chaque personnage à ses secrets. Certains sont dévoilés, d'autres non, mais nous lecteurs, on sait...
Atmosphère toujours aussi poétique que humoristique. Comme une critique de la société dans laquelle vit le narrateur. Les caricatures ne manquent pas.
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Je continue mon voyage à la recherche du temps perdu et si j'apprécie chaque étape, Sodome et Gomorrhe m'a fait sentir à quel point chaque tome s'intègre dans un tout d'une plus grande ampleur.

[Attention spoiler dans les lignes qui suivent]

Le narrateur est de retour à Balbec, endroit qui lui rappelle sa grand-mère et leurs moments passés ensemble. Son deuil est si réaliste, sa douleur si poignante, que j'en ai eu le coeur serré.
Une fois passées ces premières et funèbres émotions, le ballet des invitations, des dîners, des visites, reprend de plus belle.

Les relations amoureuses sont au coeur de Sodome et Gomorrhe et le narrateur les observe, les dissèque, que ce soit les siennes ou celles des autres, qu'elles soient homosexuelles ou hétérosexuelles.

Exit Saint-Loup et les Guermantes, place au Baron de Charlus et aux Verdurin. Je préférais les précédents mais l'analyse est toujours aussi fine, l'écriture toujours aussi belle.
Et la petite musique de Proust continue de m'enchanter.
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J'ai lu seulement un petit nombre de romans de Marcel Proust. Je sais parfaitement que cet auteur est un immense romancier et j'estime que sa personnalité était complexe mais attachante. Mais son écriture très particulière – dont les caractéristiques sont devenues proverbiales – exige du lecteur une grande concentration et une certaine patience. Tout le monde n'a pas envie de faire cet effort, même s'il faut "avoir lu Proust".

J'ai entamé "Sodome et Gomorrhe" mais, ayant lu sa première (courte) partie, j'ai renoncé à me lancer dans sa seconde (longue) partie. En lisant ces quelques pages, j'ai retrouvé l'extrême finesse d'observation de Proust, mais aussi ses "divines longueurs" qui m'ont vite harassé.

Dans cette première partie du roman, tout est centré sur le manège du vieux Charlus avec le giletier Jupien, espionné par le narrateur. Cette situation très particulière est exposée d'une main de maître par l'auteur. Celui-ci livre aussi une analyse détaillée du comportement de "l'inverti". Ce sujet est particulièrement intéressant, puisque Proust était lui-même un homosexuel.

Je serai franc: je me sens définitivement incapable de lire "La recherche" malgré son intérêt général, qui est indiscutable.
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Dans une vidéo youtube Guy Schoeller raconte que Gaston Gallimard lui avait appris à lire Proust de la manière suivante : « Vingt pages par jour du lundi au samedi ». Tout comme le premier tome, cette vitesse de lecture est très agréable pour se baigner dans le fleuve proustien sans s'y noyer. Cela crée un rendez-vous quotidien avec juste ce qu'il faut pour savourer ou patienter lors des rares passages m'ayant paru longs. de plus cela permet d'avoir une autre lecture en parallèle.

Une fêlure s'était produite durant la fin du tome 3 où la description de l'aristocratie sur plus de cent pages m'était ennuyante au possible. Ce tome 4 fut une cassure nette avec une lecture en mode zombie par automatisme : alors que durant les trois premiers tomes (jusqu'au second diner du narrateur dans le tome 3) je me réjouissais de lire vingt minutes chaque soir, ce tome 4 fut presque une corvée quotidienne à expédier sans passion.

Certes il y a toujours des maximes succulentes, certes la description de la société de l'époque est fertile, certes le style de Proust est toujours incroyablement beau à glisser tout seul mais sur le fond, ce tome 4 répète beaucoup de choses des tomes précédents ; réception, bourgeoisie, aristocratie. de plus, pour la première fois je fus outré par le comportement du narrateur (avec Albertine : jalousie, possession, mensonges). Ce vif sentiment est toutefois une réussite de Proust qui réussit justement à dépeindre un humain, ses passions, son évolution mais ma distanciation avec le narrateur s'ajoute à un environnement descriptif répétitif jusqu'à saturation (à mes yeux).

Heureusement le thème de l'homosexualité masculine et féminine est passionnant à lire mais cela représente mis bout à bout moins de la moitié du livre. Je suis donc mitigé sur ce tome 4 dont la densité des passages plaisants chute drastiquement par rapport au trois premiers tomes.

Dans les critiques une lectrice dit avoir abandonné À la recherche du temps perdu à quelques pages de la fin de ce tome 4 et cela faillit être mon cas. Souhaitant avoir une vision globale de ce roman et parce qu'il s'agit d'une lecture lue en famille, je la continuerai jusqu'au bout (fin juin) mais j'espère retrouver un narrateur moins détestable et surtout beaucoup moins de descriptions de la bourgeoisie et de l'aristocratie.

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Challenge Pavés 2024
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Plus j'avance dans ma lecture de « La recherche », plus je m'aperçois qu'il est absurde de chroniquer indépendamment les sept volumes qui la composent tellement ils sont liés les uns aux autres pour former une totalité.
Je vais donc attendre d'avoir digéré « Le temps retrouvé » pour livrer mon ressenti... Avec une humilité qu'exige ce chef-d'oeuvre.

EXTRAITS
- Il y a une chose aussi bruyante que la souffrance, c'est le plaisir.
- de même que certains juges supposent et excusent plus facilement l'assassinat chez les invertis et la trahison chez les Juifs pour des raisons tirées du péché originel et de la fatalité de la race.
- Il n'y avait pas d'anormaux quand l'homosexualité était la norme.
- L'opprobre seul fait fait le crime.
- Malheureusement dans le monde (…), les victimes sont si lâches qu'on ne peut pas en vouloir bien longtemps aux bourreaux.
- On serait à jamais guéri du romanesque si l'on voulait, pour penser à celle qu'on aime, tâcher d'être celui qu'on sera que on ne l'aimera plus.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Sodome et Gomorrhe. Ce livre m'a tant hanté ! J'avais commencé à le lire il y a quelques années déjà, mais l'épuisement des premiers tomes lus d'une traite, ainsi qu'une édition intégrale brochée compliquée à transporter m'avait imposé une pause.

Il s'est passé dix ans depuis.

J'ai lu avec intérêt les premiers livres en fac de lettres à l'âge où je connaissais les livres avant la vie.

Proust était brillant. le rythme des phrases, les images et le monde exceptionnels. Je me lovais dans son univers.

Depuis, l'iPhone et les séries TV ont « disrupté » la planète. J'évolue dans un monde de l'inattention, du zapping, de l'absence de pitié pour les oeuvres qui n'accrochent pas dès la première page. J'ai appris la vie et l'univers qui m'entoure.

J'ai tant désiré Proust et aimé l'aimer, il y a dix ans. Son style, ses phrases qui noient ceux qui n'y plongent pas. J'avais le temps et la patience à 20 ans. Aujourd'hui, mon temps est ce que j'ai de plus précieux. Je ne l'accorde plus aussi facilement. Je deviens exigeant. Si je n'apprends rien sur moi ou le monde qui m'entoure, je lâche prise.

L'histoire ? Oh là ! de longues pages à tergiverser sur sa manière de rencontrer le prince à une soirée mondaine dont je n'ai rien à faire…

C'est bien écrit, je n'ai rien à dire, mais pas pour moi. Ai-je trop vécu et vu que la vie se trouve ailleurs que dans les livres écrits pour d'autres ? Suis-je encore trop jeune pour comprendre l'importance de prendre le temps ? Ou ce livre n'est plus de mon époque ?

Je suis d'accord avec Philippe Djian quand il dit : « Bien sûr, quand je lis Proust, comme cela m'arrive parfois, je peux être ébahi de tant de beauté. Mais au fond, la langue de Proust ne me sert à rien. »

C'est ça. C'est beau, mais ce livre ne m'apprend rien ni sur moi ni sur le monde auquel je me confronte. Les gays ne sont pas seuls, ne sont pas des hommes inversés. Je sais que Proust était d'une autre époque, mais il ne comprenait déjà pas l'homosexualité ou la présentait mal. Son discours ne me sert en rien. S'il avait vécu en 2018, il n'aurait certainement pas écrit la même chose. Et ce qu'il aurait taillé dans une langue vive et saccadée, reflet de notre époque, m'aurait intéressé.

Mais là, je l'abandonne.

À d'autres.
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Lue l'intégral de la Recherche du temps perdu la première fois en 1981... pendant mon service militaire ! Depuis, relue 3 fois, la dernière en 2008... et là, ça me manque... je vais bientôt replonger... pour la 5ème fois...
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Je ne vais pas répéter tout ce qui a été dit sur Proust, dire que je fais partie du petit nombre qui prend un réel plaisir à le lire et à le relire. La vraie difficulté c'est de trouver un endroit où on peut refermer (temporairement) le livre. D'habitude, on trouve toujours la fin d'un paragraphe, d'un chapitre ou du moins la fin d'une description, du développement d'une idée, avec Proust, ça peut vous emmener très loin.
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