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"Sodome et Gomorrhe" est la quatrième partie de la Recherche du Temps Perdu. Proust y reprend d'une autre manière la dualité des livres précédents du roman : de même qu'il y avait deux "côtés", celui de chez Swann, des amis bourgeois de la famille, et celui de Guermantes, réservé à la haute noblesse, à la mondanité et au snobisme, de même ici on rencontre les deux "cités", celle de l'homosexualité masculine, la biblique Sodome, et celle de l'homosexualité féminine, Gomorrhe. Proust préfère d'ailleurs au terme allemand, de fabrication récente, d'homosexualité, "inversion", plus classique, et "invertis", pour désigner ceux qu'il appelle les "hommes-femmes". On découvre d'abord avec le héros narrateur les goûts et les moeurs de M. de Charlus, dont le comportement incompréhensible dans les parties précédentes le plongeait dans la perplexité et la colère. Il l'épie, l'étudie, le scrute, et croit adopter ainsi un rôle "d'herborisateur humain, (de) botaniste moral" (p. 30), avec toute la distance scientifique de l'amateur de raretés et de coutumes exotiques. Lors d'une soirée chez la Princesse de Guermantes, il fait en ethnologue la chronique de Sodome à Paris, mais plus tard, la relation entre M. de Charlus et Morel, le jeune et beau violoniste, développe le thème déjà connu des souffrances et des horreurs de l'amour. Qu'il s'agisse de deux hommes ne change absolument rien aux yeux du narrateur. Seuls les risques de scandale, la répression et le chantage rendent dangereuse la vie des Sodomites, dont les penchants sont jugés anormaux dans le roman.
*
Adoptant cette position d'observateur détaché, le héros ne se rend pas compte que Gomorrhe va métamorphoser profondément sa vie et lui causer d'atroces souffrances, de la même nature que celles de M. de Charlus, de Swann, de Saint-Loup. En effet, il découvre qu'Albertine, la jeune fille en fleur dont il est amoureux, est intimement associée à une autre scène homosexuelle qu'il a surprise chez Melle Vinteuil, à Montjouvain, (Du Côté de chez Swann, p. 157). Cette découverte l'accable, lui cause de vives douleurs et précipite ainsi, en termes chimiques, l'alliage de l'amour et de la jalousie qui l'attache désormais à Albertine, au moment même où il comprend qu'il ne la connaîtra, ne la possèdera jamais. Il voit dans cette révélation, symétrique de la première au début du roman, la punition de son voyeurisme : "faire éclater à mes yeux les funestes conséquences que les actes mauvais engendrent indéfiniment, non pas seulement pour ceux qui les ont commis, mais pour ceux qui n'ont fait, qui n'ont cru, que contempler un spectacle curieux et divertissant, comme moi, hélas ! en cette fin de journée lointaine à Montjouvain, caché derrière un buisson, où (comme quand j'avais complaisamment écouté le récit des amours de Swann), j'avais dangereusement laissé s'élargir en moi la voie funeste et destinée à être douloureuse du Savoir." (Pléiade III, p. 500). L'amour lesbien est représenté différemment, sous l'aspect d'un mystère célébré entre femmes, auquel les hommes ne peuvent avoir le moindre accès. L'amour lesbien est donc l'occasion de tous les fantasmes, de toutes les jalousies et de tous les rêves, bien plus que celui des Sodomites, qui est laid, grotesque et souvent odieux (comme l'ont reproché à l'auteur des lecteurs aussi avisés que Gide ou Jacques Rivière)
*
Dans ce roman, l'homosexualité est, sinon un vice (ce terme est souvent récusé dans le texte), du moins une anomalie qui détruit la vie de ceux qui en sont atteints, qu'elle condamne à faire le mal. Mais l'amour proustien, hétéro- ou homosexuel, est également, toujours et pour tous, synonyme de souffrances d'autant plus sensibles qu'elles sont, au fond, illusoires : "j'eus l'idée que ... mon chagrin [était] quelque chose comme celui que donne la lecture d'un roman et dont un fou seul pourrait faire un chagrin durable et permanent ... ; qu'il suffirait peut-être d'un petit mouvement de volonté pour atteindre ce monde réel, y rentrer en dépassant ma douleur comme un cerceau de papier qu'on crève ..." (510).
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Comme "A l'ombre des jeunes filles en fleurs", Sodome et Gomorrhe fourmille d'admirables pages marines, de paysages et de lumières magiques, et comme "Le Côté de Guermantes", de soirées mondaines ridicules, car la rêverie sur les noms les a désertées. Mais l'auteur, loin de se répéter ou d'exploiter à fond des thèmes déjà connus, dans "Sodome et Gomorrhe" use d'un ton plus âpre, pratique une satire plus acide, et la beauté partout présente ne va jamais sans douleur.
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Après avoir été émerveillé par les trois premiers tomes de "La Recherche", j'ai eu plus de mal à cerner ce quatrième tome.

Il m'a surpris de prime abord par sa partie I, fort courte, qui évoque la découverte par le narrateur de l'homosexualité "passive" du Baron de Charlus, et par la digression à ce propos sur "La race des tantes". Si les réflexions qu'elle comporte ont sans doute dû choquer lors de sa parution, je l'ai trouvée un peu désuète, notamment le contrepoint avec la fertilisation des fleurs. Mais les propos d'une grande vérité sur la vie difficile de la minorité homosexuelle restent malheureusement d'actualité.

Comme le Côté de Guermantes, Sodome et Gomorrhe est très bien construit, comportant de façon symétrique deux réceptions mondaines, celle chez les élégants et raffinés Prince et Princesse de Guermantes au début du roman, et dans la seconde moitié du roman, celle chez les Verdurin, ces riches bourgeois parvenus, déjà vus dans du côté de chez Swann, et que l'on retrouve ici en villégiature près de Balbec.

Entre ces deux épisodes et à la fin du roman, notre narrateur nous livre le récit de ses "aventures" avec Albertine, ses états d'âme (je t'aime un peu, beaucoup....pas du tout!), ses interrogations sur l'homosexualité d'Albertine, sa jalousie presque morbide, et pour finir sa "décision" d'épouser Albertine. Cette relation est étrange, possessive sans être vraiment passionnée, maladivement jalouse sans être réellement aimante. Elle fait le pendant à celle de Swann et Odette dans le premier tome de la Recherche. Est-ce de cette façon plutôt cruelle que Proust voyait la relation amoureuse?

Au milieu du livre, en miroir avec le Côté de Guermantes, le souvenir de la mort de la grand-mère fait une irruption brutale et poignante dans le souvenir du narrateur alors qu'il s'installe dans le Grand Hôtel de Balbec.

Un nombre incroyable de personnages apparaît dans le roman, et leur description fait, je trouve, toute la saveur de cet épisode de la Recherche.
Qu'il s'agisse des invités du Prince et de la Princesse de Guermantes, l'efféminé Vaugoubert amateur de jeunes gens et sa femme au physique masculin, Madame de Saint-Euverte à la chasse au futurs invités pour ses réceptions, la belle Madame de Surgis et ses fils, ou de ceux du clan Verdurin, l'érudit Brichot et sa passion pour l'étymologie, l'effacé Saniette, le prétentieux Docteur Cottard et sa femme, la hautaine et riche Princesse Sherbatoff, mais aussi les invités occasionnels, la Marquise douairière de Cambremer, son fils et sa belle-fille, ce sont des descriptions pleines d'ironie et d'humour, souvent féroces notamment sur les défauts physiques, qui nous sont livrées.
Tout ces petits mondes sont pour moi surtout marqués du sceau de la futilité, du ridicule et de la méchanceté. Mention spéciale pour les Verdurin, dont je m'imagine qu'ils sont le modèle de ces bourgeois riches qui cherchaient à briller comme les aristocrates. Madame Verdurin mène à la baguette sa petite "chapelle" de fidèles (Saint-Loup les qualifiera de"cléricaux"), qui, finalement bien plus que les aristocrates, se complaisent dans un petit monde fermé, où toutes et tous se confortent dans les mêmes opinions. Leur étroitesse d'esprit, leur sectarisme, leur ridicule, cela ne vous rappelle rien? Et tous ces petits cercles qui se croient le nombril du monde, ces groupes "d'amis" Facebook, et tous ces groupes qui fleurissent sur les réseaux?
Le narrateur, qui est l'oeil de Proust, a, je trouve, une attitude ambiguë à l'égard de ces microcosmes, à la fois attiré, fasciné et à l'aise comme un poisson dans l'eau au sein de ces mondanités, et en même temps, un observateur implacable et sans complaisance de la bêtise humaine qui s'y déploie.

J'ai trouvé d'ailleurs, dans cet épisode, que beaucoup de personnages sont plus bas, plus sombres, plus balzaciens que dans les épisodes précédents. Outre les Verdurin, ainsi en est-il de Morel, le violoniste "protégé" du Baron de Charlus, une salaud hypocrite et manipulateur, de son ami le chauffeur, du liftier. Mais il reste quand même Aimé, le Maître d'Hôtel, avec sa bonhommie et ses inénarrables fautes de français. Et enfin on note que n'apparaissent que très peu la maman du narrateur, la cuisinière Françoise et l'ami Saint-Loup. Et Swann, vieilli et malade, ne fait qu'une brève et crépusculaire apparition à la fin de la soirée du Prince de Guermantes.

Sodome et Gomorrhe est surtout marqué par la présence saisissante d'un personnage extraordinaire, qui rattrape un peu la médiocrité de tous les autres, c'est Palamède Charlus (le Mémé de la Duchesse de Guermantes). Ce Baron, frère du Duc de Guermantes et cousin du Prince, que l'on avait vu bien désagréable dans les épisodes précédents, prend ici une dimension toute nouvelle, et se montre bien plus complexe et touchant. Certes il est toujours aussi imbu de lui-même et de son ascendance aristocratique glorieuse, parfois totalement grossier avec qui ne lui plaît pas (ainsi Madame Sainte-Euverte), mais c'est aussi un esthète raffiné, un artiste capable d'accompagner au piano son ami violoniste Morel, un être qui se révèle, dans sa relation aux autres, à la fois fort et faible, rude et sensible. le portrait de cet excentrique vieillissant et "accroc" à la beauté des jeunes mâles est magnifique.

Et puis, bien entendu, comme le suggère le titre, c'est la question de l'homosexualité qui obsède tout le roman. Les adeptes masculins en sont nombreux, Charlus avec Jupien puis avec Morel, Vaugoubert au Faubourg Saint-Germain, Nissim Bernard à Balbec, et même le prestigieux Prince de Guermantes qui tentera (en vain) d'avoir un rapport sexuel avec Morel dans une "Maison de plaisir" près de Balbec. Et du côté féminin, la danse langoureuse, "collé-collé", d'Albertine et de son amie Andrée fera bien gamberger notre narrateur, lui rappellera la vision saphique dans le salon de Mademoiselle Vinteuil et le conduira à "enlever" Albertine à Paris ("il faut absolument que j'épouse Albertine"), et c'est là, je suppose qu'elle sera "La prisonnière" du tome 5.

Quelques remarques pour terminer. On retrouve dans ce tome 4 de la Recherche l'intérêt de Proust pour la modernité. Cette fois, ce n'est pas la photographie et le téléphone est devenu objet courant. Mais l'automobile qui change le rapport à l'espace et au temps et changerait même la conception de l'art. C'est aussi un aéroplane qui fait un passage émouvant dans le ciel.
Et puis, on retrouve aussi l'amour de Proust pour les noms de villes, de "pays", d'autant plus extraordinaire qu'ils sont très souvent inventés, et qui donnent lieu à un festival d'étymologies conduit par l'universitaire Brichot.

En conclusion, cet épisode a été pour moi plus difficile d'accès et m'a donné le sentiment d'être plus sombre que les précédents. On est loin de l'insouciance de l'enfance ou du séjour à Balbec des Jeunes Filles en Fleurs. le narrateur a vieilli...mais il reste toujours aussi inconstant et indécis! Qu'en sera-t-il de la suite?



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Comme pour chaque tome de la Recherche jusqu'ici, je ressors avec des sentiments partagés, voire contradictoires. J'ai ri à de nombreux passages où Proust se moque des défauts de langage de différents personnages, le plus savoureux sans doute concerne le directeur de l'hôtel de Balbec. le narrateur devient aussi de plus en plus caustique dans ses observations sur les moeurs des aristocrates, leur pédanterie, leur mauvaise foi; il décortique, à mon plus grand plaisir, ces comportements stéréotypés où les apparences font loi. Les opinions émises ici et là sur les hommes-femmes m'ont semblé nébuleuses quoiqu'intéressantes, mais on sent une certaine retenue, voire un malaise, à aborder le sujet de front, bien que pour l'époque ce soit déjà probablement beaucoup. J'aime bien aussi retrouver les personnages qu'on a appris à connaître au fil des tomes précédents. L'écriture reste musicale à la façon de Mahler; complexe et envoûtante, riche et précise à la fois. Je reste parfois, et finalement assez souvent, bouche bée devant les enchevêtrements de mots, tangentes et digressions qui, comme par magie, finissent par se réaligner pour former non seulement un propos cohérent, mais aussi une oeuvre d'art en soi.

Par contre, l'étalage d'érudition mythologique m'a agacé, moins toutefois que les longs et ennuyeux passages sur la toponymie. le narrateur m'apparaît de plus en plus odieux dans son comportement envers Albertine à qui, notamment, il ment comme un arracheur de dents à propos d'un supposé mariage, juste pour susciter sa jalousie. C'est vrai qu'en cette matière il s'y connaît, lui qui, prêt à laisser Albertine, retarde son projet parce que sa mère a osé lui suggérer de la faire, abandonne carrément l'idée lorsqu'il pense que sa belle aurait peut-être eu des relations lesbiennes et se démène comme un diable dans l'eau bénite pour la priver de toute tentation de récidive. J'ai rarement rencontré des personnages dotés d'une telle confusion de sentiments doublée de comportements aussi discutables. Malgré ces montagnes russes, l'aventure se poursuit et il me tarde déjà d'entamer «La prisonnière».
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Le 4ème tome, point de bascule de l'ensemble et explosion du "point aveugle" de l'homosexualité.

Publié chez Gallimard également en deux volumes, en 1921 et 1922, le quatrième tome de "La Recherche", "Sodome et Gomorrhe", est aussi le dernier à avoir été publié du vivant de Proust, et donc le dernier auquel il ait pu consacrer les relectures fiévreuses lui ayant jusqu'alors toujours permis de maintenir la cohérence globale de son incroyable enchevêtrement chronologique.

Il s'agit sans doute du tome "central" de l'oeuvre, à la fois par sa position en "ligne de crête" entre la jeunesse et la vieillesse (il n'y a guère d' "âge adulte", en réalité, dans les 2 500 pages du roman), et par l'explosion (normalement inattendue du lecteur, même si elle a été fort soigneusement préparée par l'auteur) d'un grand "point aveugle" du roman, déterminant pour la lecture et pour le destin de nombreux protagonistes, à savoir l'homosexualité masculine ("Sodome") et féminine ("Gomorrhe").

La scène initiale du volume, sans doute l'une des plus célèbres de toute la Recherche, est très atypique, puisque terriblement « dans le vif du sujet », et sans fioritures, incluant le fameux parallèle avec le « vol du bourdon » : le narrateur est témoin oculaire – et ignoré - de l'un des secrets jusqu'alors les mieux gardés (en théorie) de Charlus, à savoir son homosexualité et sa recherche plutôt agressive de « rencontres » (même si le narrateur « âgé », depuis le bout de la Recherche d'où il écrit, avait bien entendu laissé nombre d'indices plus ou moins directs au lecteur), donnant l'occasion au narrateur d'un exposé décapant sur le statut social de l'homosexualité masculine en ce début de vingtième siècle. Fidèle néanmoins à sa manière désormais familière au lecteur de laisser le moins possible un élément de narration servir une seule cause, l'auteur poursuit l'un de ses tissages les plus chers, celui qui questionne sans relâche les apparences, et plante avec détermination certaines banderilles essentielles pour les deux tomes qui suivront.

« Dès le début de cette scène une révolution, pour mes yeux dessillés, s'était opérée en M. de Charlus, aussi complète, aussi immédiate que s'il avait été touché par une baguette magique. Jusque-là, parce que je n'avais pas compris, je n'avais pas vu. le vice (on parle ainsi pour la commodité du langage), le vice de chacun l'accompagne à la façon de ce génie qui était invisible pour les hommes tant qu'ils ignoraient sa présence. La bonté, la fourberie, le nom, les relations mondaines, ne se laissent pas découvrir, et on les porte cachés. Ulysse lui-même ne reconnaissait pas d'abord Athéné. Mais les dieux sont immédiatement perceptibles aux dieux, le semblable aussi vite au semblable, ainsi encore l'avait été M. de Charlus à Jupien. Jusqu'ici je m'étais trouvé en face de M. de Charlus de la même façon qu'un homme distrait, lequel, devant une femme enceinte dont il n'a pas remarqué la taille alourdie, s'obstine, tandis qu'elle lui répète en souriant : « Oui, je suis un peu fatiguée en ce moment », à lui demander indiscrètement : « Qu'avez-vous donc ? » Mais que quelqu'un lui dise : « Elle est grosse », soudain il aperçoit le ventre et ne verra plus que lui. C'est la raison qui ouvre les yeux ; une erreur dissipée nous donne un sens de plus. »

Cette dernière phrase, à l'échelle de l'ensemble de la Recherche, est particulièrement terrible, et contient presque tout le volume suivant, « La prisonnière », en gestation.

L'auteur, à la lumière de son violent et bref (24 pages) chapitre introductif, se permet ensuite, en un premier chapitre de 90 pages, une relecture de la présence de Charlus dans le monde, proposant au passage un décodage différent de l'univers Guermantes, à un moment où, de plus, l'affaire Dreyfus étend son ombre et ses clivages sur la France comme sur les salons. Dans un jeu à nouveau ironique, machiavélique, confinant déjà au tragique, voire au pathétique, qui s'emparera par la suite du baron, le narrateur nous donne à voir un tout nouveau Charlus, réitérant par exemple l'un de ses « numéros » passés, amplifiés, auprès de Marcel, sans savoir que celui-ci « sait ». Signe aussi que l'on est en train de passer la ligne de partage des eaux de la « Recherche », et que l'on glisse désormais, dans cette chronologie brouillée et parfois bien incertaine, qui, grâce au talent de l'auteur, reste de bout en bout réjouissante, la rencontre du narrateur avec un Swann malade, épuisé et prématurément vieilli, arrive comme un choc feutré, alors même que parallèlement les nouvelles « situations » d'Odette et de Gilberte sont en train de prendre leur essor (comme cela nous avait déjà été annoncé, à mots couverts, dès « Un amour de Swann »).

Le deuxième chapitre et le troisième chapitre, et leurs 250 pages à eux seuls, comptent parmi les plus denses en "événements" de toute la Recherche : avec le deuxième séjour à Balbec, surviennent ensemble la véritable naissance de "l'amour" (les guillemets me semblent ici indispensables) du narrateur pour Albertine, le début de l'asservissement amoureux et de la glissade sociale de Charlus, l'extraordinaire "zoom" sur le salon Verdurin "deuxième époque", loin des balbutiements des débuts, encore largement grotesque, mais préparant son envol, tout en jouant, comme à l'accoutumée désormais, avec la "résolution" de points posés il y a deux voire trois volumes (les Cambremer et les Legrandin, par exemple), et en préparant attentivement les cataclysmes des deux tomes suivants.

Surtout, la mécanique fatale au narrateur est désormais enclenchée, et semble d'ores et déjà impossible à arrêter : instruit par sa découverte de la nature de Charlus, le narrateur (dans son obsession inavouée, bien entendu) déchiffre désormais le monde à cette aune, et voit donc partout le lesbianisme rôdant autour d'Albertine, s'imaginant tour à tour des "choses" qui n'existent pas, et en ratant d'autres, presque évidentes pour le lecteur grâce à la duplicité du narrateur "âgé", qui intervient plus que jamais, pour annoncer, à la manière d'un Tirésias, les inexorables malheurs à venir.

Dans un sursaut de lucidité ou d'intelligence prémonitoire vis-à-vis de lui-même, c'est vers la fin de ce troisième chapitre que le narrateur semble tenter de rompre avec Albertine, apportant peut-être ainsi le salut à long terme. Las, le lapidaire chapitre final de "Sodome et Gomorrhe" (14 pages) voit un revirement brutal, dans un quasi-réflexe sur lequel le narrateur ironise vis-à-vis de lui-même, entre les lignes, tant apparaît reptilienne cette volonté de s'emparer "pour de bon" de quelqu'un qui semble devoir nous échapper - et l'on se doit d'ajouter, "surtout au profit d'autres femmes". Et ainsi Marcel clôt le tome en annonçant à sa mère sa ferme intention de se marier avec Albertine.
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Je viens de refermer ce quatrième tome de la Recherche et j'avoue que je suis encore sous le charme de l'écriture de Proust, de son humour assez dévastateur à certains moments, de l'émotion qui parfois nous étreint, notamment lorsque le narrateur se remémore les souvenirs de sa grand-mère décédée lorsqu'il retourne à Balbec avec sa mère.

Il se passe tant de choses dans ce volume que je ne ferai pas une critique exhaustive sinon cette dernière serait beaucoup trop longue.

Dans ce livre, Proust parle beaucoup des invertis, des hommes comme des femmes. L'homosexualité est omniprésente. le narrateur voit, alors qu'il est caché, le baron Charlus avec Jupin dans leurs ébats. Il comprend alors que Charlus est un inverti, ce qui explique certains de ses comportements et attitudes. Il réalise que la vie des homosexuels est difficile car ils doivent dissmuler leur orientation sexuelle que la société condamne comme la justice. Ils ne peuvent même pas en parler à leur mère. Il fait un parallèle avec le sort fait aux juifs : homophobie, antisémitisme même combat.


Ce que j'en retiens encore, c'est que le narrateur se complaît dans la vie mondaine des salons : celui de la princesse de Guermantes à Paris ou de Madame Verdurin à Balbec. Parfois il prend conscience de la vacuité de cette vie quelque peu artificielle mais, très vite, le tourbillon de cette existence le reprend.

Concernant l'affaire Dreyfus, les pro et anti dreyfusards se croisent et essaient de s'éviter. le narrateur croit que le prince et la princesse de Guermantes sont antisémites et donc antidreyfusards car ils ne souhaitent par recevoir Swann. Cependant, lors d'une soirée chez les Guermantes, Swann est présent et converse longuement avec le prince. Etonné, le narrateur apprend finalement, par Swann lui-même, que le prince de Guermantes doute de la culpabilité de Dreyfus, sa femme également.

La relation du narrateur avec Albertine connaît des hauts et beaucoup de bas. Trop de jalousie de la part du jeune homme qui soupçonne sa compagne d'être lesbienne. Elle dément farouchement être attirée par les femmes mais le narrateur doute d'elle, surtout lorsqu'il la voit danser avec Andrée et que Cottard fait des allusions sur leur comportement. A Balbec, les deux jeunes gens se voient souvent. le narrateur dépense beaucoup d'argent pour vêtir Albertine afin qu'elle brille dans les soirées du mercredi de Mme Verdurin, et l'amener se promener en voiture avec chauffeur. Lorsqu'Albertine est à ses côtés, le narrateur est parfois heureux, parfois indifférent voire cruel. Lorsqu'elle est absente, il se demande avec qui elle est et ses crises de jalousie se multiplient. Il décide de rompre avec elle et se promet de le lui annoncer. Il annonce cette nouvelle à sa mère qui est soulagée car elle n'est pas favorable à cette union bien qu'elle ait choisi de laisser son fils faire ses choix.

Lorsqu'il apprend par Albertine qu'elle considère Mlle Vinteuil et sa compagne comme ses grandes soeurs, le narrateur décide de l'épouser et de l'amener chez lui à Paris.

J'ai vraiment adoré ce volume qui me renforce dans ma détermination à continuer à me plonger dans cette grande oeuvre qu'est la recherche.



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Je prends conscience que La Recherche du temps perdu de Marcel Proust est bien une oeuvre complète avec ce quatrième roman intitulé "Sodome et Gomorrhe" indissociable des autres volumes si l'on veut apprécier pleinement les personnages et comprendre leur psychologie.

Dès le début on retrouve le baron de Charlus et l'on apprend qu'il aime les hommes car si la trame principale reste la relation du narrateur avec Albertine, les deux sujets sous-jacents sont l'homosexualité, qu'elle soit masculine ou féminine, et l'affaire Dreyfus qui alimente les conversations des salons mondains.

Proust utilise souvent l'humour pour parler d'homosexualité avec des paroles à double sens et des propos imagés comme "Vous en avez un gros pétard" mais c'est aussi l'occasion de réflexions sur l'obligation des "invertis" de vivre dans le mensonge et le parjure qu'il compare aux juifs, comme Swann rejeté par les antidreyfusards. Mais on parle aussi de littérature et d'art aux salons dreyfusards d'Odette qui reste diplomate avec les nationalistes alors que chez les Verdurin, qui connaissent toute la noblesse de France et de Navarre, il est souvent question d'étymologie avec le professeur Brichot.
Tout cela est raconté avec beaucoup d'ironie. Pour autant, le retour à Balbec du narrateur lui fait penser à sa grand-mère et le plonge dans une profonde nostalgie du temps où elle était là. Mais c'est Albertine qui le tourmente car il est persuadé qu'elle est lesbienne et sa jalousie l'emporte dans des sentiments contradictoires.
Je ne me lasse pas des remises en question par Proust qui ne se satisfait jamais des apparences.


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Me saisissant avec avidité de ce nouveau volume de la Recherche, je restais guidé par ce seul plaisir unique : celui, révélé, qu'est la poursuite contemplative du fil délicieux de la phrase proustienne ! Quel génie que cet écrivain ! Cette fois, nous accompagnons le narrateur dans divers salons du "monde" (alors jusque là seulement fantasmés par lui), dans celui de Mme de Villeparisis, de la princesse de Guermantes, ailleurs aussi chez sa cousine Mme de Guermantes ou celui, plus confidentiel, moins "racé", plus bourgeois mais non moins "effervescent" des Verdurin. Et puis, agissant comme la pointe de sel qu'on vient ajouter à un plat trop fade, le portrait et les frasques tragi-comiques du baron (et prince !) de Charlus achèvent, comme après le jour un soleil couché vient parfumer l'air d'un rayon mélancolique et doux, de donner au plaisir qu'on a pris à lire ce nouveau volume toute une saveur.
Proust quoi !
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Première critique écrite avec plaisir, envie, car envie vraiment de faire lire cet auteur, c'est plus un avis, critique ça fait un peu trop littéraire pour un chômeur, vous ne trouvez pas?
C'est à la suite de la lecture d'une citation de Louis-Ferdinand à l'encontre de Marcel ; 300 pages pour expliquer que Tutur encule Tatave c'est trop long à mon goût, qui m'a donné la curiosité de lire l'ancêtre du premier.
Quoi de mieux qu'une lecture alternée, un derby, une comparaison, entre Céline (Guignol's band I et II) et Proust (Sodome et gomorrhe) pour se faire une idée de la justesse de cette citation, ou bien ?
Je me suis donné, étant ignare, inculque, en jachère les moyens d'avoir un regard des plus objectifs car ma critique a pour but d'orienter le futur lecteur (féminin itou) sur l'interêt de les lires(syllepse si jamais le s...!).
L'envoutement de ma personne se fit au Tome quatre d'à la recherche du temps perdu, c'est pas un hasard, voir le titre...!
Etonné positif, subjugué, biché par ce tome 4, il m'a piqué de sa plume l'ami Marcel, je l'ai trouvé charmant, humain, éloquent, bref un vrai gendre idéal.
D'abord j'ai lu le voyage, ensuite Mort à crédit, 1500 pages de Céline faut faire le ménage ensuite sinon vous culbutez la première qui passe, troussée positive, sans sommation, l'épée pas encore sorti du fourreau, sans penser à mal, juste enivré par l'écriture de l'auteur.
Mais qui peut contrebalancer un Céline? quel antidote?
Il l'a donné lui-même, Proust.
En effet ses deux auteurs se compètent, l'un ayant vécu avant l'autre c'est sur que Marcel influence Céline mais que la réciproque malheureusement n'a pas eu lieu, pour cause d'espace temps, on irait rit beaucoup.
Moi ce qui me plait chez les auteurs, ce sont ceux, comme le disait récemment Onfray dans une interview à Bordeaux pour son livre les simulacres, de nos jours tout est plat, aseptisé, prémaché, presque uniformisé, et sans caractère, à l'inverse ce sont les grandes gueules qui donnent du piment aux choses.
Preuve en est ce roman apologue exceptionnel d'humanité.
Les relations humaines mondaines expliqué par un de leur "Fou", "Agitateur", "Amuseur" je dirais sans aucune retenue, c'est assez osé, si j'ose dire.
Attention : c'est une avalanche de connaissance qui défile sous vos yeux et si vous pensiez tout savoir ou réviser pour un jeu télévisé, c'est le livre idéal, j'ai eu l'impression de ne jamais être allé à l'école...!
Quel boulot ça a du être d'écrire tout cela !
Les notes et explications sont essentiel pour savourer l'essence de l'oeuvre, même s'il ne m'en reste que peu au regard du volume, au moins chez Céline je retiens un peu c'est de l'argot, qu'utilise aussi Marcel mais avec sa classe évidemment parcimonieusement, encore un point commun.
Lisez, lisez, l'auteur de "La madeleine" exemple insignifiant de son oeuvre, proféré par des cuistres qui sans ça en choisirait un autre bien plus formateur pour notre civilisation de consommation, voilà, c'est dit, mais je ne reviendrais pas en arrière comme le héros de Sodome, ma rancune envers eux étant tassé.
Quatrième volume sur sept la vertu est franchie (In medio stat Virtus) extrait du volume bien évidemment! Je compte bien finir la recherche, piqué que je suis de cet auteur formateur et partageur d'interprétations de compréhensions, d'explications sur le genre humain, exceptionnel de véracité, de logique et de philosophie, bâti sur la connaissance et le savoir.
J'adore son genre fils à papa, dragueur souffreteux, et intello, tout à fait l'inverse de Céline, deux antagonismes, deux auteurs à lire ensemble, enfin, c'est ma recommandation, pour les réunir dans l'art littéraire, leur art.
Ce sur quoi je n'aurais jamais parié, pas même pour faire plaisir à ma grand-mère, et oui on a un point commun Macel et moi nous étions très proche de notre grand mère, à ce propos, veuillez excuser ma digression, Proust apporte par le truchement de sa maman et de sa grand-mère des principes éducatifs retrouvés chez Sartre, dans les Mots, et donc efficacent, merci à eux !
Important: Proust pas avant 40 ans et Céline surtout avant 15 ans.
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Le thème de l'inversion est abordé dès les premières pages de ce quatrième tome de la Recherche avec un passage anthologique décrivant une scène d'approche entre le baron de Charlus et Jupien, coïncidant avec l'arrivée simultanée d'un bourdon sur une fleur.
Si le thème est bien prosaïque, Proust n'en demeure pas moins un grand esthète et fait encore éclater tous ses talents littéraires.
Autant masculine que féminine, l'homosexualité est partout, même là où on ne l'attend pas et n'a que faire des catégories sociales (Proust choisi ses personnages parmi tous les milieux pour bien le souligner). Bien que mieux acceptée aujourd'hui, l'inversion avant-guerre était sévèrement jugée, le procès d'Oscar Wilde en étant un bon exemple. le narrateur évoque donc tous les subterfuges employés par les homosexuels pour masquer leurs penchants qui ne suffisent pas à tromper sa grande acuité. Et il arrive parfois que l'effet donné soit complètement contraire à celui souhaité à cause d'une volonté trop marquée de cacher ses "vices".
Le personnage le plus emblématique de ce tome est le baron de Charlus, frère du Duc de Guermantes. Il introduit (si j'ose dire) le récit avec Jupien, mais montre tous ses talents de prédateur avec le jeune violoniste Morel.
Ne croyez pas cependant que Sodome et Gomorrhe ne traite que d'inversion. La description des ridicules mondains y est encore bien présente, que ce soit à Paris chez les Guermantes ou à Balbec, lors d'un second séjour du narrateur, chez les Verdurin ou les Cambremer. Ce dernier univers de la mondanité estivale est d'ailleurs magistralement présenté à partir de la ligne de chemin de fer qui relie toutes les petites localités voisines de Balbec. On découvre ainsi les multiples personnages comme l'on voyage d'une station à une autre.
Comme dirait la vieille Madame de Cambremer, c'est à croquer – délicieux – exquis.

Relecture en avril 2023:
J'ai été marqué par l'humour qui se dégage de ce tome. Entre la bave qui suinte des lèvres de la vieille Cambremer et les quiproquos de Mme Cottard à propos de Charlus, Proust nous fait don de la finesse de son esprit satirique.
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C'est assez audacieux dès les premières pages d'assister à la parade amoureuse de Charlus et Jupien. le gros bourdon excité va rejoindre la frêle fleur prête à l'accueillir, et pis tac tac ! le narrateur, caché, n'aura pas assisté visuellement à l'accouplement mais en aura conclu " qu'il y a une chose aussi bruyante que la souffrance, c'est le plaisir ".

Marcel Proust fait de M. de Charlus un personnage qui occupe une place centrale dans ce volume 4 de la Recherche.
Charlus est donc un " homme-femme " tout en contradictions. Il est changeant, pouvant aussi bien être charmant qu'exercer sa verve insolente sur quelqu'un. Ses colères sont comme la tempête, elles se lèvent et retombent aussitôt.
Impossible pour moi d'apprécier plus que ça ce personnage aux monstruosités verbales, non pas parce qu'il aime les hommes, mais à cause certainement d'une autre facette de lui dont je me méfie en le voyant reluquer les jeunes, voire aussi les enfants. Mais par moments il arrive tout de même à me faire sourire et j'ai même été jusqu'à compatir de le voir triste, de voir son amour bafoué par Morel. Instant de compassion qui n'a pas duré car il m'a vite énervée par sa lettre, ses mensonges et ses manigances faites uniquement pour le récupérer.
Dans ce tome 4 le voilà donc amoureux de Morel, le violoniste ( qui n'est autre que le fils du valet de l'oncle Adolphe du narrateur, et il ne tient évidemment pas à ce que ça se sache ). Ce dernier le méprise, profitant juste des largesses de Charlus devenu son protecteur.

Dans le cercle des Verdurin tout le monde se doute que Charlus est un inverti mais chacun dans ce monde bourgeois ferme les yeux, se contentant de sourire et d'en faire des blagues.

« Oh ! chuchotait le sculpteur en voyant un jeune employé aux longs cils de bayadère et que M. de Charlus n'avait pu s'empêcher de dévisager, si le baron se met à faire de l'oeil au contrôleur, nous ne sommes pas près d'arriver, le train va aller à reculons. Regardez-moi la manière dont il le regarde, ce n'est plus un petit chemin de fer où nous sommes, c'est un funiculeur. » ( Citation du livre ).

Qui dit amour chez Proust dit jalousie, souffrance et doutes auxquels ils sont associés. Et pas uniquement chez Charlus car le narrateur est lui-même en proie aux doutes à cause d'une réflexion du Docteur Cottard lors d'un bal qui sous-entend qu'Albertine et Andrée sont lesbiennes en les voyant danser serrées poitrine contre poitrine.
La jalousie, insidieuse, se glisse entre le jeune homme et Albertine. Devenu pire que ne l'était Swann, il fait dès lors tout pour l'empêcher d'approcher autant les jolies filles que les jeunes hommes, tel Robert de Saint-Loup avec qui elle pourrait bien se rapprocher. Pourtant Albertine déjoue plusieurs fois ses soupçons, ce qui le rend deux fois plus soupçonneux.
C'est terrible une telle jalousie qui le fait se ronger de l'intérieur. Il multiplie les scénarios dans sa tête, l'imaginant avec d'autres pendant qu'il n'est pas avec elle. Il revoit le baiser dans le cou donné à Rosemonde, et les propres baisers qu'elle lui a donnés ne peuvent venir que d'une jeune fille qui a été initiée.
Alors il pense fortement à la rupture, lui qui a tout de même bien profité aussi de la jeune fille. C'est tout de même fort de café !
Le narrateur, qui ne veut pas reproduire les erreurs faites avec Gilberte les reproduit une fois de plus en mentant à Albertine, en lui disant qu'il ne l'aime pas, alors qu'il passe le plus clair de son temps avec elle, lui offrant de nombreux cadeaux, non seulement pour lui faire plaisir mais pour se faire plaisir à lui et pouvoir se l'attacher.
Cette relation n'est pas du goût de sa mère. D'ailleurs personne n'apprécie Albertine autour de lui. Sauraient-ils des choses concernant la jeune fille dont son cavalier n'aurait pas entendu parler ?

A la recherche du temps perdu, tome 4 : Sodome et Gomorrhe est incontestablement un des meilleurs car il y a beaucoup d'humour et les voyages incessants dans le petit train, appelé le Tortillard pour ses nombreux détours ou Tacot car n'avançant que très lentement, donnent l'impression de mouvement, d'animation. En fait de train celui-ci était plutôt un tramway à vapeur parcourant la Côte Fleurie.
Ces petits voyages qui mènent les invités à la Raspelière, villa louée par les Verdurin, ne sont pas dénués de romantisme.
Les Verdurin, parlons-en de ceux-là même qui vous invitent avec une apparente bonté et n'hésiteraient pas à vous planter un couteau dans le dos. Il faut se rappeler comment ils avaient banni Swann de leur cercle, comment ils prennent Saniette comme souffre-douleur, un personnage certes ennuyeux mais surtout timide et mal à l'aise et qui se fait ridiculer et lyncher à chaque réunion. Ils oublient aussitôt un membre de leur cercle qui vient de mourir, sont jaloux, se croient au-dessus de tout le monde, critiquant les Cambremer et les absents. le narrateur leur ayant présenté Albertine comme étant sa cousine, nul doute que lui aussi leur servira de cible quand ils sauront la vérité.

Cette partie 4 de l'oeuvre de Proust m'a passionnée du début jusqu'à la fin, celle d'avant m'ayant un peu ennuyée. de plus je n'avais pas compris pourquoi le narrateur n'avait pas réagi plus que ça à la mort de sa grand-mère qu'il adorait. Tout s'éclaircit dans ce volume quand il s'aperçoit à son arrivée au Grand hôtel de Balbec qu'il est seul. Il réalise tardivement que sa grand-mère est partie pour toujours. Il se reproche alors des paroles méchantes, fait son mea-culpa, laisse couler ses larmes pour rester assez longtemps prostré dans le chagrin et réussit à faire son deuil.

Vers la fin du récit le jeune homme s'était décidé à rompre avec Albertine mais certains éléments dévoilés par la jeune fille, renforçant pourtant sa jalousie l'ont renforcé à faire complètement le contraire. Ils repartent ensemble pour Paris. Pour le meilleur ou pour le pire ?





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