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Citations sur L'Enfant dans le taxi (54)

J'ai songé au mot qui servait communément à nommer les M. et les Franz : des bâtards. J'ai écouté le son glorieux que faisaient ces deux syllabes. J'ai pensé que naître bâtard c'était savoir d'avance que les autres ne vous feraient pas de cadeau. C'était apprendre d'emblée le grand partage entre ceux qu’il osaient nommer les choses et ceux qui préféraient les taire. Naître bâtard c'était gagner du temps, mûrir à vitesse accélérée, apprendre à composer dès les premiers pas avec le boitement inévitable de la vie.
C'était grandir plus courageux, plus honnête avec soi-même et avec la vie, tout simplement plus vrai.
N'était-ce pas ce que l'on disait des chiens bâtards : qu'ils étaient beaucoup plus intelligents que tous les chiens de race. Que pour eux la débrouille était question de survie.
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Souriant comme chaque fois qu’elle constatait par contraste le délitement de tel ou tel cousin pourtant de vingt ans plus jeune qu’elle.
Ah oui toi aussi tu l’as vu récemment.
Baissant brusquement la voix pour chuchoter.
Tu as vu ce coup il a pris.
Un de ces coups le pauvre, ça m’a fait de la peine. Rien à voir avec moi.
Cela dit avec un sérieux soudain qui manquait me faire éclater de rire.
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À l’éternel impératifs de « ne pas faire de vagues » : quelque chose comme un ordre supérieur aux allures de glacis, chape de silence devenue invisible à force d’habitude, d’autant plus puissante que paisible, sans aspérité, sans prise, puisque tous les secrets sont faits de cette pâte innocente, habillée des meilleures intentions, parée de souci du prochain : si je ne t’ai rien dit c’était pour ton bien. Puisque depuis toujours dans l’ordre des familles le crime c’est de vous parler, jamais de se taire.
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Et le gamin là-bas au bord du lac allemand qui un jour en avait eu assez de rêver à ce père inconnu, assez de se l'imaginer, de le fantasmer - et apprenant qu'il venait de rentrer de ce côté-ci de la mer il avait décidé d'aller sur-le-champ lui rendre visite, cela par le moyen qui lui avait semblé le plus simple: le taxi d'un chauffeur qu'il voyait tous les soirs rentrer du travail et se garer à quelques maisons de la sienne, le seul chauffeur de taxi du bourg, un homme d'une cinquantaine d'années à la vie paisible, seulement troublée de temps à autre par une course plus longue qu'il lui fallait faire jusqu'à la gare de Villingen ou d'Ulm, ce qui le faisait rentrer à vingt heures au lieu de dix-huit, le reste du temps habitué aux trajets touristiques de Constance à Meersburg, de Meersburg à la petite île de Reichenau, du parc aquatique de Wasserburg à la promenade sur la rive de Langenargen.
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Je voudrais vivre dans un monde où les choses puissent se dire en face, la vérité s'affronter. Où chacun de nous soit assez libre et fort pour accueillir la liberté des êtres qui l'entourent.
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Je me suis demandé ce qui expliquait que je sois du côté de M. Ce qui pouvait bien faire que depuis le début je me sente son complice. Je me suis vu dans ma solitude nouvelle, face au vertige de n'avoir plus personne à qui m'adosser, attiré par cet esseulé majuscule, ce délaissé qui avait connu l'abandon le vrai. Je me suis demandé quelle vérité j'espérais qu'il me dise. J'ai songé à mon métier d'écrire. J'ai pensé que comme M. je faisais partie des êtres qui avaient un problème avec le monde, n'arrivaient pas à s'en contenter tel quel, devaient pour se le rendre habitable le triturer, le rêver autre. J'ai pensé que j'étais le frère de M. dans l'ordre des condamnés au remodelage, à la fiction. Son frère dans l'ordre des intranquilles, des insatiables, des boiteux.
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J'ai éprouvé de la joie. Une secrète excitation de comprendre qu'à mon insu je m'étais fait l'allié de M. J'ai eu envie de le rencontrer, de lui raconter quel extraordinaire détour avait fait le souvenir de sa mère pour vaincre l'oubli. Comme si l'attraction charnelle de Malusci et de l'Allemande s'étaient arrangé par tous les moyens pour survivre. Comme si le trop-plein de vie de leur rencontre, non content de lui avoir donné naissance, s'était débrouillé pour continuer d'engendrer des repousses jusque dans la vie des autres, cela sans que ni Malusci ni la femme du lac aient plus rien à faire. Sans qu'ils aient besoin de continuer à être physiquement là, Malusci mort à présent, l'Allemande peut-être encore vivante quelque part là-bas au bord du lac, peut-être disparue depuis longtemps elle aussi. Simplement par la force de leur histoire. Comme une pierre continue de ricocher longtemps après que la main qui l'a lancée est reournée à son immobilité.
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J'ai pensé que cela se jouait à peu de choses, demeurer quelqu'un de joyeux, ouvert, sociable, accueillant aux autres, ou n'être plus soudain qu'un malheureux muré dans sa solitude, impuissant à retrouver la joie.
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J'ai songé au mot qui servait communément à nommer les M. et les Franz : des bâtards. J'ai écouté le son glorieux que faisaient ces deux syllabes. J'ai pensé que naître bâtard c'était savoir d'avance que les autres ne vous feraient pas de cadeau. C'était apprendre d'emblée le grand partage entre ceux qui osaient nommer les choses et ceux qui préféraient les taire. Naître bâtard c'était gagner du temps, mûrir à vitesse accélérée, apprendre à composer dès les premiers pas avec le boitement inévitable de la vie. C'est grandir plus courageux, plus honnête avec soi-même et avec la vie, tout simplement plus vrai.
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Je me suis préparé à une remarque sur les couples d'aujourd'hui, moins endurants que ceux d'autrefois. Sur l'époque qui usait tout, à toute allure. Mais ni Jacqueline ni Louis n'avaient l'air de penser ça.
Parfois c'est bien aussi de s'avouer que c'est fini, à dit Jacqueline.
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