L'Enfant dans le taxi, dixième livre écrit en quinze ans par
Sylvain Prudhomme est une aventure familiale profonde, variée, intrigante qui explore l'altérité et les relations humaines.
Lorsque nous l'avions écouté parler de son livre, aux Correspondances de Manosque 2023, il nous avait avoué avoir puisé dans son matériau familial pour écrire ce roman.
Sylvain Prudhomme, déjà bien apprécié avec
Par les routes et
Les orages, débute
L'Enfant dans le taxi par une scène à la fois forte et intrigante. Nous sommes entourés de montagnes, au bord d'un lac, en Allemagne, près de la frontière suisse. C'est l'hiver et une jeune femme aide son père à couper du bois. Un Français est là aussi et observe. Elle lui fait signe. Ils s'aiment. Elle l'avait fait danser sous les arbres lors d'une fête organisée par les Français pour marquer la fin de la guerre. Ils font l'amour et cela est merveilleusement écrit.
Celui qui se nomme Malusci sera le père d'un enfant qui naîtra en Allemagne et l'auteur a imaginé ces moments entre l'inconnue du lac de Constance, près de Meersburg, et ce soldat de l'armée française d'occupation.
Après cette mise en place réussie, voilà l'enterrement du père de cet enfant que l'auteur nomme M. Il nommera de la même façon, avec une lettre majuscule, A. la femme du narrateur, Simon. C'est un procédé littéraire que je n'apprécie pas, déjà rencontré chez d'autres auteurs, mais qu'importe !
À partir de cet enterrement, de confidences en révélations, tout s'enchaîne et se mêle aux déboires conjugaux de Simon. Parlant de M., le fils allemand de Malusci,
Sylvain Prudhomme affirme son talent littéraire. Phrases et paragraphes s'enchaînent, débutent sans majuscule, les points sont absents et cela donne un rythme accrocheur, haletant qui me captive au plus haut point.
Imma, veuve de Malusci, grand-mère de Simon, joue un rôle important car, autour d'elle, gravite une importante famille qui, malgré les tensions et les conflits inévitables, laisse émerger de tendres moments et une complicité salvatrice.
Lorsque Simon parle d'un Festival littéraire en Italie, au bord du lac de Garde, je sens émerger son expérience d'écrivain. Quand il nous raconte la vie de son grand-oncle, Louis, il réussit un beau condensé d'une évolution commerciale tellement juste.
Quant au titre,
L'Enfant dans le taxi, il est enfin justifié vers le milieu du livre et cela offre des moments cruciaux, terriblement émouvants, toujours contés brillamment alors que, lorsqu'il aborde ses déboires conjugaux, une infinie tristesse se fait jour avec des révélations pleines d'humanité.
Au final,
L'Enfant dans le taxi est un roman à la fois dur et tendre, juste et révélateur de problèmes bien actuels comme de ceux créés par l'Histoire du XXe siècle, problèmes que certaines familles ont dû affronter, problèmes qui ont fait basculer de nombreuses destinées car : « Il y a eu 400 000 enfants comme M. 400 000 enfants allemands nés de soldats alliés. »
S'appuyant sur cette réalité et ses conséquences,
Sylvain Prudhomme a brillamment su faire émerger une destinée semblable, au cours d'un roman captivant, intrigant, particulièrement réussi.
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