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sur 1086 notes
En Sardaigne, Mara Rais est inspectrice. Suite à un problème de harcèlement, elle est mutée au département des crimes non élucidés. On lui adjoint Eva Croce qui vient de Milan. Les deux femmes ont la charge de rouvrir une vieille enquête qui date des années 60. Des jeunes femmes ont été enlevées puis retrouvées assassinées selon des rites ancestraux. Moreno, le policier en charge de l'enquête à l'époque, les assiste. Il va bientôt mourir et veut à tout prix résoudre cette énigme…

L'île des âmes est la première enquête des inspectrices Eva Croce et Mara Rais. le début du roman est donc un peu lent et prend son temps puisqu'il faut contextualiser leur rencontre, la rendre crédible. L'auteur peint des personnages au passé trouble et au caractère bien trempé. J'ai beaucoup aimé cette manière de faire car il donne de la densité à ses personnages qui sont à l'opposé l'un de l'autre. Les prises de bec sont nombreuses, les divergences de point de vue aussi mais c'est ce qui rend ce duo crédible.

L'enquête se déroule en Sardaigne, une île demeurée encore sauvage et très ancrée dans ses traditions. Pulixi nous raconte la Sardaigne à travers les paysages, les odeurs, les dialectes et la nourriture. L'île devient un véritable personnage à part entière, chargé d'une histoire importante et prégnante. J'ai adoré découvrir cette île un peu à part grâce aux nombreux récits historiques.

En effet, cette enquête va aller puiser sa source dans les rites ancestraux pratiqués par les premiers habitants de l'île. C'est très bien documenté et on apprend une multitude de choses sur cette île qui n'est pas qu'un paradis pour les touristes.

C'est un polar qui prend son temps, un peu à l'ancienne parfois mais j'ai beaucoup apprécié cette manière de faire. L'auteur n'a pas besoin de passer par de l'action à tout-va et du sensationnalisme pour nous plonger dans une lecture passionnante et addictive. le dénouement est juste parfait pour moi par ailleurs.

Avec « L'île des âmes », Pulixi signe un excellent polar, dépaysant, à l'ambiance mystique et oppressante. Une vraie réussite qui me donne envie de lire la suite de cette saga.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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J'ai beaucoup aimé le chant des innocents lu il y a quelques mois et qui m'a donné envie de poursuivre la découverte de cet auteur. Après le nord de l'Italie, direction la Sardaigne pour un ethno-polar très réussi. Mara Raïs et Eva Crocce ont été affectées aux cold case de la police de Cagliari pour avoir désobéi à leurs supérieurs, la première est une locale tandis que la seconde arrive de Milan. Mara n'aime pas travailler en binôme et réserve un accueil très frais à sa collègue. le commissaire leur demande de rencontrer Moreno, un vieux flic sur le point de mourir d'un cancer et obsédé par deux meurtres rituels qu'il n'a pas pu élucider dans les années 1970 et 80. Depuis il a consacré tous ses loisirs à son enquête, classée depuis longtemps, devenant la risée du commissariat. Les deux femmes l'écoutent patiemment, mais aucun indice ne permet d'avancer, elles ne comptent pas rouvrir le dossier, toutefois elles ne le lui disent pas pour adoucir ses dernières semaines. Quelques jours après cette entrevue, un nouveau crime rituel est commis, à première vue semblable aux précédents. le commissariat manquant d'effectif, les deux femmes rejoignent l'équipe qui enquête sur ce fait. Certaines différences font penser à une copie, une secte néopaïenne et un professeur d'archéologie sont rapidement mis sur la sellette, les chefs sont sûrs de tenir les coupables mais les deux inspectrices sont d'un autre avis. Dans le même temps, on suit les agissements d'un inquiétant garde-forestier.

Ce polar nous entraîne loin de la Sardaigne touristique, dans une région reculée marquée par la culture nuragique (celle du Paléolithique sur l'île). La nature est très présente, avec des paysages âpres, des odeurs d'herbes aromatiques, la beauté de la mer ou des monuments nuragiques. Il alterne habillement le moment présent et les meurtres non résolus qui hantent Moreno. Les chapitres sont courts, le rythme haletant et le dénouement complètement inattendu, nous retrouvons donc tous les ingrédients d'un excellent polar. Je ne lui donne toutefois pas cinq étoiles car il reste de nombreuses questions ouvertes : le véritable tueur sera t'il découvert ? Pourquoi et comment la hiérarchie politico-policière est-elle impliquée ? C'est le premier tome de la série, peut-être aura-t'on les réponses dans les opus suivants, le troisième vient d'ailleurs de sortir.

Les deux enquêtrices sont comme chien et chat, en butte à leur hiérarchie, aussi un classique du polar. Mara est assez lisse, elle est en colère contre le préfet qui l'a harcelée sexuellement, mais Eva est un personnage beaucoup plus intéressant. Elle porte un lourd secret, qui l'empêche de vivre, ce poste représente un nouveau départ, elle arrivera finalement à déposer son fardeau. C'est un personnage complexe et attachant, tout comme Moreno.

L'aspect le plus passionnant de ce polar concerne la culture nuragique et mythologique, très documentée. On adorait la déesse mère et le taureau, symbole de fertilité, on pratiquait des sacrifices humains. La réflexion sur les sacrifices est vraiment intéressante et très bien construite. On trouve ce besoin dans toutes les religions, ce roman amène un éclairage étonnant et quelque peu dérangeant sur le christianisme, aussi basé sur un sacrifice. Cette vision d'une divinité sanguinaire pose question. La renaissance – ou la subsistance- du paganisme m'interroge, j'ai beaucoup aimé cet aspect du roman, plutôt rare dans les polars.

Je compte lire prochainement le deuxième volet, L'illusion du mal. Ce roman mérite toutes les louanges qu'il a reçues.
Lien : https://patpolar.com/
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Chers amis lecteurs, bonjour. Je viens vous parler de ma dernière lecture à savoir : L'île Des Âmes de Piergiorgio Pulixi . Un roman que j'ai adoré . Un petit tour en Italie ça vous dit? Plus précisément à Gagliari en Sardaigne. Nous faisons la connaissance de deux inspectrices, au caractère bien trempé Eva Croce et Mara Rais . Elles ont eu la mauvaise idée de se mettre leur hiérarchie à dos. Leur punition sera d'être mutée à l' unité des crimes non résolus . Mais avant ça, elles devront apprendre à se connaître et se faire confiance. Alors qu' il est sur le point de mourir l'inspecteur chef Barreli va leur parler d' une affaire remontant à une quarantaine d'année. Une affaire qui va les emmener loin très loin à une époque où tout le monde vivait en paix . C'est alors qu'une jeune femme prénommée Dolores disparaît. Fuite , enlèvement ou meutre ? Malheureusement la réponse ne tardera pas . Pour une raison qui leur échappe, Mara et Eva sont persuadées que cela a un rapport avec une affaire de meutre aux relents rituel datant de 1971 pour la première. Une écriture fluide et rythmée. Avec une ambiance très tendue. Des personnages
très bien travaillés. Chacune de nos héroïnes à ses fêlures. Elles savent qu'il leur faudra remonter dans l'estime de leurs collègues et patrons. Un roman qui aborde les thèmes de la disparition d'êtres chers mais qui parle également des traditions italiennes. Une fin à laquelle je ne m'attendais pas. En résumé un très très bon moment de lecture. J'ai hâte de retrouver Mara et Eva dans d'autres contrées italiennes .
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Au début du roman, nous faisons la connaissance des deux enquêtrices lors des savoureuses descriptions de ces deux femmes que de nombreux aspects opposent. Leurs confrontations verbales lors de ces rencontres nous valent des joutes verbales qui, bien que très clichées, prêtent à sourire, au début … J'ai alors crû que ce duo fonctionnerait et évoluerait tout au long de l'enquête. Mais au bout d'un temps, il est vite devenu lassant de constater qu'il n'en serait rien. de plus, les parties consacrées à relater les « traumas » de ces deux femmes sont également peu convaincantes et ralentissent le récit et de fait le déroulement de l'enquête.

Les premières pages sont aussi le passage de témoin d'un policier en fin de vie aux deux enquêtrices reléguées aux « cold case ». L'auteur Piergiorgio Pulixi ancre son intrigue sur le territoire sarde. Ce qui permet de rendre compte d'une île, de traditions liées à ce territoire. Une véritable découverte : la Sardaigne et son histoire ancienne. C'est le seul aspect intéressant de ce roman à mes yeux. le lecteur découvre alors des coutumes ancestrales à travers les yeux d'Eva « une irlandaise de Milan ».
J'ai été peu convaincue par ce récit : lent, poussif avec une chute bâclée.
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En très bon polar en terre Sarde !

Mara et Eva, deux enquêtrices cabossées par la vie et sanctionnées par leur hiérarchie se retrouvent affectées à un nouveau service, celui des cold case.
Ce n'est clairement pas une promotion, plutôt un placard qui ne dit pas son nom.
Elle sont mal dans leur peau, frustrées et un brin dépressives et vont devoir se supporter pour réouvrir des affaires classées dont peu de monde se soucie.

Une jeune femme est portée disparue, et Moreno Barrali, flic en arrêt maladie est convaincu que cette disparition est en lien avec des affaires non élucidées sur lesquelles il a enquêté sans succès à en devenir malade. Il sollicite Mara et Eva pour qu'elles reprennent ces affaires et tentent de découvrir le lien avec cette récente disparition afin d'élucider également les affaires vieilles de plus de 30 ans.

Pendant ce temps, une famille de paysans installée au sein de la montagne un peu à l'écart de la civilisation et attachée à ses traditions, attribue des pouvoirs surnaturels à une déesse qu'ils vénèrent.

Les chapitres courts et l'écriture incivise donnent du rythme au récit. Ce rythme s'accélère clairement après le 1er tiers et devient plus addictif.
Les personnages sont intéressants, même si le profil de l'enquêteur en proie a des tourments internes est vu et revu. Et ici c'est le cas des 2 enquêtrices !
Les dialogues sont incisifs et les attitudes des enquêtrices très caustiques.

Les rebondissements sont bien amenés et la tenison monte. le dernier twist est peut-être un peu trop vite livré.
L'épilogue laisse entrevoir une suite de ce duo d'enquêtrices.

J'ai beaucoup aimé la plongée dans l'histoire traditionnelle sarde et la culture nuragique. de nombreux termes sardes sont distillés dans le texte ajoutant à l'aspect mystérieux de ces traditions.

Un très bon moment de lecture.


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Dès les premières lignes j'ai su que ce livre allait me plaire car dès les premières lignes j'ai senti le maquis. Pas le corse, très cher à mon coeur, mais l'odeur était là.
J'ai adoré ces deux inspectrices qui se renvoient perpétuellement la balle, classique peut-être.. mais j' aime.
Et la Sardaigne profonde avec cette tribu des Ladu d'un autre âge. Terrible et effrayante !
L' équipe des policiers est attachante. Certains seront définitivement marqués par cette affaire de disparition et d'offrande à la déesse mère.

Ce roman a été pour moi un page-turner concernant l'intrigue policière, un guide touristique quant à la découverte de la Sardaigne et un cours d' anthropologie sur la civilisation nuragique.

Mr Gallmeister, j'espère que vous avez déjà fait le nécessaire pour que la suite des enquêtes de Mara et Eva soit bientôt publiée dans votre maison d'édition que j'apprécie beaucoup.
Merci de vous pencher aussi sur les autres écrits de Mr. Pulixi car il ne semble pas en être à son coup d'essai..

Amis Babeliotes, précipitez vous sur ce roman, vous passerez un très bon moment de lecture.
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Pour moi, depuis le premier jour, Gallmeister c'était forcément l'Amérique, une certaine Amérique. Alors forcément, quand la maison à l'empreinte d'ours décide de regarder ailleurs, j'ai d'abord hésité. Mais, c'était oublier que chez Gallmeister, on publie peu, mais on publie du très bon ! Partons donc pour la Sardaigne….
Il y a d'abord une ambiance, une atmosphère qui saute immédiatement aux yeux. Cette ambiance faite d'odeurs, de silence, de chaleur, de rusticité, de secret, de violence, de peur et de tribalité qui ne peut se soustraire à ce qui aurait pu constituer une banale enquête, autour d'un énième duo d'enquêtrices.
Mara, c'est la grande gueule du service ; un peu trop, et ça lui vaut d'être mise de côté, aux affaires classées, qui plus est nantie d'une nouvelle collègue, tout droit venue de Milan. le duo s'avère explosif ; aucun point commun, qui plus est chacune a sa part d'ombre.
L'île a été le théâtre de meurtres rituels irrésolus, tandis d'une nouvelle disparition est signalée. Barrali qui se meurt demande à Mara de s'occuper particulièrement ce cette disparition…
Pour ne pas réduire cette histoire à une simple enquête, l'auteur à mis en lumière deux femmes chacune au caractère bien trempé, forcées de faire équipe pour une cause commune dans un cadre aux paysages à la fois grandioses et féeriques, et hostile. Il va leur falloir composer avec la rusticité de la population, ses rites et ses mystères. Cette terre ne se livre pas au premier venu. Et il va falloir à nos deux jeunes femmes détermination et perspicacité pour déjouer fausses pistes et rebondissements.
J'ai particulièrement apprécié l'évocation des lieux, et des personnages. L'auteur à bien su retranscrire les coutumes, ses légendes, son histoire, ses secrets. Cela forme un tout avec l'intrigue ; un savoureux mélange qui vous fait vous sentir bien dans cette histoire malgré sa noirceur. le tempo est parfait ; l'écriture est assez lente pour profiter de la beauté de l'île dans des chapitres courts, nombreux et sur différentes temporalités pour tenir en alerte tout bon lecteur de roman noir qui se respecte !
Merci aux éditions Gallmeister pour l'envoi de ce livre avec la complicité due la masse critique Babélio

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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J'ai adoré cette histoire qui m'a donné l'impression que l'intrigue n'était qu'un prétexte pour nous mettre en scène la Sardaigne, son passé, son présent et certains de ses rites familiaux. Les descriptions qui sont faites des paysages, des odeurs, de la mer et du soleil de la Sardaigne m'ont littéralement donné le goût d'aller visiter cette île. Au-delà de cet exotisme, l'histoire est assez bien ficelée et fort instructive, surtout quant aux éléments anthropologiques qu'elle contient. On y apprend beaucoup sur la civilisation qui peuplait l'île à l'âge de bronze, notamment.

Par de courts chapitres l'auteur installe lentement les divers éléments qui meubleront les cinq cents (500) pages du livre. Nous changeons de protagoniste, de lieu et parfois d'époque, sans nuire à la fluidité du propos. Plus nous avançons et plus nous allons de rebondissements en rebondissements, avec un certain crescendo dans le suspense, et une finale inattendue. La seule raison pour laquelle je n'ai pas mis cinq étoiles c'est le fait que l'opposition et l'animosité entre les deux policières m'a paru parfois exagérée.
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J'ai terminé ce mois de janvier avec la découverte de cet auteur italien et de son roman L'ile des âmes que j'ai beaucoup apprécié.
Dans cette histoire nous suivons deux enquêtrices, Eva Croce et Mara Rais, toutes deux affectées dans un nouveau service des affaires classées à Cagliari, en Sardaigne, qui doivent apprendre à se connaître et en même temps à travailler ensemble malgré leurs différences de caractères. Si Mara prend cette affectation pour une “mise au placard”, pour Eva la milanaise ce nouveau départ est un tournant important dans sa vie de femme. Lorsqu'un crime, dont le modus operandi est semblable à deux autres meurtres datant d'il y a 10 et 20 ans jamais résolus, est perpétré, elles vont être sollicitées pour travailler avec un ancien flic malade qui a consacré sa vie à essayer de résoudre ces deux meurtres, et vont aussi collaborer avec un deux autres policiers qui enquêtent sur la disparition d'une jeune fille. En parallèle l'auteur nous raconte aussi l'histoire d'une très ancienne communauté familiale, les Ladus, qui vit en presque autarcie dans les montagnes de cette très jolie île, en respectant les règles traditionnelles sardes.
Les histoires sont-elles liées ? Je vous laisse le découvrir pendant votre lecture…
J'ai beaucoup aimé les magnifiques descriptions des paysages de la Sardaigne, les très intéressantes explications sur les traditions et coutumes sardes dont certaines datent de l'époque Néolithique, et la fine psychologie des personnages : coup de coeur pour Eva dont l'histoire personnelle m'a particulièrement touchée. J'ai été surprise par la fin, je pensais avoir vite compris qui était coupable de quoi, et finalement pas du tout, l'auteur a bien réussi son coup avec un final inattendu.
Un tout petit bémol tout de même, mais qui à mon avis n'est pas dû à l'auteur : il y a pas mal d'expressions sardes écrites en ”VO”, et non traduites, ce qui peut être gênant dans la compréhension de l'histoire à certains moments.
Malgré tout, ce fut une très chouette lecture que je vous conseille vivement !!
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La Sardaigne, son identité bien ancrée, ses beautés paysagères, son soleil, son maquis sauvage, ses villages isolés et ses mystères.

Depuis des décennies, l'île est au coeur de meurtres rituels, sur des sites ancestraux d'une civilisation très ancienne, de jeunes filles dont personne ne réclame le corps. Qui sont-elles ? Pourquoi ce silence sur leur disparition ? le mystère demeure total, les affaires classées sans suite. Jusqu'au jour où un nouveau meurtre, rituel, est commis. Les événements s'accélèrent d'autant plus qu'une nouvelle inspectrice, venue de Gênes, a débarqué, entourée d'un halo d'interrogations.



« L'île des âmes », roman de l'auteur sarde Piergiorgio Pulixi, m'a entraînée dans un voyage presque lyrique tant les descriptions des paysages sardes, des maquis éloignés de tout, évoquent des images enchanteresses et inquiétantes, tant des mots émanent les fragrances particulières d'un maquis sauvage et authentique.

Cependant le roman n'est pas qu'une contemplation extraordinaire de paysages sublimes et préservés, il est aussi l'histoire d'une enquête tumultueuse et une traversée d'un monde rural attaché à ses traditions et à sa culture nuragique. Un monde rural qui règle son devoir de protection et de prospérité à coup de tradition très violente.



Le roman suit deux événements, a priori sans lien entre eux : l'enquête du duo d'enquêtrices, Mara Rais, la sarde, et Eva Croce, la génoise, placardisées aux affaires criminelles non résolues du commissariat de Cagliari qu'elles doivent trier avant de les classer définitivement aux archives ; le quotidien d'une famille paysanne, vivant dans les montagnes de Barbagia, semble entretenir d'étranges relations avec la tradition millénaire nuragique. La jeune génération a soif d'émancipation et d'ouverture sur le monde extérieur au maquis de Bargagia. Elle est avide d'ailleurs à ses risques et périls.

Ces deux voies sardes donnent du corps à l'histoire policière et aux secrets de famille des uns et des autres.

Nos deux inspectrices seront confrontées à de nombreuses horreurs, à des situations dangereuses et sanglantes. Elles seront moquées, ridiculisées, vilipendées même, sans qu'elles baissent pavillon. Elles rebondiront de fausses pistes en aveux inattendus pour réussir à boucler une enquête des plus glauques.



Je ne souhaite pas divulgâcher l'essence de ce polar, aux accents ethnologiques, en parlant trop de l'intrigue, car se serait annihiler le plaisir de la découverte et de la lecture. L'auteur parle de sa Sardaigne à partir d'un prisme différent que celui utilisé par Milena Agus.

J'ai aimé le duo féminin dont la réussite, comme souvent dans les duos policiers, réside dans ses différences viscérales : la coquette très féminine et l'austérité presque garçonne et asexué, le feu et la glace, la pétillance et la froideur, le verbe haut et la pondération. Chaque héroïne dissimule des blessures sous la carapace qu'elles ont choisie. Ces deux femmes affrontent le machisme ambiant d'une Italie patriarcale qui a du mal à accepter l'émancipation féminine au coeur de la société moderne.

Et puis … il y a la sublime Sardaigne dont l'auteur dévoile, avec une lenteur majestueuse, l'histoire millénaire inscrite dans ses paysages somptueux. Piergiorgio Pulixi instille dans chaque mot une force d'évocation extraordinaire : ses descriptions sont tellement ciselées et belles que je ne pouvais qu'inspirer les senteurs salines sublimant les fragrances du maquis et des montagnes. En quelques mots, j'étais au pied des vestiges d'un nuraghe, monument funéraire dont la tour, en forme de cône, est tronquée, observant les allées et venues nocturnes de paysans sardes mutiques et fiers sous leurs masques rituels terrifiants. Une description suffit pour être transportée hors du temps et parcourir, en quelques battements de cils, des millénaires.



« L'île des âmes » est une lecture prenante et jubilatoire au coeur d'une atmosphère qui m'a happée dès les premières lignes.

Mille et un mercis aux éditions Gallmeister qui élargissent leur catalogue à la littérature italienne. J'espère que d'autres pays auront leur place.

Traduit de l'italien par Anatole Pons-Reumaux
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