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sur 1055 notes
Les éditions Gallmeister sont réputées à juste titre pour leur introspection sans concession d'une Amérique déclassée où la nature, sauvage, s'accapare la part belle. Mais avec "L'île des Âmes", elles s'exilent en terre sarde.
C'est donc en Sardaigne que nous convie Piergiorgio Pulixi, écrivain italien cagliaritain, qui fut d'abord libraire, puis, déçu de l'absence de polars qui se dérouleraient sur sa terre natale, a pris la plume pour nous livrer cette Île des Âmes. Et c'est effectivement une écriture qui dépeint avec attachement et presque fascination une île aux paysages bruts, écrasés de chaleur, aux senteurs puissantes du maquis; une île encore très ancrée dans ses traditions, où malgré la modernité d'un 21ème siècle qui s'infiltre partout, perdurent des racines profondes.

Et c'est sûrement la grande force de ce roman que de se placer sous les auspices d'une culture ancestrale, conférant à ce récit une teinte envoûtante, presque sépulcrale.

Voilà pour la toile de fond. Il ne faudrait pas pour autant se leurrer, car il ne s'agit pas d'un voyage d'agrément.
Piergiorgio Pulixi confie avoir puisé son inspiration dans la série "True Détective", ainsi qu'auprès d'auteurs comme Joe Lansdale et Cormac Mac Carthy, virtuoses du roman noir et plus spécifiquement pour Mac Carthy, du "Southern Gothic". On retrouve tout à fait dans "L'île des Âmes" cette veine littéraire américaine qui valorise des particularismes typiques d'une région, comme leurs paysages, leurs coutumes ou croyances, mais en se focalisant sur le côté sombre, instillant une ambiance pesante et glauque.

Et le pari est réussi pour ce roman car c'est certainement l'aspect qui m'a le plus séduite. Cette île, sous l'écriture de Pulixi, se nimbe, loin des côtes de sable fin, d'une ambiance macabre et lugubre. L'auteur utilise la culture ancestrale sarde nuragique comme vecteur de cette atmosphère et convertit les nuraghes et les sources sacrées nuragiques en scène de crime.

Dans la région de Barbagia sont retrouvées à des périodes différentes des corps de femmes, sur des sites nuragiques, dans des mises en scène de rituels funèbres similaires. Les enquêteurs qui se seront succédés sur les investigations ne parviendront pas à les résoudre, jusqu'à ce que deux inspectrices, "mises au placard" par leur hiérarchie, ne soient affectées sur ces "cold case". Eva Croce et Mara Rais doivent collaborer dans le cadre de ces affaires non- résolues, mais aussi suite à la disparition d'une jeune fille.
Piergiorgio Pulixi manie avec dextérité l'alternance des points de vue et de narration, grâce à des chapitres courts, dédiés aux différents protagonistes : les enquêteurs à tour de rôle, les membres d'une famille sarde ancrée dans le respect des traditions; jusqu'à donner habilement la parole à la jeune fille disparue, ce qui procure un ton saisissant au récit. le rythme reste ainsi très soutenu, tout en "habillant" d'émotions tangibles tous les personnages.

L'auteur réussit un tour de maître en sondant les âmes des enquêteurs. Non seulement en s'attachant à décrire les blessures intimes de ces deux femmes enquêtrices, très dissemblables et pourtant si proches dans leur résilience. Mais également (et c'est selon moi la réussite majeure de ce roman), en "dépeçant jusqu'à l'os" l'essence même de ce qu'est un enquêteur. Oui, son âme, ce qui fait sa fibre la plus profonde, ce qui resterait de lui lorsqu'il est réduit à sa part congrue, par l'âge, la maladie, la mise au ban par sa hiérarchie. le crime résolu ou non, ne pervertit pas seulement celui qui le commet, mais aussi celui qui pour retrouver le coupable doit plonger dans la noirceur en apnée. Qui dès lors, d'un meurtrier, d'une victime ou d'un détective perd son âme ?
Plusieurs passages saisissants traduisent le lourd tribut que paye l'enquêteur dans sa quête obsessionnelle, cette seconde peau qui finit par le recouvrir, comme après une brûlure un tissu ferait corps avec la chair.

"Toutes les affaires d'homicide ne sont pas identiques. Certaines te collent à la peau pour toujours. Tu les portes en toi comme des cicatrices. Au bout de quelques années, elles cessent de te faire mal et tu n'y prêtes plus attention. Elles deviennent une partie de toi. le tissu cicatriciel s'atténue au point que tu finis par ignorer sa présence. Mais il suffit d'un détail, d'une odeur, d'un regard ou d'un mot pour réinfecter la plaie, pour rouvrir la boîte de Pandore que tous les enquêteurs ou presque gardent en eux, laissant libre cours à des souvenirs corrosifs et à une culpabilité aussi sournoise que des parasites intestinaux".

J'ai été très séduite par cette atmosphère mystique et l'autopsie de ces âmes précipitées dans l'obscurité.
J'ai par contre trouvé plus laborieux et lassant la rencontre entre ces deux policières sur le mode trop répétitif "chien-chat", réduisant leur relation à un dialogue simpliste et primaire. Heureusement l'auteur semble s'en être lui-même lassé, leur offrant enfin un visage authentique lorsqu'il dévoile leur parcours et leur blessure.

Malgré quelques petites incohérences, notamment de ton entre celui, tragique, annoncé en début de roman puis celui final, ouvrant sur une envolée d'espoir, "L'île des Âmes" reste un récit très prégnant, car gorgé d'un climat sombre et funeste, du fait d'une plongée en ces terres d'âmes perdues.
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Est ce le souvenir de la découverte de la civilisation nuragique que je ne connaissais pas avant mon voyage en Sardaigne qui a aiguisé ma curiosité pour ce thriller, sans doute ...

Mara Rais et Eva Croze , deux inspectrices , sont mutées aux affaires classées dans la région de Cagliari au sud de la Sardaigne . Dans les dossiers non élucidés , deux surtout sortent de l'ordinaire car ils concernent des meurtres de jeunes femmes à consonance rituelle sur les sites sacrés nuragiques en 1973 et 1986 .
Ils reviennent au devant de la scène lors de la découverte d'une nouvelle victime avec d' étranges ressemblances .

Le rythme est soutenu, les chapitres alternent entre l'enquête officielle, les recherches parallèles de nos deux inspectrices et l'histoire d'une famille locale implantée dans le Barbagia, région sauvage et lieu de la survivance de coutumes ancestrales avec un chef de famille Bastianu qui apparait comme le coupable idéal .

Le caractère particulier de la Sardaigne est très bien évoqué avec sa forte revendication identitaire, les dialogues sont parsemés de dialecte sarde , injures, dictons qui ne gênent en rien la fluidité de la lecture et pimentent les relations difficiles des deux femmes policières, fortes têtes mais qui ont chacune une histoire douloureuse . L'auteur ne s'appesantit pas dessus, tant mieux .

Avec cette culture nuragique qui date de l'âge de bronze et a disparu après des invasions, en particulier des carthaginois, l'avantage , si je puis dire , est qu'il n'y a pas de traces écrites et que cela donne le champ libre à l'imagination fertile des écrivains , tant mieux pour nous.

Beaucoup de revirements et de fausses pistes rendent ce thriller palpitant jusqu'à la fin !
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Gallmeister continue avec la littérature italienne, parfait.
Ce roman est le premier traduit de cet auteur sarde en France, et à chaque page on ressent à quel point l'auteur aime son pays et en particulier la Sardaigne "profonde".
Dans ce roman qui se passe de nos jours , on croise un vieux policier malade et à la retraite qui ne se pardonne pas de n'avoir su conclure les enquêtes concernant deux meurtres rituels de jeunes filles dans les cinquante dernières années. Prennent le relais alors qu'un autre meurtre de jeune fille se produit dans des conditions similaires deux policières que tout oppose sauf leur détermination à élucider ces mystères, ces sacrifices, qu'elles sentent imprégnés de croyances dues à une culture nuragique et à une mythologie liées à la "Déesse Mère". D'où une enquête policière certes mais aussi des évocations magnifiques de la Sardaigne chère à l'auteur, ainsi qu'une vision fine et acérée pour des personnages forts , ceux qui évoluent de nos jours et d'autres encore , héritiers de coutumes ancestrales sanguinaires dont ils ne peuvent s'extraire. Un bien beau roman mi policier mi littérature générale.
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La Sardaigne, une île authentique et mystique…
Deux meurtres ont été commis il y a quelques années déjà. La police de Cagliari a échoué, des affaires non résolues.
Des crimes au beau milieu de la nature. Des symboles, des pentacles, des grottes, des masques. Des corps jamais réclamés !
Secte ? Un flic Barrali a passé sa vie à rechercher et élucider ses mystères.
De nos jours, le rituel est de retour, la troisième. Deux enquêtrices sont sur l'affaire, aidées par Moreno Barrali. Elles sont affectées aux «  crimes non élucidés », Mara et Eva qui vont, elles aussi, plonger dans les méandres, cette végétation incroyable des panoramas de la Sardaigne. Elles ont un passé assez lourd et des caractères opposés. Une ambiance tendue, des secrets ancestraux, de vilaines découvertes.

Une écriture froide et saisissante. Belle description des décors. On découvre des lieux, limite plein de féeries. Cet auteur arrive à nous entraîner bien vite dans son histoire, certains diront avoir trouvé des longueurs, moi j'ai apprécié chaque court chapitre. C'est le 1er récit d'une saga policière italienne avec ses deux inspectrices… à suivre donc.

Merci KUBE pour cette découverte et les éditions Gallmeister qui étonnent toujours dans leur choix des auteurs et gardent leur identité éditoriale.
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La Sardaigne, je n'y suis jamais allée, ni en littérature, ni en vrai, mais vu le temps pluvieux, ça me semblait être une bonne idée de destination (le soleil, la mer).

Mauvaise idée… Je me suis retrouvée chez les flics, avec deux enquêtrices cassées, bourrues, punies par leur hiérarchie et affectées à une unité de cold case. Dans le lot, il y a une vieille affaire qui a pourri la vie d'un ancien enquêteur (Moreno) : meurtres rituels où les victimes n'ont jamais été identifiées, ni réclamées.

Oubliez la playa et la costa del sol, vous allez être plongé dans la noirceur de deux anciens meurtres rituels et dans une famille de sardes qui vous donnera l'impression d'être dans une autre époque, une époque fort reculée (notamment avec une société agropastorale)…

J'ai eu un peu de mal en commençant ce polar aux accents un peu trop prononcés de sarde. Attention, je n'ai rien contre, ça donne un petit côté plus ilien au récit, on se sent plus en Sardaigne, mais une partie n'était pas traduite et j'ai dû deviner ou laisser pisser le mérinos. L'inconvénient, c'est que cela freine la lecture.

Comme j'avais envie de savoir ce qu'il s'était passé et qui était responsable des meurtres rituels qui avaient eu lieu, j'ai poursuivi ma lecture et une fois passé la page 150 (sur 540), j'ai trouvé mon rythme de croisière et la lecture a été plus facile. Une fois arrivé au-delà de la moitié, le rythme était plus intense et j'ai avancé à pas de géants.

L'atmosphère est assez sombre. L'auteur prend le temps de nous immerger dans les croyances et le folklore sarde, dans les rituels, dans leur psyché, leur manière de vivre et il n'hésitera pas nous plonger dans les secrets de ses personnages, afin de les étoffer.

Malheureusement, j'ai eu du mal avec l'enquêtrice Mara Rais qui savait être très lourde, limite bourrine, avec sa nouvelle collègue venant de Milan, Eva Croce.

D'ailleurs, nos deux enquêtrices sont un peu clichées, parce qu'entre une tirée à quatre épingles, version couverture de mode et l'autre, déguisée en métalleuse, cachant ses souffrances, ça sentait les vieux trucs que l'on a déjà vus chez les flics mâles.

J'apprécierais que l'on sorte un peu des vieux schémas des blessures internes que l'on ressasse à longueur de pages…

Dans ce polar, il y a deux récits : le premier est axé sur l'enquête des policiers, qui y vont à reculons, sur ces anciens meurtres rituels (avant d'enquêter sur un nouveau).

Le second récit est consacré à la famille des Ladu, une famille qui vit en quasi-autarcie, loin de tout le monde, qui fout la trouille rien que par sa présence et où les membres de la famille vivent retirés, à fond dans leurs croyances d'un autre âge, d'un autre temps, sorte d'ancienne religion obscurantiste très violente.

Anybref, si après 150 pages, j'ai eu récupéré mon envie de lire, si le rythme est monté crescendo et que le suspense était au rendez-vous, avec des dialogues ciselés et des interrogatoires intéressants, j'ai tout même été étonnée de voir comment nos deux enquêtrices découvraient le meurtrier. Ça semblait un peu tordu.

Quant à la fameuse famille des Ladu, on est allé d'horreurs en horreurs, de folie furieuse en trucs de fous, dignes des Mayas, Incas et autres, et il vous faudra être attentif pour accrocher tous les wagons de cette affaire et comprendre son dénouement, notamment avec les meurtres rituels. Tordu, mais réaliste. Horrible, aussi.

Alors non, ce n'est pas un coup de coeur, c'est plutôt mitigé, surtout à cause du départ chaotique, lent, brouillon, ainsi qu'aux clichés des inspectrices, mais au moins, ensuite, le récit redresse la tête et devient plus intéressant.

Certaines surenchères n'étaient pas nécessaires, notamment avec les blessures secrètes de nos deux inspectrices (et des autres personnages) qui m'ont fait frôler l'overdose (trop de misères tue la misère) et avec l'escalade de la violence dans le récit, qui n'apporte rien, si ce n'est des lignes et des misères en plus.

Par contre, j'ai aimé le rythme et la résolution de cette enquête, même si une partie de la résolution doit être comprise par les lecteurs et qu'elle est terrible, violente, horrible, d'un autre âge.

Néanmoins, j'ai bien envie de lire le second tome, afin de voir si l'on continue dans la même veine ou si nos deux héroïnes vont un peu arrêter de se vanner comme des bourrins (et changer un peu les vannes !!).

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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« Coups de gueule » peu appréciés, dérapage de trop, mise au vert forcée… Les inspectrices Mara Rais et Eva Croce se retrouvent reléguées dans les sous-sol du commissariat de Cagliari, officiellement pour tester une nouvelle brigade «cold-case », officieusement pour prendre la poussière loin de la section Homicides.
Elles qui pensaient ruminer tranquillement leur mise au placard, se retrouvent contraintes de rouvrir les dossiers de crimes rituels vieux de 30 ans, à la demande d'un collègue mourant, lui-même devenu un paria dans la profession.
En 1975 puis en 86, des jeunes femmes avaient été retrouvées égorgées à l'entrée de sites nuragiques, nues et en position de prière, affublées d'un masque en bois sculpté et d'une toison de mouton.
Le vieux bonhomme, obsédé par ces affaires non élucidées, traine une réputation de fou. Mais il n'en démord pas : la récente disparition d'une jeune fille, Dolores Murgia, est liée à ces vieux meurtres, il en est certain…

Ça faisait longtemps que je n'avais pas ouvert un petit polar, lassée par le manque d'originalité de certains auteurs à succès.
Ici la promesse d'évasion m'a attirée comme un aimant : L'auteur est italien et l'intrigue se déroule intégralement en Sardaigne, cette île méditerranéenne voisine de la Corse, et qui partage avec elle un certain goût pour l'indépendance culturelle.
Italienne, certes, mais absolument Sarde dans l'âme, l'île est divisée en deux territoires distincts avec d'un côté les bords de mer, paradis touristiques ouverts et connectés et l'arrière pays montagneux, presque coupé du monde moderne, «une ile dans l'île », où les traditions ancestrales rythment la vie pastorale de la population.
Le récit lui-même se partage entre les voix de la police de Cagliari et celles des Ladu, famille de bergers vivant en autarcie, derniers gardiens de croyances antiques basées sur le culte animiste de l'eau.
Un mélange des genres qui fonctionne plutôt bien puisque le lecteur est très vite happé par l'atmosphère envoûtante de l'île et ses mystérieux sites nuragiques.
De mon côté, j'ai adoré le duo d'enquêtrices formé par Mara et Eva. Deux personnalités originales et attachantes, fortes têtes cabossées aux caractères complémentaires dans le travail, mais sources d'étincelles dans le privé… Et qu'on a évidemment très envie de mieux connaître.
Une lecture qui m'a dépaysée et que j'ai bien appréciée. Ça tombe bien, la prochaine enquête d'Eva et Mara, L'illusion du mal, est déjà dans ma pal.
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Ce roman est un roman policier “anthropologique” dont l'intrigue tourne autour de la religion primitive sarde, dérivée d'une religion des Cyclades et de rites dionysiaques : celle de la civilisation nuraghe dont on peut aujourd'hui visiter les vestiges en Sardaigne.

J'ai beaucoup aimé l'ensemble et j'ai eu du mal à lâcher le livre avant la résolution de l'intrigue. Les scènes d'interrogatoire à deux à la fin du livre sont particulièrement prenantes et sont décrites de façon très intéressante en s'appuyant sur l'aspect psychologique. L'intrigue est très bien nouée, les fils se défont petit à petit, la réponse est surprenante mais très cohérente psychologiquement. Un régal !!

Par ailleurs, la description de la Sardaigne, de la lumière en particulier, donne vraiment envie d'aller vérifier si c'est un tel bout de paradis.
Par contre, la mise en place est un peu longue (en particuliers l'auteur fait beaucoup d'effet de manches sur ce qu'a traversé une des enquêtrices Eva Croce pour nous révéler à la fin son passé). le début sert plus à nous montrer l'ambiance qui règne au poste de police et les obstacles internes que devront surmonter les deux enquêtrices plutôt que sur la mise en place de l'intrigue à proprement parlé.

Je lirai sûrement la suite des aventures de Mara et Eva, surtout que j'ai vu que le 2ème tome vient de sortir.
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Un éditeur français bien connu aurait sans doute pu qualifier ce roman de « Roman policier mais pas que….». En effet l'auteur italien nous plonge dans un récit où se mêle une enquête au long cours passionnante et l'histoire de la Sardaigne et plus particulièrement celle de l'époque nuragique, il y a plus de 3000 ans. Car cette culture antique (inconnue de moi avant cette lecture) qui a traversé les âges n'est pas présente qu'au travers de ruines mais aussi de coutumes sacrificielles d'un autre âge.
Du côté de l'enquête policière on va faire connaissance avec trois policiers aux parcours bien différents : un homme, Moreno Barrali, en fin de parcours vital et professionnel, miné psychologiquement par des affaires de meurtres rituels qu'il n'a jamais réussi à élucider, deux femmes Mara Rais et Eva Croce, une sarde et une milanaise, toutes deux en délicatesse avec leur hiérarchie qui les a affecté à la section des affaires non élucidées de Cagliari dans le secret espoir de peut-être les dégoûter à jamais de leur métier. le hasard en a décidé autrement car un meurtre qui vient d'être découvert résonne étrangement avec celles suivies par Barrali .Une famille aux étranges moeurs, les Ladu, vivant dans un coin perdu de l'île, est peut-être détentrice d'une partie de l'énigme.


Étonnant roman aux multiples ramifications. Un récit qui s'attache autant aux profils des principaux personnages qui hantent ce livre qu'aux rites des hommes qui ont colonisé la Sardaigne plusieurs milliers d'années avant notre ère. L'auteur, natif de l'île, nous offre un vaste panoramique de la Sardaigne , dotée d'une riche culture et d'une langue que parlent encore les habitants du cru aujourd'hui. Une île dont on découvre grâce à lui , la nature sauvage, les senteurs du maquis, la variété des paysages entre montagne et côtes qui cachent des plages enchanteresses. Mais ici on semble bien loin des foules de touristes grouillantes , le silence est encore roi.
Il a la bonne idée d'y insérer une enquête policière dont les meurtres barbares restent mystérieux et sans réponse. Des meurtres qui renvoient à d'anciennes civilisations dont les moeurs semblent avoir traversé les siècles. Des moeurs qui plaçaient les croyances polythéistes au centre de leur univers. Des dieux et des déesses qui réclamaient souvent des sacrifices…
Pour mener cette enquête hors norme l'auteur ne pouvait que nous proposer des personnages forts et habités comme Mara et Eva aux caractères diamétralement opposés. Des personnages qui tiennent parfaitement leurs promesses comme ce Barrali dont l'acharnement jusqu'au-boutiste pour découvrir la vérité a fini par gangrener son corps et son esprit mais qui n'a pas encore dit son dernier mot.
Un roman qui mérite le déroute et une sacrée trouvaille des éditions Gallmeister.

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Bienvenus en Sardaigne.

Des meurtres rituels sont commis tout d'abord en 1961, puis en 1975 et 1986. Alors qu'il semblerait que depuis 1986 il n'y ait rien eu, voilà qu'un nouveau crime ressemblant aux anciens vient d'avoir lieu. Moreno Barrali, policier en phase terminale d'un cancer, a passé sa carrière à tenter de résoudre ces meurtres sans y parvenir. Hanté par ces cold cases, il va tout faire pour que les autorités se penchent de nouveau sur ces enquêtes. C'est un duo d'inspectrices, Mara Rais, la Sarde pure et dure et Eva Croce, mi italienne, mi irlandaise, qui se retrouvent, un peu par accident, à devoir faire équipe pour démêler cet écheveau.

Un voyage en immersion totale en Sardaigne, entre modernité et traditions ancestrales, entre la capitale et l'arrière pays. La nature est superbe. On fait connaissance avec la culture nuragique (pour ma part en tout cas). Un duo d'inspectrices impeccables, des personnages forts et attachants, une construction parfaite, une fin complètement inattendue mais cohérente. Un roman tellurique, envoûtant, ensorcelant, enveloppant, édité par Gallmeister, donc forcément un roman "nature". Un léger (très léger) bémol tout de même dans mon concert de louanges sur la 1ère partie qui nécessite une concentration soutenue et dont le rythme est un peu lent. Mais ensuite ça s'accélère et j'ai eu du mal à lâcher la lecture avant la fin. Vivement un 2ème opus, j'espère.
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Les éditions Gallmeister sont connues pour leurs romans, dont certains sont de grands classiques à l'instar d'Autant en emporte le vent ou de la lettre écarlate, se déroulant dans les plaines américaines, dans des contrées parfois inhospitalières. Depuis plusieurs mois ils s'essaient à d'autres lieux géographiques et j'ai eu l'occasion de lire L'île des âmes qui se déroule en Sardaigne. Côté dépaysement, on y est bien aussi, en tout cas pour moi.

Ce roman est un policier/thriller dans ce qu'il y a de plus classique du terme. Nous rencontrerons deux inspectrices que tout – ou presque – opposent, cachant de bien lourds secrets ou un passé compliqué. Mises au rebut, elles se trouvent affectées au service des homicides non résolus, les fameux cold cases. Et, bien entendu, ce nouveau service censé être un placard leur permettra de révéler leur redoutable efficacité.

Dans la narration non plus il n'y a pas de surprise. Si j'ai cru au départ que ce roman sarde serait totalement différent des autres thrillers ou assimilés que je peux lire habituellement, il n'en fut en réalité absolument rien. A l'exception des noms des protagonistes qui sonnent plus chantant à mon oreille, j'aurais pu me retrouver dans un roman policier français, américain, britannique ou même scandinave, je n'ai pas trouvé ce petit plus que je m'attendais à avoir.

Enfin, l'écriture est également très classique. C'est efficace, clair, carré. J'ajouterai simplement que les mots sardes qui parcourent le texte n'apportent absolument rien au récit, j'ai même fini par trouver ce procédé très agaçant. C'est comme si le traducteur d'un roman américain laissé des "fuck" ou des "oh my god", enfin vous comprenez ce que je veux dire, à toutes les pages. C'est la première fois que je sors déçue d'une traduction de ces éditions qui sont généralement vraiment à la hauteur.

Mais, faut-il lire ce roman? Sincèrement, j'ai passé un très bon moment. Il fait le job, on tourne les pages facilement, la prise en main est aisée. Les personnages sont un peu caricaturaux, notamment notre duo d'inspectrices (la bombe d'un côté, la mutée qui a vécu un drame horrible de l'autre), surtout dans leur façon de se comporter l'une avec l'autre. L'enquête est intéressante sans être révolutionnaire, la finalité est un peu tirée par les cheveux selon moi mais ça passe. Mais ce qui fait vraiment que ce roman vaut le coup est la plongée dans l'arrière-pays sarde et ses croyances d'un autre temps voire d'un autre monde.

Cet opus semble en présager un deuxième, avec le même duo d'inspectrices. Je pense bien que je pourrais me laisser tenter.


Lu en janvier 2022
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