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EAN : 9782909907314
44 pages
Editions de l' Envol (01/01/1973)
3.5/5   2 notes
Résumé :
On connait surtout Milena Jasenskà par les lettres que lui adressa Franz Kafka. Elle dialogue ici avec l'homme-écrivain qui vit toujours en elle, le prend à témoin, l'interpelle.
L'auteur lui donne voix au milieu de l'horreur - le camp de Ravensbrück - nous laissant entrevoir sa vraie nature. La traductrice en a finalement respecté l'intime tissu. Le style maîtrisé ne se fragmente qu'en bris de colère ou éclats d'amitié. Au bord de la mort, le passé de Milena... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Voici un petit ouvrage magnifiquement présenté. Un hommage à Milena Jesenská, amie et traductrice de Franz Kafka, disparue à l'âge de 47 ans dans l'enfer anonyme du Camp de Ravensbrück. Ombres du "Raven" ("Corbeau" en langue anglaise) contre celles d'un plumage soyeux : celle d'un... "Kavka " ("Choucas", en langue tchèque).

Mais autant annoncer d'emblée que le piètre lecteur que je demeure n'est guère sensible aux vertus de la poésie (mon propos ci-après se trouvant donc entaché de haute subjectivité). Peut-être voudrez-vous bien nous pardonner, à l'avance, ce nouvel exercice d'acrobate "maladroit et sincère" ?

Voici tout d'abord nos réserves de lecteur :

Sur le fond comme dans la forme, quelque chose dans le propos de Rodney Pybus gêne : ce chant intérieur de Milena (que nous suivons dans ses tourments quotidiens comme dans le monde de ses souvenirs) nous semble parfois un rien surligné (Bien sûr, l'amour déconcertant ou l'horreur du corps chez Kafka, l'inhumanité des conditions de "survie" à l'intérieur d'un Camp symbole de la bêtise nazie, l'absurdité d'un morceau musical de Schubert dans ce contexte, etc.). Tout est ainsi bien souvent "sur-dit" de façon expressionniste, en recherchant "l'effet". Dangers habituels (et toujours ignorés) de la sur-écriture... Par ailleurs, les jugements de Milena sur la personne et la personnalité de Franz me sont apparus... bien abrupts. Alors : langue trop bien construite, souci de "faire littéraire" ? Peut-être... Lent égrenage de la dizaine de mots commençant par "K." dans le chapitre XII comme un morceau de bravoure qui, finalement, laisse de marbre.

La "modernité" (mais qu'est-ce que la modernité ?) de la traduction de Françoise Trichet m'a parfois laissé aussi un peu rêveur : "Ta semence n'est pas du toc / oh ! tocard !" (Désolé d'avoir pensé ici à l'oeuvre d'Hergé... ).

Livre impossible à écrire, sans doute, mais qui ouvre au moins un débat éthique et artistique autour de "la difficulté humaine à faire parler les morts"... Echec intéressant, selon nous, comme peut l'être notre propre "Heiraten" (2015) qui nous apparaît aujourd'hui comme un autre échec artistique, tempéré de cette consolation : avoir au moins "senti" que le personnage de Franz Kafka avait aujourd'hui le dos large... et nous autorisait un "Je" (même absurdement "romantique"... le pauvre Franz en aura vu bien d'autres, en sa carrière post-mortem)... Car "Franz est solide", au fond. Et comme c'est curieux : aucun regret de ne pas avoir choisi le parti-pris de la voix intérieure de Julie Wohryzek (dont nous ignorons presque tout) dans cette (ennième) variation romanesque sur le sentiment amoureux universel.

Mais pourquoi continuons-nous tous – lecteurs et auteurs réunis, "main dans la main" pour ce forfait – , d'aller ainsi (presque paisiblement) troubler continuellement l'ombre, l'âme et l'esprit des morts ? Sorte de crime impuni.

Parlons du "très positif" de l'ouvrage, maintenant :

D'abord, l'envie de rendre hommage aux 7 oeuvres merveilleusement expressives de Francis Mockel, peintre et graveur dont l'immense talent éclate ici : les beautés de sa psyché "encrée" se détachent fortement sur le fonds du beau "papier Canson" crème de l'ouvrage. Une Oeuvre tout à fait digne des meilleures productions de Victor Hugo et de Hans Ruedi Giger.

Pour contredire tout mon propos précédent, disons que cette oeuvre - que Rodney PYBUS publia en 1973 - a aujourd'hui tout le mérite d'exister et d'être mieux connue : la langue anglaise de son auteur, telle "une mer libre" de vers libres, nous a semblé à la fois "juste" et formidablement musicale (et je parle d'oreille).

Ses dix derniers vers sont un modèle de pudeur et de concision (de celles qu'on aurait aimé rencontrer davantage dans l'ouvrage) par leur "simple" créativité sans fards et leur "fantastique" tonalité, toute proche de celle de "Then the bird said "Nevermore." ["The Raven" d'Edgar Allan POE] :

I could have endured
this paper love - but you said
"We must not meet again"

I read it again and again
I read " It's no good
we must not meet again

At that I felt my breast
turn cold
with the dank touch of a coffin
long buried.

Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Comment peut-on parler de poésie lorsque l'on s'attaque à un sujet aussi sensible que celui des camps de concentration. Et pourtant, il a bien fallu que ceux qui en ont survécu continuent à avancer et surtout, à en parler afin de ne pas oublier et surtout, pour que les générations suivantes n'oublient jamais...

Ici, l'auteur se place dans la peau d'une femme et pas n'importe laquelle puisqu'il s'agit de Milena Jasenskà avec laquelle Franz Kafka eut une relation passionnée, cependant relativement platonique puisque celle-ci se trouva surtout représentée à travers leurs lettres.
Milena, d'origine tchèque, se retrouva enfermée au camp de Ravensbrück et c'est de là, dans ce magnifique ouvrage qu'elle écrit ses lettres à Franz (bien que ce dernier soit mort depuis quelques années déjà). Elle lui parle, comme elle le ferait s'il était toujours en vie, du rationnement du papier et d'autres privations mais sans tomber cependant dans le mélodramatique.

Un ouvrage en version bilingue (la page de gauche réservée à la version originale, à savoir l'anglais, et celle de droite au français) avec des illustrations très noires (mais quelle couleur - ou plutôt absence de couleur étant donné car le noir n'en est pas une - illustrerait mieux l'horreur des camps) avec juste une percée blanche, qui représenterait peut-être l'espoir ou l'amour qui permettait à toutes ces femmes, enfermées à Ravensbrûck, de continuer à avancer et à ne pas céder. Si ce n'est un mari ou un amant, certaines avaient des enfants et c'est pour eux qu'elle se devaient de toujours devoir se relever...

L'histoire ici est certes romancée car, si l'on se fie à l'histoire telle qu'elle s'est réellement déroulé, le lecteur qui s'intéresse un tant soit peu aux faits historiques apprendra que c'est Milena qui a mis un terme à sa relation avec Franz par amour pour son mari et non l'inverse mais dans cet ouvrage, il est beau de croire que cette dernière l'aime toujours...C'est pour cela que je qualifie cet ouvrage de poésie, tout simplement !

Toujours dans ma poursuite de découverte des ouvrage publiés aux Editions de l'Envol que nous possédons aux Archives, j'ai été agréablement surprise par cet ouvrage-là, bien qu'il ne parle pas des sujets les plus gais qu'il soit. Imprimé sur du papier Canson (fidèle aux autres ouvrages de cette remarquable collection), cet ouvrage méritait vraiment que je m'y attarde un instant pour poster une critique sur Babelio afin qu'il ne tombe pas dans l'oubli !
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