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Critique de dechosal


On savait que les personnages de Yann Queffelec étaient hauts en couleurs, truculents, sauvages, parfois violents, souvent excessifs. le personnage principal (en dehors du narrateur) de son récit "Naissance d'un Goncourt", n'échappe pas à la règle. A ceci près qu'il a réellement existé.
"Naissance d'un Goncourt" se présente en effet comme les débuts d'un écrivain, mais aussi comme une défense et illustration de celle qui fut son accoucheuse, Françoise Verny, grande papesse de l'édition sous les couleurs successives des écuries Grasset, Gallimard et Flammarion. Ne serait-ce que pour le portrait de cet "hénaurme" personnalité (comme aurait dit Flaubert), le livre de Queffelec vaut le voyage. Forte femme (dans tous les sens du terme), fumeuse et buveuse invétérée (Gitanes et whisky de préférence), grande gueule, n'ayant peur de rien (sauf de Dieu, peut-être), elle fut à l'origine de l'éclosion de plusieurs jeunes auteurs (Marie Nimier, Alexandre Jardin, entre autres) et leur tint lieu de seconde mère, et c'est d'ailleurs ainsi que Queffelec nous la présente. On aura du reste une idée assez précise de "la" Verny en visionnant sur Youtube une ahurissante interview que Thierry Ardisson lui consacra dans les années 90.
On aurait tort d'aborder "Naissance d'un Goncourt" en voyeur, escomptant une immersion dans les arcanes du jury de Drouant, ses accommodements, ses compromis, ses jeux de coulisse. Rien de tout cela. C'est bien des tout débuts d'un écrivain qu'il est question ici, avec ses doutes, ses emballements soudains, ses désillusions. le récit, tout de déconstruction, est coloré, parfois grave, souvent drôle. On relèvera entre autres choses un très amusant et très déjanté passage sur un voyage en Concorde. Et il n'est d'ailleurs pas interdit de penser que le romancier Queffelec s'est autorisé quelques libéralités avec le réel...
Les deux premiers livres de Yann Queffelec, "Le charme noir" et "les Noces barbares" (Prix Goncourt 1985), sont probablement le meilleur de sa bibliographie. On peut légitimement faire la fine bouche avec les suivants, tant il est vrai qu'il est souvent difficile de rebondir après un grand prix littéraire. Il me semble toutefois qu'avec le récent "Homme de ma vie" (sur son père Henri Queffelec) et ce "Naissance d'un Goncourt", YQ nous aura montré que ses talents d'écrivain sont encore bien vivaces.
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