AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,32

sur 110 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un court roman qui se situe dans la ville la plus pauvre de France,
Roubaix...pétrie de chômage et de misère. Au milieu de ce décor, une libraire passionnée, Yvonne, vient de décéder, en cédant sa librairie à un de ses clients, Abdel Duponchelle, jeune professeur, qui se laisse prendre au jeu, même si il découvre très vite qu'une librairie, " ça créé des dettes" mais ça créé aussi des liens, des échanges, de la solidarité...

Et voilà notre jeune enseignant, transformé en "apprenti libraire",entouré de quelques habitués et amis de la librairie, qui viennent lui prêter main forte !
En s'attelant au travail: trouver des financements pour "redresser "la librairie, faire l'inventaire du stock, mettre en ligne les épuisés et introuvables, etc. Abdel va tomber sur les "archives dangereuses"
d'Yvonne !

Dangereuses, car en fouillant dans la multitude de clichés pris par Yvonne dans les années 60, c'est tout un pan de la guerre d'Algérie qui ressurgit entre partisans du FLN, harkis et OAS...

Découverte d'évènements que je méconnaissais....

Un texte prenant, émouvant, attachant à plus d'un titre sur l'un des plus beaux métiers: celui de Libraire, médiateur, acteur des échanges dans une ville.... d'autres thématiques, comme cette France multiculturelle, riche de ses différences, portée par la solidarité et l'entraide...

Il est aussi question en arrière-plan de la misère urbaine, de l'illettrisme mais également de la disparition des libraires de quartier au profit des grandes surfaces, des liseuses, des ventes impersonnelles, où le conseil du libraire, les contacts, les échanges s'évaporent....ou deviennent superflus !!

Mais pas de défaitisme, ni de pessimisme dans les lignes de Michel Quint... la petite équipe comme notre apprenti libraire sont bien décidés à faire vivre la librairie d'Yvonne...
"Les libraires ont une responsabilité civile, à eux de refuser la démagogie et le profit facile, pas possible de jouer les Ponce-Pilate !" (p. 79)
Commenter  J’apprécie          630
Voici un texte court, généreux, solidaire, attachant, prenant, à l'écriture dense, séductrice, élégante, pétrie d'humanité!
L'auteur nous montre au travers d'une galerie de personnages tels que Saïd, Rosa, Abdel, Rita que reprendre une librairie dans la ville la plus pauvre de France où perdurent misère et chômage c'est possible.....
Comment? Grâce à l'entraide, à la convivialité, la bonne volonté, le dépassement de tous les préjugés, la richesse littéraire et la culture par la transmission.....
Yvonne, la libraire vient de décéder.
Le jeune professeur Abdel, l'arabe blond, entré en littérature, malgré le rejet, la honte et le racisme, grâce à ses succès scolaires, accepte la succession, s'attelle au travail gigantesque de refinancement, fait des inventaires, se mue en apprenti libraire ...
Cet ouvrage brosse et condense avec bonheur des thèmes qui me sont chers: celui de libraire indépendant, médiateur culturel important, acteur puissant de la lutte contre l'illettrisme, une France multiculturelle
portée par la richesse de ses différences, lien fort d'entraide et de solidarité, enfin la lente disparition des librairies de quartiers au profit de bien tristes grandes surfaces, et autres liseuses.........
Ce texte généreux fait du bien, donne un vrai plaisir littéraire.
Pour l'auteur , le livre à l'évidence est un outil efficace d'entraide, de transmission et de partage !
Je laisse aux futurs lecteurs le pan de la guerre d'Algérie que je connais moins bien!
Commenter  J’apprécie          552
Quand on passe le seuil de la librairie Lepage, à Roubaix, on fait entrer un peu de soleil qui manque tant dans cette vieille ruelle. Un petit grelot vous annonce, on vous laisse déambuler au gré des aventures, parmi les romans, rangés du sol au plafond. Ici vous ne trouverez pas de « lectures Facebook », formatées pour plaire à tout le monde, en enlevant toute la magie de l'imaginaire, de l'aventure au pays des mots, de la réflexion, de la surprise, de l'émotion pure.

Yvonne aimait la culture, elle tentait de la partager avec tous les habitants de cette ville pauvre et multiculturelle, pour leur redonner des repères autres que ceux dictés par la télé et les idées préconçues, les idées courtes. Elle collectionnait les clichés photographiques, des images muettes, des secrets et des drames sans légendes.
À son décès, la librairie est au bord de la faillite, avalée par les grandes enseignes, les liseuses, la mode des lectures faciles sans réelle saveur.

Saïd écrit des listes de mots, il épèle les émotions à sa manière, il archive le temps, fait parler les morts. Il est un personnage de livres, il les côtoie comme des amis proches.

Abdel, professeur de français assis entre deux cultures a une dette envers Yvonne. Lorsqu'il était enfant, sa librairie lui a sauvé l'enfance, elle lui a offert un refuge, un lieu de voyage, d'écoute. Maintenant c'est à lui de prendre le relais, de créer du lien, de relier les gens, d'éveiller la mémoire, de la raconter en mots et en images, de l'apaiser.

La librairie est la toile de fond pour évoquer la culture qui fout le camp, la jeunesse à la dérive, les vieux et leur mémoire qui n'en finit pas de ressasser toujours les mêmes guerres. La guerre des cafés, la guerre d'Algérie, le FLN, les harkis et l'OAS. J'avoue que je n'y connais pas grand-chose à ce conflit. Mon père était soldat en Algérie mais n'en a jamais parlé. Il en a rapporté des tas de photos, certaines absolument magnifiques, d'autres très sombres. Elles racontent une histoire, avec trop de silences, de devinettes.

J'ai aimé cette belle histoire, ses personnages simples et généreux, cet atelier-librairie, où les livres sont chez eux et nous invitent à faire la paix, à penser, à devenir libre.

Commenter  J’apprécie          506
Mauvaise nouvelle : Yvonne, la libraire de quartier est morte. Et voilà Abdel, Saïd, Zita ou encore Zerouane tout retournés. Car c'était une brave femme Yvonne, le coeur sur la main.
Et avec sa disparition, c'est maintenant l'histoire d'un quartier de Roubaix qui risque de s'éteindre. La petite librairie, déjà fort malade, est poussée vers le cimetière des petits commerces par la grosse artillerie de guerre commerciale de la vente à grande échelle bien impersonnelle. À moins que nos bonnes âmes ne se retroussent les manches pour la résurrection de la boutique. Et Abdel Duponchelle, l'orphelin, l'Arabe blond devenu prof de lettres et amoureux des livres grâce à Yvonne, va relever le défi, aidé par les fidèles de la défunte libraire.
Mais faire le tri dans les archives fera ressurgir le passé, les douloureux souvenirs des années 60. Ce passé que certains souhaitaient oublier, ce passé que d'autres s'étaient imaginé sous le plus bel angle, ce passé qui met à jour un présent bâti sur des non-dits, mensonges ou contre-vérités.

Ce roman n'est pas sans rappeler Avec des mains cruelles du même auteur qui utilise les mêmes codes : un décès, des archives, un triangle amoureux, une enquête sur un passé flou et L Histoire en trame de fond (ici la guerre d'Algérie) qui sert à rabibocher les ennemis d'autrefois et réveiller la belle humanité qui sommeille en chacun. Mais quand dans le premier, la confusion et l'irréalisme de certaines situations régnaient en maître, le style est ici largement simplifié. Ouf. Car j'ai craint un temps de retrouver ce fouillis historique qui m'avait fort déplu. Alors, certes il y a toujours de quoi se perdre dans les méandres de ce combat pour l'indépendance de l'Algérie. Entre MNA, FLN, OAS, messalistes ou harkis, nous sommes parfois noyés dans ce torrent de combattants. D'autant que Michel Quint ne s'embarrasse pas à expliquer les tenants et aboutissants de ce conflit, là n'étant pas son objectif. Finalement quelque soit le camp choisi et les convictions d'antan, comme dans toute guerre, tous les coups bas étaient permis, et on retiendra simplement que personne n'est sorti indemne.

Sa plume s'attarde sur les séquelles et les stigmates d'après-guerre, toujours présents quelques cinquante ans plus tard. En laissant la place aux émotions, aux larmes, aux regrets, à la colère encore parfois. Mais la sensibilité et la générosité d'Abdel, tout à son amour des livres, de son prochain, dominent le récit. de solides liens se nouent alors, guérissant les blessures du passé.
Toujours dans l'économie de mots, mais au style incisif, l'auteur parvient en peu de pages à faire de ses protagonistes une famille, unie, soudée. Avec Roubaix et sa misère sociale en toile de fond, l'heure est à l'entraide et la réconciliation. Apaise le temps renoue avec la tolérance, l'amitié. Place enfin à la noble richesse de cette France multiculturelle.

Babelio et Phébus, soyez remerciés de ce généreux envoi. Michel, sois béni pour ce puissant récit porteur d'espoir sur la bienveillance humaine.


Commenter  J’apprécie          490
"Apaise le temps " quel beau titre !
Cette lecture m'a été offerte par Babelio et les éditions Libretto et je les en remercie très sincèrement !

J'ai lu ce livre rapidement tout d'abord parce qu'il est court côté nombre de page et parce qu'en peu de pages néanmoins Michel Quint nous brosse les portraits de différents personnages qui transitent ou ont transité dans cette librairie du centre de la ville de Roubaix.

Si au départ j'ai été un peu décontenancée par certaines tournures de phrases (je n'arrive pas à déterminer ce qui m'a parfois gênée, comme si je n'arrivais pas à comprendre la structure de la phrase et que ça heurtait parfois mon rythme de lecture …) , ce livre a réussi à me plonger dans cette ville tout en faisant connaissance avec certains de ses habitants.

Il y a cette librairie qui a vu tant de personnes et d'histoires. Elle est un héritage, que cette dame, Yvonne, va léguer à Abdel, fils d'une Oranaise et d'un roubaisien.

Ce jeune professeur l'est devenu un peu et même peut être beaucoup grâce à Yvonne et sa librairie.

La libraire est là, un testament du passé de ses propriétaires car il y a non seulement les livres mais aussi des photos, des négatifs et des articles de presse, témoins du passé troublé des propriétaires …

Michel Quint va dans ce petit livre nous parler de beaucoup de choses. de la guerre d'Algérie, de toutes les répercutions sur les habitants de Roubaix.

Il y a le passé et ses dommages collatéraux qui résonnent encore à travers les personnages actuels du livre et il y a aussi le présent avec une belle réflexion sur comment avancer sans les stigmates du passé.

De plus, Michel Quint en profite pour distiller un message à destination des lecteurs quant à l'utilisation des plateformes d'internet ou/ et grosses structures culturelles qui mettent à mal les belles choses d'un bon commerce de proximité, d'une belle librairie où l'humain est l'essentiel par les échanges et la richesse humaine qu'ils peuvent générer.

On a même les sentiments qui s'invitent au coeur de ce livre, avec la tempétueuse Rosa, l'assistante sociale qui travaille dans le même établissement qu'Abdel et qui elle aussi à des liens avec cette librairie et également Zita.

Une lecture que j'ai appréciée avec le seul bémol de certaines tournures de phrases qui m'ont un peu désorientées.

Sinon, poussez la porte de cette librairie, je suis bien sûre que vous apprécierez de découvrir tous les gens qu'elle réunit pour enfin apaiser le temps !
Lien : https://imagimots.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          410
Roubaix, dans une petite rue à l'ombre de l'hôtel de ville. La mort brutale d'Yvonne, libraire de son métier, laisse un vide dans les coeurs de ses fidèles clients. Car ses clients, c'est un peu, beaucoup même, sa famille. La preuve, elle lègue tout à Abdel, jeune prof de lettres qu'elle a connu enfant et à qui la librairie servait de bibliothèque. Un cadeau empoisonné ? Avec l'aide de fidèles, Abdel relève le défi. L'entraide et la solidarité, le don de soi au service des autres, c'était aussi les moteurs de la vie d'Yvonne. Alors, pourquoi pas lui ?

C'est en rangeant l'appartement attenant à la librairie qu'Abdel découvre les archives photographiques d'Yvonne, archives qui s'arrêtent en 1962. Abdel touche du doigt un épisode de l'histoire qui reste encore assez tabou : l'après- indépendance de l'Algérie, l'immigration, le racisme, les tensions et les courants politiques divergents.

Apaise le temps est un court roman de Michel Quint. L'auteur nous fait faire une fois encore un retour sur le passé, dans ce Roubaix qui connut son heure de gloire et qui n'en finit plus de décliner. A l'Histoire, il mêle habilement la vie quotidienne des protagonistes, et c'est à mon sens ce qui fait toute l'intensité de ce roman. Les personnages ont tous un passé et une histoire à raconter, l'écriture est fine, même s'il faut rester concentrée sur sa lecture, sous peine de perdre le fil.

Le temps apaise-t-il les blessures ? le passé est-il un poids pour les générations futures ? Est-il au contraire une force ? A-t-on besoin de tout savoir pour se construire ? Ce sont des questions que l'on peut se poser en lisant Apaise le temps.
Seul bémol : en ce qui me concerne, je connais finalement assez mal cet épisode de l'histoire de France. En savoir plus m'aurait sans aucun doute aidé à appréhender toutes les subtilités des thèmes abordés.

Merci aux éditions Phébus et à Babelio pour cette découverte.
Commenter  J’apprécie          290
Abdel Duponchelle hérite de la librairie tenue jusque-là par Yvonne, 75 ans, morte d'un AVC. Contre toute attente et malgré les conseils du notaire, cet « Arabe blond », agrégé de lettres et enseignant dans un lycée, accepte cet héritage ruineux… La librairie est au bord de la faillite, mais Abdel se sent redevable envers Yvonne qui, depuis toujours, lui prête des livres et l'aide avec bienveillance. Georges et Julie, les parents d'Yvonne qu'Abdel n'a pas connus, aidaient déjà les immigrés dans cette ville de Roubaix pas encore complètement sinistrée. Ils aidaient à l'alphabétisation, prenaient soin des déshérités, gagnaient la confiance des laissés-pour-compte par leur gentillesse et leur dévouement. Mais quelle idée d'avoir accepté cet héritage ! Maintenant, il faut faire le tri parmi tout ce qui traîne à la librairie et dans l'appartement d'Yvonne : le stock, mais aussi les vêtements, et surtout les cartons de photos qui datent d'avant 1963, date à laquelle Georges a été tué dans une fusillade à l'intérieur d'un café. Yvonne n'a plus jamais pris de photos après ça…
***
Dans Apaise le temps, sorte de fable loin de toute vraisemblance, Michel Quint met en scène des personnages improbables dans un décor assez misérabiliste, mais en prenant parti pour l'optimisme. La vilénie de certains est contrebalancée par la bonté et le sens du partage des autres. le carton des photos prises par Yvonne au début des années 60 permet à Michel Quint d'aborder un sujet que pour ma part je ne connaissais pas du tout : le mouvement indépendantiste algérien était déchiré par des guerres internes impliquant deux factions, FLN et MNA. Il sera aussi question du sort des harkis et de la méfiance, voire de la haine, qu'ils suscitent, comme de l'OAS et de l'implication de certains Français dans le conflit, quelle que soit l'idéologie qu'ils épousent. Tout cela est abordé très brièvement, à peine effleuré, et c'est dommage. Il n'était sans doute pas possible de développer sans casser l'ambiance résolument optimiste et la foi en la bonté de l'homme que veut mettre en avant l'auteur. Et puis il y a l'écriture de Michel Quint, un vrai plaisir jamais démenti : un narrateur à la première personne qui ne se montre que deux ou trois fois, un style souvent haché qui réussit à rester fluide, des mots rares et bienvenus, sans doute quelques régionalismes séduisants, et çà et là, un soupçon d'humour, par exemple, des libraires qui s'appellent Lepage… Un bon moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          280
Tout d'abord merci à Babelio et aux éditions Phebus pour cet envoi dans le cadre de la masse critique privilégiée. Je ne sais pas ce qui a poussé à cet envoi car il ne me semble pas avoir postulé pour, mais tant mieux ! La découverte fut totale car je ne connaissais pas l'auteur, même si un coup d'oeil à la biographie de fin d'ouvrage me permit de le rattacher à Effroyables Jardins, son best-seller.
Une belle surprise donc car beaucoup de choses sont condensées dans ce petit ouvrage de 104 pages. L'évocation de personnages attachants, une région qui m'est chère, un lien avec L Histoire et pas celle qu'on nous détaille à l'école, un style changeant qui s'adapte au rythme du récit ou aux personnalités des protagonistes, des références littéraires fines et drôles mais jamais pédantes, une évocation pleine de justesse du quotidien d'une petite librairie de province. Et on ne peut même pas faire le reproche de la brièveté car cette histoire de gens simples trouve un parfait écrin pour éclore dans la forme de ce roman court mais dense.
Commenter  J’apprécie          200
La littérature, vecteur de réconciliation ? Quel beau sujet ! On ne pouvait trouver mieux pour me décider à découvrir la prose de Michel Quint (mieux vaut tard que jamais...). Une écriture qui séduit dès les premiers mots, à la fois dense, alerte, élégante mais également ancrée dans le réel et le contemporain. Oui, apparemment on peut dire le présent sans s'exonérer d'une certaine ambition pour la langue. La dizaine de pages qui constitue le premier chapitre est tout simplement époustouflante de fluidité, de clarté et de construction.

C'est donc une librairie, le héros de ce petit livre. Une modeste librairie du centre de Roubaix, défraîchie et vieillissante abandonnée de tous sauf de quelques proches des anciens libraires, les Lepage. Un nom prédestiné mais surtout des convictions. Celles de Georges, en le pouvoir des mots.

"(...) Georges disait que les guerres sont finies et que les livres sont des amis communs à tous les hommes, des lieux où faire la paix. Des lieux d'égalité possible si on sait lire. Alors tu peux revendiquer tes racines en bloc, négritude, exil, pauvreté, descendant de victimes de l'esclavage et du colonialisme, flamezoute de toute éternité, c'est pas d'affirmer ta différence qui te rendra égal, ni de prendre les armes, c'est de te donner les moyens d'être aussi fort que n'importe qui. Par la matière grise."

Au point d'assister bénévolement les familles du quartier, fraîchement débarquées d'Algérie et de faire de sa librairie un vecteur de lien social. A sa mort, Yvonne, la fille de Georges a repris le flambeau. On le sait, l'altruisme ne paye pas. L'arrivée d'internet n'a fait qu'accélérer les choses, la librairie périclite inexorablement. Lorsqu' Yvonne meurt à son tour, elle fait d'Abdel Duponchelle son héritier. le jeune homme, fruit d'une double culture a grandi au milieu des rayonnages de la librairie, trouvant entre ses murs une sorte de seconde famille. Issu d'un milieu modeste, il est agrégé et désormais professeur de lettres dans un lycée de Roubaix, infiniment attaché à la libraire qui a accompagné son apprentissage de la littérature autant que de la vie. Alors, accepter cet héritage qui représente plus de dettes que d'actifs ? C'est peut-être de la folie mais comment faire autrement ? Abdel hérite également des archives d'Yvonne qui fut photographe de presse avant de prendre la succession de ses parents. En s'y plongeant, il va revivre l'histoire de la librairie intimement et tragiquement liée aux événements d'Algérie qui ont vu un grand nombre de rapatriés s'installer à Roubaix. Et faire quelques découvertes essentielles qui permettront de mettre le passé de côté pour mieux repartir.

Si les éléments liés à l'Algérie m'ont parfois laissée de côté (je connais mal cette période et les subtilités d'un conflit qui s'est aussi délocalisé et prolongé dans les métropoles françaises), j'ai été complètement séduite par la galerie de personnages qui gravitent autour de cette librairie. Il faut dire que l'auteur les aime, ça se sent et se transmet forcément. A commencer par Abdel, amoureux des livres comme ses parents l'ont été l'un de l'autre au point de braver le qu'en dira-t-on de l'époque qui voyait d'un très mauvais oeil le mariage d'un français et d'une algérienne. Séduite aussi par ce petit coin de France que met en scène Michel Quint, dominé par la figure du généreux Georges, toujours soucieux d'entraide et de transmission.

On quitte Abdel à regret, le sachant néanmoins bien entouré, avec un vrai projet de vie pour lui et sa librairie, en droite ligne de l'engagement modeste mais sincère de Georges. Et l'on se dit que Michel Quint a bien fait de nous parler d'eux, Saïd, Zita, Rosa, Abdel, Yvonne et Georges, parce qu'on aimerait en croiser plus souvent des comme ça.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          120
Une couverture qui me parle d'emblée. Une rue en pavé de Roubaix (semble-t-il, ou de l'une de ses cousines du Nord), les belles façades des immeubles mitoyens, mélange harmonieux de brique et de pierre ou d'enduit, des façades riches que je mettrai par la suite en parallèle avec l'écriture de MICHEL QUINT pour ce roman dense et profondément humain.
APAISE LE TEMPS nous raconte dans un entrelacs de souvenirs et de moments présents, l'histoire d'une librairie à Roubaix, entre les années 50 et l'époque actuelle, au travers de ses différents propriétaires, dont Abdel Duponchelle ( habile trouvaille de l'auteur pour y englober toutes les strates d'origine de la population de cette grande ville aux mille richesses, du prénom de l'immigré au nom de famille des plus bourgeois) personnage qui sert de fil conducteur en tant que dernier repreneur de la librairie. Abdel est amené à faire de l'ordre dans le stock de livres et de documents et y retrouve des archives dont le mystère constitue la trame historique du roman, insufflant une tournure façon polar, autour de l'assassinat de l'un des anciens propriétaires pendant la guerre d'Algérie. On traverse l'histoire de la ville autour des luttes entre factions locales ennemis, l'OAS, le FLN, les harkis.
Le roman nous parle aussi du rôle social de la librairie, au travers de personnages attachants, clients historiques, habitués, ou personnels en poste, tous en soutien pour Abdel pour qui la reprise de la librairie n'a rien d'évident malgré ses souvenirs de jeune lecteur et la belle rencontre qu'il avait fait, étudiant, avec la libraire qui l'a précédé.
Un très beau roman, qui prend sens, et qui peut se résumer par cet extrait, tant du point de vue de son histoire que de la richesse de l'écriture :
« Yvonne a également hérité de l'officieux fonds social de son père qui partageait ses enthousiasmes de lecture avec les clients pour combattre l'analphabétisme, l'illettrisme, enchanter le monde et faciliter l'intégration des polacks, espingouins, portos, macaronis, niakoués, bicots et bougnoules, Oui monsieur faut pas avoir peur des mots, les gros faut les convoquer, les regarder en face et leur faire honte en public. Après, ils maigrissent, se refont une beauté, retrouve une dignité : le melon est un fruit. Il parlait de la sorte, Georges, disait que les guerres sont finies et que les livres sont des amis communs à tous les hommes, des lieux où faire la paix (….) Par la matière grise. Il prêchait, Georges. Cet engagement lui coûtait plus qu'il ne rapportait »
Un livre qui raconte l'histoire d'une librairie et qui, à n'en pas douter, parle aux libraires…
Un grand merci à Babelio et les éditions Libretto pour l'envoi de ce roman.
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (204) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3206 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}