Je ne dispute plus. J'attendais, pour vous croire,
Que cette même bouche, après mille serments
D'un amour qui devait unir tous nos moments,
Cette bouche, à mes yeux s'avouant infidèle,
M'ordonnât elle-même une absence éternelle.
Moi-même j'ai voulu vous entendre en ce lieu.
Je n'écoute plus rien, et pour jamais : adieu…
Pour jamais ! Ah, Seigneur ! songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?
TITUS : Plaignez ma grandeur importune.
Maître de l'univers, je règle sa fortune ;
Je puis faire les rois, je puis les déposer :
Cependant de mon cœur je ne puis disposer.
Acte III, Scène 1 : (v. 719-722).
On sait qu'elle est charmante, et de si belles mains
Semblent vous demander l'empire des humains ;
Elle a même, dit-on, le cœur d'une Romaine ;
Elle a mille vertus ; mais, Seigneur, elle est reine.
Bérénice me plut. Que ne fait point un coeur
Pour plaire à ce qu'il aime, et gagner son vainqueur !
Depuis cinq ans entiers chaque jour je la vois,
Et crois toujours la voir pour la première fois.
(Titus)
Depuis cinq ans entiers chaque jour je la vois,
Et crois toujours la voir pour la première fois.
TITUS
Ah, Rome ! Ah, Bérénice ! Ah, prince malheureux !
Pourquoi suis-je empereur ? Pourquoi suis-je amoureux ?
Faut-il donc tant de fois de le faire redire ?
Ah ! Lâche ! fais l'amour, et renonce à l'Empire.
Au bout de l'univers, va, cours te confiner,
Et fais place à des cœur plus dignes de régner.
L'excès de la douleur accable mes esprits.
L'on sait que les moindres choses vous deviennent considérables, pour peu qu'elles puissent servir ou à sa gloire ou à son plaisir.
(Epitre de la première édition)