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"Esther" et "Athalie" sont les deux dernières pièces de Jean Racine, des coups de coeur, d'une perfection rare. Elles sont très différentes de l'ensemble des tragédies qui les ont précédées, plus simple, plus sobre, moins complexe, plus épique, aussi. Si elles peuvent sembler moins élaborées que d'autres pour cette raison, elles me semblent, pour ma part, figurer parmi les meilleures pièces du Maître ; certes, elles sont moins élaborées, moins complexes dans leur conception dramaturgique, mais cela leur donne une épuration et laisse la place au vers, au vers divin de Jean Racine, à ce vers dans Esther et dans Athalie plus parfait que jamais, ce vers épique, ce vers tragique, ce vers sensible, qui m'emporte, qui me transporte. Mais quel souffle !!! Quel souffle épique ce vers sait nous transmettre ! Ce vers, tout simple, fuse, il m'emporte, il m'émeut, il me transporte, il me transcende ; c'est un vers qui sait tout exprimer, un vers au plus haut degré de perfection, qui sait m'emporter dans des aventures épiques, me faire ressentir les malheurs intimes, la courage, la détresse, l'infâmie des personnages ; et, que dire de ce vers, sinon qu'il est beau et qu'il m'atteint au coeur ?
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Le style de Racine est plus émouvant, plus flamboyant et plus évocateur que jamais, dans ses deux dernières pièces, dont Esther fait partie. J'ai souvent pensé en lisant cette pièce à la poésie de Hugo, à son style imagé, à ses élans lyriques, tellement, tellement évocateur. le style d'Andromaque n'était qu'exceptionnel ; celui d'Esther est inégalable. La fin est un peu classique, et Athalie est plus réussi. Et cependant, comment être insensible à ce torrent de vers, à ces scènes qui s'enchaînent, comme un torrent et qui émeuvent tant ? Comment être insensible à ce génie de Racine, bouillonnant d'images, de visions, de pensées ? Comment peut-on ne pas sentir la résonance de ces vers, qui sont comme une tempête, et qui emportent tout, et qui nous font partager les émotions de tous les personnages ? Comment peut-on ne pas être ému, plus qu'ému, bouleversé, à ce torrent de vers, si beaux, si grands ?
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J'ai relu Esther après avoir lu Madame de Maintenon, sous la plume de Françoise Chandernagor dans l'Allée du Roi, évoquer la création de la pièce. C'est donc une pièce de commande, ce qui a déterminé sa construction : un sujet d'inspiration religieuse, des jeunes filles innocentes et vertueuses, un roi clément loué pour ses conquêtes et sa piété - allusion transparente au Roi Soleil, la femme du roi qui protège les jeunes innocentes et veille sur elle - allusion à la Marquise qui a commandé la pièce.
Si le choeur des jeunes filles est une bonne idée, je n'ai cependant guère apprécié cette pièce, peut-être parce que je suis une amatrice " de spectacles frivoles et profanes". Je préfère les tragédies de Racine dont l'intrigue repose sur un amour impossible à l'issue dramatique.
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Le prologue d'Esther fait déjà un tri parmi les spectateurs :

"Et vous, qui vous plaisez aux folles passions
Qu'allument dans vos coeurs les vaines fictions,
Profanes amateurs de spectacles frivoles,
Dont l'oreille s'ennuie au son de mes paroles,
Fuyez de mes plaisirs la sainte austérité :
Tout respire ici Dieu, la paix, la vérité."

Autant dire qu'ils seront bien déçus, les amoureux fous de la tragédie racinienne profane -dont je suis- avec son cortège de monstres et de pervers narcissiques acharnés sur de tristes victimes qui n'ont plus que leurs yeux pour pleurer...

Tout dans "Esther" baigne dans la religiosité, le sacré: chantez choeur des Hébreux, résonnez trompettes du Temple... Assuérus roi des Perses est l'arbitre brusquement touché par la grâce, Mardochée figure une sorte de prophète du peuple élu, Aman, un avatar satanique et Esther, vierge et presque martyre,est l 'héroïne qui sauve son peuple, la médiatrice entre le Dieu biblique et le peuple du Livre..

La structure en trois actes a elle aussi de quoi surprendre chez ce classique: retour aux normes aristotéliciennes comme on retourne, pour le sujet, aux sources bibliques d'un christianisme dont louis XIV vieillissant et secrètement marié à cette bigote de Mme de Maintenon,( née...Françoise d'Aubigné !) a fait le fer de lance de sa politique, après la Révocation de l'Edit de Nantes.

D'ailleurs, si Racine cède aux sirènes de la propagande royale et aux pressions de l'influente Françoise, il ose glisser une discrète protestation contre cette Révocation: les Juifs d'Esther épargnés par Assuérus semblent inciter Louis XIV à se montrer un roi plus tolérant...

Le vers racinien est toujours aussi mélodieux, inspiré, vibrant...mais j'avoue humblement être plus sensible aux divinités solaires, chtoniennes, ou marines du paganisme qu'aux pompes christiano-bibliques , et donnerais dix Esther pour une Phèdre ou une Hermione......Mais comme dirait Séraphin Lampion, c'est mon avis et je le partage...
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J'ai énormément aimé cette tragédie racinienne, au point d'apprendre par coeur plusieurs tirades d'Esther.

Cette pièce occupe une place toute particulière dans l'oeuvre du grand dramaturge puisqu'elle fut commandée par Mme de Maintenon (que Louis XIV avait fini par épouser secrètement) pour ses demoiselles de Saint-Cyr, (élèves de la Maison Royale de Saint-Louis, cette école pour jeunes aristocrates désargentées créée notamment dans le souci de combler le vide poignant creusé en elle par l'absence d'enfant de son sang).

De ce fait, le thème biblique choisi par le tragédien convient à tous : à la commanditaire de l'oeuvre qui met un point d'honneur à en faire un exercice pédagogique et à l'auteur pétri de jansénisme et devenu historiographe du roi. Ce dernier viendra d'ailleurs honorer de sa majestueuse personne plusieurs répétitions et patronnera la première représentation donnée par les demoiselles au sein de leur école. "Esther" a la particularité de joindre au jeu des acteurs des scènes chantées.

Le thème de cette tragédie sacrée est issu de l'Ancien Testament. L'histoire de la Juive Esther est touchante, c'est l'incarnation de l'abnégation et du sacrifice pour sauver son peuple. A la beauté et la poésie de la langue (cette tragédie est versifiée bien-sûr) devait se mêler en parfaite harmonie la musique de Jean-Baptiste Moreau, hélas aujourd'hui introuvable.
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Tragédie de Racine dans laquelle il est déjà question du peuple juif en tant que fléau de Dieu, et ce, deux siècles avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Je savais que le peuple juif avait toujours était considéré en tant que tel mais, à part dans certains écrits religieux, c'est la première fois que j'en entend parler dans une oeuvre littéraire aussi vieille que celle-ci.

Esther et Mardochée , son père adoptif, arrivent à déjouer un complot visant le roi Assuerus et lui sauvent la vie. Esther devient donc rapidement la préférée du roi qui lui accorde toutes ses grâces. Cependant, ayant appris que, sous les conseils de son favori Aman, le roi s'apprêtait à exterminer le peuple juif, persuadé que celui-ci complote contre lui. C'est alors que se produit un magnifique renversement de situation dû à Esther qui invite chez elle Aman ainsi que le roi afin de dévoiler à ce dernier que son père adoptif et elle- même sont juifs et que leur peuple n'a nullement l'intention de se retourner contre lui. Etant convaincu de la véracité de ses dires puisqu'elle et Mardochée lui ont sauvé la vie, le roi comprend alors qu'Aman a voulu se jouer de lui par seul but de vengeance personnelle et décide de la faire exécuter.

Bien qu'il s'agisse d'une pièce de commande de la part de Louis XIV et de Madame de Maintenon-cette dernière ayant ouverte une maison pour les jeunes filles nobles, elle entend bien à veiller sur leur éducation- Racine ne s'est pourtant pas trahi en respectant les consignes qui lui avaient été faites puisqu'il a été fidèle à lui-même qinsi qu'à ses aspirations religieuses. A découvrir !
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