Il y a des hasards, parfois… J'ai lu «
le diable au corps » juste après avoir fini «
Roman avec cocaïne » de
M. Agueev. Et même s'il n'y a pas vraiment lieu de le faire, je ne peux pas m'empêcher de comparer ces deux courts romans qui se passent à la même époque et racontent les histoires et les premiers émois amoureux de deux adolescents avec des femmes mariées. En sus ils ont la particularité commune de se montrer plus ou moins indifférents aux évènements qui secouent leurs pays respectifs : la première guerre mondiale et la révolution russe. Il y a dans ces deux livres quelques réflexions assez proches sur l'amour, mais autant
M. Agueev a écrit un roman dans un esprit russe, où on n'hésite pas à se frotter à la crasse de l'âme et à la pauvreté des corps, autant avec
Raymond Radiguet on est dans une distinction typiquement française, élégante et d'une futilité plus ou moins assumée.
Un jeune garçon doué pour les études mais paresseux, orgueilleux mais timide, encore insouciant, tombe amoureux d'une femme mariée à un soldat parti sur le front. Même si ce n'est pas d'une grande moralité, il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Mais il parait que «
le diable au corps » (un grand succès lors de sa parution) a été vendu comme « scandaleux ». Soit. Dans le roman, cette liaison est vue d'un mauvais oeil par l'entourage bourgeois et indiscret des deux amants. Une liaison banale pourtant. D'abord la passion, puis les milles petits riens, les incompréhensions, les non-dits inévitables, les mensonges, les tromperies.
Quoi d'autre ? C'est un roman bien écrit, non sans une certaine afféterie juvénile et démodée dans l'utilisation intempestive de l'imparfait du subjonctif. Et, par bonheur, suffisamment court pour que le lecteur ne tombe pas dans une catalepsie irrémédiable.