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EAN : 978B00MPC25QI
éditions Cartea Romaneasca (30/11/-1)
4/5   1 notes
Résumé :
Édition bilingue de 1978 à laquelle ont collaboré comme traducteurs : Irina Radu, Ileana Vulpescu, Romulus Vulpescu, Marina Zamfirescu.
Contient un avant-propos de Laurenţiu Ulici : Le spécifique national de la poésie… Nous pensons que, apprendre le roumain, pour lire seulement Mioriţa ou l'Ode en mètre antique d'Eminescu, est un acte d'égal plaisir et d'égale utilité intellectuelle. Parce que, encore une fois, « les poètes appartiennent à la langue... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cette anthologie bilingue a été publiée alors que j'avais trois ans sous le régime communiste et réunit des poèmes de 30 poètes. Et dire qu'aujourd'hui, un grand auteur comme Mircea Cartarescu n'a pas publié un seul volume de poésie en France alors qu'on le dit nobélisable !
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Gheorghe Tomozei (1936-1997)

Le vieillard et les livres

Le vieil écrivain était malade.
On feuilletait chez le libraire son dernier bouquin
et il me semblait assister à une vente aux enchères.
Sur la couverture, je m'attendais à voir
ses boutons, de chemise ou leur chiffre bizarre,
ses lunettes et son fume-cigarettes bon marché.

C'est hier qu'il est mort.
Les livres de sa bibliothèque,
des in-folios satinés, bien nourris,
des parchemins pelés et des albums pâlis
seront expédiés aux bouquinistes, en plein hiver.
Le vieux ne supportait pas qu'ils aient froid,
ni qu'ils soient seuls. Ils ont gardé peut-être
l'encre de son sang.

Maintenant tous ces bouquins vont être éparpillés,
leur peau se crispe de terreur,
les miroirs se déchargent de son image,
ses vêtements se liquéfient dans la commode
et dans son paquet de tabac chantent les cigales.

Désormais ces bouquins vont pâlir un peu
et je les empile, rayons compris, dans ma mémoire…
Sans broncher, il me conseillait de ne pas faire l'amour
« en présence des livres »
et c'est la première fois que je ne souris pas.
Les fenêtres s'éteignent,
le matou, plus décrépit que les fauteuils, s'esquive,
et je descends les marches usées de la maison du vieux
lorsque soudain,
à l'improviste, vers la chambre défunte
sortent de l'ascenseur, en me frôlant,
m’écrasant presque,
les jambes de sa fille, gainées de noir...

(p. 201-203, traduit du roumain par Irina Radu)
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Ioan Alexandru (1941-2000)

Le vol pur

Petit à petit les lumières s'éteignirent
Et la nuit se leva brûlante
Et je fus de nouveau enlevé et porté
Sur des ailes jeunes et saintes.

Je ne connaissais pas l'endroit où j'arrivai.
Nous passâmes au-delà des eaux
Et tard nous descendîmes
Sur le rivage des grands œillets.

Les papillons d'or parcouraient
Mon être fragile
Et je commençai de nouveau à pleurer
Pris de pitié et d'amour.

Des yeux doux venaient autour de moi
Avec de légères veilleuses d'huile sacrée
Et tout bas un Hymne prenait forme
Tissé de larmes et de miséricorde.

La parole n'y était plus – murmuraient
Seules les profondeurs sans nom
Avec la rosée de l'ombre éclairante
Purement au-delà du monde.

(p. 231-233, traduit du roumain par Ileana Vulpescu)
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Au bord du Styx

C'est un œuf profond que la chambre où je meurs,
Avec ses rosiers bleus sur les parois.
Ni vitres, ni lucarnes, ni palier
Mais simplement, des taches régulières.

Je plane en des ellipses qui décroissent
Lentement vers le centre, en faisceaux démembrés :
Des jours sont entassés au fond du corridor
Par le cocher parti pour se soûler.

Dans la rade, il attend le gai navire,
Féerique, sous pression, mugissant,
Et l'œil du commandant se colle à la lunette

Tandis qu'ici j'exerce les ellipses nouvelles,
Plus tournoyantes, plus rapides, plus en rond
Et sens dans l’âme un noyau tendre qui regrette.

(p. 121, Leonid Dimov, traduction en français par Irina Radu)
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Geo Dumitrescu (1920-2004)

Inscription sur une borne-frontière

« à qui m’prend par la douceur
j’donn’ma chemise de bon cœur... » (chanson populaire roumaine)

J'aurais été slave si je n'étais latin,
latin serais, si je n'avais aussi été dace –
mais il en est ainsi : je suis roumain
et c'est un sort dont je suis satisfait !

Je tiens d’autres ici sang et paroles –
des sables jaunes sont passés dans leur vol
portés par le vent de l'Asie, brûlants,
afin d'engraisser mon champ accueillant.

Et du Couchant, du Midi sont venus
d’humaines poussières, ombre et lumières,
qui m'ont imparti du bien et du mal –
dans mes racines j'ai tout absorbé.

Rien ne m'est étranger – tout m'appartient,
point débiteur : j'ai payé plus que dû ! –
à payer les dettes aux oublieux,
le couteau m'était arrivé à l'os !

Mais je suis resté conforme à la tradition –
regardez-moi, vous verrez aisément
que d'un côté je ne suis pareil à personne,
bien qu'en quelque sorte je vous ressemble à tous.
J'aime accueillir mes hôtes, mes amis ;
je leur ouvre ma porte, mon cœur aussi :
vous serez bienvenus sous mes beaux arbres,
dans mes montagnes, mes eaux chaleureuses.

Un conseil ? Je vous écoute attentivement.
Un coup de main ? Je vous en remercie !
Mais surtout n'allez pas croire, divaguant,
qu'ici c'est le pays des chevaux qu'on attelle !

Donc, pour manger, vous dorez au soleil ! –
un endroit choisi vous réserve, amis ;
je vous attends beurré d’idées, pensée en fleurs,
(le phosphore ne manque pas ici…)

Vers tous les horizons jetant des ponts solides,
je reçois et donne à la terre entière ;
en moi point ne raisonne pensées hypocrites,
pas d'autre maître ici : je suis le mien !

J'apprends, en chantant ou non, des langues étrangères,
parfois utiles – c'est ce qu'en moi j'estime –
mais je pense toutefois qu'il est bon
que je sache premièrement nager !

Et, voyez, je suis conforme à la tradition –
regardez-moi, vous verrez aisément
que d'un côté je ne suis pareil à personne,
bien qu'en quelque sorte je vous ressemble à tous.

Car slave j'aurais été, si je n'étais latin,
latin je serais, si l’on ne me disait dace –
mais il en est ainsi : je suis roumain –
en paix je veux vivre avec tout le monde !

(traduit du roumain par Marina Zamfirescu)
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Alexandru Andrițoiu (1929-1996)

Art poétique

La lune la plus belle est sur l’étang,
l'étoile la plus belle est sur la mer,
le cri de la caille est bien moins sincère
aux champs que dans la mémoire et l'oubli.
La lune la plus belle est sur l’étang.

La plus belle des fleurs est sur un sein,
ou dans les cheveux défaits d'une femme –
et brillent moins là-haut qu’en l'eau des puits,
l'arc-en-ciel et ses fastueux fantômes.
La plus belle des fleurs est sur un sein.

L’or est bien plus ardent sur l'annulaire,
mieux dessinée, la hanche sous la soie,
le vin a plus de grâce au jour des noces
et le rayon plus de langueur dans la rosée.
L’or est bien plus précieux sur l'annulaire.

Arômes et couleurs tracent des cercles
autour de moi. Mon argile tressaille
et je revêts la chemise du ciel.
Soudain – me voici ciel et horizon.

La lune la plus belle est sur l’étang.

(p. 129-130, traduit du roumain par Irina Radu)
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