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Citations sur Aline (40)

Henriette buvait son café. Elle mangeait son pain. Elle vivait. C'est le sang qui va quand même, monte au coeur et redescend, quand le reste est presque mort. On est là, on se regarde, on se voit comme dans l'eau noire un buisson qui a brûlé ; et on s'en retourne en arrière, parce qu'avant tout est fermé.
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Aline et Julien écoutaient de loin la musique. Elle leur arrivait nette ou presque indistincte, selon que la brise hésitante la poussait jusqu'à eux ou la laissait retomber. Elle sortait de l'ombre et elle était triste. [...] Ils se turent. A la fin d'un air, la musique cessait ; elle reprenait presque aussitôt ; et, pendant les silences, on entendait des éclats de voix et de gros rires.
– Ils ne s'ennuient pas, recommença Julien.
– On est encore mieux ici.
– Oui, seulement adieu la danse.
– Ecoute, dit Aline, si on en dansait une ; on entend assez la musique.
– Oh ! allons-y, si tu veux.
Elle dit :
– Je n'osais pas te le demander.
– Pourquoi pas ?
– Comme ça.
– Comme ça, dit-il, on sera du bal, nous aussi.
Ils dansèrent sous le grand poirier. Leurs haleines confondues leur échauffaient le visage. Aline fermait les yeux, la tête appuyée sur l'épaule de Julien ; leurs jambes se mêlaient. Parfois la musique faiblissait et ils piétinaient sur place ; quand elle recommençait, ils tournaient plus rapidement pour rattraper la mesure. Et toute la nuit tournait autour d'eux, avec le poirier, les collines, le bois, le ciel et les étoiles, comme dans une grande danse du monde.
Ils tournèrent ainsi longtemps. Mais Julien glissa sur l'herbe. Il se dit tout à coup que les autres dansaient sur un plancher avec de la lumière et de quoi boire, -- eux dans un pré mouillé, sous un arbre, comme des fous. Une espèce de colère lui entra dans le coeur.
– J'en ai assez !
– Déjà ?
– Déjà ? il y a un bon quart d'heure qu'on tourne.
Ils se regardérent, ils se voyaient à peine. Des noyers noirs et compacts comme des blocs de rocher fermaient la prairie.
Aline dit :
– Tu es fâché ?
– Oh, dit-il, c'est la fatigue.
Elle soupira. L'orchestre commençait la dernière valse.
Le vrai amour ne dure pas longtemps.

[C. F. RAMUZ, "Aline", 1905 - finale du chapitre VI]
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Les mauvaises herbes viennent bien toutes seules, mais rien de ce qu'on sème et de ce que l'on plante, au contraire.
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Ils s'asseyaient l'un à côté de l'autre. Les escargots sortaient leurs cornes noires et tiraient leurs coquilles qui branlaient sur leur dos collant ; quand la terre est humide, les champignons poussaient en une seule nuit dans les feuilles pourries. Les noisettes étaient à peine formées encore et molles dans leur peau verte qui fait cracher, mais on trouvait quelquefois une fraise oubliée, qui vous tombait entre les doigts. Il faisait déjà noir dans le petit bois ; c'était comme une maison qu'ils avaient pour eux seuls et où on ne pouvait pas les voir, mais d'où ils pouvaient tout voir, car il y avait une porte ronde et des trous comme des fenêtres, avec le ciel comme une vitre. Les feuilles secouaient leurs gouttelettes sur eux, le ruisseau sonnait ses petites sonnettes, le temps était vite passé. 
(Chapitre 2).
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Elle raconta tout ce qui s'était passé pendant la journée, vidant son cœur comme on vide un sac, parce qu'il lui semblait que tout ce qui était à l'un était à l'autre et qu'ils n'avaient plus qu'une vie entre les deux.
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L’obscurité était quelque chose de profond et d’épais comme une fourrure à poils noirs.
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Elle prit dans la direction du village. Elle pensait au soir où elle avait porté la lettre ; c'était autrefois, le temps qui n'est plus. Comme la vie tourne ! La vie a un visage qui rit et un visage qui pleure ; elle tourne, on la voit rire ; elle tourne encore et on la voit pleurer.
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Tu ne sais pas, dit-elle, je voudrais bien que non… seulement… oui, c’est la vérité. Je ne suis pas sûre… C’est la première fois… Et puis, il a bien fallu, n’est-ce pas ? Et puisque c’est toi, il vaut mieux que je te dise.
Elle parlait en tâtonnant avec ses mots comme une aveugle avec ses mains. Elle tordait dans ses doigts les attaches de son tablier. Elle avait les pommettes rouges comme deux petits feux allumés.
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Comme elle se peignait devant son miroir, Aline vit la joie cachée dans le fond de son cœur se lever près d’elle et l’appeler par son nom. Elle sourit.
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Et puis un jour, ils s'étaient rencontrés, Julien l'avait accompagnée, ensuite, il était revenu : au commencement, elle n'y avait pas pris garde ; puis, peu à peu, elle avait eu plaisir à le voir, parce que l'amour entre dans le coeur sans qu'on l'entende ; mais, une fois dedans, il ferme la porte derrière lui.
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