À malin, malin et demi
Lecteurs soyez avertis, vous monter à bord d'une voiture de location conduite par Melvil Hammet accompagné de sa femme Luisa. le couple prend quelques jours de vacances, en Sicile, afin de rafistoler leur couple qui tangue et vacille.
Melvil y met beaucoup d'espoir.
C'est un couple comme tant d'autres.
Mais, à bord tel un réalisateur de la Caméra invisible,
Yves Ravey a endossé sa panoplie du parfait sympathique manipulateur.
L'escapade idyllique se transforme rapidement en cauchemar.
Parti de l'aéroport Melvil se trompe de sortie, et à la nuit tombante, sous une pluie battante, il heurte quelque chose. Il s'arrête, ne voit rien d'autre que l'aile de la voiture enfoncée, ce qui l'amène à conclure qu'il a dû renverser un chien ou un animal sauvage. Il n'a qu'une idée : trouver un carrossier, en toute discrétion.
Mais le lendemain à la Une du journal local un fait divers les foudroie.
La spirale infernale les engloutie et nous aussi.
Yves Ravey joue avec nos nerfs et aborde les thèmes très actuel, de nos rapports aux migrants, aux gens du voyage, à nos comportements de touristes, nos rapports à la responsabilité.
« Vois-tu, Luisa, je ne sais pas ce qui s'est passé sur ce chemin, je parle du choc, mais, peut-être, nous avons évité un problème. C'est toujours un peu mouvementé, ces voyages à l'étranger. En même temps, je me demande ce qui a bien pu te passer par la tête de vouloir à tout prix te rendre sur cette plage. Luisa ne m'a pas répondu, elle avait hâte d'arriver. »
Le dérapage a sa propre dynamique et ce couple relativement nanti, va se retrouver entre les mains d'une bande de Pieds Nickelés car l'auteur flirte en permanence avec le trouble, le glauque, l'humour, autant de saillies et de scènes cocasses qui vont ravir les lecteurs.
Yves Ravey tient sa narration toujours en équilibre malgré les gros coups de vent et les avis de tempête sur ces vacances qui devaient être réparatrices.
La couardise, le cynisme et la mauvaise foi règnent en maîtres.
Mais la subtilité de l'auteur fait que ses héros nous sont assimilables dans un premier temps et un petit quelque chose d'antipathique fait que nous ne voyons pas notre reflet dans le miroir tendu.
L'art du détail qui nous fait vivre l'histoire comme si nous étions un personnage de l'histoire qui court.
Victor Hugo n'écrivait-il pas : « Voyager c'est naître et mourir à chaque instant. »
C'est haletant et délicieux, c'est ma madeleine de
Proust.
Je ne rate jamais une sortie de cet écrivain.
©Chantal Lafon
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