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2,97

sur 528 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comme d'habitude, Yves Ravey s'amuse et se joue de son lecteur : on embarque ou on reste sur le tarmac ! Des vacances qui commencent bien mal… Après trois heures de vol pour la Sicile, un couple loue une voiture et part en direction de Taormine où il a réservé un hôtel quatre étoiles. le mari quitte l'autoroute pour suivre les indications d'un panneau : la plage ne semble pas loin. Mais la route se transforme en un chemin de terre et traverse un chantier. le couple s'arrête pour boire un café dans un snackbar où l'homme oublie une carte de leur hôtel. le temps est maussade, comme le sont les deux personnages qui sortent d'une dispute qui n'a rien réglé. Ils aperçoivent un campement dans lequel vivent un certain nombre de migrants ou de réfugiés. Voilà qu'il se met à pleuvoir des cordes quand le couple repart en voiture, dépité de ne pas avoir trouvé la plage indiquée. La visibilité est très mauvaise et, brutalement, survient un choc violent. La voiture a heurté quelque chose. Quelque chose d'assez gros. Un bloc de béton ? un gros chien ? Ou quelqu'un pense Melvil sans l'avouer. Ni lui ni Luisa ne descendent finalement de voiture et ils repartent en direction de l'hôtel. Vous avez lu une dizaine de pages…
***
Bien sûr, on a déjà compris que tout allait mal se passer. Tout se passait déjà mal, d'ailleurs, avant même le départ, et les vacances en Sicile vont empirer la situation. Dans Taormine, Yves Ravey présente une Sicile de guide touristique, minimalement décrite, mais Luisa a activement préparé le voyage par écrit, avec tout ce qu'il faut avoir vu. On sent toute l'ironie de l'auteur pour un certain type de tourisme. Comme dans les autres romans de lui que j'ai lus, Ravey joue sur l'anthroponymie. le nom du narrateur, Hammett, fait allusion à Dashiell Hammett, sans aucun doute. le couple formé par les deux protagonistes ressemble un peu à celui de Dashiell Hammett et Lillian Hellman par l'évidente différence de classe sociale et par la femme pourvoyeuse des finances du couple, même si, dans le cas de Luisa, c'est son père le généreux donateur… le prénom Melvil peut être un clin d'oeil à Jean-Pierre Melville, plutôt qu'à Herman, je crois. On prête au cinéaste un mauvais caractère et une tendance à la mauvaise foi que partage le narrateur. Je me régale toujours du style d'Yves Ravey, aussi minimal que percutant. La psychologie des personnages n'apparaît que par petites touches, brièvement, et c'est au lecteur de la construire grâce aux clés données par les dialogues rapportés au style indirect et les monologues intérieurs du seul narrateur, ce que j'avais trouvé très déroutant dans mes premiers contacts avec cet auteur et qui maintenant m'enchante. On découvre ainsi, en vrac, chez l'un et chez l'autre, la veulerie, l'orgueil, le déni, la lâcheté, la versatilité, la jalousie, la complaisance, la malhonnêteté, etc., et la culpabilité, mais en toute petite quantité… Quant à la fin, eh bien ! comment voudriez-vous que ça se termine ? mal, forcément mal.
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J'ai adoré cette lecture. le style, les détails, l'humour, l'intrigue et le réalisme de l'écriture. Je ne connaissais pas cet auteur. Cela m'a fait penser à Christian Oster. L'atmosphère d'une Sicile qui tombe en lambeaux comme ce couple à la dérive. Ce naufrage va t il les sauver ?
Une très belle découverte.
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Quel plaisir de retrouver,une fois de plus, pour cette rentrée littéraire automnale 2022 la lecture d'un roman d'Yves Ravey !...Cette fois-ci, le romancier nous emmène en voyage en Sicile avec un couple dans ce qui ressemble à un " autotour"....un séjour et un circuit dans l'ile d'une semaine agrémenté de visites touristiques, au moyen d'une (fatale!) voiture de location. Et nous voilà à bord d'un court récit qui nous amène bien à Taormine ...mais pas vraiment dans la beauté présumée du site... Impossible, pour moi, de spolier un peu plus ce roman noir et féroce, dont Yves Ravey est talentueusement coutumier. Je vous en recommande, donc, vivement la découverte !
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Melvil et Luisa, s'offrent une semaine de vacances en Sicile où il ont réservé une chambre dans un hôtel quatre étoiles à Taormine, avec un planning d'excursions et de visites bien établi. Leur avion se pose à Catane, et ils roulent en direction de Taormine, mais, Luisa ne résiste pas à l'envie de voir la mer tout de suite et là, leurs vacances commencent à diverger de leur objectif initial ! Incertitude et angoisse sont au rendez-vous. Une très bonne surprise que ce roman court mais superbement charpenté qui séduit par un enchaînement de situations auxquelles les protagonistes ne peuvent pas échapper et qui rappellent le bon mot de Jacques Chirac « Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille ! »
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Un couple au bord de la séparation s'offre un séjour en Sicile pour se réconcilier. A quelques kilomètres de l'aéroport, Melvin bifurque sur un chemin de terre pour faire plaisir à Luisa qui veut voir la mer. le panorama est désolant, un camp de migrants est installé en bord de mer... le voyage commence mal d'autant plus qu'un peu plus loin, la nuit venue, alors qu'un orage éclate, leur voiture de location percute un objet non identifié. Melvin ne veut pas s'arrêter pour "cette idiote histoire d'obstacle sur un chemin emprunté par erreur."

Le lendemain, ils décident de chercher un garage à Taormine pour réparer discrètement l'aile avant droite afin de faire disparaître au plus vite la trace de l'accident car la une du journal local annonce qu'un enfant a été retrouvé mort près de la plage où ils se sont arrêtés.

Une très mauvaise idée.

Yves Ravey nous offre comme à son habitude un roman très court mais très dense où il distille une atmosphère subtilement inquiétante avec une multitude de détails qui vont faire monter la pression au fur et à mesure que Melvin, de plus en plus paranoïaque, prend des décisions plus désastreuses les unes que les autres.
Le texte prend la forme d'un monologue de Melvin avec des phrases courtes, factuelles, on sent que chaque mot est méticuleusement choisi. Avec très peu de dialogues, ce qui prédomine dans ce récit c'est le ton désinvolte de Melvin pour raconter un drame. Ce roman noir n'est pas dépourvu d'humour très noir et comporte des scènes très réussies comme celle de la perquisition de la chambre du couple.
Yves Ravey ne décrit ni le physique, ni la psychologie des personnages, ni les lieux, il se contente de suggérer sur un ton très détaché, enchaîne les ellipses et n'exprime aucune empathie pour ses personnages tous plus ambivalents les uns que les autres. Il parvient à susciter un malaise qui ne nous quitte pas jusqu'à la dernière page, jusqu'à cette fin qui ne résout rien. Un roman étrange au style très singulier. du grand art !
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Kafka en Sicile
Ravey nous régale d'une virée de touristes, un couple en décomposition avancée, qui espère que le romantisme des paysages siciliens permettra une métamorphose. Ces cloportes vont être exaucés. Dans le vieux sud méditerranéen, la magie affleure toujours. Pour avoir pris la vie d'un migrant, ils seront eux-même transformés en migrants. C'est cruel et drôle, comme toujours avec Ravey. La déception des babélieux qui pensaient lire un récit de voyage, avec amour et violon est aussi très drôle.
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Taormine, magnifique ville sicilienne face à l'Etna, l'endroit idéal pour remettre sur rails l'amour fatigué d'un jeune couple. Mais ce qui doit être une semaine de rêve tourne vite au cauchemar. Dans ce livre on n'admire pas les paysages ni les curiosités archéologiques, on voyage dans les pensées du personnage principal puisque le livre est à lui tout seul un monologue.

À peine sortis de l'aéroport, le couple loue une voiture. Melvil voulant faire plaisir à la belle Luisa quitte l'autoroute et prend un chemin pour aller à la plage. le véhicule heurte un objet. Ou bien ne serait-ce pas plutôt un corps humain ? le couple s'arrête puis redémarre, légèrement embarrassé. À partir de là, les vacances se déglinguent, c'est l'escalade à laquelle nos gentils touristes doivent faire face. Melvil cherche obsessionnellement à faire réparer l'aile abîmée. À n'importe quel prix. le malaise s'installe chez le couple et, par ricochet, chez le lecteur, dans une atmosphère opaque et oppressante. Luisa faisant figure d'une molle spectatrice, c'est surtout chez Melvil que s'épanouissent la désinvolture, la lâcheté, l'égoïsme. Anti-héros fort antipathique, voire minable, il vit aux crochets de sa femme et de son beau-père. La crapulerie est aussi du côté des personnages secondaires, rappelant la mafia. En témoignent ces quelques mots dans la bouche du garagiste véreux : « L'accident, si je dois vous mettre à l'aise, ce n'est pas grave, ça arrive, je pourrais presque dire, on a l'habitude. »

C'est un livre bref mais diablement addictif. On se délecte des décisions calamiteuses du couple. Et que dire de la fin ? On tourne la dernière page, on attend la suite. Et puis rien. On sait juste que le couple ne repart pas la tête haute, qu'ils ont perdu toute leur humanité, leur dignité et… leur argent dans cette folle et bouffonne aventure.
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Un roman court et percutant qui ne peut laisser indifférent !
On imagine une balade sicilienne, des fleurs, des temples, un bel hôtel et la mer azur. Il n'en est rien. Ici, le drame amène le drame. La tension monte peu à peu, tout devient étouffant et on ne rigole plus du tout. le couple déjà décousu se déchire et peu à peu, s'installent les sentiments les plus hostiles, la fourberie des uns, la cupidité des autres.

Et que dire de cette fin magistrale !

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« Taormine », je dis « Taormine », et aussitôt surgissent à nos yeux ébahis une vision de grand bleu sous des falaises dorées, l'Etna majestueux par le soleil baigné, et le théâtre antique aux pierres ensorcelées, et la ville haute ouverte à nos pas enchantés, le rose des lauriers et des bougainvilliers, là, toute la Sicile et ses parfums sucrés…
Eh bien, non, ce n'est pas ça du tout que nous offre le Taormine d'Yves Ravey (Minuit, août 2022), petit chef d'oeuvre de roman noir, en quelques pages à la prose serrée, jouissif jeu de massacre pour illusion touristique, décapante entreprise de frustration, sombre piège se refermant hermétiquement sur ses pauvres victimes ! Melvil Hammet (tout un programme, ce patronyme, qui promet aventure et mystère, mais sonne quand même immédiatement comme vaguement ironique, non ?), un chômeur impénitent qui semble vivre de l'argent du beau-père, débarque avec sa femme Luisa, pour un séjour sicilien d'une semaine, censé réparer son couple au bord de la rupture. Prenant aussitôt la route de Taormine, il engage bientôt, sur un coup de tête pour avoir aperçu pas loin le bleu de la mer et une promesse de plage, la voiture de location dans un chemin de traverse. Fort mauvaise initiative, puisqu'elle enclenche, comme dans ces jeux de dominos où l'on voit les pièces chutant rapidement l'une après l'autre, un enchaînement diabolique d'incidents et petites décisions désastreuses, qui vont entraîner les deux protagonistes, rapidement aux prises avec des demi-mafieux et des policiers aussi acharnés qu'apparemment corruptibles, dans la plus désespérée des situations… Dans une prose sans apprêts, limant à plaisir l'élégance comme elle empoussière les mocassins du pauvre Melvil, s'amusant à saturer l'histoire de clichés (le mauve des colonnes des temples d'Agrigente au coucher du soleil, l'ouvrier asiatique et son patron mielleux mais insinuant de l'atelier de mécanique crasseux…) pour mieux les détruire, inventant avec maestria des discussions chichiteuses de couple se torturant à couper les cheveux en quatre pour mieux s'enfoncer dans la culpabilité et l'inextricable, Yves Ravey, plus que jamais, jusqu'à nous démontrer que le plus clandestin n'est pas toujours celui qu'on pense, nous invite à un petit banquet de mots, allègrement cyniques. Un livre sur pas grand-chose, presque sur rien, sinon ce comique de désespoir dont on s'enchante… Après la déception mallarméenne, voilà la patine flaubertienne ! Faut-il vraiment encore en rajouter, de mauvais adjectifs, pour vous enjoindre à lire d'urgence ce petit Ravey ?
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À malin, malin et demi
Lecteurs soyez avertis, vous monter à bord d'une voiture de location conduite par Melvil Hammet accompagné de sa femme Luisa. le couple prend quelques jours de vacances, en Sicile, afin de rafistoler leur couple qui tangue et vacille.
Melvil y met beaucoup d'espoir.
C'est un couple comme tant d'autres.
Mais, à bord tel un réalisateur de la Caméra invisible, Yves Ravey a endossé sa panoplie du parfait sympathique manipulateur.
L'escapade idyllique se transforme rapidement en cauchemar.
Parti de l'aéroport Melvil se trompe de sortie, et à la nuit tombante, sous une pluie battante, il heurte quelque chose. Il s'arrête, ne voit rien d'autre que l'aile de la voiture enfoncée, ce qui l'amène à conclure qu'il a dû renverser un chien ou un animal sauvage. Il n'a qu'une idée : trouver un carrossier, en toute discrétion.
Mais le lendemain à la Une du journal local un fait divers les foudroie.
La spirale infernale les engloutie et nous aussi.
Yves Ravey joue avec nos nerfs et aborde les thèmes très actuel, de nos rapports aux migrants, aux gens du voyage, à nos comportements de touristes, nos rapports à la responsabilité.
« Vois-tu, Luisa, je ne sais pas ce qui s'est passé sur ce chemin, je parle du choc, mais, peut-être, nous avons évité un problème. C'est toujours un peu mouvementé, ces voyages à l'étranger. En même temps, je me demande ce qui a bien pu te passer par la tête de vouloir à tout prix te rendre sur cette plage. Luisa ne m'a pas répondu, elle avait hâte d'arriver. »
Le dérapage a sa propre dynamique et ce couple relativement nanti, va se retrouver entre les mains d'une bande de Pieds Nickelés car l'auteur flirte en permanence avec le trouble, le glauque, l'humour, autant de saillies et de scènes cocasses qui vont ravir les lecteurs.
Yves Ravey tient sa narration toujours en équilibre malgré les gros coups de vent et les avis de tempête sur ces vacances qui devaient être réparatrices.
La couardise, le cynisme et la mauvaise foi règnent en maîtres.
Mais la subtilité de l'auteur fait que ses héros nous sont assimilables dans un premier temps et un petit quelque chose d'antipathique fait que nous ne voyons pas notre reflet dans le miroir tendu.
L'art du détail qui nous fait vivre l'histoire comme si nous étions un personnage de l'histoire qui court.
Victor Hugo n'écrivait-il pas : « Voyager c'est naître et mourir à chaque instant. »
C'est haletant et délicieux, c'est ma madeleine de Proust.
Je ne rate jamais une sortie de cet écrivain.
©Chantal Lafon
Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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