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3,69

sur 117 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La nuit à Londres, lorsque le brouillard se lève et envahit lentement les rues, tout peut se produire. D'autant plus si on est passé par le pub en chemin : l'ivresse provoquée par le whisky sert autant à voir les choses cachées d'habitude aux esprits clairs qu'à révéler les fantasmes les plus sombres enfouis dans une conscience.

Les contes du whisky sont une série de nouvelles à caractère horrifique. Leur cadre est généralement Londres, dans les quartiers pauvres et sales, et le fog leur donne un petit côté gothique qui sert bien les récits. On alterne entre fantastique pur et apparition de monstres de légende, ou au contraire des fissures dans la raison humaine causées par quelques faits a priori anodins, sans que la frontière soit toujours très nette entre les deux.

Les nouvelles sont très efficaces. En quelques paragraphes à peine, on se sent enveloppé par cette inquiétude sourde et par le sentiment d'un danger imminent. J'ai picoré ce livre pendant trois semaines, mais ce sentiment est revenu à chaque fois.

Un point à noter tout de même, les commentaires violemment antisémites de certains narrateurs. Quelques rapides recherches ne m'ont pas permis de conclure qu'ils reflétaient les pensées de l'auteur, je les ai donc pris pour un « élément de décor » sans doute acceptable à l'époque (les textes ont été écrits autour de 1920-1930), mais qui fait un peu tiquer aujourd'hui.

Abstraction faite de cela, Jean Ray me semble un auteur trop peu connu compte tenu de son talent pour raconter une histoire.
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Eh bien voilà, je confirme, la terreur et l'angoisse en littérature, ce n'est pas mon truc…
Néanmoins, un verre de whisky à la main, dans la chaleur d'un après-midi ensoleillé, les nouvelles courtes et horrifiantes et pourtant pleines de poésie laissent parfois un vague sourire se perdre dans la lumière.
J'ai été surprise de découvrir que l'auteur était belge, j'aurais plutôt mis sa plume dans la main d'un écrivain anglais adepte des promenades nocturnes dans les quartiers malsains de Londres.
Une ambiance souvent terrifiante et glauque donne le ton aux multiples contes et nouvelles qui sonnent comme la juste ou amère récompense de l'homme pas si honnête que cela.
La terreur issue des brumes alcooliques flanquées du brouillard collant et puant des villes portuaires, donne, aux pires heures de la nuit, des frissons glacés qui ont bien du mal à se dissiper.

L'horreur est déjà tellement présente dans la vie réelle qu'il m'est difficile de la lire pour le plaisir même si l'écriture est belle. J'aime trop les fins heureuses, les aventures passionnées, les joyaux fictionnels et les élans de l'histoire que pour me complaire dans le fantasque terrifiant.
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Parfois, les podcasts de France Culture, dont je suis friande, me rappellent d'anciennes lectures… Ce fut le cas pour Les Contes du whisky de Jean Ray, un recueil de nouvelles fantastiques.

Des vampires…
Des marins…
Des ivrognes…
Des métamorphoses…
Des vengeances…
Des objets maléfiques…
Le whisky en filigrane, métaphore filée des effets de l'alcool et des visions de l'ivresse…

Des ambiances et des atmosphères : un bar, des récits autours des verres, des milieux populaires…
Des situations décrites avec, parfois, une certaine brutalité… Un certain sens du réalisme…
Des distorsions de la réalité, des perceptions perturbées à la mesure du whisky ingurgité…

Sans doute moins connu qu'Edgar Poe, Jean Ray nous donne à lire tout un univers d'inquiétante étrangeté que je vous invite à découvrir.

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Tout premier recueil de l'écrivain belge Jean Ray, paru en 1925, Les Contes du Whisky nous propose une sélection de récits fantastiques avec histoires de fantômes, membres vengeurs et autres malédictions, le tout raconté par un groupe de marins en train de se murger dans un bar.
Une bien sinistre visite des ports londoniens et de ses mystères dissimulés par l'épaisseur du fog, naviguant entre terreur et vapeurs d'alcool.

1 - Irish whisky
2 - À minuit
3 - le Nom du bateau
4 - Un conte de fées à Whitechapel
5 - La Fortune d'Herbert
6 - Dans les marais du Fenn
7 - La Nuit de Camberwell
8 - Petite femme aimée au parfum de verveine
9 - le Saumon de Poppelreiter
10 - Entre deux verres
11 - Josuah Güllick, prêteur sur gages
12 - La Vengeance
13 - Mon ami le mort
14 - le Crocodile
15 - Une main
16 - La Dernière gorgée
17 - le Singe
18 - La Fenêtre aux monstres
19 - Minuit vingt
20 - La Bête blanche
21 - le Gardien du cimetière
22 - La Bonne action
23 - le Tableau
24 - L'Observatoire abandonné
25 - Les Étranges études du Dr Paukenschlager
26 - La Dette de Gumpelmeyer
27 - Herr Hubich dans la nuit
28 - le Bout de la rue
29 - La Présence horrifiante
30 - Mondschein-Dampfer
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On trouve quelques maladresses encore, dans les textes de ce premier recueil fantastique de 1925, mais pas suffisamment pour ne pas se laisser bercer par la langue de Jean Ray. Il a l'art des images marquantes et des métaphores qui sonnent juste, celui, également, d'insinuer un peu de poésie dans le parler populaire tout en parvenant à en rendre l'oralité.

Ce sont peut-être l'atmosphère et les visions (d'horreur évidemment) déployées dans ses textes qui m'ont le plus marquée. Si le sommeil de la raison engendre les monstres, ici l'ivresse, causée en premier lieu par le whisky, produit les spectres, les chimères, suscite aussi les haines et les violences aveugles, et finalement pour les plus malchanceux provoque la folie, l'incarcération ou la mort. Un brouillard à trancher au couteau participe à l'étrangeté de l'atmosphère et à l'incertitude des personnages quant à ce dont ils sont témoins.

J'ai apprécié la logique des récits, où l'intervention surnaturelle constitue souvent une forme de justice, ainsi que leur brièveté, qui rend les images évoquées d'autant plus fortes. J'ai aimé aussi les fins abruptes, les récits clos sur un vide ou une interrogation.

L'objet-livre en lui-même est agréable, malgré un papier intérieur peut-être un peu trop transparent. La couverture de cette toute récente édition de l'Espace Nord est sombre et élégante, à l'opposé des précédentes couvertures des éditions de l'Alma, qui donnaient une image presque enfantine des ouvrages.

Si l'appareil critique est le bienvenu, je trouve regrettable que l'analyse des particularités de l'écriture de Jean Ray soit si longue et surtout si scolaire. La longue litanie des exemples venant appuyer chacun des points semble interminable.

Enfin, je préfère prévenir les futurs lecteurs que ces nouvelles sont par places violemment antisémites, une violence ici littérale, les personnages rencontrant des fins violentes. Je vois cela comme un (triste) reflet de l'époque et comme une piqûre de rappel utile, mais cela peut évidemment heurter.

Je remercie l'Espace Nord et Babelio pour cette lecture.

Lien : https://mahautdavenel.wordpr..
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27 nouvelles dans ce recueil de 1925 qui est le premier de l'auteur. On y trouve déjà les grandes lignes de son oeuvre à venir : les lieux : Londres principalement mais aussi la Hollande .Les personnages : marins (Le Nom du bateau, Entre deux verres ,La Dernière gorgée) ivrognes (Le Saumon de Poppelreiter, Mon ami le mort,Une main ) prostituées (Un conte de fées à Whitechapel,Petite femme aimée au parfum de verveine ),usuriers ( presque toujours juifs , l'antisémitisme est très présent : Josuah Güllick, Minuit vingt, La Bonne action, le Tableau) . On y trouve aussi les grands thèmes fantastiques : fantôme vengeur (Irish Whisky, À minuit , La Vengeance , La Dette de Gumpelmeyer ) objets maléfiques ( Josuah Güllick, le Singe Minuit vingt, le Tableau ) vampires( le Gardien du cimetière), morts vivants (Mon ami le mort monstres (Dans les marais du Fenn. Entre deux verres, La Bête blanche , Les Étranges études du Dr Paukenschlager) Et aussi dans ce recueil au titre évocateur les effets de l'ivresse (Dans les marais du Fenn / La Nuit de Camberwell / le Saumon de Poppelreiter/une main) et aussi de la peur (Le Crocodile. La Fenêtre aux monstres , L'Observatoire abandonné)
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Ambiance troquets, marins, vieilles histoires, surnaturel effrayant et brumeux avec ce recueil de contes embrumés de l'écrivain belge Jean Ray (1887-1964).

L'entrée en matière choisie pour plonger dans ce recueil est audacieuse, car l'on ressent très vite l'impression d'avoir autant picolé que les protagonistes du récit. Par la suite, ça devient bon, on navigue parfois à vue mais l'on se laisse porter et l'on s'amuse même, au même titre que l'écrivain, des constructions alambiquées de certains textes. Car Jean Ray était un as en la matière, jouant avec les ellipses, les hypothèses, le surnaturel. Et ça fonctionne parfaitement. Ruelles londoniennes, abords des docks, noirceur chimérique, l'atmosphère est bien sentie, pesante, oppressante, progressive. On entend les verres claquer, on ressent la brume et l'effroi qui grimpe dans le dos des personnages. Nous baignons dans les croyances populaires, les légendes urbaines, les hallucinations, sans jamais les nommer, comme dans toute bonne histoire extraordinaire, aussi fantaisiste soit-elle, jamais l'on ne démordra de sa véracité.

Nous voguons ainsi entre les vapeurs d'alcool et l'épaisseur du brouillard, avec cette agréable sensation de flottement, liée très certainement au caractère vaporeux des atmosphères posées et à l'exigence des textes.

Comme souvent avec les recueils de contes, nouvelles et textes courts, on le garde à portée de main, pour s'y replonger de temps en temps. On en lit deux ou trois pour se mettre dans le bain, se laisser envoûter, surprendre, et puis on laisse poser. Les textes restent, mijotent, s'accrochent, il faut savoir être patient.

La postface permet d'avoir des précisions biographiques, bibliographiques et littéraires, de faire la lumière sur certains points restés trop brumeux, c'est très intéressant et instructif. L'éditeur précise par-ailleurs la traduction choisie, fidèle à l'original, sans caviardage. Effectivement, certaines remarques envers le peuple juif piquent un peu. Nous sommes plus dans de la remarque vaseuse que dans de l'antisémitisme pur jus mais bon, tout de même, disons que ça donne le ton sur l'esprit de l'époque…

Lien : http://casentlebook.fr/les-c..
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Ce recueil vaut surtout pour son ambiance des ports, des docks, de la nuit glaciale qui sont autant d'éléments qui se marient très bien aux histoires "fantastiques".
« Comme je bondissais dehors, le fog vint. En deux minutes, le brouillard occupa la rue. Cimentant les impasses, barbouillant les façades d'une uniforme gouache, il étouffa ma voix qui criait à l'assassin, poussa une glaciale poire d'angoisse dans ma gorge douloureuse. »
Les nouvelles sont presque toutes liées au whisky. Cette liqueur permet aux personnages de raconter leurs histoires étranges mais elle peut également en être à l'origine. La frontière entre le surnaturel et la réalité est en effet très mince et c'est le whisky qui peut nous amener à nous interroger sur la réalité des faits présentés.
Même si le niveau de l'écriture reste impeccable de bout en bout, les nouvelles sont, en revanche, plutôt inégales. Elles ne manquent pas d'imagination, ça non ! Mais je n'ai pas été spécialement emballée par toutes les histoires, qui font parfois un peu "bas de gamme". Mais la grosse majorité des nouvelles sont bonnes, il ne faut pas charrier.
Au final, je trouve que c'est un bon petit recueil qui me semble parfait pour lire de nuit, dans son lit, avant d'aller rejoindre Morphée..
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Chez Jean Ray, la terreur est au bout de la rue. le brouillard aux vapeurs d'alcools forts fait tanguer le quidam, marin en goguette ou simple bourgeois.
Ici, c'est un savant mélange des univers de Poe et de Dickens, le tout écrit avec un réalisme cru.
Nous sommes immerger dans cette atmosphère indicible, le brouillard partout présent, et ces hommes pour la plupart, seuls, ruinés, désespérés, se plongeant dans un verre de whisky pour oublier cette réalité crue, ou encore ces usuriers sans le moindre scrupule...
Bref une immersion dans un univers empli de mystères et de fantastique... un vrai plaisir de lecture.
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Un recueil de contes fantastiques, envoûtants et aussi merveilleux qu'horrifiques!

Le style d'écriture de Jean Ray est très agréable à lire, prompt à vous plonger dans l'ambiance glauque où il désire que vous vous noyiez.
Il va de soi que vous pouvez dés à présent apprendre à raisonner sans raison, car il vous faudra solidement museler votre côté "Terre-à-Terre" avant d'aborder certaines nouvelles, qui sont de pures odes au non-sens...


Cela se lit très vite.

J'ai particulièrement apprécié la seule nouvelle du recueil qui se termine bien, à savoir, "Un Conte de fée à Whitechapel", ainsi que "Le gardien du cimetière", même si je dois avouer que ce dernier conte était assez "cousu de fil blanc" et que j'avais compris la fin dés le début.

J'ai cependant, une critique à faire. le livre m'a tellement plu que cette critique m'est d'autant plus désagréable à écrire, mais... Quelque chose m'a dérangé tout au long de ce recueil de contes, et ce quelque chose est une forte odeur, puante et agaçante, de racisme qui se dégage à chaque apparition d'un juif entre les pages du livre.

Jean Ray était-il anti-sémite? Glissait-il dans la caricature du "sale juif usurier/radin" pour une raison précise? (peut-être rendre plus incommodante la lecture d'un recueil de contes épouvantables? Ou peut-être parce qu'à l'époque où il l'a écrit, en 1925, c'était, malheureusement , des idées qui se propageait plus aisément qu'aujourd'hui et sans moins choquer les lecteurs?)
Il reste que ça n'avait pas bien passé. Pas du tout.
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