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3,69

sur 117 notes
Indiscutablement l'un des recueils les plus extraordinaires qu'il m'ait été donné de lire à cause de la puissance d'évocation de Jean Ray, de sa "poésie efficace", qui envoûte, piège et réussit à surprendre n'importe qui et à lui glacer le sang, ne serait-ce qu'un fugitif instant. Jean Ray n'a rigoureusement aucun équivalent sur la scène littéraire. Aucun. "Je suivais sans hâte une longue drève de peupliers d'Italie, toute droite, se soudant à l'horizon..." Jusqu'aux phrases qui vous hantent, avec leur lancinance incantatoire.

Extraordinaire.
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Vous êtes marin, rôdeur, mendiant, voleur, assassin ou prostituée. Vous vivez dans une masure délabrée, un immeuble décrépi ou dormez dans le ruisseau. Vous mangez du pain sec et buvez du bouillon auprès d'un maigre feu. Dehors, l'air est glacé et nauséabond, les rues sont désertées. En tendant l'oreille, vous pouvez entendre les chiens errants gratter aux portes, les miséreux râler dans leur fange, les catins alpaguer leur clientèle et les fantômes dériver doucement dans le fog londonien. Alors pour lutter contre la terreur nocturne et la détresse, il ne vous reste qu'une solution : le whisky, le bon whisky pourvoyeur de rêves et repousseur de cauchemars, le merveilleux whisky plus doux que les mains d'une femme et plus doré que l'or, le chaleureux whisky qui rapproche les hommes et les fait se sentir moins seuls et moins misérables…

Bien sûr, le sixième verre bu, vous risquez alors de voir d'étranges choses : des mains squelettiques ramper sur les trottoirs, une araignée monstrueuse sortir du bureau d'un prêteur à gages, des morts grimaçants surgir de leurs tombes pour se rincer le gosier et d'autres phénomènes tout aussi troublants. Mais la vie n'est-elle pas elle-même une curieuse affaire ? Et puis à quoi bon tout cela… Allons, barman, sers-moi un autre verre !

Avis aux amateurs de Jack l'Eventreur et autres ténébreuses légendes urbaines : voici un petit recueil de nouvelles qui devrait tout à fait vous séduire ! Ecrit dans le style si particulier de Jean Ray, alliant lyrisme tourmenté et réalité crasse, il vous plongera dans une Angleterre populaire du XIXe siècle agréablement surréaliste. Très brefs et souvent énigmatiques, ces « contes du whisky » oscillent souvent entre réalisme et fantastique, la plupart de leurs narrateurs étant ivres mort, ce qui rend leurs témoignages peu dignes de foi. le tout donne un recueil fort plaisant à lire, mais un peu trop répétitif à mon goût, bien que quelques très jolies nouvelles se détachent du lot, comme « Petite femme aimée au parfum de verveine » ou « le nom du bateau ». Afin d'éviter un sentiment de satiété trop rapide, je ne peux que conseiller aux futurs lecteurs d'y piocher un récit de temps en temps, au gré de leur fantaisie, plutôt que de lire l'ouvrage en une seule fois : leur lecture n'en sera que plus agréable.
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La nuit à Londres, lorsque le brouillard se lève et envahit lentement les rues, tout peut se produire. D'autant plus si on est passé par le pub en chemin : l'ivresse provoquée par le whisky sert autant à voir les choses cachées d'habitude aux esprits clairs qu'à révéler les fantasmes les plus sombres enfouis dans une conscience.

Les contes du whisky sont une série de nouvelles à caractère horrifique. Leur cadre est généralement Londres, dans les quartiers pauvres et sales, et le fog leur donne un petit côté gothique qui sert bien les récits. On alterne entre fantastique pur et apparition de monstres de légende, ou au contraire des fissures dans la raison humaine causées par quelques faits a priori anodins, sans que la frontière soit toujours très nette entre les deux.

Les nouvelles sont très efficaces. En quelques paragraphes à peine, on se sent enveloppé par cette inquiétude sourde et par le sentiment d'un danger imminent. J'ai picoré ce livre pendant trois semaines, mais ce sentiment est revenu à chaque fois.

Un point à noter tout de même, les commentaires violemment antisémites de certains narrateurs. Quelques rapides recherches ne m'ont pas permis de conclure qu'ils reflétaient les pensées de l'auteur, je les ai donc pris pour un « élément de décor » sans doute acceptable à l'époque (les textes ont été écrits autour de 1920-1930), mais qui fait un peu tiquer aujourd'hui.

Abstraction faite de cela, Jean Ray me semble un auteur trop peu connu compte tenu de son talent pour raconter une histoire.
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Tremblez misérables mortels, car le fog de Londres vous suit, vous enveloppe…

Dans ce recueil de conte de Jean Ray, se côtoient des marins qui chantent les rêves qui les hantent, des marins qui meurent pleins de bière et de drames…

Mais on a aussi des prostituées de Whitechapel, des rôdeurs, des mendiants, des voleurs, bref, la lie de Londres et d'ailleurs.

C'est sombre, c'est un puits sans fond, ce sont des âmes en perdition, des gens qui se noient dans le whisky pour oublier ou pour nous conter leurs histoires, comme si nous étions leur confident privilégié.

Mon édition n'est pas celle qui a été réédité de manière complète mais ce n'est pas grave… J'avais entre les mains un vieux livre qui crisse, du papier qui sent le vieux papier, un livre qui a vécu et qui finira ses jours dans ma biblio, jusqu'à ce qu'il recommence une nouvelle vie à la fin de la mienne.

Peut-être que s'il avaient bu des mojitos, tous ces personnages qui hantent ces pages auraient été plus gais, avec des récits colorés, joyeux, amusants.

Le whisky fait broyer du noir et les histoires racontées sont sombres mais inégales en plaisir littéraire comme en pages.

J'ai aimé la première, avec l'homme hanté par les fantômes des marins morts et qui se transforme, petit à petit en… [No spolier], j'ai frémi avec "Minuit vingt", j'ai été horrifiée par "Le singe" mais j'ai eu aussi beaucoup de mal avec le style d'écriture de Jean Ray, fort lyrique, parfois un peu brouillon dans le "qui dit quoi" et répétitif dans ses récits.

Par contre, ses descriptions de l'Angleterre brumeuse, sale, crasseuse et de ses quartiers peu recommandables, étaient d'un réalisme tel que je n'aurais pas été étonnée de voir surgir du fog en pleine journée ensoleillée ou d'entendre la pendule sonner minuit alors qu'on était l'après-midi.

Le fait de lire quelques récits sur la journée et d'étaler cette lecture sur plusieurs jours, en la coupant d'autres, m'a permis de mieux l'apprécier, que si j'avais cherché à tout lire le même jour.

Un recueil de nouvelles pour les amateurs de récits fantastiques, d'âmes tourmentées, de personnages louches, de marins qui ne sont pas d'eau douce, de vagabonds, de péripatéticiennes, de voleurs sans cols blancs, d'assassins à la petite semaine, de bandits, de prêteurs sur gage, ainsi que d'ivrognes qui hantent les bars, et qui boivent et reboivent et qui reboivent encore. Ils boivent à la santé des putains d'Angleterre…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Ecriture pauvre, histoires cousues de fil blanc et à la noirceur peu convaincante, ces récits dits "d'épouvante" ne m'ont inspiré que de l'ennui.

Plus grave : il émane de ces Contes du Whisky un antisémitisme aussi nauséeux que primaire, triste reflet de l'époque où ils furent écrits...

Ne serait-ce que pour cette raison, un livre à fuir, ou à oublier très vite.
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Eh bien voilà, je confirme, la terreur et l'angoisse en littérature, ce n'est pas mon truc…
Néanmoins, un verre de whisky à la main, dans la chaleur d'un après-midi ensoleillé, les nouvelles courtes et horrifiantes et pourtant pleines de poésie laissent parfois un vague sourire se perdre dans la lumière.
J'ai été surprise de découvrir que l'auteur était belge, j'aurais plutôt mis sa plume dans la main d'un écrivain anglais adepte des promenades nocturnes dans les quartiers malsains de Londres.
Une ambiance souvent terrifiante et glauque donne le ton aux multiples contes et nouvelles qui sonnent comme la juste ou amère récompense de l'homme pas si honnête que cela.
La terreur issue des brumes alcooliques flanquées du brouillard collant et puant des villes portuaires, donne, aux pires heures de la nuit, des frissons glacés qui ont bien du mal à se dissiper.

L'horreur est déjà tellement présente dans la vie réelle qu'il m'est difficile de la lire pour le plaisir même si l'écriture est belle. J'aime trop les fins heureuses, les aventures passionnées, les joyaux fictionnels et les élans de l'histoire que pour me complaire dans le fantasque terrifiant.
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Parfois, les podcasts de France Culture, dont je suis friande, me rappellent d'anciennes lectures… Ce fut le cas pour Les Contes du whisky de Jean Ray, un recueil de nouvelles fantastiques.

Des vampires…
Des marins…
Des ivrognes…
Des métamorphoses…
Des vengeances…
Des objets maléfiques…
Le whisky en filigrane, métaphore filée des effets de l'alcool et des visions de l'ivresse…

Des ambiances et des atmosphères : un bar, des récits autours des verres, des milieux populaires…
Des situations décrites avec, parfois, une certaine brutalité… Un certain sens du réalisme…
Des distorsions de la réalité, des perceptions perturbées à la mesure du whisky ingurgité…

Sans doute moins connu qu'Edgar Poe, Jean Ray nous donne à lire tout un univers d'inquiétante étrangeté que je vous invite à découvrir.

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Tout premier recueil de l'écrivain belge Jean Ray, paru en 1925, Les Contes du Whisky nous propose une sélection de récits fantastiques avec histoires de fantômes, membres vengeurs et autres malédictions, le tout raconté par un groupe de marins en train de se murger dans un bar.
Une bien sinistre visite des ports londoniens et de ses mystères dissimulés par l'épaisseur du fog, naviguant entre terreur et vapeurs d'alcool.

1 - Irish whisky
2 - À minuit
3 - le Nom du bateau
4 - Un conte de fées à Whitechapel
5 - La Fortune d'Herbert
6 - Dans les marais du Fenn
7 - La Nuit de Camberwell
8 - Petite femme aimée au parfum de verveine
9 - le Saumon de Poppelreiter
10 - Entre deux verres
11 - Josuah Güllick, prêteur sur gages
12 - La Vengeance
13 - Mon ami le mort
14 - le Crocodile
15 - Une main
16 - La Dernière gorgée
17 - le Singe
18 - La Fenêtre aux monstres
19 - Minuit vingt
20 - La Bête blanche
21 - le Gardien du cimetière
22 - La Bonne action
23 - le Tableau
24 - L'Observatoire abandonné
25 - Les Étranges études du Dr Paukenschlager
26 - La Dette de Gumpelmeyer
27 - Herr Hubich dans la nuit
28 - le Bout de la rue
29 - La Présence horrifiante
30 - Mondschein-Dampfer
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On trouve quelques maladresses encore, dans les textes de ce premier recueil fantastique de 1925, mais pas suffisamment pour ne pas se laisser bercer par la langue de Jean Ray. Il a l'art des images marquantes et des métaphores qui sonnent juste, celui, également, d'insinuer un peu de poésie dans le parler populaire tout en parvenant à en rendre l'oralité.

Ce sont peut-être l'atmosphère et les visions (d'horreur évidemment) déployées dans ses textes qui m'ont le plus marquée. Si le sommeil de la raison engendre les monstres, ici l'ivresse, causée en premier lieu par le whisky, produit les spectres, les chimères, suscite aussi les haines et les violences aveugles, et finalement pour les plus malchanceux provoque la folie, l'incarcération ou la mort. Un brouillard à trancher au couteau participe à l'étrangeté de l'atmosphère et à l'incertitude des personnages quant à ce dont ils sont témoins.

J'ai apprécié la logique des récits, où l'intervention surnaturelle constitue souvent une forme de justice, ainsi que leur brièveté, qui rend les images évoquées d'autant plus fortes. J'ai aimé aussi les fins abruptes, les récits clos sur un vide ou une interrogation.

L'objet-livre en lui-même est agréable, malgré un papier intérieur peut-être un peu trop transparent. La couverture de cette toute récente édition de l'Espace Nord est sombre et élégante, à l'opposé des précédentes couvertures des éditions de l'Alma, qui donnaient une image presque enfantine des ouvrages.

Si l'appareil critique est le bienvenu, je trouve regrettable que l'analyse des particularités de l'écriture de Jean Ray soit si longue et surtout si scolaire. La longue litanie des exemples venant appuyer chacun des points semble interminable.

Enfin, je préfère prévenir les futurs lecteurs que ces nouvelles sont par places violemment antisémites, une violence ici littérale, les personnages rencontrant des fins violentes. Je vois cela comme un (triste) reflet de l'époque et comme une piqûre de rappel utile, mais cela peut évidemment heurter.

Je remercie l'Espace Nord et Babelio pour cette lecture.

Lien : https://mahautdavenel.wordpr..
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27 nouvelles dans ce recueil de 1925 qui est le premier de l'auteur. On y trouve déjà les grandes lignes de son oeuvre à venir : les lieux : Londres principalement mais aussi la Hollande .Les personnages : marins (Le Nom du bateau, Entre deux verres ,La Dernière gorgée) ivrognes (Le Saumon de Poppelreiter, Mon ami le mort,Une main ) prostituées (Un conte de fées à Whitechapel,Petite femme aimée au parfum de verveine ),usuriers ( presque toujours juifs , l'antisémitisme est très présent : Josuah Güllick, Minuit vingt, La Bonne action, le Tableau) . On y trouve aussi les grands thèmes fantastiques : fantôme vengeur (Irish Whisky, À minuit , La Vengeance , La Dette de Gumpelmeyer ) objets maléfiques ( Josuah Güllick, le Singe Minuit vingt, le Tableau ) vampires( le Gardien du cimetière), morts vivants (Mon ami le mort monstres (Dans les marais du Fenn. Entre deux verres, La Bête blanche , Les Étranges études du Dr Paukenschlager) Et aussi dans ce recueil au titre évocateur les effets de l'ivresse (Dans les marais du Fenn / La Nuit de Camberwell / le Saumon de Poppelreiter/une main) et aussi de la peur (Le Crocodile. La Fenêtre aux monstres , L'Observatoire abandonné)
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