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sur 780 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Je vais aller à rebours de la plupart des avis postés ici... et j'en suis la première marrie. Et déçue.

Je me faisais un tel plaisir de me plonger dans "Le Gardien Invisible"... Ma déception n'en est que plus amère. Cruelle.
Il faut dire que le package était plus qu'alléchant: les avis glanés autour de moi étaient dithyrambiques. La presse aussi.
Ici et là, on me vantait l'écriture de Dolores Redondo, l'atmosphère qu'elle avait su instiller, la virtuosité de son intrigue. D'aucuns pour la qualifier évoquaient une Fred Vargas (que j'idolâtre!) à la sauce basque, une Victor del Arbol (que j'adore!) en jupons.
Comment aurais-je pu résister au chant des sirènes alors qu'elles semblaient fredonner une partition qui me ravit en eaux noires et policières?
Ainsi j'escomptais du Wagner, un envoûtement. Je n'ai eu que du Clayderman et un sentiment un peu lourd de lassitude.
De fait, j'ai mis longtemps à finir l'ouvrage une fois celui-ci commencé et mon coeur de rat de bibliothèque a manqué un battement quand je me suis rendue compte que je n'étais pas, mais alors pas du tout, impatiente à l'idée de retrouver ma lecture le soir venu.
Entre Dolores Redondo et moi, c'est un rendez-vous manqué.

Nous sommes au Pays Basque, non loin d'un village comme il en existe dans les contes et les romans noirs, tout près d'une rivière, enclavé dans les bois et la montagne. Ainsi se dresse Elizondo à une soixantaine de kilomètres de Pampelune. Ce n'est pas si loin, c'est un autre monde pourtant dont la quiétude (apparente) est bouleversée par la découverte du corps dénudé, meurtri, supplicié d'une toute jeune fille. Sur le cadavre des poils d'animaux, les restes d'un gâteau traditionnel à la croute dorée comme les blés. Comme dans "Barbe-Bleue", il n'y aura pas qu'une seule victime et bientôt toute la vallée succombe à la peur et à la fièvre. On raconte que le tueur pourrait être un basajaun, créature mythique et protecteur de la forêt, mi-homme, mi-bête. Comme un écho, la superstition ressurgit des ténèbres et du passé où on croyait l'avoir relégué, compliquant au passage la tâche des enquêteurs chargés de l'affaire menée par Amaïa Salazar, inspectrice rompue aux méthodes d'investigation les plus modernes. Non seulement, elle est brillante mais en plus elle est originaire d'Elizondo. Nul autre qu'elle n'était plus indiqué pour s'emparer de l'affaire. Quittant momentanément Pampelune, Amaïa s'installe au village, en compagnie de son mari, chez sa tante et non loin de chez ses deux soeurs. Son retour au pays va bouleverser l'équilibre qui semblait régir la famille, le passé ressurgit et avec lui de vieilles blessures et des secrets mal enfouis qui résonnent étrangement avec les meurtres.

Superstitions, folklore, secrets, affaire de famille, passé et présent se croisant... Tous les ingrédients étaient réunis et pourtant... J'aurais dû adorer. Et pourtant!

En soi, ce n'est pas l'intrigue le problème mais la manière dont elle est traitée. Toutes les pièces du puzzle sont imbriquées de la manière la plus cliché possible: du personnage de l'inspectrice à ses comparses en passant par la résolution de l'énigme et ses péripéties attendues, téléphonées et même parfois cousues de fil blanc... Ensuite, j'ai eu un véritable problème avec les dialogues du roman que j'ai trouvé artificiels et très faux. Pour exemple, je pense au passage où Amaïa retrouve ses soeurs et où leurs répliques ont l'air d'avoir été placées là pour s'assurer que le lecteur un peu benêt comprenne bien tout ce qui est lourdement sous-entendu dans les pages précédentes. Non seulement, c'est sans subtilité aucune mais en plus c'est indigeste et pas crédible une seconde...
En lisant, j'ai eu en fait l'impression d'être devant l'un des fameux films policiers de France Télévisions, cette collection appelée "Meurtres en région" et pas le meilleur. J'avoue les regarder parfois sans déplaisir et à vrai dire, j'aurai pu me satisfaire de "Le Gardien Invisible". Parfois, les clichés et les trucs un peu téléphonés ne me déplaisent pas si l'atmosphère suit, comme cela aurait pu être le cas ici.
J'aurai donc pu m'en satisfaire tièdement et accorder plus d'étoiles à cet ouvrage s'il n'y avait eu la fausse note ultime, l'erreur fatale, le coup de grâce...

... le coup de grâce, le drame, le problème de cette histoire, c'est que j'ai très vite deviné qui était le coupable. Certes, quand je lis un roman policier, j'aime à jouer à la détective, essayer de démêler le vrai du faux, débusquer les indices et les fausses pistes.
Ce que je préfère pourtant, c'est être prise au dépourvu par le dénouement, la grande révélation finale, saluer la manipulation du personnage et de l'auteur, relire le livre en diagonale pour traquer les clefs qui m'auraient échappé...
Trouver le coupable, quelle hérésie, quel dommage! C'est du gâchis et pour moi c'est rédhibitoire. Un roman policier sans suspense ni subtilité, c'est comme... D'Artagnan sans Athos et Arthur sans Lancelot. C'est raté.

Et ici... c'était trop facile (et je ne suis pas une foudre de guerre!). Beaucoup trop.

Je retourne donc à del Arbol et à Vargas, comme d'autres retournent à leurs premières amours après avoir papillonné.
Si j'avais su, on ne m'aurait pas prise en flagrant délit d'infidélité.














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Non mais franchement, comment est-il possible que de telles fadaises, de telles niaiseries puissent encore faire recette. Cette "Trilogie du Baztan" c'est quoi au juste ?
(Fausse trilogie d'ailleurs puisque, faute d'inspiration, ça reste toujours la même histoire délayée à l'infini pour faire durer.) Ça fait penser à du Harry Potter à la sauce basque : Il est clair que notre Dolores Redondo, en bonne maligne, s'est dit : "Si l'autre Rosbiffe est devenue multi-millionnaire avec ses fables pour ados oligophrènes, pourquoi ne pourrais-je pas servir le même rata aux adultes ?" Fin raisonnement qui prouve que lorsque l'on mise à la fois sur l'insondable bêtise humaine et les vices qui en découlent on n'est jamais déçu...
Avec ce genre de littérature et de cinéma la recette est simple : c'est comme pour la malbouffe industrielle, faut pas lésiner sur la variété des ingrédients et les exhausteurs de goût, surtout les plus malsains. Pour engranger un max. de blé il faut ratisser large, donc notre Dolores n'a pas hésité à faire des concessions aux fantasmes les plus morbides d'une certaine société en perte de repères. Tout y passe : bourreaux d'enfants, pédophiles, taphophiles, tanathophiles et nécrophages, hybristophiles, sado-masochistes, sans oublier les inévitables satanistes. Les scatophiles, coprophiles et coprophages devront toutefois attendre le cinéma olfactif pour goûter l'exquise saveur de leurs pratiques ;-)) (Si nous avons heurté l'orgueil légitime de quelques pervers en oubliant de les nommer, qu'ils daignent nous pardonner comme nous avons pardonné...etc.)
L'héroïne de cette farce est le lieutenant Amaia (copier-coller de la Clarisse du "Silence des agneaux.") douée d'une co...rie qui force le respect sinon l'admiration. On la découvre tout à la fois autoritaire, suffisante, obstinée comme la plus retorse des bourriques et pleurnicharde comme une novice nympho. condamnée aux carottes râpées...À sa décharge disons que son mentor de la CIA lui suggère, chose très logique, d'oublier toutes les techniques de la police scientifique et de ne se fier qu'à son instinct et surtout à son intuition féminine qui, c'est bien connu, est l'ultime recours quand tout le reste à échoué. Et comme 2 intuitions de ce genre valent mieux qu'une, elle va se faire prédire l'avenir chez sa tata cartomancienne amateur. Ce qui n'empêche évidemment pas notre Amaia d'avoir une réputation de farouche cartésienne. Toutes ces qualités se révèlent d'ailleurs redoutablement efficaces puisque l'infortunée Amaia ne parvient pas à déceler ce que son collègue (et nous lecteurs ou spectateurs) avait vite deviné c.a.d. que le juge (Mélange de Hannibal Lecter et de Roman Castevet du film "Rosemary's baby") avec lequel elle fornique telle une chienne, est en fait le chef de la secte qu'elle est censée démanteler !!! Inutile d'aller plus loin, le reste est à l'avenant...
On remarquera, d'autre part, que ni ces romans ni leur adaptation au cinéma ne se risquent à égratigner la hiérarchie catholique ou à faire allusion aux atrocités de l'Inquisition liées aux prétendus cas de sorcellerie. En Espagne la religion reste un sujet sensible et notre Dolores, suivie par ses cinéastes, se sont bien gardés de risquer de stériliser la poule aux oeufs d'or en abordant ces questions. Il était bien plus facile d'aller piocher chez Lovecraft et dans le folklore basque les forces maléfiques d'antiques divinités chthoniennes.
En guise de conclusion, et au risque de passer pour des rabat-joie, nous estimons que ce genre d'écrits et d'images devraient être censurés, car les atteintes à la dignité humaine (même simplement simulées) ne sauraient en aucun cas être considérées comme un possible divertissement. Ne soyons pas naïfs, loin de les stigmatiser, ces livres et ces films ne font que stimuler les instincts les plus vils refoulés par le surmoi. Et qu'on ne vienne pas nous dire que ce genre de fientes ont un effet cathartique empêchant un certain nombre d'individus de passer à l'acte. En l'absence de faits on ne peut pas faire de statistiques. Par contre, la banalisation (voire la valorisation) de ce type de crimes, engendrée par le succès de certaines productions, ne fait pas rarement office d'élément déclencheur chez les esprits faibles. Il suffit pour s'en convaincre de recenser dans les journaux les faits divers en lien avec des sectes sataniques ou autres.
Pour plus d'infos sur ce sujet lire l'article du MONDE diplomatique de février 1991 p.28 intitulé "Essor de la violence satanique aux États Unis".
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