AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,38

sur 64 notes
5
1 avis
4
22 avis
3
7 avis
2
3 avis
1
0 avis
Chaque époque a les héros qu'elle mérite…

Ceux que proposent Kiley Reid – traduite par Élodie Leplat – dans Une époque formidable sont à l'image des temps actuels : superficiels, faussement engagés et surtout paumés. À Philadelphie de nos jours, l'auteure va les plonger dans un vaudeville qui aurait pu être comique, s'il n'était pas finalement pathétique et révélateur d'une certaine vacuité de la société américaine actuelle, comme de la nôtre sous bien des aspects.

À ma gauche, voici donc Alix (qui ne veut se faire appeler qu'Alex, c'est tellement plus chic…), la trentaine, influenceuse, opportuniste, et ses enfants Briar et Catherine obtenus avec son mari Peter. À ma droite, voici Kelley, la trentaine également, autrefois petit-ami de lycée d'Alix (pardon, d'Alex) avant que le flirt tourne mal, mâle blanc fasciné et attiré par la cause noire. Et au milieu, nous avons Emira, jeune black de vingt-cinq ans, baby-sitter d'Alix et petite amie de Kelley. le trio est constitué. L'histoire peu démarrer.

Il suffira d'un incident ; d'un soir ; d'un supermarché où Emira se trouve avec Briar ; d'un vigile zélé et étonné de voir une jeune black avec une enfant blanche à cette heure et dans ce lieu ; bref d'un acte de racisme ordinaire si banalisé aujourd'hui. Sauf qu'il a été filmé. Et que pour des raisons différentes, Alix comme Kelley veulent le médiatiser. Mais pas Emira, la victime.

Dans un style léger, décalé et un brin branchouille (qui ne m'a pas franchement emballé), Une époque formidable parcourt très habilement des thèmes bien plus sérieux : le surinvestissement de certains blancs face à la cause noire, qui masque une fascination déplacée et se veut déculpabilisante ; la difficulté de la jeunesse afro-américaine à se trouver une juste place ; mais aussi la société médiatisée et numérisée du paraître, qui conduit certains à se perdre et à ne plus s'accepter pour ce qu'ils sont.

Une lecture légère au premier degré, mais plus intéressante après décantation.
Commenter  J’apprécie          392
Un roman surprenant et une lecture coup de coeur (ça faisait longtemps). Emira, vingt cinq ans, est baby-sitter pour une famille cossue. Afro-américaine, elle est soupçonnée d'avoir kidnappée la fille dont elle a la charge.
Elle n'entamera pas des poursuites, pourtant cet évènement va changer ses relations. le passé de sa patronne va ressurgir et Emira sera le trophée au milieu d'une bataille de sentiment et ressentiment.
J'ai beaucoup aimé la structure du roman, le rythme, il n'y a pas de longueur. Là où d'autre aurait mis 100 pages de plus pour le fameux diner de confrontation, ici la scène arrive rapidement, l'après également. le lecteur suit les réflexions de la jeune fille et des protagonistes qui entrent en scène. le racisme est un sujet central mais est traité de façon subtil et nous amène à nous positionner. La relation d'Emira avec Briar, la petite fille qu'elle garde, est également touchante.
Bref, je recommande vivement et suivrais le futur de l'auteure avec grand intérêt.
#UneEpoqueFormidable #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          230
Roman très agréable à lire.

Emira, afro américaine, 25 ans, vit de boulots à mi-temps de transcriptrice et de baby sitting. Mais cette situation n'est pas satisfaisante. Emira cherche encore sa vocation et sait qu'il est grand temps de trouver un boulot plus rémunérateur et plus intéressant.
Ses amies Zara, Josefa et Shaunie s'en sortent plutôt mieux qu'Emira qui développe un sentiment de culpabilité.

Elle garde donc plusieurs fois par semaine Briar la petite fille des Chamberlain avec qui elle s'entend à merveille.
Trouver un autre job impliquerait de ne plus s'occuper de Briar et cette perspective déprime Emira.

Un soir où elle est appelée par Alix Chamberlain à la rescousse pour s'occuper de Briar alors que ce n'était pas prévu au planning, Emira emmène au super marché du quartier la petite pour faire un tour et se retrouve pris à parti par le vigile qui la soupçonne d'avoir enlevé l'enfant.
La scène est filmée par un client et Emira a tout juste le temps d'appeler le père de Briar avant que la situation ne dégénère.

Alix Chamberlain se sentant responsable de cet incident va tenter de développer une relation plus amicale que "professionnelle" avec Emira pour se redonner bonne conscience.
Jalousie, possession, hypocrisie vont gangréner les liens entre Alix et Emira.
Surtout qu'en Alix va comprendre qu'Emira a un petit ami et que la famille Chamberlain n'est donc pas le centre de ses préoccupations.

Emira, naïve et dépourvue d'arrière pensée, ne décode absolument pas le comportement d'Alix. Même si elle se pose quelques fois des questions sur la soudaine attention d'Alix à son égard, elle n'imagine pas que ses intentions puissent être intéressées voire mauvaises.

Kiley Reid nous livre une représentation d'un racisme ordinaire qui tente de se cacher derrière des bons sentiments.
Confier ses enfants à une nourrice noire prouve t-il réellement que vous n'êtes pas racistes ? L'attention et l'empathie affichée peuvent-ils excuser ce sentiment de supériorité à peine masqué ?

Evidemment non !

Je trouve la pseudo bonne conscience de ce milieu aisé très bien relatée, les attitudes sont subtiles et nuancées.
Les situations décrites sont malheureusement encore tout à fait actuelles.
J'aurai toutefois aimé que la personnalité d'Emira soit un peu plus tranchée et affirmée.

Je remercie Babelio et l'opération Masse Critique pour cette découverte. Un très beau 1er roman !
Commenter  J’apprécie          200
Emira Tucker est une jeune femme noire de vingt-cinq ans, elle vit à Philadelphie où elle étudie à l'université avec ses amies Zara, Josefa et Shaunie. Afin de subvenir à ses besoins, Emira cumule deux emplois, transcriptrice dans un parti écologiste et nounou chez Alix et Peter Chamberlain qui ont deux filles Briar Louise et Catherine May. Les Chamberlain sont blancs, riches, en bonne santé et n'ont aucun souci matériel ; Peter a souhaité quitter New-York où ils ont longtemps vécu, aussi, a-t-il sauté sur l'occasion quand un poste de présentateur à la télévision lui a été proposé à Philadelphie ; sa femme, Alix, influenceuse renommée, l'a suivi mais a des difficultés à trouver un nouveau rythme de vie dans cette nouvelle ville. Un soir, alors que Alix lui a demandé exceptionnellement d'aller promener Briar afin d'éviter à l'enfant de voir la police intervenir chez eux suite à un incident provoqué par des délinquants, Emira est prise à parti par le garde de sécurité d'un supermarché car une passante soupçonne cette jeune femme noire d'avoir enlevé cette petite enfant blanche. La scène est filmée par un homme, Kelley Copeland. Cette vidéo va devenir un enjeu majeur pour les différents protagonistes : Kelley Copeland a été le premier amant de Alix, de son nom de jeune fille Murphy, lorsqu'ils étaient au lycée William Massey en 2001. Les amies d'Alix, Jodi, Rachel et Tamra vont savoir ajouter de l'huile sur le feu…

Kiley Reid publie ici son premier roman, Such a Fun Age, sorti aux Etats-Unis au début de l'année 2020 ; elle a bénéficié de bonnes ventes et d'une couverture critique élogieuse. le roman va être adapté au cinéma annonce son éditeur. Kiley Reid s'est beaucoup inspirée de son propre parcours dans ce roman.

Kiley Reid propose une comédie de moeurs particulièrement acide et elle décrit avec une plume acérée tous les travers de la société américaine. A travers le portrait de trois héros et de leur entourage, elle aborde certes les thèmes du racisme et du féminisme mais surtout de la société capitaliste américaine et de l'hypocrisie des valeurs morales de la société protestante. L'héroïne est intéressante en ce sens que Kiley Reid ne choisit pas un modèle de réussite typiquement américain ; bien au contraire, Emira Tucker est une jeune femme noire qui a étudié à l'université jusqu'à sa licence mais elle a vingt-cinq ans et elle n'a toujours pas de plan de carrière et n'a aucune ambition ni pour sa vie professionnelle ni pour sa vie personnelle alors que toutes ses amies réussissent. Elle apparaît donc à la fois comme traître à la cause des femmes et traître à la cause de l'émancipation raciale aux Etats-Unis d'Amérique d'autant qu'elle se contente et elle aime son travail de baby-sitter - une profession qui donne pourtant l'image d'une tâche dévolue aux femmes cantonnées dans la sphère privée. Cependant, le portrait le plus décapant est celui de son employeuse : Alix Chamberlain est une jeune femme blanche, elle a grandi dans une famille riche habituée à la ségrégation ; elle a longtemps vécu à New-York où elle a monté sa propre entreprise d'influenceuse dans le domaine de l'accompagnement professionnel et personnel ; elle a une bonne conscience démocrate et pense avoir un mode de vie vertueux et bienveillant à l'égard des autres ; elle est même engagée dans la campagne présidentielle de Hillary Clinton. Cependant, elle a accepté de suivre son mari à Philadelphie et elle bovaryse… Kiley Reid décrit avec une grande acuité toutes les petites faiblesses, toutes les petites médiocrités et les petites trahisons de cette jeune femme blanche… Ce roman est d'autant plus cruel qu'il est bien ancré dans le quotidien de la vie aux Etats-Unis d'Amérique avec des réalités sociales que nous ne connaissons pas sur le continent Européen, notamment l'absence de services publics, de couverture de santé organisée par l'Etat, de structures d'accueil de la petite enfance. Kiley Reid montre davantage les discriminations induites par le capitalisme avec cet abîme entre une jeune femme blanche et riche et une jeune femme noire et modeste que les discriminations raciales et les discriminations liées au genre. La seule issue possible semble la réussite sociale et cette réussite sociale est seulement liée à la capacité de s'enrichir : quelle est la place dans cette société de celles et ceux qui ont d'autres aspirations ?
Commenter  J’apprécie          120
Eh bien, voici un premier roman épatant ! D'une écriture nerveuse, réaliste et imagée, cinématographique, quasi transcription () en temps réel des actes et des pensées des personnages, l'autrice nous fait part de son expérience et nous plonge dans la société de la côte est américaine contemporaine, quasiment divisée en deux catégories : les employeurs et les employés, les riches et les pauvres, les noirs et les blancs. Cela ressemble à une caricature, mais cela reste une réalité.
D'un côté Emira, jeune femme noire de 25 ans, ayant fait des études supérieures mais n'ayant pas encore trouvé de boulot à plein temps lui permettant d'avoir droit à sa propre couverture maladie (et qui va très prochainement perdre la couverture parentale), qui peine à subvenir à ses besoins, et qui manque un peu de motivation pour changer cette situation. de l'autre Alix Chamberlain, mère de famille blanche de 34 ans, influenceuse, carriériste, obsédée par son image et par le qu'en-dira-t-on, qui voudrait être parfaite dans tous ses rôles, mais qui subit un creux dans sa carrière. Emira est la très dévouée baby sitter de la fille ainée d'Alix, et elle rencontre Kelley, l'ex petit ami d'Alix qui lui a laissé un souvenir cuisant de l'époque du lycée. Ces deux personnes de son entourage, a priori attentionnées et pleines de bons sentiments, affichent progressivement un rapport ambigu et malsain vis-à-vis d'Emira. Qu'est-ce qui se joue quand une personne blanche cherche à tout prix à se faire aimer d'une personne noire ? Que veulent-elles se prouver ou se faire pardonner ?
Kiley Reid nous plonge dans la réalité d'un racisme masqué, sournois, condescendant. Tout sonne vrai, le récit chargé de détails comme les dialogues.
Bref, un livre formidable.
Merci à Babelio et aux Editions le cherche midi pour cette belle découverte.
Commenter  J’apprécie          100
Une ouverture fracassante pour ce livre qui parle de racisme. Ce qui est étonnant, c'est qu'on ne retrouve pas ce sujet du côté d'Emira. Emira vit sa vie, sort avec ses copines, elle a ses préoccupations comme de trouver un emploi à plein temps qui lui permettra de bénéficier d'une couverture médicale... Et surtout passer du temps avec la petite Briar. Cette petite, incroyablement attachante, dont la complicité avec Emira est plus qu'émouvante.
Alix au contraire n'attire pas la sympathie. Avec elle on voit d'emblée le poids des réseaux, de l'apparence, de la réussite. Opportuniste est le mot qui lui correspond le mieux. Chaque action est parfaitement réfléchie et a un but bien précis. Alix va vouloir se rapprocher d'Emira.
Et c'est avec elle que le racisme sera constamment présent. le racisme ordinaire. La volonté de bien faire, de ne pas se tromper, de faire attention à chacun de ses mots ou, au contraire, de trop insister. La privilégiée qui tente de camoufler toutes ces petites choses qu'elle pense que l'autre trouvera ostentatoire et qui ne cesse de s'excuser.
Voir la personne en face prendre des pincettes ou poser des questions qui n'ont rien à faire là est terriblement agaçant, surtout quand cela commence clairement à dépasser les bornes.
Un point de vue inhabituel et juste hallucinant qui n'a pas manqué de me faire réagir à tout bout de champ!
Le sujet aurait pu être plus approfondi, mais finalement, je l'ai trouvé à l'image d'Emira et de ce qu'elle souhaite: ne pas s'attarder sur cette soirée et ne surtout pas la réduire à cela.
Le langage est parfois cru, un peu gênant pour moi je l'avoue, mais ça va avec le fait qu'ils soient jeunes je suppose (ou non!)...
Ce livre se lit vraiment très rapidement, plus on avance et moins on a envie de lâcher le livre. Impossible pour ma part de rester indifférente, Alix m'a trop énervé.
La tension va crescendo, l'atmosphère devient pesante, c'est réussi.
Commenter  J’apprécie          90
Alors qu'Emira fête l'anniversaire d'une de ses amies au cours d'une soirée bien arrosée, Mrs Chamberlain l'appelle pour venir garder sa fille, Briar, en urgence.
Pour occuper la petite, la jeune femme l'emmène dans un supermarché du quartier. Mais voilà ; Emira est "Noire" et Briar est "Blanche". Ce qui ne passe pas inaperçu et ne manque pas d'alerter une cliente du magasin et un vigile.
Et c'est à ce moment que la vie d'Emira prend un autre tournant ; de simple baby-sitter, elle devient une victime, une personne à protéger... Même si c'est contre son gré.
Mais Emira ne tolérera pas que les limites de son intimité et de sa vie privée soient franchies ; la jeune femme est prête à se battre contre cette "attention" étouffante afin de rester maîtresse de sa vie.

Bien que toute l'histoire se déclenche avec le problème que rencontre Emira au supermarché, on nous raconte également les vies des autres personnages importants, ce qui nous permet d'avoir une vue d'ensemble... Et de comprendre comment la situation a pu déraper à ce point.
On nous raconte par exemple comment un malentendu avait pu détruire une vie.
On nous explique aussi comment ce malentendu avait pu se produire.
En fait, non, on ne nous explique rien. On nous donne les faits, grâce à différents points de vue. Et c'est là ce qui, pour moi, est le plus gros point fort de ce livre ; Kiley Reid (l'auteure) ne nous raconte pas simplement une histoire en nous imposant une version. Elle nous force à réfléchir par nous-mêmes, à mesurer comme la situation est compliquée, en nous la montrant sous une foule de points de vue totalement différents.

Un très bon livre sur le racisme exprimé d'une autre manière, où, au lieu de dénigrer les gens, on les surprotège et les sur-veille (à la base, ce n'était pas un jeu de mots bizarre, l'idée étant vraiment qu'on veillait "trop" sur Emira. La langue française est trop bien faite. Petite parenthèse pour ne rien dire).
Alors oui, je recommande ce livre (je ne sais jamais faire autrement, de toute façon).

Bonnes lectures (quelles qu'elles soient) !

Et un grand merci à Masse Critique pour m'avoir permis de découvrir ce livre !
Commenter  J’apprécie          90
Emira, 25 ans, est la baby-sitter attirée de Briar.
Très vite, au tout début du roman, tu vas assister à une scène qui pourrait tout à fait, je pense, avoir lieu aujourd'hui, partout dans le monde, mais surtout aux États unis.

Elle se fait accoster rudement par le vigile du magasin où sa patronne l'a envoyée.
L'homme l'accuse d'avoir kidnappé une fillette blanche.
Emira est Afro-américaine.
Elle aura beau expliquer qui elle est, ce qu'elle fait là, à cette heure ; personne dans le magasin, sauf un jeune homme qui filme la scène, ne la croit.
Il faudra l'arrivée du papa de Briar pour qu'Emira puisse enfin partir.

Tu l'as compris ; ce livre colle on ne peut plus près de l'actualité avec comme thème principal le racisme.
Le délit de faciès.

Les deux parents de Briar font carrière.
Peter, son père ; est un journaliste converti en présentateur TV, tandis qu'Alix est devenue une marque.
Sa propension à recevoir des produits gratuits s'est vite muée en philosophie concernant les femmes qui prennent la parole et renouent avec les bases de la communication.
Son blog est devenu #aileecrit
Elle participe à des podcasts féministes. Elle est invitée à de nombreux meetings.
Ce qui l'a fait remarquer par l'équipe de campagne d'Hillary Clinton

Emira, leur baby-sitter leur devient très vite indispensable.
Il est tout à fait normal pour Alix de l'appeler un soir à 22 h 50 pour emmener leur fille passer le temps dans un supermarché ouvert de nuit parce qu'elle ne veut pas que Briar assiste à l'arrivée des policiers venus constater une infraction au domicile familial.
Emira ne leur reproche pas ; elle a besoin de cet argent.
Être payée 32 dollars de l'heure pour danser dans un magasin avec son petit être humain préféré ; elle n'y voit aucun inconvénient.

Emira, c'est une jeune femme un peu perdue.
Elle ne sait pas encore quoi faire de sa vie.
Elle travaille en enchaînant 2 mi-temps.
Ces 2 boulots ne sont pourtant pas assez pour pouvoir assumer son assurance santé et son anniversaire approche dangereusement.
À 26 ans, elle ne sera plus sur la mutuelle de ses patents ; elle devra elle-même cotiser pour son assurance.
Une situation qui la stresse beaucoup, mais dont elle ne s'ouvre pas.
Pas même à ses amies.

L'arrivée d'un autre protagoniste à un tiers du livre va perturber la dynamique des 2 héroïnes ; sans que l'une ni l'autre ne se doute les répercussions dans leur future relation.

Alix est vraiment passionnée par Emira, cela frise même l'obsession.
Elle voudrait s'en faire une amie, mais elle ne sait comment faire.
Comment agir.
Elle est perdue depuis son retour en Pennsylvanie.
New York lui manque.
Alix n'a jamais bonne conscience, elle ne reconnaît pas ouvertement avoir par exemple des goûts de luxe.
Son passé a encore une forte emprise sur elle.
J'ai compris pourquoi elle agissait comme ça même si je trouvais certaines réactions étranges.
Tout s'explique ensuite.

La question de la race n'est pas abordée entre elles. Jamais.
Emira n'en voit pas la nécessité que cela soit avec sa patronne ou avec Kelley.
Elle est comme elle est. Quel besoin y a-t-il d'en parler ?

Kiley Reid explique que se mettre en colère et crier dans un magasin n'a pas les mêmes conséquences pour Emira que pour Kelley ou Alix.
La couleur de peau n'est pas la même ; le traitement non plus.
Emira l'a assimilé depuis de nombreuses années ; pas Alix ni Kelley.
Moi non plus ; je trouve ça profondément injuste, mais j'ai compris une fois encore pourquoi Emira refusait catégoriquement de reparler de l'incident et encore moins d'envisager des poursuites.
Elle a besoin qu'on soit en colère parce que ça arrive tout court pas parce que cela lui est arrivé à elle.

Le racisme est tellement habituel qu'il n'y a rien à répondre, dit Emira, c'est peut-être bien ça qui m'a le plus touché

Kiley Reid outre la question du racisme aborde aussi quantité de sujets problématiques de notre société outre l'essentiel de l'intrigue, la question de race et de classe : les réseaux sociaux au centre des vies, les vidéos virales qui peuvent construire une carrière ou anéantir une vie, le féminisme, la difficulté d'être mère, etc.

La richesse de ce livre, pour moi, est qu'il explore les points de vues de chacun des personnages. Il y a une certaine neutralité dans la façon dont est traitée la psychologie de chacune des 2 héroïnes, ce qui rend ce récit fictif, très juste.

Le racisme n'est pas un sujet facile ou confortable en fiction, cette histoire non plus.
Petit bémol pour les dialogues qui m'ont paru parfois bancals ou pas totalement terminé et pour le caractère d'Alix.
Ce n'est pas un personnage que j'ai apprécié, mais je pense, sans aucune certitude, que ce personnage n'était justement pas là pour qu'on se sente en empathie, mais qu'on puisse lire ce qui fait que des phrases anodines, des gestes qui semblent naturels, peuvent être tellement blessants.
Kiley Reid, toujours à mon avis, a exacerbé les caractères des deux héroïnes pour bien mettre en évidence ce qui cloche dans notre société.
Je n'ai rien lu sur elle ; je peux donc totalement me tromper.

Enfin, j'ai trouvé très intelligent de faire en sorte qu'aucune des deux héroïnes ne soit totalement innocente dans leurs actions.
Elles ont toutes deux des défauts.
Elles ne sont ni blanches ni noires.
L'auteure gomme ainsi toute différence et cela m'a plu.

L'auteure écrit une fiction, le titre : une époque formidable est parfaitement choisi.
Pris au second degré, il dénonce justement de manière caustique la société dans laquelle nous vivons.
Un livre qui va plaire pour son fond moins pour la forme, je pense, mais une lecture que j'ai beaucoup aimée pour la manière dont le racisme est abordé.
J'ai lu un livre similaire écrit par Jodi Picoult qui m'a beaucoup marqué « mille petits riens » ça été un gros coup de coeur.
Maintenant, Une époque formidable est un premier roman, il a ses défauts, mais aussi beaucoup de qualités

Les relations raciales se sont améliorées au cours de la dernière décennie, mais quand on lit un livre tel que celui-ci il
y a lieu de se demander, si nous avons vraiment fait beaucoup de progrès pour nous comprendre les uns les autres, pour comprendre et accepter et nos différences ?
Lien : https://unesourisetdeslivres..
Commenter  J’apprécie          90
Tout d'abord je remercie Babelio et les éditions du Cherche Midi pour l'envoi de ce roman dans le cadre de la masse critique privilégiée.

Une époque formidable se lit vite et bien. le pitch était intéressant et attirant mais cela ne suffit malheureusement pas pour contrebalancer les lacunes de ce livre.

L'auteur a semé la plupart des thèmes « à la mode » : question raciale, traumatisme affectif d'une jeune fille, recherche d'un équilibre vie professionnelle/vie personnelle etc. Je n'y ai pas cru ...

Le manque de crédibilité est le défaut principal, et rédhibitoire de mon point de vue, de ce roman. L'évènement-clé est à côté de la plaque. Une jeune femme noire, habillée pour aller en boîte de nuit et sentant l'alcool, erre dans les rayons d'un supermarché avec une enfant de 3 ans qui n'est pas la sienne tard le soir. le vigile et une autre cliente interpellent la jeune femme. Encore heureux non ? Pourtant tous les personnages considèrent que cette interpellation est un odieux acte raciste…ah…On ne voit pas pourtant pas où est le crime…

Autre exemple, l'investissement affectif d'Alix envers la baby-sitter qu'elle ne connaît que depuis quelques mois est beaucoup trop excessif pour qu'on y croie. Elle l'espionne, se passionne secrètement pour sa vie, s'immisce dans sa vie amoureuse…Et encore une fois, tous les personnages trouvent cette attitude incongrue tout à fait naturelle…

Ce manque de crédibilité infuse tout le roman et laisse un goût de frustration, voire d'agacement au lecteur.

L'autre défaut, qui frustre également le lecteur, réside dans le nombre de lignes lancées par l'auteur sans qu'aucune d'elles ne soient vraiment remontées. L'auteur aborde quantité de thèmes intéressants, par exemple, la difficulté pour une jeune femme (Emira) de trouver sa voie professionnelle et ainsi sa place dans la société ; la double lecture d'un évènement, traumatisant pour l'une (Alix), anecdotique pour l'autre (son ex) ; le challenge pour une femme (Alix) d'équilibrer tous les aspects de sa vie de femme (mère, épouse, copine, professionnelle…) etc. Mais, même en écartant le manque de crédibilité évoqué plus haut, le lecteur est frustré car aucun approfondissement n'intervient. Tout est seulement effleuré, le lecteur reste sur sa faim.

Dernier point à souligner, le style d'écriture n'est pas agréable. L'auteur retranscrit trop de dialogues inadaptés à l'écrit : « ah…ben…okay… », « ouais, genre… » etc.

J'ai lu ce livre rapidement et facilement, j'ai espéré jusqu'à la dernière page que l'auteur me fasse rentrer dans une histoire, me fasse comprendre un personnage mais je suis restée à l'écart, détourée. Dommage !
Commenter  J’apprécie          80
Emira, jeune afro-americaine de 25 ans est appelée à la rescousse par Alix, une maman influenceuse à succès, pour garder sa fille Briar quelques heures, le temps de la dépanner. Elles se rendent au supermarché, mais Émira se fait interpeller par le vigile. La cause ? Emira est noire, Briar est blanche. le vigile n'y voit rien de bon, la soupçonnant d'avoir enlevé la petite, car voyez-vous, une jeune femme noire avec une petite fille blanche, le soir dans un supermarché, ce n'est pas "normal"...Un vrai cas de discrimination raciale d'entrée de jeu.

Après cet épisode houleux, Emira est en proie au doute et se pose des tas de questions sur la suite à donner ou pas à cet incident, qui a d'ailleurs été filmé par un client du magasin.

Les personnages sont vraiment bien travaillés bien que quelque peu caricaturaux.
D'un côté Alix, blogueuse et influenceuse Instagram qui rencontre un énorme succès, maman et épouse comblée, symbole du parfait "American Way of Life" mais qui n'en est pas moins une femme calculatrice et qui ne jure que par les apparences.

De l'autre, Emira, jeune fille noire qui peine à trouver son chemin dans la vie et un emploi stable qui puisse lui assurer une couverture sociale décente, et qui noue une relation des plus franche et sincère avec Briar, cette enfant absolument touchante et remarquablement intelligente. Vous l'aurez compris, Alix vs Émira, ce ne sont pas du tout les mêmes billes dans la vie, ni les mêmes problèmes à gérer...

A travers cette histoire divertissante et accrocheuse, Kiley Reid parvient à soulever d'importantes interrogations à l'heure du Black Live Matters sur le racisme ordinaire notamment, plus sournois encore car totalement banalisé, ou encore sur le privilège blanc.

Sa plume est captivante, on se laisse porter par le flow de ce récit et la lecture défile sans même s'en rendre compte.

C'est un livre qui a fait grand bruit outre-atlantique et on comprend vite pourquoi au vu des thématiques abordées. Une adaptation cinématographique est d'ailleurs en cours.

Un bon premier roman dont j'ai vraiment bien apprécié la lecture.
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (161) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
562 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..