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2,68

sur 85 notes
La famille est le lieu de toutes les perversions, à moins que ce ne soit la littérature … et son principal coupable, l'écrivain … ou encore l'imagination du lecteur…

Avec ce roman policier à trois voies, Rafael Reig manipule le lecteur pour qu'il imagine le pire dans «Ce qui n'est pas écrit».

Carlos, un père de famille divorcé, enragé de ses rêves de grandeur jusqu'alors défaits, et en manque d'amour de son fils dont il a été séparé pendant un an à cause de ses violences, vient chercher chez son ex-femme Carmen l'adolescent de quatorze ans, Jorge, pour passer trois jours en montagne avec lui. Après leur départ, Carmen découvre le manuscrit d'un roman au titre inquiétant, «Sur la femme morte», abandonné par Carlos comme un caillou blanc dans son appartement, avec une note l'enjoignant à le lire.

Les trois fils alternés du récit, celui du roman – l'enlèvement d'une jeune femme par une bande de truands pathétiques -, l'excursion en montagne d'un père manipulateur et pervers et de son fils paralysé par la culpabilité, et la peur croissante de Carmen restée seule, au fur et à mesure qu'elle découvre le roman de Carlos, qu'elle lit et interprète comme une menace voilée à l'encontre de Jorge, convergent et semblent par moments se superposer. À moins que l'angoisse ne naisse que de l'imagination débordante de Carmen, et de sa culpabilité vis-à-vis de Carlos et de son fils ?

Avec des personnages aux personnalités et perversions manquant un peu de nuances, mais une construction terriblement habile, ce roman qui se lit d'une traite, est un thriller oppressant et efficace.

Avertissement final : Surtout ne lisez pas la quatrième de couverture, elle contient un malheureux «spoiler».

"Elle embrassa Jorge et les vit descendre ensemble, le père et le fils, enfermés dans la cage de verre de l'ascenseur.
Vues d'en haut, leurs têtes ressemblaient à deux pierres de rivière lancées au fond d'un puits, chacune avec son sac à dos sur les épaules."

"Elle a besoin de continuer à lire pour savoir ce qu'il y a derrière cette fenêtre de mots, mais elle a peur de s'exposer, d'être lue quand elle lit."
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CHALLENGE ABC 2013/2014 (18/26)

Difficile après cette lecture d'écrire une critique tant mon avis est mitigé.
J'ai trouvé ce thriller original dans sa construction. L'histoire pourrait être banale entre un ado mal dans sa peau, partagé entre ses parents divorcés, un homme écrivain et père raté, une mère qui ne fait pas confiance à son ex-mari. Mais comme une grille de mots croisés que l'on remplit, chaque définition trouvée s'imbriquant dans les autres, les trois fils conducteurs de l'intrigue vont se mettre en place, sauf que chercher à lire entre les lignes est très dangereux. C'est ce que va apprendre Carmen, la mère, en se plongeant dans la dernière tentative littéraire que Carlos, son ex, lui laisse entre les mains alors qu'il emmène Jorge, leur fils, dans une escapade en montagnes. le suspense est malheureusement gâché, dès le départ, par la quatrième de couverture qui, à mon avis, en dévoile trop.

L'auteur soulève le débat intéressant du pouvoir de l'écrivain face à celui du lecteur. Dommage que cela entraine quelques réflexions philosophiques que j'ai trouvées plutôt tarabiscotées, côté style. J'ai aussi eu du mal à faire un lien entre ce qui était écrit (ou plutôt ce qui ne l'était pas) dans ce polar très (trop ?) scabreux que Carmen avait entre les mains et ce qui se passait en réalité. Évidemment, chaque lecteur interprète ce qu'il lit, suivant son état psychologique du moment et chez elle, c'était l'angoisse qui dominait..

L'ambiance très glauque du roman m'a déstabilisée : pas la moindre lueur d'espoir à l'horizon. Pas une seule relation entre les humains de ce thriller qui ne soit positive : la violence mène la danse. Tous les personnages vivent avec leur rancoeurs, leurs griefs, plantés dans le coeur et ne voit plus rien autour d'eux ; principalement Carmen et Carlos qui ignorent la souffrance, le mal-être de leur fils.

le sujet aurait pu être passionnant, car il est vrai que certains auteurs (je pense à Franck Thilliez notamment) ont un tel pouvoir qu'ils m'emmènent, moi, modeste lectrice, facilement là où ils l'ont décidé. Mais je crois que cette fois-ci, la magie n'a pas opéré. Ma note, 2,5 étoiles soit 10/20.

Merci à Babelio et aux Éditions Métailié de m'avoir fait découvrir Rafael Reig, auteur espagnol que je connaissais pas.
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Carlos se rêve écrivain. Il a publié quelques recueils de poésie grâce au père de son ex-femme mais, indéniablement, il n'est pas fait pour l'écriture. Son ex-femme, justement, élève leur enfant, Jorge, un adolescent replet, timide, craintif, qu'il a tout juste le droit de revoir maintenant qu'il a quatorze ans après qu'un jugement l'en ait éloigné suite à des soupçons de mauvais traitements. Déterminé à montrer à son fils ce qu'est un homme, un vrai, Carlos l'emmène pour une randonnée en montagne. Mais après leur départ, Carmen, la mère de Jorge, découvre un manuscrit laissé par Carlos lorsqu'il est venu chercher son fils pour cette excursion. Il s'agit d'un polar violent, obscène, dans lequel Carmen croit discerner d'étranges ressemblances avec la réalité, comme si Carlos, à travers ce roman, convoquait le passé pour mieux le détruire et, en passant, laissait planer une aura de vengeance à leur égard, à Jorge et à elle.

Ce qui n'est pas écrit est donc l'un de ces thrillers psychologiques qui jouent sur l'ambigüité des actes des personnages. Carlos avait-il une idée précise derrière la tête en écrivant son roman et en déposant le manuscrit chez Carmen ? Cette dernière n'y projette-t-elle pas ses propres craintes, surinterprétant les écrits de son ex-mari ? Ce sont là les questions que laissent Rafael Reig en suspens afin de faire lentement mais sûrement monter la tension grâce à une structure particulièrement efficace. Alternant mécaniquement trois points de vue (un chapitre mettant en scène Carlos et Jorge dans lequel la déception que provoque le fils chez le père et le sentiment de crainte du premier à l'égard du second sont mis en exergue, puis un autre composé du texte du manuscrit de Carlos, et enfin un troisième présentant les interrogations de Carmen à la lecture du manuscrit et les souvenirs douloureux de son histoire avec Carlos, avant de revenir à Carlos, etc), le récit dévoile peu à peu les sentiments des personnages, leurs craintes, leurs obsessions, leurs déceptions, rendant quasiment inéluctable une fin tragique dont on ne sait toutefois pas quelle forme elle pourra prendre.

Bien mené, valant surtout pour les portraits psychologiques de certains de ses personnages, plus particulièrement de Carlos, et l'attachement de Reig aux détails a priori insignifiants mais dans lesquels le lecteur, à l'image de Carmen, ne cesse de chercher une signification plus importante, Ce qui n'est pas écrit est incontestablement dans son genre un roman plutôt réussi.
Mais le livre de Rafael Reig apparaît aussi par certains aspects inégal, en particulier parce que l'auteur, malgré ses efforts, peine quelque peu à rendre le désarroi de Carmen ; ce qui, au passage, vient interférer avec son écriture. Tendue et fine dans les chapitres consacrés à Carlos et Jorge, elle se fait plus plate avec Carmen. D'une manière générale, ce que vient prouver l'apparition de la nouvelle épouse de Carlos, Reig ne semble pas forcément à l'aise avec ses personnages féminins.

À ces réserves près, Ce qui n'est pas écrit apparaît comme un honnête thriller psychologique qui arrive à se démarquer du gros de la production du genre et touche même presque dans certains passages à l'exceptionnel avant de reprendre un rythme plus attendu jusqu'à un twist final qui ne surprend que peu mais qui a pour lui d'être cohérent.
Voilà donc une lecture agréable qui, cependant, malgré des promesses évidentes, n'atteint pas encore le stade de l'inoubliable.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Merci à Babélio de m'avoir offert l'opportunité de cette lecture lors de la masse critique.

Une grosse déception après la lecture de ce roman. Certes l'auteur a tenté de distiller une tension en créant une ambiguïté entre les trois principaux personnages. Hélas cela ne prends pas. L'intrigue dure très peu de temps, les personnages restent fades. Les dialogues sont tristes.
Ce polar ne restera pas dans ma mémoire !
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"Euh...oui, et ?"
Ce qui n'est pas écrit est un roman construit sur trois tableaux aussi inintéressants les uns que les autres.
Toute l'histoire peut parfaitement se résumer par l'enchainement (assez réussi néanmoins) de chapitres répétitifs du père alcolo machiste tape à l'oeil qui humilie son fils autant qu'il l'aime, puis de chapitres vides de la mère inquiète pour son fils et qui lit un manuscrit "comme si c'était un animal dangereux" et qu'elle cache "sous les pulls d'hiver" -sans blagues ?!- (p199, mais repris avec les exacts même-mots tout au long du roman). Et enfin, ce triptyque nous offre des chapitres du dit manuscrit un peu plus intéressants que le reste mais également plus vulgaires (et pourtant il y a dans les passages sur la mère une comparaison des nuages avec du sperme... Ça a peut-être une très grande portée métaphorique, mais elle doit m'échapper).
Le livre avance, les chapitres défilent rapidement, et l'histoire ne décolle pas. A 30 pages de la fin on attend encore un dénouement qui justifierait le fait d'avoir souffert le reste, mais non, la fin est juste correcte. Avec une projection et une symbolique intéressante, peut-être, mais ce n'est pas suffisant pour en faire un livre plus que très médiocre.
Question style, c'est très inégal. Faute à la traduction ? On en arrive quand même à des "Chez les quatre autres, le membre masculin de la copulation et dernier tronçon de l'appareil urinaire était d'une taille supérieure à celui de Toni Riquelme. de quoi faire chier." (p206). Mouuuiiii très intéressant tout ça ! Amis de la poésie, bonjour !
Avec 3 tableaux, on pourrait au moins penser qu'on puisse adhérer à un ou deux, histoire de pas trop s'ennuyer, mais même pas. La partie sur le manuscrit dans le roman est encore pas trop mal, mais comme on le sait écrit à destination de la mère, on se s'en sent d'autant plus exclu sans pouvoir objectivement percevoir les éléments clefs. La seule chose qui nous permet de comprendre -des "révélations" qui ne servent à rien- c'est encore toutes les explications rabâchées par la mère et les similitudes tordues qu'elle y voit (Mais en même temps, quand on compare les nuages avec du sperme, faut pas aller chercher à comprendre !)
Alors quoi de bon là dedans ? Ça se lit bien, les réflexions sur le travail d'auteur sont assez fines, les lieux sont nombreux (mais si vous connaissez pas Madrid, 'z'êtes fichus pour imaginer quoique ce soit), des transitions de chapitres originales (bien qu'on s'en lasse assez vite). Et c'est malheureusement à peu près tout !
La 4e de couverture vante : "Thriller psychologique basé sur les rancoeurs et les frustrations, se déployant dans une nature inquiétante sur une trame de film d'horreur habilement construite, ce texte confirme la virtuosité stylistique et l'inventivité narrative de son auteur.". Frustration et rancoeur, oui ! Les vôtres ! Pour le reste, d'ici à voir une coïncidence entre le fait que ce roman ait reçu le "prix Pata Negra décerné par des libraires" et que l'auteur se soit "récemment installé comme libraire", il n'y a qu'un pas. J'ai mon avis, je vous laisse vous faire le votre. En attendant, toute lecture est toujours bonne à prendre, aussi je remercie Babelio et les éditions Métailié pour m'avoir envoyé ce roman.
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Jorge vit, depuis le divorce de ses parents, avec sa mère Carmen. C'est un gamin mal dans sa peau, timoré, encore trop dans les jupes de sa mère. Son père, Carlos, vient le chercher pour passer un week-end entre hommes en montagne. En partant, Carlos laisse à Carmen le manuscrit d'un roman qu'il vient de terminer, un polar assez sordide. Celle-ci en commence la lecture, et découvre rapidement de nombreuses similitudes avec la réalité, ce qui la trouble et l'inquiète…

A la lecture du résumé, je craignais de me retrouver dans une sorte de clone de « Sukkwan Island », ce dernier étant un roman marquant, mais particulièrement éprouvant pour le lecteur, une histoire dont j'avais eu beaucoup de mal à me remettre. Mais, malgré quelques points communs, « ce qui n'est pas écrit» n'est pas vraiment comparable au roman de David Vann.

Je dois toutefois avouer un sentiment partagé à l'issue de la lecture de ce thriller psychologique vraiment noir.

D'un côté, il faut bien reconnaître qu'il est difficile de lâcher cette histoire prenante, bien construite, dont on souhaite vivement connaître le dénouement (tout en le redoutant). Il faut également avouer que, comme Carmen, je suis tombé dans ce piège tendu par l'auteur, cherchant moi-même à lire au-delà des lignes, à échafauder des scénarios sur « ce qui n'est pas écrit », en imaginant forcément le pire.

Cependant, un sentiment de malaise ne m'a pas quitté tout au long de la lecture. Il y a tout d'abord tous ces personnages pour lesquels il est difficile de ressentir la moindre sympathie, en particulier les trois membres de cette cellule familiale éclatée, lesquels ne semblent décidément avoir que peu d'estime pour eux-mêmes. Les sentiments ambivalents du père vis-à-vis de son fils, ce mélange d'amour et de haine, sont notamment assez dérangeants. J'ai aussi été gêné par ce «roman dans le roman », cette histoire totalement glauque, qui fatalement ne pouvait bien s'achever. Je n'ai en outre pas apprécié ces scènes de sexe vulgaires, dégradantes. Et l'auteur semble en outre entamer une réflexion sur la relation entre l'auteur et le lecteur (qui a le pouvoir en littérature : celui qui écrit ou celui qui lit ?), mais la laisse à mon sens en suspens, inachevée.

Je remercie en tout cas Babelio et Métailié de m'avoir envoyé un exemplaire de ce roman, grâce auquel j'ai pu découvrir Rafael Reig.
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Dans ce roman, Rafael Reig souhaite montrer les rôles de l'auteur et du lecteur.
" Celui qui écrit a le pouvoir, celui qui lit se soumet."
J'avoue que l'auteur m'a bien fait sentir qu'il menait le jeu, détenait le dénouement et moi, pauvre lectrice, j'étais soumise à tourner les pages pour comprendre enfin où il voulait nous emmener. En plus, ce petit malin ajoute des définitions de mots croisés en fin de chapitre avec la solution en début de chapitre suivant. Les cruciverbistes sont enchaînés.
Jorge, quatorze ans part en randonnée avec son père Carlos. C'est la première fois que les deux hommes se retrouvent seuls depuis le divorce un peu houleux des parents sept ans plus tôt.
Carmen, la mère qui travaille dans l'édition se retrouve donc seule pour le week-end avec tout de même un manuscrit à lire. Mais par n'importe lequel, c'est celui que son ex-mari lui a laissé en évidence avant d'emmener Jorge.
Le troisième plan est le sujet du manuscrit, une histoire d'enlèvement d'une jeune femme par un groupe d'hommes violents et lubriques.
L'auteur alterne ces trois récits. Celui assez sordide de l'enlèvement dans le roman de Carlos et ceux d'une part des difficultés de communication entre Jorge, peu dégourdi et un père viril qui peut être violent sous l'emprise de l'alcool, et d'autre part de l'angoisse de Carmen qui trouve beaucoup de ressemblances entre son ex-mari et un des ravisseurs de son roman.
" Peut-être qu'elle n'était pas en train de lire ce roman, ce qui était écrit, mais qu'elle en rajoutait."
L'auteur pousse son idée jusqu'au final avec une incursion du roman dans la réalité et une fin ouverte qui laisse peut-être enfin un choix au lecteur.
Si la construction et l'idée du roman dans le roman sont assez géniales, j'ai eu plus de mal à me réjouir du style. Bien évidemment, Carlos est un piètre écrivain et son roman sombre souvent dans les bassesses du roman noir vulgaire avec des effets de style grossiers ( " comme d'un mur mal ravalé, il s'était détaché d'elle le crépi de l'arrogance, le plâtre de l'orgueil, la chaux vive de la confiance en soi…"). Peut-être sont-ce des effets de traduction, mais j'ai souvent grimacé sur certaines comparaisons ou certains registres lexicaux.
Ce roman est donc intéressant pour sa mise en abîme, pour identifier les rôles de l'auteur et du lecteur. La montée progressive de l'angoisse et la construction m'ont facilement pris en otage mais le style me semble empathique et l'expression des sentiments assez sommaire. Toutefois, les adeptes de l'angoisse psychologique seront ravis.
Lien : http://surlaroutedejostein.w..
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C'est laborieusement que je viens de terminer ce roman dont on me promettait pourtant beaucoup et qui au final me fera penser à la montagne qui accouche d'une souris !

Voyez plutôt l'accroche qui a réussi à m'avoir : « On ne lâche plus ce roman parfaitement noir où tout le monde, lecteur inclus, s'échine à lire entre les lignes ce qui n'est pas écrit, et s'imagine le pire ». Tu parles, Charles !

Non seulement j'ai failli le lâcher plusieurs fois, mais je cherche encore dans les pages le côté roman noir (hormis le contexte social du roman dans le roman, je n'en vois pas d'autre) ainsi que le « Thriller psychologique », la nature inquiétante, la trame de film d'horreur habilement construite et le fait que ce texte confirme la virtuosité stylistique et l'inventivité narrative de son auteur.

Va ma falloir un Patrick Sabatier pour un Perdu de recherche parce que j'ai beau retourner l'affaire, j'ai pas eu peur, même pas ressentit le souffle de la nature inquiétante, ni d'angoisses, juste des soupirs à fendre l'âme que j'ai poussé durant ma lecture.

Balançons directement sur le fait que je n'ai ressenti aucune empathie pour les protagonistes, que ce soit Carmen, la mère (qui est une femme pratique dans tout ce qu'elle fait et c'est horripilant !).

Carlos, son ex-mari, alcoolo, petit prolétaire qui pense en dichotomie sur les femmes (la pute et la princesse), qui veut faire de son fils un homme, un vrai, qui le traite de « nouille » sans arrêt (son mot préféré) et qui le jalouse parce que son gamin de 14 ans en a une plus grande que lui !

Quand à leur gamin, Jorge, il est pleurnichard, chouineur, un vrai pisseur, et on ne sait pas trop de quel côté il oscille, ni vraiment ce qu'il veut, en fait. Ils auraient mieux fait de ne pas se reproduire ces deux là !

Oh, j'oubliais, il y a aussi Yolanda, l'ex-petite amie de Carlos qui est redevenue sa nouvelle copine après le divorce.

Comme si ça ne suffisait pas, nous avons aussi un roman choral mal foutu ! J'aime le roman choral, mais là, on est dans le bas du classement des pires romans que j'ai pu lire.

Le must du pire, c'est sans conteste le roman écrit par Carlos et qu'il a déposé sur la chaise de son ex-femme avant d'emmener le rejeton en week-end camping dans la forêt. Là, on touche le fond, la lie, la raclure de bidet niveau écriture.

Vous me direz que c'est Carlos qui a écrit cette daube, il n'a rien d'un Cervantes, on le sait, mais ça devient pénible de lire ce torchon rempli de vulgarité, de sexe sale, de pensées débiles de son alter-ego littéraire, Antonio Riquelme. Alter ego qui, tout comme lui, traite tout le monde de nouille, ce qui fait cloche dans la bouche d'un petit truand.

Alors la fin, là, j'ai eu l'impression qu'il me manquait des pages parce que cela se termine abruptement, sans que l'on en sache plus sur ce qu'il va advenir des personnages principaux et du pourquoi du comment tout cela en est arrivé là.

C'était lourd, laborieux, ennuyant. Les personnages sont plus plat qu'une feuille de cigarette et rempli de frustrations qu'à la fin, cela en devient limite risible tant c'est poussé, leur côté frustré de tout.

Quand aux passages de sexe assez cru, on se demande bien ce qu'ils apportent au roman, hormis le couler un peu plus et l'entrainer encore plus vers le fond, vers les abysses, là où on n'arrive plus à sortir.

C'est poisseux et indigeste, ce roman qui n'a rien à voir avec la publicité qu'on lui faisait. Sauf si l'encart concernait un autre livre…

Je recommande ce roman dans le cas où vous auriez une armoire bancale, ou bien à offrir à votre meilleure amie avec laquelle vous auriez une vengeance à solder.
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Dans le cadre de l'opération Masse Critique...
Merci à Babelio et aux éditions Métailié.

Comme toujours, cette critique s'adresse à ceux et celles qui ont déjà lu l'ouvrage et non aux personnes cherchant l'idée de leur prochaine lecture (car je vais dévoiler pas mal de choses).

Encore une fois, je vais séparer ma critique en trois points : la forme, le fond et mon point du vue.

1) La forme

C'est un ouvrage travaillé que nous avons là, avec une première de couverture intrigante qui renseigne aussitôt sur le registre (thriller). le format est assez agréable avec une couverture souple ce qui en fait donc un livre que l'on peut emporter partout sans problème.

En ce qui concerne l'intérieur, le corps de police est assez grand, de même que l'interlignage, ce qui permet une bonne fluidité de lecture. de plus, le texte est organisé en courts chapitres (6 pages en moyenne) allant par trois (je reviendrai sur ce petit "rituel" un peu plus loin), donc il permet aux lecteurs de suivre une lecture par étapes et s'arrêter quand bon leur semble (très important pour moi qui aime bien finir de lire ce que j'ai commencé).

Enfin la quatrième de couverture est pour moi le gros défaut majeur du livre (je parle toujours de l'objet-livre). En effet, je sais qu'un texte de quatrième doit inciter le lecteur à lire le livre mais là, il en dit beaucoup trop ! Il révèle l'histoire jusqu'à plus de la moitié du livre et du coup le lecteur avance sans surprise. Donc gros point noir pour moi de ce côté là : il faut laisser du suspens...

2) le fond

Premièrement, je trouve l'histoire extrêmement captivante et le procédé narratif très original. L'auteur a réussi à habituer son lecteur à un rituel très simple : d'abord Carmen qui lit le roman, puis le roman, puis l'escapade camping entre le père et le fils. Et évidemment, les liens entre ces trois histoires sont omniprésents et on se prend à ce jeu inévitable de "lire entre les lignes".

À chaque chapitre, on s'attend à ce que tout bascule. Comme Carmen, on se met à interpréter chaque mot du roman de Carlos.

À de nombreuses reprises, Carmen évoque le fait que le lecteur lit aussi ce qu'il a envie de lire, ce qui s'applique bien sûr à nous. Et justement, plusieurs questions restent en suspens même après la fin (Quelle idée Carlos avait en tête en confiant son manuscrit à Carmen, si idée il avait ? Que s'est-il passé entre Yolanda et Jorge ? Qui des deux a provoqué l'autre ? Qu'y a t-il d'écrit sur les deux dernières pages du manuscrit de Carlos ?...) ce qui implique que chaque lecteur va créer sa propre histoire, avec ses propres réponses à ces questions.

3) Mon avis personnel

J'ai beaucoup accroché et j'ai trouvé que la lecture par étapes (avec les trois histoires successives) rendait l'ouvrage plus prenant.

Les personnages sont attachants (même si un peu trop torturés à mon goût), l'angoisse monte crescendo et on se met vraiment à attendre ce moment où tout va basculer.

Personnellement, je ne m'attendais pas du tout à cette fin dramatique. Je pensais que Rafael Reig était en fait en train de noyer le poisson, d'induire le lecteur en erreur afin qu'il s'imagine le pire pour qu'au final... il ne se passe rien de dramatique (dans la vie réelle, je ne parle pas du roman). Et pourtant si ! Je dois l'avouer, en tant que lecteur, j'ai été bien eu.

La fin est toutefois un peu trop expédiée et aurait mérité quelques pages de plus, afin d'accentuer le tournant encore plus sombre que prend le roman.

J'ai adoré le clin d'oeil à la fin, sur les trois corps à la morgue et l'homme à la joue en sang attendant pour reconnaître sa fille.
Comme si le roman était en fait réel et se déroulait en même temps que l'histoire. Comme si Carmen, en lisant le roman de son ex-mari, lui avait donné vie. C'est je pense le message essentiel que veut véhiculer l'auteur ici : l'auteur ne fait que 50 % du travail et laisse aux lecteurs le loisir de finir son oeuvre. Ainsi, il y a autant d'histoires différentes que de lecteurs, car chacun y met son ressenti, ses expériences, ses craintes, ses désirs...

Je trouve amplement mérité que cet auteur ait reçu un prix littéraire pour cet ouvrage, qui est particulièrement efficace, et surtout, très original.
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Déception que ce livre de l'espagnol Rafael Reig : Ce qui n'est pas écrit.
On avait fait confiance aux éditions Métailié et à de bonnes critiques lues on ne sait plus où, mais la paella hispanique n'était finalement pas à notre goût.
Tout cela partait pourtant d'une bonne idée assez originale puisque Rafael Reig fait s'entrecroiser trois histoires dans son bouquin.
Carlos et Carmen ont divorcé il y a quelques temps et ne sont plus en bons termes. Carmen a cependant consenti à ce que Carlos emmène leur fils en week-end pour une rando en montagne.
Carlos qui se pique d'être écrivain, lui a laissé un manuscrit à lire (Carmen travaille dans une maison d'édition). Et nous voici embarqués pour trois romans pour le prix d'un : l'histoire de la virée calamiteuse de Carlos et son fils, l'histoire écrite par Carlos (un polar qui pastiche les Orchidées de Miss Blandish) et l'histoire de Carmen qui lit l'histoire de Carlos.

Dès les premières pages on se doute que tout cela va très mal finir : Carlos carbure au whisky et la rando avec son fils fait immédiatement penser au roman de David Vann (une ombre qui pèse d'ailleurs lourdement sur le bouquin de Rafael Reig).
Le faux roman inclut dans le vrai ressemble fort à une vengeance de Carlos envers son ex-femme et celle-ci commence bien vite à regretter d'avoir laissé son fils partir avec son père.
Après une mise en route laborieuse on se dit que, ça y'est, on tient le bon bout quand le faux polar de Carlos (écrit il y a quelques semaines) commence à décrire des faits qui ressemblent étrangement à ce qui se passe aujourd'hui même ...
Mais non, Rafael Reig ne réussit finalement pas à tirer tout le parti de sa bonne idée et chacune des histoires se terminera aussi laborieusement qu'elle a commencé.
Finalement, on en vient à penser avec sévérité que le bouquin de Rafael Reig ressemble au faux polar de Carlos : pesant et glauque, maladroitement imbibé de whisky et inutilement épicé de sexe.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/
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