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EAN : 9781022605435
Editions Métailié (09/02/2017)
2.42/5   6 notes
Résumé :
Sur les hauteurs de Madrid, des “couples d’amis” boivent des cocktails et attendent leur ancien leader, Luis Lamana, alias le Gros, de retour des États-Unis. Ex-militants communistes, reconvertis en bourgeois de la transition espagnole, ils ont fondé des familles et remisé leurs utopies.

Johnny, rejeton lucide de cette génération, cherche son père et enquête sans trop de conviction sur le meurtre jamais résolu d’un de ses amis d’enfance. Avec une acid... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Challenge ABC 2016-2017

A la fin d'une partie d'échecs, il suffit parfois de regarder les pièces qui restent sur l'échiquier pour deviner comment la partie s'est déroulée.
En cet an de grâce 1979, l'Espagne est en pleine effervescence. Franco est mort en 1975 et Adolfo Suarez, franquiste modéré converti à la Démocratie, a été désigné chef du gouvernement avec la lourde tâche d'assurer la Transition et de faire approuver la nouvelle Constitution.
A cette époque, dans un lotissement petit-bourgeois des hauteurs de Madrid, trois « couples amis » apprennent le retour au bercail de Luis Lamana et de sa femme. Pourquoi celui-ci rentre-t-il en Espagne après tant d'années d'exil aux USA ? Les six comparses se perdent en conjectures : revient-il pour enfin réactiver leur cellule de militants communistes, dormante depuis plus de quinze ans ? Est-il celui qui les a dénoncés en cette année de disgrâce 1962, lorsqu'ils se sont retrouvés emprisonnés dans les cachots de la Sûreté phalangiste? Quels sont ses projets ? D'où sort-il son argent ? Et sa femme, cette « fermière du Midwest » ?
A côté de ces quarantenaires, qui ont échangé sans trop d'états d'âme leur déguisement de rebelles gauchistes de pacotille pour les habits tellement plus seyants de « fils à papa de merde » qu'ils n'avaient, au fond, jamais voulu cessé d'être, il y a la génération suivante, celle de leurs enfants adolescents et de leurs amis, au nombre desquels Javito et Johnny, le fils du plombier. Enfin, façon de parler, le plombier en question n'étant pas son père biologique.
Presque 25 ans plus tard, Johnny est devenu écrivain, mais n'a toujours pas résolu le mystère de sa filiation ni celle de l'assassinat, douze ans plus tôt, de Javito, devenu entre-temps un junkie irrécupérable. Il poursuit ses recherches, sans grande conviction, sans être certain de vouloir vraiment connaître la vérité, qu'il n'imagine guère plus brillante que les intrigues mesquines des « couples amis » pour s'assurer une place au soleil, pour se trouver « là où ça se passe ».

Sautant d'une époque à l'autre, de la première à la troisième personne, le roman déroule en parallèle le fil d'une partie d'échecs entre deux des maris des « couples amis », notée par le troisième. Partie calamiteuse dans la mesure où le futur perdant accumule les erreurs par distraction, manque de vision d'ensemble et de réflexion stratégique. C'est le prétexte pour l'auteur de filer la métaphore en observant la vie de ses personnages, dont la seule angoisse existentielle est de « réussir » et d'atteindre les hautes sphères de la politique, de la culture, de la finance, mais au bout de quels renoncements, quels arrangements avec leurs consciences, quelles hypocrisies ?
Rafael Reig n'est pas tendre avec les mirages de l'avènement de la démocratie et sa cohorte de parvenus. Seule l'innocente Lourdes trouve grâce à ses yeux et, au passage, suscite l'empathie du lecteur. Avec une écriture acerbe, un humour caustique et un sens de la formule imparable, il interroge la Transition puis glisse vers les questions de la transmission, de la transgression : quelle génération a le droit de juger l'autre, qui lègue quoi à qui, qui est créancier ou débiteur, quel est le sens de la vie ? Une certitude : la vie est plus opaque qu'une partie d'échecs : même en observant ce qu'il en restera à la fin, il n'est pas certain qu'on pourra tout comprendre.
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Merci à Babelio de m'avoir fait connaître ce nouvel auteur espagnol.

L'histoire met en scène quatre couples d'anciens communistes qui viennent d'apprendre que leur chef qui s'était enfui aux Etats-Unis est de retour. Nous sommes quatre ans après la mort de Franco.

L'auteur a un certain panache dans l'écriture, mais j'ai été fort gênée par l'imbrication d'une partie d'échec, pourtant centrale au livre et le titre aurait dû m'y faire penser. Mais voilà, je n'y connais rien aux échecs, j'ai du mal à comprendre les mouvements et le vocabulaire technique du jeu m'échappe totalement. C'est donc au début avec application, puis avec de plus en plus de lassitude que j'ai avancé dans ma lecture. Et pourtant, comme je l'écrivais, l'histoire est bien menée, avec un sarcasme somme toute bienveillant et je ne vais pas dire que c'est dommage, non, il faut juste être attentif avant de se lancer dans cette lecture car il y a un vrai grand plus à être amateur du jeu d'échec.
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Dans les environs de Madrid, à El Tomillar, un groupe d'amis, composé de couples, attend leur ancien leader Luis Lamana, surnommé le Gros. Il est de retour des Etats-Unis .Tous, à des degrés divers, appréhendent sa venue car ils sont ex-militants communistes et craignent des révélations sur eux-mêmes ou sur d'autres proches .Leurs parcours, leurs origines, sont des échantillons de l'histoire de l'Espagne contemporaine : Pablo Poveda, romancier, auteur de la Plénitude du mauve, et d'Intermittences, qui lui valu un succès remarquable. Alicia, son épouse, assimilée à une cariatide, en raison de sa grande taille qui surplombe ses interlocuteurs .Ricardo Ariza est architecte et cultive un raffinement de bon aloi. Carlota Casarès est photographe .Alejandro Urrutia, navigateur, et Lola Salazar, épouse de ce dernier.
Enfin, Johnny, de son vrai prénom, Julian, est le fils d'Isabel Azcoaga, mais doute fortement de l'identité de son père, et recherche ses véritables origines.
L'originalité de la technique romanesque utilisée par Rafael Reig est double : tout d'abord, l'auteur fait appel aux jeux d'échec pour illustrer les motivations des personnages, la source de leurs actes, les raisons d'agir qui les habitent .Ensuite, chaque personnage est mis en scène à partir d'un moment de son histoire .On passe ainsi de l'Espagne franquiste des années soixante à celle de la transition démocratique du début du règne de Juan Carlos, puis à l'Espagne de la Movida des années quatre-vingt. Et c'est à une véritable dissection des vies de ses personnages que se livre Rafael Reig .Ainsi, Pablo Poveda troque volontiers l'habit du romancier dissident pour se lover dans celle du romancier à la mode : « Je n'accordais pratiquement pas d'interview et ne faisais pas voir en public, ce qui avait persuadé mes lecteurs que j'avais accès à des informations privilégiés. »

Ricardo Ariza succombe aussi à la tentation : « travaille au bureau d'études de la Banque d'Espagne(…) il était l'un des cerveaux dans l'ombre du plan économique du PSOE. » Son épouse, Carlota, rompt également avec la marginalité, elle inaugure sa première exposition photos au Photocentro, « vécue comme une entrée dans le monde. »

Rafael Reig nous incite à nous interroger sur des questions de fond : la culpabilité, la responsabilité de chacun, la solidité des convictions . Avec beaucoup d'humour, l'auteur souligne l'importance de l'époque dans la vie de ses personnages : « Les couples d'amis étaient devenus quelqu'un au début des années 80, ils s'étaient rangés (…) et ils avaient l'impression de faire partie de quelque chose de plus grand qu'eux, du cours de l'histoire, du courant qui façonnait l'avenir. »
Belle illustration apportée dans ce récit original du rôle des générations dans l'histoire et de la malléabilité des convictions individuelles, sujettes à des accommodements.
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A Madrid, dans les années 80, trois couples d'amis, anciennement en lutte contre le franquisme et devenus de respectables bourgeois après la mort de Franco et la restauration de la démocratie, attendent le retour de l'un de leurs camarades, exilé aux USA. Ils se demandent si ce n'est pas lui qui les a dénoncés et envoyés en prison, et pour quelle raison il revient. le récit est confus, brumeux, embrouillé. Il est de plus entrecoupé (toutes les 10 pages environ) par le schéma d'une partie d'échecs entre deux des personnages, dont on n'arrive pas à savoir quelle place elle occupe (importante ? accessoire ?) dans le récit. D'autant que l'auteur aurait pu se douter que les joueurs d'échecs sont une minorité, voire une élite, et que par conséquent la plupart des lecteurs (dont moi) allaient décrocher. Au bout d'un moment j'ai sauté les passages concernés, ignorant ce que « 22.Rc2 » ou « 19…axb3 e.p » peut bien vouloir dire. de plus il faut être au fait de l'histoire contemporaine de l'Espagne, et connaître la signification des sigles et acronymes politiques et syndicaux - quelques notes du traducteur auraient été les bienvenues. Finalement, je n'ai pas été jusqu'au bout du roman.
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Un groupe de jeunes idéalistes se lient sous la dictature espagnole, s'aiment et se trahissent. Enfants de bonne famille, ils embrassent le parti communiste et la lutte militante, plus à la recherche d'une identité que pour défendre des valeurs. Mensonges, duperies, cachoteries sont omniprésents, tout comme dans cette partie d'échec que l'un des rejetons de ce groupe revis à travers les notes prises par les joueurs de cette époque maintenant révolue.
Intéressant pour le côté historique de la dictature Franquiste et l'évolution de la société espagnole, ce roman est cependant assez plat et manque de panache, flirtant souvent avec l'ennui.

On peut y trouver également quelques pensées intéressantes, joliment exprimées :
" On éduque les enfants pour qu'ils ne s'approchent pas de tout ce qu''ils peuvent casser : comment, adultes, n'allons-nous pas avoir peur de l'Amour?".
"On n'est pas égaux, mais on peut vivre comme si on l'était. (...) Il s'agit de vivre entre égaux, aussi différents que nous soyons les uns des autres".
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critiques presse (1)
Telerama
22 mars 2017
C'est avec beaucoup d'ironie et de talent que Rafael Reig dissèque les vies de ces anciens militants (...) désormais absorbés par les soucis conjugaux.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
[Alejandro, à propos de son couple après 20 ans de mariage:]
Pourquoi l'amour était-il toujours aussi déplacé, se demandait Alejandro. Il entrait dans l'équation quand on en avait le moins besoin. Nous étions si heureux, se disait-il. Nous serions si heureux, sans cet amour qui est en train de nous séparer, ce besoin que ce qu'il y a entre nous soit de l'amour.
Toutes ces années à être unis par le plaisir, par la conversation, par la compagnie. La seule chose qui s'immisçait entre eux comme un coin de bûcheron était l'amour, ce visiteur gênant qui débarquait à point d'heure, alors qu'ils étaient en pyjama sur le point d'aller se coucher, sans rien à offrir au nouveau-venu, sauf les restes du dîner, de la viande froide, l'eau du robinet, l'intérêt, le confort, l'habitude; mais l'amour, comme tout visiteur qui surgit sans être attendu, se contente d'un rien.
Souvent Alejandro se le demandait: s'ils n'avaient pas besoin de s'aimer, ne vivraient-ils pas plus heureux?
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Comme les adolescents, les vieux se retrouvent brusquement enfermés dans un corps différent et inconnu, dans lequel ils se sentent maladroits et qui les fait se cogner aux meubles; ils souffrent d'altérations du caractère et d'un intérêt trouble (et souvent compulsif) pour le sexe, méprisent les adultes (leurs parents ou leurs enfants) et ressentent autant de curiosité que de peur envers ce qu'il y a devant eux. Le début et la fin de la vie adulte se ressemblent, mais déformés, comme s'ils se moquaient l'un de l'autre.
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Il n'y a pas de mystère plus grand que le fait que personne ne soit content de son corps, pas même les plus belles créatures ailées, alors que tout le monde s'estime satisfait de son esprit, se considère intelligent et en possession de qualités morales (...). Tout le monde reconnaît ses défauts physiques. Et quand il n'en a pas, il s'en invente. Mais y a-t-il quelqu'un capable de voir sa cellulite morale, sa culotte de cheval éthique, l'obésité de son intelligence ou les bourrelets de son âme ?
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Elle avait des seins hésitants et conjecturaux; son cul était en revanche un fait accompli et, en mouvement, irréfutable.
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On éduque les enfants pour qu’ils ne s’approchent pas de tout ce qu’ils peuvent casser: comment, adultes, n’allons-nous pas avoir peur de l’amour?
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Vidéo de Rafael Reig
Rafael Reig - Ce qui n'est pas écrit .A l?occasion du salon des littératures policières, le Polar se met au vert, à Vieux-Boucau. Rafael Reig vous présente son ouvrage "Ce qui n'est pas écrit" aux éditions Métailié. Traduit de l'espagnol par Myriam Chirousse. http://www.mollat.com/livres/reig-rafael-qui-est-pas-ecrit-9782864249436.html Notes de musique : ® Sihanouk Trail - Kingdom of the Holy Sun, 2014 - Dead Bees, 12:Dead Bees records label sampler #12 URL. Free Music Archive
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