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sur 755 notes
Alice Renard, primo-romancière, toute jeune femme, propose un roman captivant sur l'étrangeté d'une enfant et sa découverte de la liberté à l'adolescence.

De cette enfant différente, de sa venue chez Camillio et Maude, ses parents, qui de sa naissance à ses trois, quatre ans se sont inquiétés, Alice Renard nous en raconte par le menu, l'histoire en alternant les points de vue de son père et de sa mère.

Brin d'histoire

Et de ces deux récits qui forment la première partie, le lecteur retient, l'inquiétude, la honte, l'enfermement et l'agressivité rentrée, insidieuse, des parents pas comme les autres. Tout bouleverse le bon sens de ces deux adultes !

Elle est sapeur-pompier, avec une propension certaine à être le sauveteur du monde. Lui est laveur de vitres sur les buildings. Solitaire, il affronte le vertige, les environnements escarpés. Tous deux sont habitués aux situations périlleuses.

Consultant les médecins, fréquentant les voisins et la famille pour trouver explications et surtout diagnostic, ils recherchent le nom de la maladie et après, un médicament pour que tout devienne normal.

Mais, rien ne peut apaiser leurs inquiétudes. Seule enfant de ce couple, ils ne peuvent se résoudre à sa différence. Les avis sont contradictoires et, pour eux, aucunement rassurants. Personne ne savait. Personne ne pouvait les aider.

Les médecins ne savaient que dire
“Elle ne veut pas.
Elle pourrait.”

Impossible pour eux d'entendre ces deux phrases, devenues leitmotiv chez les soignants.

Alors, en fermant leur porte et en arrêtant leurs démarches, ils décident qu'ils seront seuls capables de s'en occuper.

À 13 ans, le corps d'Isor est devenu grand mais elle ne parle toujours pas, ne va pas à l'école et à peu près tous les quinze jours, se laisse aller a des colères où le monde s'arrête par la violence et la destruction qu'elles véhiculent.

Un jour, une rencontre fortuite va changer ce schéma. Deux solitudes vont s'apprivoiser : celle du voisin de soixante-seize ans, avec son histoire et celle de la jeune fille esseulée, enfermée autant dans son aphasie ainsi que dans sa famille.

Un premier roman étonnant

Bâtis en trois parties, le roman, La colère et l'envie, est atypique et étonnant mais complètement envoûtant.

Sa maîtrise littéraire et sa maturité sidérante donnent une puissance narrative assez novatrice. Quelques longueurs et des redondances, mais dans l'ensemble un récit qui ne laisse absolument pas indifférent !

Mais qui est Alice Renard pour écrire ainsi ? le récit reprend certainement des données autobiographiques. Des souvenirs de l'enfant précoce que ses parents voulaient protéger des dangers du monde ? Certainement ! Mais, il n'empêche que ce roman attire la curiosité du lecteur.

En tout cas, c'est aussi un hommage à l'affection que ces parents ont réussi à donner à leur fille. Un remerciement littéraire en somme !

Assurément une rencontre qu'il est difficile d'oublier ! À vous de la découvrir.


https://vagabondageautourdesoi.com/2023/09/03/alice-renard-la-colere-et-l-envie/
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D'abord éblouie par la maturité de cette toute jeune auteure et par la poésie de sa plume, j'ai moins adhéré au développement final, pourtant lumineux, sur lequel se referme ce roman.
Il n'en reste pas moins que les deux personnages solaires de la jeune Isor qui flamboie hors des cadres et du vieux Lucien dont elle ranime la flamme sortent littéralement des pages tant ils sont évoqués avec une intensité et une justesse qui touchent profondément.
J'espère une très longue et belle carrière littéraire à cette auteure incroyablement prometteuse, et déjà d'ailleurs largement remarquée.
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Coup de Coeur !
"La Colère et l'Envie" est le premier roman très prometteur d'Alice Renard ayant reçu le Prix Méduse 2023 et le Prix littéraire de la Vocation... à juste titre !
A découvrir en version audio chez @Lizzie grâce à l'interprétation très émouvante de quatre narrateurs talentueux : Grétel Delattre, Hugues Boucher, Alice de Lencquesaing et Michel Favory !

Ce roman choral met en lumière le portrait atypique d'Isor, treize ans, qui n'entre pas dans les cases : elle est atteinte d'un trouble neurodéveloppemental qui s'apparente au spectre autistique. Mais, ce récit est avant tout une histoire d'amour éruptive, d'émancipation et de réconciliation. La jeune autrice, âgée de vingt et un ans, impose une voix d'une incroyable maturité ; sa plume maîtrisée sculpte le silence et nous éblouit par sa poésie.

Isor n'est pas comme les autres car elle semble coupée du monde qui l'entoure. Une existence en huis clos s'est construite autour de cette petite fille mutique rejetant les normes. Puis un jour, elle rencontre Lucien, un voisin septuagénaire. Entre ces âmes farouches, l'alchimie opère immédiatement. Quelques années plus tard, lorsqu'un accident vient bouleverser la vie qu'ils s'étaient inventée, Isor s'enfuit. En chemin, elle va enfin rencontrer un monde assez vaste pour elle...

Je remercie @Lizzie et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de découvrir cette autrice très prometteuse.

La structure narrative est composée de trois parties dévoilant peu à peu, à la manière d'un roman initiatique, l'émancipation d'Isor. La première partie est centrée sur le point de vue des parents, Maude et Camilio, qui racontent, à tour de rôle, des épisodes de leur vie de famille avec leur fille "étrange" qui n'interagit pas avec son environnement. La deuxième partie se focalise sur la rencontre entre Isor et Lucien, son voisin de 76 ans qui devient son complice de tous les après-midi. La troisième partie débute avec la fuite d'Isor au cours d'un voyage où elle va faire de nouvelles découvertes qui la feront grandir, loin de la cellule familiale.

J'ai beaucoup apprécié la lecture très expressive des différents narrateurs, en particulier l'interprétation du personnage de Lucien, que j'ai trouvé d'une justesse très touchante. Ce livre audio apporte une réelle plue-value car il décuple les émotions ressenties.

J'ai beaucoup aimé la deuxième partie qui ressemble un peu à un conte et qui contraste avec le réalisme de la première partie. La rencontre inattendue d'Isor et de Lucien, qui se transforme en une amitié indéfectible, est pleine de poésie.

Tout semble les opposer car ils sont, à priori, si différents : l'une à l'aube de sa vie et l'autre, au crépuscule de la sienne. Pourtant, la musique va les rapprocher. Un échange harmonieux où on laisse parler le silence... une réelle complicité qui va au-delà des mots. Une écoute très agréable pleine d'émotions !

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Phénoménal ! Phénoménal comme le personnage d'Isor qui surprend par sa singularité, son intensité quasi volcanique, son authenticité criante et renversante. Phénoménal comme le talent d'Alice Renard qui, à seulement vingt-et-un ans, entre aussi bien dans la peau d'une jeune fille atypique, que dans celle de parents désemparés, et, plus étonnant encore et avec quelle justesse, dans celle d'un septuagénaire. Phénoménal également de parvenir si jeune à offrir un roman si différent, tant par la forme que par le fond.
Hors cadre, oui, tout ici est hors cadre ! Les débordements d'Isor, son inadaptation au monde, ses refus d'entrer dans la normalité, tout comme la relation d'amour qui se crée entre elle et Lucien de 60 ans son aîné. Hors cadre et démesuré pour mieux faire ressortir non seulement les incohérences de la normalité et des êtres, mais la transparence et la pureté des sentiments de certaines âmes. Et pour couronner le tout, que de poésie au coeur de ce roman, tout particulièrement chez Lucien !
Ce roman décoiffe, détonne, bouscule, touche, séduit, marque. Il est et restera particulier, inoubliable. A moins qu'Alice Renard parvienne à concocter d'ici peu un ouvrage plus étonnant encore.
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La vidéo d'Augustin Trapenard (fin juillet sur son compte Tik Tok) suggérant que « La colère et l'envie » était une oeuvre différente et mystérieuse m'a incité à acheter ce roman le jour de sa publication.

« La colère et l'envie » est effectivement de la poésie en prose sous forme de roman. le style d'Alice Renard est à la fois lyrique, léger, fluide, libre, constamment surprenant et pourtant rationnel et en adéquation avec chacun des personnages.

Je rêve de voir cette bouleversante histoire d'une enfant qui ne trouve pas sa place dans le monde portée sur une scène de théâtre car la construction du récit s'y prête totalement.

Beaucoup de lecteurs ont résumé l'histoire donc je me contenterai de dire que les personnages résonnent encore en moi deux jours après ma lecture et que j'ai déjà hâte de relire ce roman pour me replonger dans l'univers de cette primo-romancière.
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Un petit moment déjà que j'ai lu ce roman, et pourtant je m'en souviens très bien, parce qu'il m'a frappé :Un roman d'une grande sensibilité, entre un vieil homme, Lucien, et une jeune fille attardée, Isor.

Histoire très bien rendue par la jeune autrice, Alice Renard.
Je recommande la lecture de cet opus.
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La rentrée littéraire des éditions Héloïse d'Ormesson, c'est un titre phare : La colère et l'envie. Ce premier roman d'Alice Renard est un énorme coup de coeur. En librairie le 24 août, je vous conseille fortement cette courte lecture qui vous percutera. Alice Renard nous propose un premier roman fort où la différence frappe à la porte. Divisée en trois parties, l'autrice a choisi de partager avec nous le quotidien d'un père, d'une mère et de la petite Isor. Sans vous dévoiler le contenu de ce roman intimiste, il va y avoir une première partie de découverte. Entre amour et crainte, entre la peur de l'échec et l'espoir, se dessine un combat. Celui de deux parents qui tentent de comprendre les contours de cette petite fille, de mettre en lumière les silences et les cris. Dans la seconde partie, c'est le calme d'une rencontre intergénérationnelle et la vie qui renaît, grâce à Lucien pour qui j'ai eu un coup de coeur. La troisième partie délivre, pose des mots, dessine les contours de l'amour sans conditions. Alice Renard enveloppe le lecteur dans une bulle où les sentiments sont décuplés en mettant à nu les émotions que traverse une famille prise dans un tourbillon. C'est la sagesse et la lumière, c'est déployer les ailes de nos petits êtres à part. Avec franchise, pudeur et délicatesse, La colère et l'envie met en avant les enfants qui n'entrent pas dans le moule de la belle société. Merci chère Alice pour ce roman qui m'a profondément touchée, étant maman d'une petite Licorne à part. 

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Isor. Quatre lettres comme un appel, comme une claque au monde, comme la fière affirmation d'être ce que l'on est. Et tant pis pour vous si vous n'y voyez rien, si vous n'y comprenez rien. Une liberté totale, dans les mots, dans les sons, dans les mouvements de danse qu'elle exécute pour elle-même, dans cette étrange insolence à vouloir être ce que l'on est au mépris des codes et des codifications. Malade, Isor ? Non. Spéciale, « autre » ? Sans aucun doute.

Mais allez expliquer à des parents que non, leur enfant ne s'intégrera jamais dans une classe, ni dans un groupe d'activité quel qu'il soit, que non, elle n'est pas « malade », donc que rien ne peut la « guérir ». Juste elle est « différente ». Tous les spécialistes en « ogue » resteront sans effet sur Isor, alors ses parents décident de la soustraire au monde, notamment à celui de l'école dès ses six ans. Et Isor mène sa vie, petit être à part, riche de sa sensibilité, de ses élans, de ses secrets. Elle « fugue » des heures durant, y compris la nuit sans que ses parents ne s'inquiètent trop car elle revient toujours, indemne, de ses escapades, comme un chat épris de liberté.
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Jusqu'au jour où, préadolescente, elle découvre Lucien, le voisin septuagénaire renfermé, silencieux, photographe de renom, à qui elle rend visite chaque jour. Et un amour immense va se nouer entre ces deux êtres « à part » , une relation faite de compréhension instinctive, de désir de protection réciproque, de silences et de regards. Car Isor ne parle pas, ne crie pas, ne pleure pas, ne rit pas.

Et lorsque enfin Isor s'en va, cette fois loin et pour des mois, elle part à la rencontre de l'être le plus cher au monde pour Lucien, en Sicile, miracle de liberté pour cette jeune fille coupée du monde. Elle va réparer des années de douleur pour son vieil ami.

La parole est d'abord donnée au père et à la mère d'Isor, unis et séparés à la fois par le regard porté sur leur fille différente, puis à Lucien, le vieillard blessé qui n'a pas supporté la mort de son épouse bien-aimée tandis qu'elle sauvait leur bébé de la noyade. Enfin à Isor, et c'est un miracle d'expression, la naissance d'une langue unique, qui n'appartient qu'à elle, parfaitement originale, architecturée comme un puzzle et pourtant compréhensible et bouleversante. C'est une étudiante en lettres spécialiste de littérature médiévale qui écrit, et on se dit que la fréquentation de textes difficiles à déchiffrer lui a peut-être été précieuse pour l'élaboration de cette langue nouvelle et belle qu'elle a inventée.

Un livre dont on se souviendra tant par le thème abordé de la différence que par la poésie de l'expression. Un grand merci à cette auteure dont on peine à croire qu'elle n'a que vingt-deux ans.
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Une histoire très poétique à 3 voix sur la différence de l'enfant : celle du père, celle de la mère et celle d'Isor. Un huis-clos entre des parents et une enfant pas comme les autres. Isor vit dans son monde, elle ne communique pas avec des mots. Seulement avec des rires ou des colères homériques. C'est sa façon à elle de s'exprimer. Elle modifie tout dans la maison, selon son ordre à elle. Elle refuse toute contrainte. Elle ne sait ni lire, ni écrire. Elle est libre et tiens à sa liberté.

Les parents se sont adressés à tous les corps médicaux susceptibles de les aider. Au bout d'un certain temps, la goutte ayant débordé, la mère a dit : « maintenant, ce sera nous, rien que nous trois ». le vide s'est fait petit à petit autour d'eux, les amis et la famille les ayant fui.

Isor s'échappe de temps à autre. Elle a besoin de sortir, de s'évader. Alors, les parents lui achète un GPS qu'elle garde sur elle lorsqu'elle part vagabonder.

Jusqu'au jour où elle fait la connaissance de son voisin, Lucien, plus très jeune. Ce qui les rapproche c'est leur sensibilité à fleur de peau. Et depuis, tout change pour Isor.

Une écriture tout en pudeur, en poésie. Cela m'a fait penser au livre « Lili Cabane » de Bérengère COURNUT. Un livre tout simplement sublime, une pépite.

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Rapporté hier de la mediathèque, fini aujourd'hui ! Ce livre est un petit bijou, un trésor ciselé d'humanité.
Trois parties, trois ambiances et trois ressentis.
La première partie m'a émue aux larmes tellement j'y ai retrouvé tout ce que nous avons vécu et continuons de traverser mon mari et moi depuis 35 ans. La manière de rendre compte de cette expérience m'évoque la prise de notes d'un professionnel, même si l'on trouerait dans ce cas plutôt les indications "madame" et "monsieur". Un couplé, deux solitudes, chacun gérant comme il peut le tsunami qui a bouleversé leurs vies, en fonction de son bagage, de son caractère, de ses forces et faiblesses. L'enfant est à la fois absent (puisqu'il ne prend pas la parole) et présent (trop, jusqu'à l'envahissement).
La deuxième partie nous emmène de l'autre côté du miroir. Sous le regard du voisin, les parents aimants et bienveillants deviennent égoïstes et odieux. Dans cet univers merveilleux, la complicité inattendue et si belle entre Lucien et Isor libère toutes les chaînes et les barrières. le livre bascule et tourne progressivement le dos au réalisme. Les parents d'Isor sont perdus, le lecteur aussi. Oú est la vraie Isor, quel est son vrai visage ? S'est-elle jouée de nous ?
Ce doute nous l'avons connu avec notre enfant, encore et encore. Mais parce que le récit relève davantage du conte que du roman, Ia confiance dont fait preuve Lucien à l'égard d'Isor joue le rôle d'un révélateur photographique, transformant le négatif en positif. C'était bien son métier d'être photographe ?

Après un coup de théâtre magistral, la troisième partie est de l'ordre du rêve ou de la magie. Isor ad-vient au monde, pleinement adulte et libre.
Dans la vie, ce n'est jamais ainsi que les choses se passent, heureusement que les livres existent pour aider les parents à tenir le cap de l'espérance.
Un grand merci à Alice Renard pour ces précieuses pages.
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