On discutait beaucoup dans les Ecoles d'Alexandrie sur les trois hypostases divines (suppôts, personnes, en grec hupostaseis), qui avaient formé primitivement une Trinité féminine : Mère-Soeur-Fille. Partout trois grandes Déesses représentaient la Femme sous ces divers aspects.
Cette Trinité s'était modifiée depuis qu'on avait introduit des Dieux masculins dans le Panthéon; alors elle fut représentée par le Père, la Mère, l'Enfant ; telle la Triade égyptienne Osiris-Isis-Horus, greffée elle-même sur une plus ancienne Triade faite d'Ammon-Mauth-Khons.
C'est à Irénée que remonte cette tradition. C'est lui qui, vers 180, écrivit : « Il ne saurait y avoir plus de quatre Évangiles, comme il ne peut y en avoir moins, car, comme il y a quatre régions du monde où nous vivons et quatre vents principaux, et comme l'Église est répandue sur la terre entière et que le pilier et le soutien, de l'Église, c'est l'Évangile et l'esprit de vie, il s'ensuit qu'elle a quatre piliers, qui, de tous côtés, respirent l'immortalité et animent les hommes » (Contre les Hérésies, L. III, section II, ch. vin).
Ce paragraphe prouve qu'il y avait une multitude de gens, auteurs d'une multitude d'écrits qui se prétendaient inspirés et voulaient faire accepter leur évangile.
L'histoire réelle du Christianisme n'a rien de commun avec le récit qui nous a été donné sous le nom de Nouveau Testament. Derrière ce Livre, caché par lui, est l'histoire d'un mouvement de rénovation sociale, grandiose, extraordinaire, d'une haute portée, qui brilla sur le monde pendant deux ou trois siècles, mais qui fut renversé, dénaturé et caché par des faussaires qui en firent une caricature grotesque et voulurent avec cela dominer le monde.
Nous sommes à l'aurore d'un monde nouveau, nous allons avoir à rectifier l'histoire mensongère qu'on nous a enseignée et à mettre en évidence le plus terrible des cataclysmes moraux que l'humanité ait subis, la plus grande des révolutions qui, par une antithèse qui est frappante, s'appelle « une religion », alors que son oeuvre a été l'effondrement de « LA RELIGION ».
C'est l'époque où la Femme avilie se débattait contre ceux qui voulaient l'asservir. Triste histoire, terrible épopée d'une race de captives et d'esclaves, qui nous montre la Gynécaïa — cette belle harmonie féminine —, comme dit Baschofen, finissant avec Cléopâtre, qui semble marquer la fin du règne de la Femme.