François Reynaert l'annonce lui-même : il ne veut pas faire un énième livre sur l'Histoire de France. Non, son but annoncé est de démonter les idées reçues qui font parties de notre culture.
A-t-il réussi son pari ? Je pense que oui. Personnellement, j'ai souri lorsque je me suis sentie prise en flagrant délit.
Dès les premières pages, il apparait nettement que ce n'est pas un historien qui écrit et pourtant il a produit une historiographie. En est-il conscient ? Je ne pense pas que cela soit son choix du départ. Toutefois, par sa méthode de se déplacer de siècle en siècle, en décryptant les divers courants historiques pour son analyse, c'est la base même d'une historiographie.
Et c'est précisément là le coeur du sujet. Ce n'est pas un historien mais un journaliste passionné d'Histoire. Que peut-il donc apporter de nouveau ? Et bien, sa méthode d'interprétation et les libertés que ne pourrait se permettre un professionnel. Je suis habituée aux essais historiques, aussi je suis parfois déroutée par les chemins non conventionnels qu'il utilise pour appuyer son propos, comme l'Histoire réécrite avec des « Si » : Si Charles Martel avait perdu à Poitiers, le Sud de la France aurait-il vécu un al Andalus ? Débat intéressant…..mais dans un livre d'Histoire, cela surprend !
Ainsi, chapitre après chapitre, des Celtes jusqu'à nos jours, il explore notre Histoire. Cette France qui du haut de notre XXIe siècle, nous parait éternelle mais qui fut si longue à se construire. Au passage, il égratigne quelques personnages qui n'ont pas la chance de faire parti de son Panthéon. En cela, nous retrouvons le travail pas toujours objectif d'un amateur. Mais faut-il pour autant prendre ce livre comme une vulgarisation de l'Histoire ? C'est ce que j'avais commencé à faire mais les idées développées sont censées et l'auteur amène le lecteur sur de nouvelles réflexions.
Parmi elles, sa façon d'analyser le regard des pays dont l'Histoire est en interaction avec celle de la France. Il est assez rare de s'interroger sur ce que pensent de nous nos voisins, dans un contexte historique. Personnellement, c'est ce qui m'a particulièrement intéressé. C'est aussi un bon moyen pour mettre à terre bon nombres d'idées reçues apprises. Par exemple, comment une bataille contre l'Angleterre est-elle enseignée de chaque côté de la Manche ? Les variations peuvent être importantes… et très instructives ! Je suppose que c'est sa touche journalistique.
C'est cette touche qui est très présente dans les derniers chapitres, lorsque nous atteignons le XXe siècle. le lecteur est appelé a avoir un regard analytique sur la politique mondiale. Exit les faits historiques qui ne sont là que pour prévoir l'avenir. Un avenir dont la France aura sa place. Mais sous quelle forme ? Là s'arrête l'Histoire écrite. Commence alors celle qui nous écrivons.