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Giuseppe Camuncoli (Illustrateur)Andrea Cucchi (Illustrateur)
EAN : 9781779511973
224 pages
DC Comics (16/11/2021)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Academy Award-winning screenwriter John Ridley (12 Years a Slave, Let It Fall) examines the mythology of the DC Universe in this compelling new graphic novel! Reframing iconic moments of DC history and charting a previously unexplored sociopolitical thread as seen through the prism of DC Super Heroes who come from historically disenfranchised groups, John Ridley goes where no other has gone before!

This unique new series presents its story as prose by... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Discrimination sociale
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Ce tome regroupe les cinq épisodes de la minisérie, initialement parus en 2021, écrits par John Ridley, illustrés par Giuseppe Camuncoli qui a effectué les crayonnés, ceux-ci ayant été terminés par Andrea Cucchi, avec une mise en couleurs réalisée par José Villarrubia. Les couvertures ont été réalisées par Camuncoli avec Marco Mastrazzo. Les couvertures alternatives ont été réalisées par Jamal Campbell.

De 1972 à 1995 : Jefferson Pierce, un jeune homme vit dans les quartiers déshérités de Metropolis, à Suicide Slum. Dès son plus jeune âge, il savait qu'il voulait devenir un surhomme. Pour y arriver, il devait obtenir un score supérieur à 8194 points, c'est-à-dire un point de plus que Bill Toomey qui avait fait 8193, record olympique du décathlon, aux Jeux de 1968 à Mexico. Jeffrey a toujours été un bon coureur, même s'il n'a pas couru assez vite pour sauver son père abattu au coin d'une rue par des malfrats. Jeffrey participe aux Jeux Olympiques de 1972 à Munich et réussit un score de 8202 points décrochant la médaille d'or, mais il est amer car toutes ses années d'entraînement pour décrocher un titre n'ont permis d'arrêter aucun massacre, de ne sauver aucune vie. Il décide d'aller s'installer à Chicago, puis dans le Milwaukee, et devient un excellent professeur et éducateur. Les premiers superhéros apparaissent, mais rien ne change dans son quotidien, rien ne vient effacer le souvenir du sang de son père s'écoulant sur le trottoir. Il fait la connaissance de Lynn Stewart. Ils se marient et ont une fille Anissa. Ils retournent emménager à Suicide Slum. Il finit par découvrir qu'il a des superpouvoirs et il endosse l'identité costumée de Black Lightning.

De 1970 à 1989 : Mal Duncan est un adolescent comme les autres, un boxeur, qui finit par se retrouver impliqué dans une mission des Jeunes Titans, et qui de fil en aiguille leur sert un peu d'intendant. Il fait la connaissance de Karen Beecher avec qui il forme un couple et qui va se retrouver elle aussi à côtoyer l'équipe de superhéros adolescents. de 1983 à 1996 : Tatsu Yamashiro a vu son beau-frère tuer son mari et leurs deux enfants. Elle est devenue une mercenaire, une assassin maniant un katana. Jusqu'au jour où elle effectuait une mission en Markovie et qu'elle a croisé la route d'autres superhéros et de Batman : elle a alors intégré l'équipe des Outsiders. de 1992 à 2007 : Renee Montoya est la fille de deux immigrants hispaniques et son frère cadet a été poignardé à l'âge de sept ans alors qu'elle en avait dix. Au collège et au lycée, elle sent bien qu'elle n'est pas comme les autres, mais elle cache sa condition. Elle voit les fous dangereux munis de superpouvoirs commencer à semer la terreur dans Gotham. Elle décide de devenir une policière. de 1981 à 2010 : Anissa Pierce grandit en tant qu'enfant de parents séparés, tout en sachant bien que son père est le superhéros Black Lightning car sa mère lui a dit à elle et à sa soeur. Mais elles n'ont pas le droit d'en parler.

Le lecteur est curieux de savoir ce qu'il va trouver dans ce tome : a priori un récit passant en revue l'histoire de l'univers partagé DC sur plusieurs décennies avec un point de vue particulier, justifiant cette notion de Autre dans le titre. Il a également bien noté que cet ouvrage porte le logo Black Label, c'est-à-dire la branche DC pour des récits plus adultes. Il se doute un peu de l'angle de vue du fait que John Ridley a écrit le scénario du film 12 years a slave (2013) produit et réalisé par Steve McQueen, apportant également une forme de caution culturelle au comics. Il entame le premier chapitre et il se rend compte qu'il est consacré à un unique personnage : un des premiers superhéros afro-américains, créé par Tony Isabelle & Trevor von Eeden, en 1977. Au bout de quelques pages, il prend également conscience du format particulier : il ne s'agit pas d'une bande dessinée, mais d'un texte illustré, le plus souvent avec plusieurs images par page, mais quasiment jamais pour une narration visuelle séquentielle. Au cours du premier chapitre, ce choix de l'illustration produit un effet particulier. S'il a déjà en tête les images les plus marquantes des origines et de la carrière de Black Lightning, le lecteur identifie sans mal la source d'inspiration de chaque page, et il finit par se désintéresser des images pour lire le texte comme celui d'un livre, car elles n'apportent rien qu'il n'ait déjà vu. Enfin, il remarque que la narration en texte porte des jugements de valeur sur des caractéristiques de la société américaine de l'époque, et qu'il descend en flèche les superhéros, en particulier Superman. Il est considéré comme un homme blanc de type anglo-saxon continuant de projeter l'image de la toute-puissance de l'homme blanc, et pire encore la Ligue de Justice refuse d'entreprendre toute action de type politique, comme si Batman était trop obsédé par sa guerre contre le crime, ou que Superman ne voulait pas risquer un incident qui viendrait l'empêcher de se voir décerner le prix Nobel de la Paix.

Il faut un peu de temps au lecteur pour prendre le recul nécessaire, et se dire que cette vision amère des superhéros est celle de Jefferson Pierce. Ce n'est qu'en entamant le deuxième épisode, celui consacré à Karen Beecher & Mal Duncan, qu'il remarque que la tonalité est un peu moins amère, mais toujours un peu quand même. En effet ces jeunes gens sont également d'origine afro-américaine, et il est évident que Mal est un superhéros de seconde zone, sans superpouvoir, un faire-valoir pour les vrais superhéros de l'équipe. Or ceux-ci se chamaillent, se séparent, semblent se comporter comme des enfants gâtés. le regard de Karen est plus adulte, plus détaché, mais également critique. Pour autant s'il ne connaît pas l'histoire de ces deux personnages très secondaires (Mal Duncan créé en 1970 par Robert Kanigher & Nick Cardy, Karen Beecher créée en 1976 par Bob Rozakis & Irv Norvick), le lecteur s'intéresse plus à leur histoire, tout en ressentant ben le pathos à couper au couteau typique des comics de ces années-là. À nouveau, l'illustrateur et son encreur reprennent des images emblématiques des séries DC de cette époque : du mariage de Donna Troy et Terry Long, ou Superman tenant le corps de Supergirl dans ses bras pendant Crisis on infinite Earths. Chacune de ces images est aisément reconnaissable par tout lecteur familier de l'univers partagé DC et de ses crises successives. Les dessins s'inscrivent dans un registre descriptif et réaliste, avec des traits de contour un peu griffés, donnant une sensation mal assurée en termes de précision, des acteurs avec des postures posées, manquant de naturel. Ils permettent au scénariste de ne pas avoir à écrire des descriptions.

Ce deuxième chapitre atténue un peu l'amertume du premier, passant d'un homme dans la colère et la rancoeur, à deux jeunes adultes conscients de leur rôle secondaire par rapport aux superhéros adolescents de premier plan, Karen & Mal prenant conscience qu'ils ne sont peut-être pas faits pour le métier de superhéros, ou en tout cas pas dans la même cour que ceux qu'ils côtoient. le lecteur s'est donc un peu décrispé quand il passe à la vie de Tatsu Yamashiro (Katana). Il identifie sans peine l'exagération mélodramatique comme étant issue des comics de l'époque, et il retrouve les moments emblématiques de la vie de cette femme, présentés à nouveau avec son point de vue. Cette fois encore, la fibre du traitement discriminatoire des minorités est très présente : à commencer par le décret 9066 du 19 février 1942 qui permettait au président des États-Unis d'ordonner l'enfermement de certains groupes ethniques dans des camps de concentration par mesure de prévention, en particulier les asiatiques. le lecteur n'est pas dupe : l'auteur se sert de l'histoire de chacun des personnages pour évoquer le harcèlement, la discrimination, la persécution de certaines minorités, à commencer par les afro-américains dans les deux premiers chapitres, puis des asiatiques, et, avec les chapitres suivants, des homosexuels, des hispaniques, des enfants, etc.

Il est entendu que cette autre histoire est donc celle de quelques représentants de minorités, en tant que superhéros, avec des repères historiques. John Ridley sait ce qu'il fait : il connait bien l'histoire des comics de superhéros, et en particulier la manière dont les responsables éditoriaux ont intégré des personnages issus de minorité, la plupart du temps avec de gros sabots, et uniquement par opportunisme commercial. Les drames à répétition qu'ils subissent sont le reflet de leurs aventures dans les comics, et vraisemblablement du fait de scénaristes qui ne savaient pas trop qu'en faire pour les rendre intéressants. On peut trouver que le ton de l'auteur est grinçant, parfois méchant, mais il reflète bien la rancoeur de lecteurs eux-mêmes issus des mêmes minorités voyant le traitement réservé à ceux qui auraient pu être leurs modèles. Dans le même temps, le format du récit finit par servir le propos. le lecteur n'assiste pas à une suite de combats chorégraphiés avec des projections d'énergie pyrotechniques : il lit les événements tels qu'ils sont décrits par le personnage principal, avec sa sensibilité, ses valeurs, sa façon de percevoir le monde. Ainsi, les réflexions passent de la caricature, de l'enfilade de clichés à l'expression d'un caractère, d'une personnalité, en en dressant ainsi le portrait. Passée la rancoeur pesante de Jefferson Pierce, l'alternance entre les observations de Mal très premier degré, et celles de Karen plus caustique fait ressortir qu'il s'agit de deux individus différents, avec deux personnalités différentes. Malgré le sort impitoyable qui s'acharne sur elle, la vie de Tatsu Yamashiro prend un déroulement unique en cohérence avec son ethnie. le chapitre consacré à Renee Montoya est certainement le plus prenant, décrivant par touches une jeune femme faisant de son mieux pour assumer ce qu'elle est, contre les idées reçues et les préjugés de son milieu, avec l'aide de femmes et d'hommes plus tolérants. Ridley connaît très le personnage et le fait s'incarner avec justesse et conviction : un être humain complexe, faillible, combatif, touchant. le dernier chapitre revient au point de vue d'une demoiselle plus jeune, et tout aussi incarnée, enjouée et constructive, un vrai plaisir.

À l'évidence, ce récit n'est pas pour tout le monde. Il faut commencer par accepter qu'il ne s'agisse pas d'une bande dessinée, et qu'il développe un thème social tout du long sur les formes de discrimination vis-à-vis des minorités, avec un parti pris appuyé. Avec le premier chapitre, le lecteur se dit que l'écrivain y va avec la truelle, et que les illustrations n'apportent pas grand-chose, avec une esthétique pas très engageante. le deuxième chapitre confirme les caractéristiques des illustrations, et développe un point de vue, deux en fait, moins négatif. Les suivants s'avèrent mieux équilibrés, entre vie personnelle du protagoniste, événements historiques, métaphore des pratiques éditoriales des responsables de comics de superhéros, et mises en situation de la discrimination banale et ordinaire. Une autre histoire, bien orientée, parfois bien appuyée, mais aussi avec des personnages qui existent comme rarement grâce à une écriture relevant plus du roman que du comics de superhéros.
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L'histoire du Dc Universe vu à travers le regard de "minorités visibles".
Intéressant, d'autant plus que l'auteur ne le fait pas sous l'angle "truc woke mais pas trop comme ça ce sera adapté au cinéma". La lecture est vraiment intéressante, quelque soit notre situation en tant que lecteur d'ailleurs. MAIS, et c'est un grand MAIS, c'est très très verbeux. Ca donne lieu à une mise en page originale et je pense que c'est une vraie oeuvre artistique. Mais si vous voulez le lire comme d'autres Bd tranquillement dans votre lit après une journée de travail, c'est de suite plus difficile.
Je serai curieux de voir l'auteur tenter une approche similaire sur le fond mais une forme plus populaire.
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