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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans ce roman, Raphaëlle Riol, dont je me souviens avoir été charmée par le premier roman, Comme elle vient, fait revivre une criminelle qui a fait frémir la plume de chroniqueurs en tout de genres, de marchand de papiers sulfureux, dans les années 30.
Violette Nozière, vous vous en souvenez sans doute sous les traits d'Isabelle Huppert face à la caméra de Chabrol. Cette jeune fille de dix-sept ans, assez libre, à l'étroit dans le deux pièces familial, avait empoisonné son père un soir de l'été 1933, tenté la même chose sur sa mère. Lorsqu'elle a été arrêtée, les passions se sont déchaînées autour de son cas, les commentaires faisant le grand écart entre les partisans de la peine de mort, et les surréalistes qui y voyaient une figure de proue.
Comme Violette, ce roman n'est ni terne, ni mollasson, il amuse plutôt par son impertinence, ses trouvailles, sa construction originale. Ce qui peut paraître un peu casse-figure, tirer un roman d'un fait-divers criminel connu, des archives d'un procès célèbre, et y mêler sa propre vie d'auteur, est dans ce cas plein de fraîcheur. le style agréable, le vocabulaire recherché, (j'ai découvert entre autres le verbe « obombrer » que je ne ressortirai pas forcément souvent) plus que la personne de Violette elle-même, un peu réfrigérante, en font une lecture qui sort de l'ordinaire, et une incursion intéressante dans les années 30.
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Etre un personnage, devenir une héroïne ! Quelle aubaine, quelle joie ! On comprend l'enthousiasme de celle qui vouait une admiration sans borne à la divine Greta Garbo quand Raphaëlle Riol l'invite à sa table de travail. Violette Nozière a, il est vrai, un destin digne d'un roman. Dans les années trente, la demoiselle a défrayé la chronique, agité les journalistes, fasciné les surréalistes, indigné la droite et passionné la gauche. On la photographie à tout va, on fouille dans les moindres recoins de son existence, on la fustige, on l'idolâtre, on la victimise. Mais qu'a-t-elle donc fait, cette jeune femme de tout juste dix-sept ans pour figurer en haut de l'affiche ?
Un parricide, rien de moins. Violette, encore mineure, a délibéremment empoisonné père et mère – Madame Nozière s'en sort indemne – dans leur petit deux pièces de la rue de Madagascar à Paris. Une promiscuité qu'elle ne supportait plus, des parents qu'elle exécrait. Elle étouffait. Leur amour l'un pour l'autre l'avait isolée d'abord puis l'avait répugnée. Elle, elle avait envie d'espace, de confort, d'amusement, de belles robes, de grands parfums, de danses, de chants, d'ivresse, d'hommes, de beauté... elle avait soif d'indépendance, de liberté... et puis, elle voulait voir la mer aussi, son immensité, sa plénitude, son ressac, respirer loin de tout ça, de la vie étriquée qu'on lui faisait subir. Son souhait était de sortir du carcan, de la contrainte.
Mais le plaisir se paye alors Violette fait l'école buissonnière, vole, se prostitue, côtoie alternativement les gens de la bonne société et les bas-fonds, entretient son amant Jean Dabin qu'elle aime tant, ment, invente, idéalise. Un train de vie qui l'épuise et voilà que la maladie s'en mêle : la syphilis.
La dérive s'amorce, elle vole de l'argent à ses parents qui s'en aperçoivent, c'est la dispute de trop... coup de folie, coup de sang, elle arrive un jour munie d'une fausse ordonnance et de sachets de cachets censés protéger ses parents de sa maladie contagieuse. On connaît la suite.
Evidemment, l'auteure ne s'est pas contentée d'un récit de fait divers. Avec brio, elle enchevêtre réalité et fiction, dialogue avec le fantôme de Violette, avance des hypothèses. Ecrivain et personnage se confondent parfois. Une association qui permet de comprendre la phase et la force créatrice de l'auteure, sa proximité avec ceux qu'elle fait évoluer sous sa plume, et inversement le pouvoir que peut prendre un personnage, lui dictant sa conduite. D'ailleurs, Violette aura le dernier mot dans l'histoire...
Un roman passionnant, astucieux, audacieux, et juste ce qu'il faut d'irrévérence avec un éclairage fort intéressant sur une époque, l'apparition des médias, les clivages politiques et les balbutiements de l'émancipation féminine.

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Quel étrange livre qui tient à la fois du roman, de la biographie et du récit, dans lequel tout s'emmêle, le vrai et le faux, la vie et le rêve. Raphaëlle Riol a une façon bien particulière de nous raconter l'histoire connue de tous, mais finalement si peu dans ses détails, de Violette Nozière, parricide de 17 ans condamnée à mort en 1933.
L'auteure, ou la narratrice évoque le quotidien de Violette au 9 rue de Madagascar. C'est une fille unique choyée, mais si mal, par des parents un peu trop ordinaires pour cette adolescente qui rêve d'autre chose. Un père cheminot, une mère au foyer, une vie dans un appartement trop petit, elle souffre de cette promiscuité malsaine, surtout le soir quand elle doit s'endormir dans la pièce principale, après le dîner et l'invariable partie de belote, quand les parents s'aiment bruyamment dans leur lit, dans cette chambre contiguë à la porte jamais close.
Fuguant et fuyant le lycée et ses élèves un peu trop dociles, Violette rêve de bijoux, de fourrures, de belles toilettes. Elle fume, traine dans les bars, puis dans la chambre 7 du petit hôtel de la rue Victor cousin, dans cette chambre où enfin elle trouve le calme et la solitude, quand les amants de passage sont repartis, après avoir payé un bien léger écot. Difficile de vivre ainsi, il faut partir en douce le soir, tricher dans la journée, voler les billets de banque cachés un peu partout dans l'appartement pour se payer cette légèreté, cette part de rêve à laquelle elle aspire tant. Plus le temps passe, plus Violette étouffe dans cet appartement du 9 rue de Madagascar. L'issue fatale pour les parents devient une évidence. La voilà parricide, accusée, condamnée, puis muse improbable des surréalistes, prisonnière modèle, puis vient la libération et la vie autrement.
Raphaëlle Riol invite Violette dans son récit, la narratrice vit avec elle, s'entretient avec elle, pense pour elle. Viennent s'ajouter quelques scènes supposées vécues au moment de la sortie de prison de Violette, toutes en suppositions aussi hasardeuses les unes que les autres. Etrange roman où le réel et l'imaginaire interférent pour un dialogue entre l'auteure et son personnage, pour une relation étrange dans laquelle se perdra la narratrice. J'ai particulièrement aimé ce décalage de l'écriture, ce tutoiement de la narratrice envers Violette, qui est là, présente puis absente, jusqu'à la rédemption ou la perte. Une écriture très agréable, ciselée, réaliste et effrontée pour un livre bien singulier.

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Pas facile d'écrire un commentaire de lecture sur "ultra Violette" de Raphaëlle Riol !
Prenez une auteure - Raphaëlle Riol, par exemple. Prenez une jeune fille de 17 ans accusée de parricide en 1933, adulée par les Surréalistes, abhorrée par la vox populi, condamnée à mort, graciée, réhabilitée - Violette Nozière puisque c'est elle dont il s'agit. Imaginez que la première projette d'écrire sur la seconde. Ecrire un roman. Mais Violette Nozière n'était-elle pas d'emblée un personnage de roman ? Que le Diable me patafiole si cette vie-là ne fut pas romanesque !
Sauf que Violette Nozière n'est pas un personnage de fiction. A tel point qu'elle s'invite insolemment dans l'élaboration du roman, dans le studio, dans la vie de l'auteur jusqu'à devenir présence obsédante et donner son avis sur les pages qui la concernent, et même s'insinuer dans les pensées de celle qui revisite son histoire.
Vous voyez le dilemme ? Vous appréhendez l'ampleur du problème (et donc du roman) ? Voilà une auteure réelle devenue personnage de son propre roman et confrontée à son héroïne réelle de fiction !
De cet inextricable écheveau littéraire, Raphaëlle Riol tire des fils, malicieux, ironiques et subtils, qui détricotent un mythe pour laisser entrevoir l'histoire vraie juste avant de tisser une nouvelle fable qui, au centre d'un motif chatoyant, fait se percuter la figure de l'écrivain aux prises avec son travail d'invention et celle de son énigmatique personnage. Face A.
Face B : c'est le visage de Violette Nozière qui émerge comme en une anamorphose révélée par cette lumière ultra violette que projette Raphaëlle Riol sur l'histoire et sur les faits. Une lumière noire pour l'Ange noir.
Dire que la construction de ce roman est d'une intelligence et d'une finesse diaboliques n'est guère suffisant. Il faut aussi parler de l'écriture qui surfe sur différents registres, se nimbe de poésie, se roule dans le concret, éclate d'impertinence et de malice tout en charriant des questions passionnantes.
"ultra Violette" est ma première lecture de Raphaëlle Riol. Je vous l'affirme : ce n'est pas la dernière !
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Violette Nozières, la parricide, l'égérie des surréalistes et le film de CHABROL avec Isabelle HUPPERT. Un personnage dérangeant dans le PARIS de l'après guerre, une enfant perdue au père pas trop clair et un milieu modeste mais surtout étouffant. Une famille nucléaire, sans ouverture sur l'extérieur et une jeune femme qui veut s'évader. L'auteur prend le pari de la rencontre avec la morte et au fur et à mesure de l'écriture, à son invasion par Violette, son envahissement, un fantôme qui la hante/la nourrit. J'ai bien aimé ce roman qui se lit vite. J'ai eu de la peine pour la parricide qui n'a pas été comprise et dont personne n'a surtout cherché à comprendre le geste. Les photos ne doivent pas rendre justice à son charme et sa personnalité, mais l'auteur lui redonne son humanité. le titre m'a fait penser à l'égérie de WARHOL, Ultra Violet, survivante du velvet underground et de la Factory, française devenue américaine, de son vrai nom Isabelle Dufresne, artiste, sortie de son rang de jeune fille catholique bien sous tous rapport, pour devenir la maîtresse de DALI. Un livre à découvrir !
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Ultra Violettes est un roman qui laisse perplexe de suite après la lecture. D'abord par son titre, ultra et Violette avec un V majuscule. Il s'agit donc d'un prénom, le vrai prénom d'une personne qui a vécu et ultra pour la qualifier de personnage qui dépasse la mesure, hors norme. Pour nous faire connaître cette personne, Raphaëlle RIOL d'abord nous la décrit et la replace dans son contexte historique comme pourrait le faire un bon biographe, puis dans une seconde partie elle redonne vie à cette personne sous l'apparence d'un spectre. le mot fantôme qui pourrait véhiculer une peur à son invoquation n'est jamais utilisé. Il s'agit d'une personne virtuelle comme peut l'être une communication par Internet. On ne rencontre pas la personne, mais la communication est bien réelle. Ce spectre de Violette prend une consistance aussi réelle qu'une personne bien vivante: elle l'invite chez elle, lui donne sa chambre, l'auteur, acteur est aussi personnage du roman, se réservant le divant du salon, elles sortent ensemble au point de partager à la terrasse d'un café. L'auteur va même jusqu'à craindre une fuite de son personnage ce qui lui créerait une véritable difficulté pour poursuivre son oeuvre. On comprend que son personnage devient tellement présent qu'il en devient parfois envahissant. C'est là toute l'originalité de l'oeuvre. le récit passe des soucis de l'auteur au regard de son projet, au vécu de leur communication, une bonne part du roman. Ce n'est donc pas une biographie ni tout à fait un roman puisque cette personne a bien vécu, ni même un roman historique au sens où l'on ne se situe pas dans le passé mais ici et maintenant par la présence de ce spectre de Violette Nozière. Comme nous savons dès le départ qu'il s'agit d'une jeune femme parricide, qui a tué son père et tenté de tuer sa mère, l'auteur ne cherche pas à rétablir une vérité qui est d'ailleurs non mise en doute, ni à rejuger comme si le procès avait été un mauvais procès, non le but de Raphaëlle Riol est de refaire vivre un certain temps cette personne pour donner vie à son personnage et ainsi nous la faire mieux connaître. Elle nous décrit les tourments et les confusions de Violette. Finalement Violette est bien ultra, tellement tourmentée cherchant à sortir de son mal-être que nous éprouvons pour elle de la compassion en dépit de ses actes bien condamnables. Je recommande ce livre original dont l'écriture est belle tout en restant fluide. Je lui donne une note de 4/5 pour toutes ces raisons. Ouvrir le lien de la page Web pour découvrir l'aspect historique de Violette Nozière.
Lien : https://m.facebook.com/media..
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J'ai découvert Violette Nozière et son histoire avec la BD Vilaine chérie que j'ai beaucoup aimée. le personnage m'avait déjà intriguée, alors forcément quand j'ai vu le roman de Raphaëlle Riol sur le même sujet dans l'opération Masse Critique de Babelio, j'ai sauté sur l'occasion !

Violette Nozière, c'est cette jeune femme qui en 1933 a empoisonné ses parents, son père en est mort. C'était avant tout une jeune femme qui aspirait à une condition autre que la sienne et qui a pris des mesures radicales pour y parvenir, une jeune femme qui aimait être avec des hommes, une jeune femme libérée, un peu d'un autre temps...

Raphaëlle Riol, dans son roman, fait un portrait de Violette Nozière à sa manière, avec un procédé d'écriture bien particulier. le personnage de Violette tel qu'elle le voit finit par investir la vie de l'écrivain comme si elles vivaient ensemble, comme si Violette faisait vraiment partie de sa vie. Je pense que c'est un procédé auquel on adhère ou pas ! Moi j'ai plutôt adhéré parce que ça donne un côté original très intéressant à une histoire déjà bien connue.

La première partie du roman, la face A de la vie de Violette, retrace l'histoire avant l'empoisonnement de ses parents. Dans la deuxième partie, la face B, l'auteur imagine en de courts scenari ce qui a pu se passer le jour où Violette a été libérée de prison.

Une jolie découverte !

Je remercie Babelio et les éditions du Rouergue pour la lecture de ce roman.
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