On suit l'histoire de Leo Demidov, agent du MGB (police secrète soviétique) qui va décider d'enquêter sur les meurtres de plus de 40 enfants dans tout le pays. Mais comme Staline, alors au pouvoir, a décrété que la criminalité est un problème uniquement occidental et capitaliste, qu'il n'y a pas de meurtre au paradis, toute personne susceptible de prétendre le contraire est considéré comme ayant des idées antisoviétiques, donc ennemi de l'Etat.
Sa femme Raïssa sera accusée d'espionnage, et refusant de la dénoncer, il sera « muté » de Moscou à Volsk, où il continuera malgré tout à mener son enquête.
Tout d'abord, j'ai beaucoup aimé le style de l'auteur qui nous plonge dans la période soviétique en décrivant la difficulté de la vie, que ce soit la famine, la misère, et surtout la terreur de se faire dénoncer qui engendre la paranoïa.
N'importe qui peut être dénoncé, que ce soit parce qu'il a un comportement suspect ou simplement parce qu'un voisin ou ennemi désire se venger. le MGB terrorise, car chacun sait que si l'on est arrêté, on est forcément coupable, il n'y a pratiquement aucun moyen de prouver son innocence.
Les personnages sont très bien développés, notamment le tueur. Même si cela met un moment, l'auteur prend le temps de donner des informations petit à petit, la façon dont le passé de ce meurtrier a influencé sa vie adulte est très bien ficelée.
Chaque personnage a des traits de caractères qui lui sont propres et l'auteur a veillé à ce que chacun ait son histoire, assez détaillée.
Les liens tissés entre certains personnages sont donnés rapidement mais subtilement, de façon à ce qu'on ne les repère pas immédiatement, mais au moindre petit indice donné plus tard, on comprend immédiatement.
Tom Rob Smith décrit vraiment bien le sentiment de paranoïa : n'importe qui peut être espionné, et au moindre faux pas, au parcours inhabituel, on peut être dénoncé, que ce soit les adultes ou les enfants. La dictature de Staline est très bien représentée : les rares bons côtés (discipline et patriotisme) mais surtout les limites de sa politique et la terreur extrême : pour sauver leur vie, beaucoup dénonçaient au mieux des ennemis, au pire de parfaits innocents. le MGB et les milices, voulant arrêter les espions, ne se préoccupaient pas du fait d'arrêter des innocents : la sécurité de l'Etat était trop importante et aucune information ne devait être donnée aux autres pays.
L'intrigue principale est vraiment très bien travaillée, et le fait qu'elle soit coupée avec une sous-intrigue et cet énorme sentiment de paranoïa ne gêne pas du tout et permet même de se plonger dans le roman.
En conclusion, un très bon roman qui tient en haleine et qui nous plonge littéralement dans l'époque soviétique. Les personnages sont très bien exploités, il n'y en n'a pas un qui soit inutile, ils ont tous leur histoire et leurs secrets.
Sans parler de l'identité du tueur, et la raison de tous ces meurtres qu'il a commis… la fin du livre m'a complètement sciée.